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« La solitude me pèse et notre confrérie sur hommefleur me donnait l'impression d'appartenir à une communauté et me plaisait beaucoup. Par mon comportement sociétal, accepté de mon voisinage, et probablement connu plus que je ne le crois, je pense faire oeuvre utile et positive pour notre reconnaissance dans la société. »
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Ma meilleure façon de marcher.

à la fin de ce récit, tu peux donner ton avis

( texte proposé par Isabelle Andreeff )
« En visitant une des grandes collections romaines d’antiques, Norbert Hanold avait découvert un bas-relief qui l’avait exceptionnellement frappé (…) Cette sculpture représentait, en pied, une femme en marche, à peu près au tiers de sa grandeur naturelle (…) Elle ne rappelait en rien les bas-reliefs si fréquents de Vénus, de Diane, ou d’une autre divinité de l’Olympe (…). Il y avait en elle quelque chose de l’humanité courante (…) d’actuel, en quelque sorte (…) Cette jeune femme, qui n’attirait pas par la beauté de ses formes, possédait ainsi, néanmoins, une chose rare dans les sculptures de l’antiquité, le charme simple et naturel d’une jeune fille, charme qui semblait être l’inspiration de sa vie même. Il était, sans doute, avant tout dû, probablement, à l’attitude dans laquelle elle était représentée. La tête légèrement inclinée, elle tenait ramassé dans sa main gauche un pan de sa robe extraordinairement plissée, qui lui tombait de la nuque aux chevilles, et découvrait ainsi ses pieds dans ses sandales. Le pied gauche était posé en avant, et le droit, qui se disposait à le suivre, ne touchait le sol que de la pointe de ses orteils, cependant que sa plante et son talon s’élevaient presque verticalement. Ce mouvement exprimait à la fois l’aisance agile d’une jeune femme en marche, et un repos sûr de soi-même, ce qui lui donnait, en combinant une sorte de vol suspendu à une ferme démarche, ce charme particulier. »
Ces lignes ouvrent pratiquement la belle nouvelle de Wilhelm Jensen, « Gradiva », publiée en 1903 et remarquablement « analysée » par Sigmund Freud dans son essai « Délire et rêves dans la « Gradiva » de Jensen » quelques années plus tard. Toute la nouvelle tourne autour du pas, autour de la démarche très particulière d’une jeune femme et des effets amoureux qu’ils provoquent chez le héros, Norbert Hanold. Le bas-relief décrit par Jensen existe réellement. Freud s’en était fait réaliser un moulage pour son cabinet médical. Pour rendre hommage à la démarche féminine, je ne connais pas d’œuvre littéraire plus originale, plus élégante, ni mieux indiquée.
Je me suis efforcée moi aussi pendant longtemps, et je continue à le faire, de travailler ma démarche, modestement et sans vouloir bien entendu imiter Gradiva (essayez un peu, pour voir !), mais en cherchant …la meilleure façon de marcher, pour moi !

La meilleure façon de marcher : c’est le titre d’un beau film de Claude Miller, sorti en 1976. Il porte à l’écran l’histoire d’un jeune homme, Philippe, interprété brillamment par Patrick Bouchitey, qui vit secrètement une passion pour le travestissement en femme. Animateur dans une colonie de vacances, il est surpris un soir dans sa chambre par le responsable du centre, Marc, interprété magistralement par Patrick Deweare. Le film déroule alors en crescendo la tension qui se développe entre ces deux personnages, jusqu’à provoquer une violente altercation au cours du bal costumé organisé pour la soirée d’adieu. Filmée avec beaucoup de sobriété et de sensibilité, l’histoire emmène le spectateur sur un territoire encore peu exploré à cette époque : complicité bienveillante au sein d’un couple (l’amie de Philippe est parfaitement informée et à l’écoute de la passion de son ami), rejet chargé d’ambigüité de la part du collègue qui incarne un peu les préjugés de la société, révélation au grand jour difficile…Six ans avant le film Tootsie, La meilleure façon de marcher met en avant, comme dans Tootsie, mais sur des registres très différents, la pratique secrète du travestissement d’un « acteur de théâtre ». Secret qui entraîne dans l’un et l’autre cas des bouleversements dans les relations avec les autres.

