celtina
(publié: 08-09-2007, 0:18 )Voici la petite histoire de Celtina, alias Marie-Christine.
C’EST AINSI QUE TOUT A COMMENCE...
Date d’arrivée prévue:... on verra bien vers la fin mai 1948. Ils ont eu raison de ne pas trop calculer la date, d’après le médecin de famille, c'est avec 3 jours de retard qu'il est arrivé le stroumpf et c’est vrai qu’avec un tel retard, presque étouffé, il était bleu en débarquant! A l’époque, pas d’échographie, rien, le seul moyen de pronostiquer le sexe du futur enfant n’était basé que sur des remèdes de bonnes femmes dans lesquels les cycles lunaires semblaient apparemment primordiaux dans cette science "exacte" réservée aux rares initiées! Alors la famille se réjouissait à l’idée d’accueillir une petite fille qui allait se prénommer Marie-Christine. Le 25 du dit mois, une petite tête apparaît mais en observant bien un peu plus bas, surprise: Dame Nature avait fait une grosse faute d’orthographe en transmettant le bon de commande, ne voilà-t-il pas qu’elle a rajouté une t'ite virgule entre les deux parenthèses! Je me serais bien passé de ce petit plus, mais bon...j’ai dû faire avec... Pas de prénom de rechange prévu dans cette éventualité, normal... puisqu’elle l’avait bien dit la dame que ce serait une fille...! Panique! C’est mon adorable et regrettée grande sœur qui a tranché et choisi un autre prénom à la mode du moment, plus adapté à mon anatomie.
J’ai grandi dans une famille relativement bourgeoise, entourée d’une mère attentive, un père super gentil mais trop pris par son travail, une grande sœur adorable, un frère sympa mais qui a choisi très jeune de faire ses études loin du domicile familial et une autre sœur jalouse de mon arrivée dans la famille. Et oui, à présent c’était moi le petit dernier, j’avais pris sa place et sans rien demander à personne en plus!
Un père très occupé, un frère absent, j’ai été élevé dans un milieu exclusivement féminin. Ma mère, une tante, mes sœurs, une cousine et une petite voisine de mon âge. Un jour que je m’ennuyais alors que ma plus jeune sœur jouait avec ses poupées, j’ai voulu la rejoindre. Elle m’a fait remarquer que je n’étais pas une fille mais que si je mettais une jupe j’en serais une et qu’ainsi je pourrais jouer avec elle. A à peine 4 ans, dans mon esprit d’enfant, la chose m’a paru simple et si évidente, j’ai accepté sans la moindre malice. Quelques minutes plus tard, devant un miroir j’ai été envahi d'un grand trouble, j’ai vu une petite fille vêtue d’un pull rouge et d’une petite jupe plissée grise, c’était MOI cette petite fille! En me déplaçant, la légèreté, le confort, et les caresses du tissus de ma jupe autour de mes cuisses me procuraient des sensations agréables jusqu’alors inconnues, je frémissais de plaisir, j’étais une fille, plus jamais je n’ai pu m’en passer! Cette scène est restée gravée à vie dans mon esprit, je la revois comme si c’était hier. Je dois ajouter que très souvent on m’appelait Marie-Christine dans la famille et que, sans le faire voir, ça me faisait plaisir.
Pendant les années qui ont suivi, je portais des jupes et des robes à l’insu de mes parents chaque fois que je le pouvais, je ne ratais jamais une occasion, c’était un besoin permanent. Je suis intimement convaincue que toute la famille était au courant mais personne ne m’en a fait allusion. J’ai su plus tard que ma charmante sœur racontait tout à qui voulait bien entendre dés que j’avais le dos tourné. En fait, avec le recul, je n’en ai rien à faire, je n’ai jamais fait de mal à personne parce que j’aime m’habiller en fille.
L’ADOLESCENCE.
C’est vers l’âge de 12 ans et demi que mes jupes et mes robes de gamine ne me suffisaient plus, je me les procurais parmi les affaires que mes sœurs ne mettaient plus au fur et à mesure qu’elles avaient grandi et que ma mère entassait dans des cartons au grenier. A l’époque, les gens ne jetaient rien, j’avais donc une mine d’or à portée de main.
