De Jésus de Nazareth à l’Eglise (Chapitre 3)

à la fin de ce récit, tu peux donner ton avis

( texte proposé par Lucie Sobek )

Elle a, elle aussi, pris conscience, petit à petit de son état.
Elle était reine mais déjà le tyran pointait.
Quelquefois, dans des accès de juste et sainte colère, elle faisait des remontrances sévères, allant jusqu'à chasser quelques vauriens dévoyés hors de la maison, hors du parc, des mécréants moins que rien, et des petits : il ne fallait pas qu’ils déparent la maison de leur présence incongrue et sacrilège ! …
La foule arrivait toujours, de tous les coins de l’horizon, les grands et les puissants, surtout, entraînant dans leur sillage toute une populace de petits, de faibles et de boiteux. Flattée et honorée de la présence de ces hauts seigneurs, elle les couvrait d’honneurs et de pompe.
Les fêtes étaient splendides et impériales. Ordres et préséances en faisaient des joyaux d’harmonie. Tous pouvaient y assister. Les grands étaient à l’intérieur de la maison, les petits au dehors. Des hérauts, chamarrés et rutilants décrivaient à ces derniers la beauté et les fastes de la fête…La joie était immense.




La Pax Christiana (Romana) s’est installée organisée sur le modèle de l’Empire. Les conversions se sont multipliées sur la ’’Terra Cognita’’ et au cours des siècles suivants, vers les Terrae Incagnitae au-delà des mers. Les problèmes politiques et économiques ont justifié les guerres avec les Musulmans d’abord, les Croisades et les conquêtes toujours sous la bannière d’un Jésus Christ et de son ordre ‘’Allez enseigner et convertissez toutes les nations ‘’ dont on peut se demander s’il est de lui ou d’un autres des organisateurs, lui qui était Juif durant sa vie et n’a jamais renié les règles de la Loi mais leurs interprétations ‘’arrangées’’.

L’Empire Chrétien est devenu le gardien et le transmetteur unique des règles établies. Sur le thème de ‘’ c’est moi qui ai appelé les apôtres et non l’inverse’’ toute nouveauté ne pouvait descendre que de la tête et de l’administration sommitale. Cette façon de se penser l’a conduite à une tyrannie mentale et morale née de la conscience de sa connaissance divine tout autant que de l’obligation et de sa responsabilité magistrale. Elle avait la connaissance absolue et s’opposait à tout ce qui pouvait remettre en question un de ses dogmes proclamés. Tout ce qui ne venait pas d’elle était combattu et proscrit et de nombreux scientifiques ont fait les frais, quelque fois par leur vie, d’affirmations justifiées de leurs recherches et découvertes.
A partir du VIème siècle, une puissance antagoniste est apparue avec l’expansion de l’Islam. Partie d’une révélation, tout comme chez nous celle de Paul de Tarse, et sur les bases de l’Arianisme, un des courants philosophiques chrétiens discutant de la nature humaine ou divine de Jésus, elle s’étend en un immense empire de la péninsule arabique aux limites de l’empire Romain. L’islam, dans sa première période vit en paix avec les deux autres ‘’Religions du Livre’’ puis prends des distances et s’oppose aux chrétiens bien avant de s’opposer aux Juifs. Les pays d’Islam barrent le chemin vers l’Asie et la Chine, celle de la route de la soie et des épices et rendent ces ingrédients coûteux pour les ‘’chrétiens’’. Les Croisades en particulier, sont le cadre d’affrontements militaires mais surtout économiques. Ils sont aussi le cadre de mélanges humains et sociaux, nombre de croisés se convertissant à l’Islam pour y fonder des familles et s’installer dans une civilisation moins austère que le christianisme de l’époque… Cependant, malgré la libération du sud de la France et la Reconquista espagnole, une paix générale (‘ou globale) et une cohabitation s’installent. Par eux, ce sont tous les documents et les cultures antiques, Grecque, Egyptienne et Romaine qui nous parviennent presque intacts. Ils nous apportent des techniques métallurgiques, céramiques, de tissage et d’architecture que le chaos des époques précédent avait fait presque s’éteindre la chimie aussi … Epoque fastueuse, certainement pas mais il est trop simple de voir ce monde tel qu’il est devenu actuellement, globalement pauvre et illettré _aux producteurs de pétrole près _ et gouverné par des Imam pour le comparer à l’élégance et au lustre de ces premiers siècles où ils étaient dirigés par des militaires, des Emir !...
Ce serait cependant du pur fanatisme anticlérical que de s’arrêter à cette juxtaposition de civilisations. Certes, ces méthodes coercitives dont l’inquisition ont existé (et existent encore après avoir changé d’étiquette … et de moyens) mais pendant plus d’un millénaire, jusqu’au XVIème siècle, cette structure administrative a été la colonne vertébrale d’une éducation sociale, culturelle et sanitaire de la population par les universités qu’elle multipliait, les écoles locales et les dispensaires. Elle a malheureusement aussi été la génératrice de conflits et de guerres. Les états dans leur ensemble ne pouvaient être que chrétiens … catholiques, orthodoxes ou protestants et les divisions doctrinales ont fait que les guerres qui se sont faites au nom de Jésus ont crée autant de désordres et de souffrances que les gains sociétaux pouvaient en apporter. L’Eglise, elle-même est devenu un Etat Pontifical, le dernier carré de l’empire romain initial avec ses Gardes Suisses et ses conquêtes …On était loin de la simplicité de vie de Jésus ‘’qui n’avait pas un endroit pour reposer sa tête’’

Le résultat de cette éducation culturelle a été qu’avec la Renaissance, les esprits se sont ouverts et les yeux se sont en partie décillés, au moins chez les personnes les plus riches et les plus éduquées, alors que les pays d’Islam s’endormaient dans une étude stérile et conservatrice des textes religieux et sacrés. Le regard sur le passé grec, latin ou égyptien, a permis de redécouvrir des civilisations dont le contenu autre qu’évangélique avait été occulté … de redécouvrir par le monde musulman les philosophes grecs et latins dont les œuvres n’avaient pu être détruites. En un mot, malgré tous les blocages et conservatismes qu’elle a pu instaurer en Occident et dans ses lieux de pouvoir, l’Eglise reste la voie majeure de structuration de notre société et le nier ne serait pas raisonnable. Après la longue période des Etats chrétiens, et l’aventure napoléonienne, l’Eglise s’est retrouvée, au cours du XIXème siècle, ramenée ‘’manu militari’’ à un organisme certes puissant mais purement moral. Toute cette période, quand même très proche notre époque, a été contrôlée par le rigorisme religieux comme en témoigne cette phrase de Grégoire XVI (1831 – 1846) qui condamne sans équivoque ‘’ « cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience »,(encyclique , Mirari vos du 15 août 1832). Le pontificat de Pie IX, dans le même esprit, est le cadre d’un raidissement doctrinal fort peu christique. L’outil technique de ‘’ l’Index’’ cette liste de documents, d’études, de livres affichée à la porte des églises rend interdit et gravement sanctionnée la lecture d’une de ces œuvres par un chrétien… même la lecture de la Bible, sans y avoir été mise, reste déconseillée aux chrétiens en dehors des enseignements officiels et catéchistiques…