Tout le monde sait bien que la meilleure façon de marcher, c’est encore de mettre un pied devant l’autre ! Soit, mais en dehors de cette évidence, il n’y a sans doute pas de « meilleure façon de marcher absolue », car la démarche est liée à beaucoup d’éléments propres à chacune.
La silhouette, par exemple. Moi, je suis plutôt très grande et assez élancée, avec des grands bras qui me confèrent une envergure proche de celle de l’albatros chanté par Baudelaire. Rien que ça ! Je vous entends d’ici persifler : « Et les chevilles, comment vont-elles ? » Ma foi, pas trop mal ! Elles sont en harmonie avec le reste, je crois, surtout lorsque d’adorables chaussures à talons les mettent en valeur ! Je m’efforce de me tenir la plus droite possible. Une des difficultés principales que j’ai rencontrées, c’est le regard : pendant très longtemps, j’ai eu tendance à trop regarder mes pieds, et surtout mes jupes. Normal, j’aimais tellement me voir vêtue ainsi et j’étais tellement prise par le temps qui m’était compté, que je ne voulais pas perdre la moindre miette de ce bonheur. Aussi dévorais-je du regard ma silhouette de toutes les façons et à chaque opportunité. Je sais qu’il me faut absolument me départir de cette habitude si je veux marcher avec naturel en public, et j’y arrive fort bien aujourd’hui. Ce qui n’empêchera pas les petits coups d’œil dans les vitrines et autres surfaces réfléchissantes lors de mes sorties, c’est sûr ! J’avais également besoin de construire mon image, de m’assurer en tant que femme. Un long processus, une longue … démarche, avec des accélérations, des coups de frein (carrément !), des découvertes.
Il se trouve que tout récemment, un dimanche, tandis que je vivais plusieurs jours d’affilée en Isabelle, je décidais, n’y tenant plus, de descendre de mon « sixième ciel » pour aller accueillir dans le hall d’entrée de mon immeuble, en plein jour, l’après-midi, une personne de mon entourage intime venue me rendre visite. Elle s’était annoncée après sa promenade dans le parc situé juste en bas de chez moi. Je guettais son arrivée par le balcon, d’où l’on a une belle vue sur le parc et son entrée principale. Je suis descendue ainsi par trois fois, vêtue d’une de mes dernières robes, toute plissée et longue jusque sous les mollets, d’un manteau léger fermé par une simple ceinture nouée, de mes bottines à talons noires, de bas couleur chair, le sac à main en bandoulière, une jolie écharpe en soie rose autour du cou, portant mes bijoux assortis à la tenue et ma queue de cheval mi-longue. J’ai pris l’ascenseur, étonnamment très décontractée.
Une première fois, je suis allée déposer une poubelle contenant les effets du démaquillage de la veille. C’était la première fois que je m’aventurais aussi « loin » dans l’immeuble en plein jour (cela se compte en quelques centaines de pas, tout de même). J’ai pris mon temps, calmement. Je suis remontée reprendre mon poste d’observation sur mon balcon. Je décidai à un moment de redescendre attendre ma visiteuse dans l’entrée. Arrivée au sous-sol (je ne descends pas encore franchement au 0 !), j’entends en sortant de l’ascenseur la voix d’une voisine qui demande : « C’est toi Colette (ou quelque chose comme cela) ? ». Bien entendu, je ne réponds rien et prends en une fraction de seconde la décision de remonter. Et là, l’ascenseur s’arrête bien sûr au rez de chaussée où l’attend …la voisine rentrant de promenade avec sa petite chienne ! Pas démontée pour un sou, je lui adresse un joli « Bonjour !» tout en douceur et de ma voix claire (je n’ai même pas eu le temps de réfléchir, elle est sortie naturellement !), auquel elle me répond tout aussi gentiment. J’allonge le pas tranquillement pour sortir de l’ascenseur tout en m’effaçant un peu pour la laisser entrer dans la cabine, et je me dirige, bien droite dans mes bottines, d’un pas légèrement brossé, dans l’entrée de l’immeuble, descendant les trois ou quatre marches du palier avec légèreté, tout en surveillant discrètement l’entrée, prête à poursuivre mon « coming out » (au sens propre, comme au figuré, pour le coup !). Quel bonheur ! J’attends près des boîtes aux lettres la remontée de l’ascenseur emportant dans les étages ma première rencontre inattendue ! Je décide alors de remonter par les escaliers. Me voilà partie pour une ascension de six étages - en robe et talons hauts, les filles ! - l’ascension dans mon manteau, presque aussi grisante que l’ascension du mont Ventoux racontée par Pétrarque, première description d’un paysage dans la littérature européenne. Tranquille et en faisant sonner un peu mes talons sur les marches ! La classe, quoi !