Les catalogues de vente par correspondance étaient devenus mes livres de chevet. Je rêvais en admirant tous ces jolis dessous en dentelle et les belles petites jupes et robes. Pourquoi n’étais-je pas une fille pour pouvoir porter ces si jolies choses? Je ne pouvais même pas en parler. Comme toutes celles d’entre nous qui ont vécu cette période confuse, je pensais être la seule au monde à désirer m’habiller en fille. Je pensais que c’était un vice, voire un déséquilibre mental. Je ne savais pas définir ce qui m’arrivait ne connaissant même pas le mot "Travesti".
Un jour j’ai vu ma plus jeune sœur faire un grand tri dans son armoire et entasser pêle-mêle dans un carton...: des dessous, des jupes à peine portées, enfin tout ce que je rêvais posséder. Etant très coquette, elle avait une volumineuse et magnifique garde-robe sans cesse renouvelée. Comme je l’espérais, elle a monté ce carton au grenier. Je n’avais plus qu’une idée en tête, aller le fouiller et récupérer tout ou partie de ce trésor. J’avais la chance d’être souvent seule à la maison, surtout les jeudis et pendant les périodes de congés scolaires. Mes parents étaient occupés par leur travail, ma sœur aînée était mariée, mon frère très loin et l’autre sœur toujours avec ses copines et ses copains. J’ai donc pu sans trop attendre mettre mon plan à exécution. Tremblante d’excitation, j’ai ouvert le carton et je me suis vite retrouvée nue pour faire les essayages, je ne décrirai pas ici les détails de l’état dans lequel je me trouvais... Toutes celles qui ont vécu cette expérience comprendront.
Après tant d’années passées, je ne me souviens plus avec précision la teneur de mon butin: quelques jupes de formes variées, 2 robes, 2 ensembles composés d’un petit haut et d’une jupe droite assortis, quelques pulls et chemisiers, et plein de dessous en dentelle ainsi que des bas. Comme j’étais toute menue à cet âge, tout m’allait à merveille. J’ai caché le tout dans un autre endroit qui m’était réservé, j’avais enfin ma propre garde-robe féminine. Par la suite, chaque fois que j’étais seule à la maison, Marie-Christine vivait pleinement sa féminité. De cette époque, j’ai conservé les habitudes vestimentaires que la plupart des femmes de mon âge ont depuis longtemps abandonnées, à savoir: l’usage du porte-jarretelles (les collants étant apparus plus tard), le port systématique du jupon sous mes jupes et de la combinaison sous mes robes, ainsi que les beaux petits tabliers à volants noués autour de la taille pour accomplir les tâches ménagères. Eh oui, elle est un peu rétro et nostalgique Celtina!
Au cours de mon adolescence, une fois seule, je devenais la fille de la maison. Une fois parée, je me mettais au ménage par pur plaisir féminin, je balayais, je passais l’aspirateur, je faisais les poussières et le repassage. En rentrant le soir ma mère était ravie, elle l’aurait été moins si elle avait su dans quelle tenue je faisais cela, d’autant qu’au fil du temps j’en étais arrivée à me maquiller et à me faire des coiffures féminines grâce à la mode des cheveux longs pour les garçons que j’ai tout de suite suivie bien évidemment.
Cette force intérieure qui me poussait à me féminiser ne m’a pas empêchée de rester hétérosexuel mâle, j’ai toujours été attirée par les filles. Dés l’âge de 15 ans j’ai toujours eu des petites copines, j’ai la chance d’avoir un physique qui plaît aux femmes, peut-être que Dame Nature a voulu se faire pardonner de son erreur?! Toujours est-il que le besoin de me métamorphoser ne m’a jamais quitté, même après avoir passé un agréable moment avec une jolie petite amie, si j’en avais la possibilité en rentrant à la maison, Marie-Christine réapparaissait parée de ses atours féminins.
