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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
« Je me travestis depuis mon plus jeune âge. J'ai découvert Hommefleur depuis peu en comparaison du temps de mon isolement de toutes ces années. Je suis vraiment ravie que ce site reprenne ce qu'il n'aurait jamais du cessé d'être, un lieu d'échanges, de rencontres qui nous permet de mieux vivre toutes. »
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Le bonheur est dans l’apprêt.

à la fin de ce récit, tu peux donner ton avis

( texte proposé par Isabelle Andreeff )
Je n’aime pas trop le dimanche. Tous ces hommes en robes (chasubles) qui essayent de consoler leurs prochains aux quatre coins de la France très catholique, ça fait beaucoup de concurrence. Pourtant, j’avoue que j’aime rédiger mes « sermons » le dimanche. Je rêve de vous les servir sous une voûte consacrée. Genre romane, ça me conviendrait à merveille. Je n’ai pas vraiment le goût du luxe ostentatoire. J’ai une autre idée du luxe. Je m’y vois d’ici : vêtue d’une très belle robe fleurie, chaussée haut et sonnant sur les dalles – il faut bien garder l’attention des fidèles en marquant sa présence ! -, maquillage des grands jours, je prononcerais homélies et prières (en clair, je lirais en chaire – et en os ! – mes chroniques !) devant un parterre de copines endimanchées, vous, mes amies (drôles de paroissiennes !). A la fin, on s’égayerait toutes dans le pré du presbytère, autour d’un apéro béni, sous une sono tonitruante genre Donna Summer, l’album « Mac Arthur Park », et notamment l’avant dernier titre, Love is the healer, vraiment dans la note, et aussi Abba, Lay all your love on me ! Je vous promets que ça virevolterait tout partout, à faire pâlir les soirées ou les « boums » des anges du paradis. Mais où vais-je ? Isabelle, reprends-toi !


Bon, l’apprêt. Tout est là. Tout a commencé et tout commence par là.
Mais avant, je vous soumets une question existentielle profonde qui me turlupinait, assortie d’un petit conseil final pour celles qui ne savent pas encore bien comment se maquiller toute seule. Au début de mes aventures cosmétiques, je ne comprenais absolument pas pourquoi c’était toujours l’eyeliner de l’œil gauche qui se retrouvait invariablement légèrement voilé par la poudre de mon fard; j’utilisais souvent trois couleurs : un rose un peu sombre pour le creux du nez, un joli bleu-vert clair pour la moitié de la paupière, jusqu’au sourcil, et un ocre brun rougeâtre pour le coin extérieur de la paupière, remontant en aile de papillon vers la tempe. Bon, le résultat n’était pas sensationnel, en fait, mais j’explorais déjà dans le détail toutes sortes de combinaisons de couleurs et de « tableaux » au niveau des yeux. Voilà pour l’œil gauche. Et pour le droit, même topo, sauf que là, c’était invariablement une petite larme qui faisait rouler un peu d’eyeliner, la gravitation n’arrangeant rien à l’affaire ! Pas si grave, tout ça, mais agaçant, vous voyez, pour une perfectionniste ! Je devais donc réintervenir jusqu’à ce que cette fronde cosmétique cessât et que mon visage atteignît cette douce sérénité à laquelle j’aspirais. La véritable solution, j’ai fini par la découvrir, c’est la base à paupières ! Là, maintenant, je me sens belle, prête à (presque) tout ! Toutefois, j’ai remarqué que l’usage quotidien de cette base provoque des petites allergies ; à surveiller...En somme, voyez-vous, c’est comme en peinture : meilleure est la base, meilleur est le résultat. C’est une grande loi de la peinture classique. Il faut donc soigner les bases, les apprêts, ce beau mot s’appliquant aussi bien aux préparations de base qu’aux finitions destinées à donner de l’éclat.
Où en étais-je ?
Au début – je ne peux pas vraiment dater la chose – je me « contentais » de passer une jupe, ou, plus rarement et émouvant encore pour moi, une robe. Je n’avais pas de chaussures à ma taille, alors j’utilisais une paire de mon épouse, chaussures dans lesquelles je n’entrais pas complètement, les fixant tant bien que mal grâce à leur bride très sollicitée, que j’écrasais bien entendu allègrement et qui me défonçaient en retour la plante de mes petons (un 43 fillette tout de même ; mais c’est en proportion de la taille : 1,83 m ; bon, je ne vous communique pas aujourd’hui toutes les mensurations ; je réserve cela pour mon prochain casting de top model – mon rêve !). Je parvenais quand même à danser toute une soirée dans ma cuisine où trônait la radiocassette géante (toute une époque, les filles !). Imaginez l’état de mes pieds ! Mais, quand on aime… Je n’avais pas non plus de lingerie, ni de maquillage à moi. Je me maquillais très peu, et j’ai longtemps pratiqué la chose en appuyant comme une « boeuve » ! Faut pas croire, c’est vraiment tout un art ! C’est même une des sources originelles de l’art : le body art est contemporain des premiers « murs peints », dans les grottes ! Du coup, je ne suis pas loin de penser que toute femme est artiste, mesdames ; et qu’en retour, tout artiste …est peu ou prou femme (Marcel Duchamp, alias Rose Sélavy, l’aurait-il subodoré ?).