Je reprends mon poste d’observation, pas mécontente de moi ni, finalement, du retard de ma visiteuse. Je la vois enfin qui sort du parc et se dirige vers mon immeuble. Je me précipite sur mon manteau et mon sac, sors de l’appartement, ferme la porte soigneusement derrière moi, appelle l’ascenseur qui n’avait pas bougé du sixième, et redescends me poster au sous-sol. Entendant ma visiteuse grimper les quelques marches du palier menant à l’ascenseur, je monte rapidement la rejoindre. Surprise, embrassades et compliments sur le palier ! Nous montons ensemble… Pour beaucoup d’entre vous, cet épisode paraîtra bien anodin ou même un peu ridicule. Pour d’autres, il prendra tout son sens dans la démarche d’oser, d’oser se risquer hors du « donjon »… J’étais ravie, et fière de moi. Ce n’était pas la première fois que je m’aventurais dans le monde ! J’ai ensuite passé un très beau moment avec ma visiteuse, comme à l’accoutumée, à bavarder. Elle m’a trouvée très belle dans ma robe, et m’a posé toutes sortes de questions sur mon maquillage…
La démarche étant liée à la silhouette, à la morphologie générale de la marcheuse, la première difficulté pour moi, c’est ma taille. C’est un gros enjeu de ma future « libération ». Du coup j’ai toujours tendance à vouloir me rapetisser. Donc à me tenir trop voûtée. Une horreur, en fait ! Lors de ma rencontre dans l’ascenseur, je ne me suis pas posé de questions. Bien plus grande que la voisine, je n’ai pas un instant cherché à paraître plus petite. Au contraire, je suis sortie de l’ascenseur bien droite, bien posée sur mes jambes, serrées juste ce qu’il faut, avançant par petits pas qui faisaient danser ma robe, les épaules bien projetées en arrière pour les effacer le plus possible, la poitrine naturellement présente ! J’étais à l’aise, et toute surprise de l’être, dans mon for intérieur ! Je crois qu’à force d’entrainement, ma posture de femme devient de plus en plus naturelle. Je l’espère du moins. Bien sûr, je croise dans la rue de plus en plus de femmes aussi grandes que moi, et les podiums de mode voient de plus en plus en plus défiler des mannequins transgenres ou androgynes absolument superbes de plus d’un mètre quatre-vingt ! Voyez Alex Veit, ou Miss Fame : phénoménales ! Je suis encore bien loin d’avoir leur courage ! Mais bon, allez, mon petit podium de salon privé me permet au moins de m’entraîner à fond et avec bonheur en attendant le grand jour !
De plus, mes longues jambes soulignent encore ma silhouette élancée. Si au tout début de mon existence de femme, à la fin des années quatre-vingts, je n’ai pas osé acheter des chaussures à mon pied (allez savoir pourquoi !), dès que je me suis décidée, j’ai été surprise de la facilité avec laquelle je marchais sur des talons ! Je sais aujourd’hui que j’ai cela tellement en moi que je n’ai pas eu besoin de prendre quelque « leçon » que ce soit pour marcher avec naturel sur des talons de six voire sept centimètres de haut ! Il m’est arrivé de porter en soirée des escarpins juchée sur des talons de plus de dix centimètres ! Cela ne durait pas longtemps, en général, en raison de la tension ressentie dans le coup de pied. Je suis très à l’aise sur des talons de six, pour danser, notamment. Il y a donc déjà un moment que j’ai découvert le plaisir de glisser mes pieds dans des chaussures à talons, compensés ou pas, escarpins, sandales ou bottines ! J’ai compris combien cette pièce du costume féminin est indispensable au plaisir de se sentir femme ! Je porte volontiers aussi des ballerines. Elles s’accordent très bien à ma taille. Mais je n’éprouve pas les mêmes sensations que sur des talons ! Une fois n’est pas coutume, je m’autorise une petite sortie coquine : c’est aussi par les talons qu’on se sent femme !
