Et Adam découvrit Eve...
Par ce bel été de mes 16 ans mes vacances ont été réduites à rester dans la demeure familiale. En effet, mes parents travaillent beaucoup et ne s’accordent que très peu de congés, mon frère ainé, lui, s’est trouvé un petit job aoûtien. Me voilà donc seul ce matin là dans la maison. Après avoir zappé en flemmardant dans le canapé, je décide qu’un peu de batterie va me défouler un peu. Au grenier de cette maison de ville, j’ai installé tout un tas de truc à moi comme mes BD, ma musique, des magazines et cette fameuse batterie dont je suis autodidacte. Comme souvent donc, je m’époumone à reprendre des vieux standards rock des seventies et des eighties.
Même si la majeure partie de ce grenier m’est consacré, le reste est comme tous les greniers : du tout et du n’importe quoi. La seule chose qui orne ce lieu, digne d’un roman de Stephen King, est le linge que ma mère met à pendre sur des fils de nylon tendus accrochés à la charpente. Donc comme d’habitude, ça sent le linge fraîchement lavé. Je souffle un peu et mes yeux s’égarent sur les vêtements pendus.
Pourquoi mon regard s’arrête sur ce chemisier ? Encore aujourd’hui je ne sais pas. Il doit être neuf car je n’ai jamais vu ma mère le porter. Le fait est que je le fixe. Comme attiré par une force inconnue je me lève et m’approche de celui-ci. Je le touche. Il est doux. Je ressens un certain émoi et lorsque je m’en aperçois je le relâche en me demandant ce qui me passe par la tête. Me sentant idiot je redescends les escaliers et continue ma journée comme si de rien n’était.
Quelques jours plus tard, j’entends ma mère rentrer de son travail le midi et me dirige dans l’entrée pour l’accueillir. Elle enlève sa veste et je me retrouve face à elle portant le fameux chemisier. Le même émoi qu’auparavant m’envahit soudain. Merde ! Qu’est-ce qui se passe ? Je bredouille et l’embrasse.
Je me mets alors inconsciemment à détailler les tenues des femmes que je peux croiser dans la rue, les boutiques, partout en fait ! M’apercevant de ça je décide de reprendre le contrôle et réussis à arrêter de penser constamment aux vêtements féminins. Et surtout pourquoi j’y pensais constamment ?
Quelques temps plus tard je retourne dans le grenier chercher une de mes BD. Même tableau qu’auparavant. Alors que je me dirige vers l’escalier pour redescendre, j’aperçois le chemisier pendu. Résiste ! Respire ! Je n’ai aucune volonté… Je suis aux ordres de mon subconscient, je ne maîtrise plus rien. Comme téléguidé, je dépends le corsage sec, le pose sur une chaise, enlève mon T-shirt, enfile le chemisier, le boutonne. J’ai l’impression d’irradier tellement j’ai chaud tout d’un coup. Je descends dans la salle de bain… et me regarde dans le grand miroir au-dessus du lavabo. Je suis là, moi et mes 16 ans, le vrai mec dans toute sa splendeur, pourtant si macho, si jeune homme, si mâle, engoncé dans un chemisier de soie vert à petits pois noirs avec une large collerette, un boutonnage qui va du cou à gauche pour aller en diagonale jusqu’à mon aisselle avec épaules et poignets froncés. Je crois défaillir… j’ai une érection...
A partir de ce moment là, je sus que rien ne serait plus comme avant.