En tout cas, la vie étant courte, mais l’art étant long, les choses sont venues progressivement, avec la lenteur d’une formation géologique, en ce qui me concerne. J’en conclus donc que je suis une planète à moi toute seule (il faudra que j’en fasse une chanson : « Planète Isabelle ». Cela sonne bien !). Au fil du temps et des petites expériences accumulées, des mille petites audaces osées (là, vous voyez de quoi je parle, j’en suis certaine : ouvrir grande la fenêtre du salon pour avoir une chance d’être aperçue par les voisines de l’immeuble d’en face qu’on aime bien, sortir chercher le courrier dans la boîte aux lettres plantée devant la maison -ça, c’est quand je vivais dans une maison, au cœur d’un village ! - me promener aux soirs d’été dans le jardin à l’arrière de la maison, laissant derrière moi des effluves parfumées…bon, il y en a comme cela des kilomètres !), j’ai pris comme on dit de l’assurance : oser le rouge à lèvres, par exemple ; tenter de tout adoucir ; changer de plus en plus authentiquement de visage ; faire venir mon visage de femme, de plus en plus lumineux. Ce fut de vraies découvertes, et ce fut de vrais bonheurs ! Un véritable voyage, à la fois à la surface de soi-même, dans le déploiement des apparences, et dans la profondeur de soi-même. On prétend que l’habit ne fait pas le moine. Peut-être. Mais le rapport sensuel avec les étoffes de la féminité peut « faire la femme ».C’était en tout cas comme si la femme qui était en moi se développait, prenait forme et vie, progressivement, de plus en plus.
Je n’arriverai probablement jamais « au bout »…Mais il n’y a peut-être pas de bout ! Juste plein de petites choses, plein de détails (le détail, on en connaît un rayon, nous les femmes !) qui finissent par former un tout : affirmer un style vestimentaire, soigner mon maquillage et mes coiffures, travailler ma voix…Alors là, un aveu : il faudra que je consacre un papier entier à cette question ;mais c’est seulement maintenant que je suis à la retraite que ma voix se pose aussi rapidement et naturellement que je deviens Isabelle ! Le grand secret selon moi tient dans l’exercice ; j’ai d’abord cherché ma voix et là, je pense que c’est elle qui m’a trouvée, à force de ne pas forcer, mais en faisant des exercices pour trouver la bonne hauteur, le bon phrasé. On y arrive, avec un peu de persévérance. Et puis me maquiller pour la journée (ou pour la nuit !). Mais tout cela, qui m’est un délice continuel, qui ne me quittera jamais, je le sais, je le sens, tout cela au prix de combien de tâtonnements (et, surtout, d’étonnements !), de séances boulimiques d’essayages multiples de robes, de jupes, de tenues variées ! Bon, avant, le temps était compté, il fallait que je multiplie les apparences, que je retarde le plus possible le moment de quitter…ce bout de paradis, que j’ai bien sûr toujours emmené avec moi, partout où j’ai vécu. Un paradis portatif, tout à moi, « intérieur » ! Cette pression du tempo produisait parfois une certaine angoisse, évidemment, liée également à la volonté de ne rien laisser paraître le lendemain, au regard des autres. Un peu futile, dans le fond : il restait toujours quelques paillettes par ci par là. Personne n’a toutefois jamais relevé.