Jusqu’à l’âge de 18 ans, ma garde-robe n’a cessée de se renouveler car ma sœur faisait le vide dans son armoire deux fois par an. Je ne me contentais plus que de ses jupes qu’elle abandonnait après ne les avoir portées souvent qu’une seule fois, mon corps d’adolescent s’étant normalement développé, je ne pouvais plus rentrer dans ses robes.
Voilà comment j’ai vécu ma dualité durant mon adolescence. Ah oui, j’oubliais une chose importante qui m’a beaucoup aidé psychologiquement quand j’ai eu 16 ans. En écoutant mon frère me raconter l’ambiance des boîtes de nuit en Allemagne où il résidait à l’époque, j’ai su que je n’étais pas seule au monde. Je connaissais enfin le terme "Travesti", j’ai en quelque sorte été rassurée.
MA VIE ADULTE ET DE COUPLE.
A 19 ans j’ai intégré un milieu professionnel qui ne me permettait plus de me féminiser, avec regret j’ai dû me séparer de toute ma garde-robe, Marie-Christine devait disparaître! Durant les deux années qui ont suivi j’ai vécu «normalement» mais la fille qui était et es toujours en moi n’était qu’en état de somnolence, j’y pensais tout le temps et elle me manquait. Les aléas de la vie ont fait que j’ai dû aussi résider en Allemagne, super! J’en rêvais, de plus j’allais y retrouver mon frère.
Eh bien... on ne s’est pas beaucoup vu! Eh oui, le problème c’est qu’en Allemagne il y a des allemandes et ça il fallait compter avec! En plus il y en a plein de super mignonnes et pas du tout farouches, moi qui ait toujours adoré les jolies filles, j’étais au paradis et de là le frangin...il est passé au deuxième plan.
De Gretchen en Gretchen, un jour je suis tombée sur une qui avait "un je ne sais quoi de mieux que les autres", toujours est-il que j’ai tout de suite senti qu’avec elle ma carrière de séducteur venait de prendre fin. Pourquoi elle? Peut-être parce que c’est elle qui m’a draguée. Cupidon peut être fier de lui, après 37 ans, entre elle et moi ça marche toujours!
Par contre il y avait toujours mon autre «Moi» ou, si j’ose dire, mon autre «Elle» toujours bien présente .Je n’avais jamais éprouvé le besoin d’en parler à mes autres anciennes petites amies, mais à elle je n’avais pas le droit de mentir. Je n’en pouvais plus de lui cacher la vérité, après avoir bien réfléchi aux conséquences d’un tel aveu j’ai préféré prendre le risque d’une rupture en début de relation (on s’en remet plus facilement), plutôt que de risquer un divorce douloureux quelques années plus tard.. Quelques jours avant de tout lui révéler, je l’ai prévenue que j’avais quelque chose d’important à lui dire me concernant, bien sûr j’ai été harcelée de questions qui germaient dans son imagination. Elle a supposé le pire: une autre fille dans ma vie, que j’étais marié en France, repris de justice... enfin, tout y est passé sauf la réalité.
Pour fêter le premier mois de notre rencontre, je l’ai invitée au restaurant pour un dîner en amoureux. C’est ce soir là que j’avais choisi pour tout lui avouer, ça s’est passé au retour dans la voiture à l’endroit où l’on avait l’habitude de passer nos moments d’intimité. Avec une boule à l’estomac et la gorge serrée, j’ai commencé mon récit en lui parlant doucement, je lui ai tout dit. Elle m’a écoutée sans dire un mot puis un long silence s’est installé, je ne parlais plus, elle ne disait rien sans même me regarder. J’étais angoissée, attendant la crise de larmes et la rupture.
Après un long moment, elle s’est blottie contre moi et on s’est enlacés. Sans dire un mot on a fait l’amour avec encore plus de passion. Ensuite elle m’a dit que ce n’était pas si grave mais qu’elle avait besoin de réfléchir. Les jours qui ont suivi, on se retrouvait comme d’habitude sans aborder le sujet, j’attendais qu’elle soit prête pour me parler. Ce n’est qu’une dizaine de jours plus tard qu’elle m’a dit qu’elle voulait rester avec moi et qu’elle m’acceptait comme j’étais car "rien ne pourrait me faire changer". J’ai été surprise par ses propos et ce n’est qu’un peu après que j’ai saisi son allusion.