Il y a les chaussures, et il y a les vêtements. Le pas d’une femme est en grande partie commandée par sa tenue. On ne marche pas de la même façon dans un tailleur droit et dans une jupe ample ! Une femme ne marche pas non plus de la même façon par temps de pluie ou par beau temps. Je rouvre ici la belle nouvelle de Jensen, Gradiva. Toujours au début du récit, le héros Norbert Hanold décide d’étudier « scientifiquement » le pas des femmes. Il veut savoir si la démarche de Gradiva est observable dans la réalité, ou si elle n’est que le fruit d’une décision de l’artiste qui a réalisé le bas-relief. Il a d’abord tenté de reproduire lui-même la démarche de Gradiva, sans succès. Voici le passage ; Norbert Hanold vient de décider de « faire lui-même des observations d’après nature (…) De nombreuses difficultés y mettaient obstacle dans la foule de la grande ville et ne lui faisaient espérer un résultat qu’en allant dans des rues peu fréquentées. Là aussi, cependant, dans la plupart des cas, les robes longues rendaient la démarche complètement méconnaissable, d’autant que seules les domestiques avaient des jupes courtes et que les chaussures grossières qu’elles portaient pour la plupart ne permettaient pas de les faire entrer en ligne de compte pour la solution du problème. Néanmoins, il continua ses observations avec persévérance, par temps sec comme par temps humide. Il s’aperçut que ce dernier lui était plus propice, parce qu’il obligeait les dames à relever le bord de leurs jupes. (…) Peu à peu, sa persévérance était récompensée. Il collectionnait un nombre considérable d’observations et trouvait entre elles de nombreuses différences. La plupart des femmes laissaient glisser la plante de leur pied presque sur le sol, et il y en avait peu qui la relevassent obliquement dans une position plus gracieuse. Mais aucune n’avait la démarche de Gradiva, ce qui le remplit de satisfaction (…) » (fin de citation). Avec la rigueur de la démarche scientifique, sous couvert d’un désir de connaissance qui fait bien sûr le bonheur de Freud dans son étude du rêve et du délire dans la nouvelle de Jensen, Norbert Hanold vérifie au fond qu’il y a autant de démarches féminines qu’il y a…de femmes ! Toutefois, certains « canons » prédominent, assurément, dont le maître mot est sans doute la grâce, associée au charme, à la légèreté et à l’élégance. Tout ce que je recherche pour mon propre compte et que je m’efforce d’acquérir depuis de nombreuses années !
On peut donc « apprendre » à marcher comme une femme, en observant notamment attentivement la démarche féminine. Sur internet, vous trouverez quantité de « tutos » (c’est comme cela qu’on dit aujourd’hui !) qui vous détailleront la chose, et même des vidéos très bien faites, genre « master class », pour ainsi dire, pour la plupart en anglais. Nos amis anglais sont-ils bien plus avancés sur ces questions que nous ne le sommes ? Il est vrai que des émissions entières de télévision assurées par des copines adorables ont « cartonné » en Angleterre et dans les pays anglosaxons bien avant que les « nôtres » ne pointent timidement le bout du nez (dernière en date, Nicky Doll chez Yann Barthès, et elle fait du bien, la petite française qui va affronter la bande de Ru Paul !). Voyez Guilda, Danny La Rue, Hinge and Bracket, adorables vedettes de comédies et « chanteuses » de grand talent, et bien d’autres.
Apprendre à marcher comme une femme ! Qui ne se souvient de la scène irrésistible de la Cage aux Folles où Jean Poiret et Michel Serrault se livrent avec délice et pour notre plus grand bonheur à la parodie ! Le parfait contre-exemple : marcher comme John Wayne ou comme Jean Gabin en talons et robes à froufrous ! La vérité par son contraire ! Il me revient à l’esprit ce que me disait encore récemment une amie : « L’habit ne fait peut-être pas le moine, mais la robe fait la femme ! ». Du coup, elle a renforcé mon envie de me rendre à Paris uniquement pour observer sa démarche et en apprendre beaucoup ! En attendant, j’essaye de déambuler chez moi comme John Wayne, en jupe longue et talons hauts ! J’abandonne très vite, ajoutant aux conclusions scientifiques tirées de l’expérience par Norbert Hanold que la robe fait en effet irrésistiblement la femme ! C’est ainsi du moins en ce qui me concerne. Et notez que je n’ai rien contre le concept de la jupe pour hommes défendu (entre autres) par notre ami Jean Paul (Gaultier, bien sûr, pas le pape …quoique !), mais je me situe dans une autre … démarche !

