emma la nuit

(publié: 17-03-2007, 4:27 )

Immersion totale dans la peau d’une femme pendant trois jours.

Depuis quelques mois, j’ai reporté, décalé les sorties prévues avec certaines copines lointaines pour différents motifs, éloignés d’une appréhension de sortir en fille.
J’allais de plus me retrouver dans l’impossibilité totale de sortir pendant de longues semaines.

Les sorties me manquaient terriblement pourtant. Alors j’ai décidé de faire une suite de sorties enchaînées pendant trois jours et trois nuits. Trois jours et trois nuits dans la peau d’une femme.

Je vous raconte tout d’abord ces trois jours, ensuite je vous ferais vivre l’envers du décor.

J’ai voulu raconter ce témoignage en pensant à vous toutes qui pensez qu’une petite sortie au crépuscule est bien suffisante, j’ai pensé à vous toutes qui n’osez pas encore sortir. Que ce

Témoignage vous donne l’envie de vous lancer enfin, accompagnée d’une copine plus expérimentée de préférence. Que la joie d’être femme vous porte à vous réaliser pleinement dans votre vie, dans
vos deux vies.

Petite souris, la cinquantaine, je suis transgenre de naissance, allez voir mon témoignage sur la rubrique témoignages de Hommefleur.
M’étant battue contre Emma pendant très longtemps, j’avais beaucoup de retard sur la mise en conformité de mon apparence avec mon mental

Qui est très féminin depuis toujours. C’est seulement depuis un an que j’ai accepté de laisser vivre pleinement Emma. Il m’a fallu ensuite trois mois de plus avant de passer au maquillage, à
l’habillement digne de ce nom. Encore trois de plus pour oser sortir.

C’est seulement depuis août que j’ai effectué ma première sortie, accompagnée. Dès ma troisième sortie je sortais seule, et les suivantes je suis sortie tantôt seule, tantôt accompagnée, d’une
copine ou d’une femme. Je ne suis pas encore très passante, j’en ai conscience, cela s’améliore mais je suis loin de la perfection…


La reine du TGV

Emma a fait la moitié du tour de la France en trois jours. J'ai effectué un vendredi de janvier ma douzième sortie, à Paris. Métro, hôtel, boutiques.

Avec ma perruque brune pas très excitante. Je suis sortie avec une amie qui m’a accompagnée dans mes balades. Elle était ravie de me revoir en

Femme, pour la deuxième fois que nous nous rencontrons ainsi, mais elle me connait en garçon depuis près de dix ans, et avait ressenti ma féminité bien avant que je lui révèle l’existence d’Emma…

Lorsque j’ai donné rendez vous la première fois à mon amie, je lui ai dit qu’il y aurait une surprise, qu’il fallait qu’elle m’attende à proximité du restaurant que j’avais réservé. Lorsque je suis arrivée à sa hauteur je l’ai interpellée d’un bonjour Cathy ! Elle est restée bouche bée, et il lui a fallu de nombreuses minutes pour qu’elle se reprenne. Pendant tout le
repas nous avons donc parlé d’Emma, elle m’a posé mille questions.

Maintenant elle ne veut plus sortir qu'avec Emma tellement plus belle qu’elle, dont elle est tombée amoureuse ;-)) Moi je sais bien que je ne suis pas plus belle qu’elle, mais son compliment m’a touchée. Et puis notre complicité a fait
qu’a son tour elle a essayé mes perruques, elle m’a offert une jolie paire de bas gris fumés.


J'ai profité de sa présence et de ses conseils pour acheter dans un petit magasin

Une perruque courte rousse, et une perruque blonde avec balayage et mèches longues, depuis le temps que j’en rêvais ! Je vais la faire coiffer en chignon élégant pour les belles occasions.

Après cette longue journée où j’ai marché en talons toute la journée, mangé dans deux

Restaurants et exploré mille magasins au moins, incroyable, elle n’en a jamais marre cette Emma ! Et Cathy non plus, il faut bien le dire ! Le moment est venu de se séparer.

Car il a bien fallu que je la rende à son époux, qui ne connaît pas Emma mais qui a toute confiance dans l’ami de sa femme qu’il prend pour un garçon qui préfère les garçons… Bah voui, cela peut être pratique comme alibi.

La nuit fut bienvenue pour me reposer. Mes jambes étaient douloureuses, je me fis couler
un bon bain, j’ai soigné ma peau après l’avoir démaquillée soigneusement. Et je me suis
bien vite endormie dans les bras de Morphée, vêtue d’une nuisette noire et transparente.

Le lendemain Emma a effectué sa treizième sortie. Ce lendemain matin, pourtant comme on dit en Provence, mauvaise limonade ! Bien que levée tôt, et prête dans les temps, après m’être rasée de très très près, maquillée avec soin, j’ai mis ma perruque rousse sur une tenue assez sage et je suis allée prendre mon TGV pour rencontrer une copine de l'Ouest.
Hélas, peu coutumière du quartier, je suis partie dans le mauvais sens ! Comme j ai raté
le train, j’ai du attendre deux heures à la gare Montparnaz,déambulant de café en boutiques,

Puis assise longuement, les genoux joints sagement, sur un banc, à la vue de tous. Tout s’est très bien passé. Enfin l’heure du train, un train bondé. J’ai voyagé dans un compartiment avec
une famille. Un bonjour discret, un beau sourire et hop ! En voiture ! Le trajet s’est déroulé
paisiblement.

