Oui je suis et homme et j’aime me maquiller. Non quand je croise le regard maquillé d’une femme ce n’est pas le désir de la possession qui m’anime mais celui de la fusion dans un être à jamais inaccessible. Mais j’aimerai aussi tant pouvoir dire crier cet homme qui désirait tant être femme. Pas moi. Au-delà de ma petite personne. Ou plutôt moi, accepter d’être cette femme mais pas pour moi, par pour ma petite personne pour la poésie. Pour habiter toutes celles et ceux qui peuvent comprendre ces mots. Je ne suis rien. Rien qu’une femme prisonnière dans le corps d’un homme, à jamais, condamnée pour cela au silence éternel du tabou. Qui pourrait deviner, caché derrière mon visage, mon cœur de femme ? Qui pourrait voir dans mes mains mes désirs pointés jusqu’au bout de mes ongles ? Qui pourrait dessiner au long de mes pas la caresse d’une jupe ? Mes seins ne sont que des rêves qui pointes des volcans imaginaires. Viendras-tu déposer sur mon visage, sur mes yeux, sur mes lèvres le blush impossible ? Viendras-tu habiller mes yeux de fièvre charbonneuse, déposer sur mes lèvres le parfum sucré des pétales de rose ? Réveilleras-tu mon corps de femme à jamais endormi, à jamais enfoui pour l’offrir au désir. Comment ne pas donner un baiser brûlant sur les lèvres d’une femme qui s’est donnée, qui s’est livrée comme aucun homme ne sera jamais capable de le faire. Chut… Je suis un rêve, l’ombre bleue de ton fard, la caresse sucrée de tes lèvres, un peu de poudre dispersée dans ton souffle. Sais-tu toi qui passe là que j’aime tes yeux à en mourir. Chut… Je ne suis qu’un miroir brisé, abandonnée, loin de tes yeux, loin de ton sourire, loin de tes baisers. Etre juste une larme pour naître au coin de tes yeux, ivre des parfums, des ombres de ton fard. Vivre un instant de lumière dans l’écrin de tes yeux maquillés puis chavirer et mourir sur tes joue fondre dans le blush, écrasé, le cœur transpercé par la pointe de tes ongles de femme. Mais je me vois déjà vieillard habillé à jamais de regret de n’avoir jamais pu te ressembler, être digne de toi. Impossible métamorphose d’un vers qui ne sera jamais papillon.