Je m’exerce donc depuis peu chez moi selon un dispositif tout ce qu’il y a de scientifique que je vous recommande d’expérimenter, les filles : le « MArcher Mode At Home », abréviation brevetée : MAMAH ! L’agencement de mon appartement me permet d’aligner entre l’entrée et le salon une série de quatre tapis (comptez-en autant que le permettra votre logement) sur lesquels je déambule avec délice d’un bout à l’autre des huit mètres de ce podium imaginaire. J’apprends à marcher comme ces mannequins de mode, un pied réellement devant l’autre, de ce pas tricoté si gracieux mais quand même très sophistiqué ! Bon, c’est vraiment très plaisant, y compris en raison de l’amorti des talons tout en douceur provoqué par l’épaisseur des tapis. Les femmes rendront-elles jamais assez grâce à Pénélope ? Moi, je tisse ma féminité inlassablement, dans un sens puis dans l’autre ! Un délice, sur mes talons et toutes jupes flottantes ! Bien sûr, là aussi, comme dans la nouvelle de Jensen, il s’agit « d’aligner » une réalité sur une image de (la) femme, en l’occurrence celle véhiculée par une certaine conception du mannequinat de mode. Je ne pense pas que je marcherai de la sorte dans la rue, quand je m’y risquerai enfin pleinement. Quoique… ! Le dispositif implique de considérer, toutes les vidéos, tous les articles vous le confirmeront, une ligne droite virtuelle (la chaîne de la trame, en somme ?) sur laquelle poser vos pieds. Le corps est bien droit, les épaules un peu en arrière, le ventre rentré, les jambes plutôt resserrées, le pas plutôt petit… et je me lance. Ce que j’aime particulièrement, c’est laisser mes mains et mes bras caresser le tissu de ma jupe ou de ma robe dans le mouvement de la marche ! Le dispositif parfait comprend aussi la dose de parfum requise, une bande son d’enfer, un dressing préparé et … quelques litres d’eau, ou, dans les meilleures occasions, un peu de champagne qui peut rendre la démarche encore plus aérienne !
Chemin faisant, je m’aperçois que j’oublie d’évoquer un autre élément qui participe de la démarche féminine de tous les jours : le sac à main ! Voilà un bel accessoire dont il faudrait raconter l’histoire, en rendant hommage au passage au grand Raymond Devos pour son sketch sur les objets inanimés. Le sac se porte de diverses manières, en bandoulière, à l’épaule, à la main s’il s’agit d’une ravissante pochette de soirée, ou, comble de féminité selon moi, au creux du coude, sur le bras replié. Cette dernière façon de le porter confère à la femme une démarche et une allure très particulières que je trouve exquises. Il resterait enfin à mentionner deux éléments qui jouent leur rôle dans ma féminisation : le maquillage, d’abord ! Je lui accorde le plus grand soin, car il me permet de me sentir bien dans ma peau ; il me donne de l’assurance, jusque dans ma façon de marcher, évidemment. La coiffure, enfin : une chevelure flottante invite à marcher autrement qu’une coiffure en brosse !
Tous ces éléments, et quelques autres encore plus intimes, jouent un rôle concerté dans ma démarche féminine. Ils font partie des premières voies d’accès à ma féminité. La démarche n’est donc pas qu’une affaire de « mécanique anatomique », tout le monde le sait ! C’est aussi fondamentalement une question d’état d’âme, de posture. La démarche vient de l’intérieur de l’être, comme la voix, comme le désir, les pensées et les rêves !
Dans la vie comme dans les mots, j’aime que ma démarche me conduise d’un genre à l’autre, avec fluidité et comme en dansant. Si vous me demandiez encore qui je suis, je répondrais volontiers : une travailleuse du texte et, pour parodier gentiment un très beau titre de Guillaume Apollinaire, une flâneuse des deux rives !
La démarche d’une femme, c’est une véritable chorégraphie. De cela, je suis parfaitement persuadée depuis fort longtemps ! Et pour conclure, provisoirement, je suis ravie d’en partager avec vous la confirmation poétique chez Baudelaire, dans ce sonnet intitulé « Avec ses vêtements ondoyants et nacrés » :
« Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu’elle danse »

Quand je vous le dis !
Bises,
Isa


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