J’ai retrouvé cette copine et nous sommes allées déjeuner, chez elle. L’après-midi avec ces deux
heures de retard a donc été écourtée, mais ce fut un beau moment, très chaleureux. Nous étions
sur la même longueur d’ondes. En fin d’après midi je me suis démaquillée, et je me suis rasée
avant de me remaquiller. Elle m’a raccompagnée à la gare. Re-TGV, direction le Poitou. Le même
voyage paisible.


A mon arrivée, j’ai pris ma chambre en fille que j'avais réservée au nom d'Emma. Puis j’ai retrouvé

Une autre copine, qui est ma marraine. En avant pour la quatorzième sortie. J’ai mis pour sortir ma nouvelle perruque blonde en laissant les cheveux lâchés et j’ai mis les lunettes de vue d’Emma. Nous sommes sorties en ville, sous la pluie, ce qui m’a permis pour la première fois de marcher sous un parapluie, en tenant le bras de ma copine !
Nous sommes allées au restaurant et pour la première fois pour Emma, boite de nuit !
je me suis couchée au petit matin pour récupérer un peu et je suis rentrée dans le Jura.
2300 kilomètres en train sur le compte d'Emma !
je suis très heureuse de ces trois sorties, je connais mieux mes points faibles, et j’ai maintenant une assurance totale !

L’envers du décor

Ne croyez pas que je fasse pour autant la maline.
Oui ces kilomètres m'ont demandé beaucoup de concentration, pour chaque geste.

Imaginez-vous, 2300 km cela représente beaucoup d'heures de travail sur soi, se lever, marcher, repousser une mèche, ouvrir un sac, parler, boire un café, se repoudrer... c'est un vrai métier. Mais le premier parcours fut plus difficile parce que après on commence à trouver des automatismes, s'accroupir pour se baisser, etc.

Je sais que je ne suis pas assez passante pour être prise pour les gens qui me voient de près pour une femme. Mais je dirais que quand on est dans une approche naturelle et sincère de la féminité, cela nous donne plus d’assurance et, partant, une complicité tacite.

J’ai pris grand soin à choisir ma tenue de voyage, une tenue sage, pantalon de femme féminin mais sobre, escarpins à bouts ronds, talons pas trop hauts, chemisier sage et veste sobre. Non je n’étais pas en grand-mère !

Pour le maquillage j’ai fait vraiment le minimum. Cache barbe, fond de teint naturel, poudre libre, un léger voile sur les paupières, un rouge à lèvres discret, des ongles vernis rose pâle. Pas de quoi passer pour une bimbo !

Le rasage. Se raser de près une fois par jour cela va pour un homme. Mais tenir un jour entier en maquillage et ne se raser qu’une fois au matin, même pas en rêve cousine !
Il faut y passer trois fois pour une amplitude d’une dizaine d’heures grand maximum !
Pour cela il faut trouver le compromis entre un bon rasoir et une bonne mousse à raser.
Après avoir essayé tous les systèmes à lames multiples, j’ai du faire le constat, ma peau
ne supportait pas plus de deux rasages, le troisième c’était saignant ! Je suis passée à
l’électrique. Et avant de me raser, une lotion avant rasage. Ensuite, bien hydrater la peau,
et même j’ai appliqué au premier maquillage du jour un sérum avant la crème hydratante.

Les rencontres entre copines. Si ce périple me laissera un souvenir impérissable, c’est que

Chaque jour la rencontre a été belle, enrichissante. Chacune m’a beaucoup apporté, j’espère que la réciproque a été vraie pour elles. En tout cas, la clé pour progresser, c'est les
sorties seule car je sais que je suis obligée de me débrouiller, et avec les copines parce

Que elles me donnent sur l'instant des tuyaux pour m’améliorer et que nous partageons quelque chose de plus ou moins fort. Encore faut il qu’elles viennent au rendez-vous.

Parce que dans ma jeune carrière, j’ai rencontré ce que certaines d’entre-vous m’ont raconté,

Se retrouver seule à un rendez vous, une adresse internet qui soudain ne marche plus, un portable qui ne répond plus. Mais c'est l'apprentissage. J'ai eu des correspondances suivies avec des copines qui justement se plaignaient du caractère virtuel des copines et qui elles mêmes se dégonflaient.

Entendons nous bien, je suis assez ouverte pour comprendre la copine qui a peur au dernier moment.
Mais j'aimerais le savoir pour ne pas me déranger pour rien. Moi, je ne suis pas assez prudente,
parce que j'ai envie de sortir. A mon âge, ayant combattue ma nature pendant si longtemps, j'ai
besoin d'exister, dehors, rencontrer des copines avec qui échanger, papoter, sortir, faire du
shopping, voyager...

Chaque fois que je me suis faite poser un lapin, j’ai maintenu ma sortie, ainsi je ne suis pas rentrée bredouille et démoralisée.

Emma.