En effet, après avoir été présentée à ses parents, j’ai pu lire chez elle ses revues dédiées aux jeunes filles. J’ai été étonnée par la quantité d’articles sur la sexualité dans ces revues et quasiment tous les mois y paraissait un article sur le travestisme et/ou la transsexualité. Grâce à ces lectures, elle en savait plus que moi sur le sujet, j’ai compris pourquoi elle m’avait dit que "rien ne pourrait me faire changer". L’Allemagne était bien en avance sur la France pour aborder ces sujets dans les revues pour ados (1969 et même bien avant).
Quelques mois plus tard on a vécu ensemble, à la maison j’étais assez souvent (mais pas toujours) vêtue en fille. Les premiers temps elle était un peu choquée, j’ai su très vite pourquoi. Un jour que je venais de finir de me transformer, elle a tout critiqué: mon maquillage, ma démarche, mes gestes, ma façon de parler... et moi qui me voyais et me croyais irrésistible..., ça calme! Le terme n’existait pas alors, je n’étais qu'une vulgaire drag queen, un épouvantail qui parodiait outrageusement sans m'en rendre compte celles que j’ai toujours tant aimé et respecté: les Femmes.
Au fil des années, elle m’a aidée à mieux passer, elle m’a apprise à me maquiller avec plus de discrétion, à marcher naturellement, ne pas exagérer mes gestes et surtout parler avec douceur sans cette intonation caractéristique et choquante que prennent la plupart des efféminés. Dans le choix de mes tenues aussi, moins d’extravagance. En un mot elle m’a transformée du tout au tout pour que je passe mieux à ses yeux de femme. Ce n'était pas gagné, il a fallu du temps pour chasser les mauvaises habitudes, même aujourd’hui ce n’est toujours pas parfait. Ce n’est pas grave puisque je ne sors pas en public.
Dés le début, elle m’accompagne pour faire mes achats féminins et parfois en faisant seule les magasins et connaissant mes goûts, elle m’achète des vêtements et des accessoires qui à coup sûr me plairont.
On s’est mariées dans son pays après un peu plus de 5 années de vie commune (d’où ma double nationalité qui d’ailleurs ne m’a servie strictement à rien). Depuis on est toujours ensemble malgré ma particularité que je vis depuis quelques mois quasiment au quotidien. Les seules règles qu’elle m’a imposées et que je respecte: rester discrète vis à vis de la famille et des amis, et, ne jamais sortir de la maison en femme.
Ne pas sortir me pèse énormément mais je ne peux pas tout avoir, je suis consciente que j’ai déjà énormément de chance par rapport à beaucoup qui doivent garder leur secret toute leur vie.
P.S. : Sans vouloir vous choquer vous qui me lisez, je ne suis pas une nonne non plus. Comme beaucoup de T* mariées, j’ai une grande attirance pour les autres T* , (elle le sait et c’est une des raisons pour laquelle elle ne veut pas que je sorte en fille). Je ne pense pas être un cas unique mais je sais au moins l’avouer sinon je ne me serais pas inscrite sur Hommefleur. Je suis venue ici pour rencontrer et correspondre avec des amies qui comme moi ont besoin de rompre avec la monotonie de leur vie quotidienne et partager notre hobby.
Je ne veux pas parler ici des dragueuses qui accrochent tous azimuts et ne répondent plus aux messages du jour au lendemain (il y en a beaucoup sur le site). Je me suis rapidement aperçue qu’avec certaines, après quelques temps de correspondance, la convivialité des premiers contacts devient vite une grande amitié qui se transforme en une véritable passion.
C’est ce qui m’est arrivé avec l’une d’entre vous et je ne pense pas qu’il s’agisse là d’adultère tant que tout cela reste purement virtuel tout en étant très réel. Elle se reconnaîtra.
Ma chérie, c'est à toi que je dédicace ma biographie rédigée (un peu) à ta demande.