Aujourd’hui, le temps est long, je dirais plutôt ouvert devant moi. Alors là, ça change tout ! Tout est disponible. Prendre mon temps pour me maquiller en essayant de plus en plus de choses - personne ne m’a jamais montré. Et je n’ai plus aucune crainte de laisser des traces sur mon visage, plus aucune crainte d’être devinée. Choisir la tenue du jour -jupe et chemisier, jupe et top, robe, gilet ou châle, chaussures à talons, ballerines ou sandales confort, boucles d’oreilles, toujours, mesdames, je ne vais jamais sans mes boucles, cheveux lâchés ou queue de cheval plus ou moins longue – là, je digresse encore, c’est une manie, vous l’avez remarqué : je me laisse maintenant pousser les cheveux très longs, pour pouvoir me faire toutes les coiffures que je voudrai. Et je vous confie un secret : la police n’a toujours pas retrouvé le cadavre de mon coiffeur ! Maigret, Poirot, Marleau, Holmes lui-même, ou leur modèle à tous, Dupin, inventé par Edgar Allan Poe, n’y arriveraient pas non plus ! - Choisir la tenue pour la nuit, après le démaquillage et juste avant la crème de nuit ; moi, c’est toujours une chemise de nuit – c’est idiot ce mot, quand j’y pense : une robe de nuit, plutôt, faut-il dire. Cela vient de ce très ancien temps où tout le monde portait en effet des … chemises, y compris la nuit, très longues ! Mais l’expression« robe de nuit » me plaît bien davantage et correspond bien plus à ce vêtement. En tout cas jamais de pyjama – grand dieu, quelle faute de goût qui eût justifié l’ironie mordante de notre célèbre copine Oscar Wilde, prête à justifier un duel à mort pour une telle faute ! – JAMAIS de pantalons, même en soie et dans le lit ! C’est plus qu’une règle :une absolue nécessité. Pour moi, la vie en pantalons, c’est le bagne perpétuel, c’est le retour aux cavernes, pire que les peaux de bêtes ! Et alors le pyjama, mais c’est le cauchemar assuré ! Mauvais pour le cœur, ça, comme me le répète ma cardio ! Femme jusqu’au bout du jour, femme jusqu’au bout de la nuit et jusqu’au saut du lit ! Un ravissement !
Vous voyez, se préparer pour la journée ou pour la nuit, c’est déjà une expérience du bonheur. Pour moi, désormais, répéter le plus souvent possible ces délicieux rituels de l’apprêt, c’est entretenir ce bonheur. Me démaquiller chaque soir en sachant que je recomposerai le lendemain un lumineux visage de femme me procure une joie profonde.
Tout cela, désormais, avec la calme assurance d’être moi, enfin, de traverser les jours avec la sensation d’une harmonie qui n’a rien de factice en réalité. Une harmonie, c’est forcément juste, comme une musique ou une œuvre d’art, vraie de ce genre de vérité là. Le soir, en été, sur mon balcon, sous le ciel immense où passent des avions – entendre leur long sillage et suivre leurs clins d’œil, c’est la preuve que l’été est bien là ! – encore en robe, juste avant de me démaquiller, je croise les bras. Mes mains touchent mes avant-bras. La peau est parfaitement lisse et douce…la rêverie s’ouvre sur la nuit où se mêlent l’évocation silencieuse du passé et l’attente souriante des jours prochains.
Demain, je me remaquille et je passe une nouvelle journée en robe, en femme, de la tête aux pieds, du bout des ongles jusque dans les profondeurs de mon esprit.
Pour moi, désormais, le bonheur est aussi dans l’après. Je vous le souhaite itou, de tout cœur.
Bises,
Isabelle








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