Lucie P
(publié: 16-10-2004, 9:44 )Je suis né dans un petit village près de Sherbrook. Mes parents faisaient partie de ce que l'on pourrait appeler les notables du village. Mon père était médecin, pour ne pas dire le "médecin du village" (il ne pratique plus) et ma chère mère faisait partie de toutes les organisations sociales de la paroisse lorsqu'elle n'en n'était la présidente. Il va sans dire que dans un tel milieu, les bonnes manières, l'étiquette et la tenue vestimentaire monopolisaient les préoccupations quotidiennes de ma famille. A un tel point qu'aucune paire de "jeans" n'est entrée dans la maison de mes parents.
Dès mon entrée à l'école primaire, comparé aux manières frustres de mes compagnons de classe, je passais pour un garçon à part. Et pour ne pas aider ma cause, j'avais une constitution délicate et un visage très fin. Le tout m'occasionna tous les sobriquets que l'on peut donner à un garçon pour le blesser. En troisième anné lors du spectacle des Fêtes organisé par l'école, il y avait une petite scène représantant une ancienne école de rang mixe. Comme je fréquentais une école réservée strictement aux garçons, je fus choisi avec quelques autres pour jouer le rôle des filles. Tout ça pour dire que j'avais le physique de l'emploi.
Je devais avoir dix-neuf ans quand une émission de télévision traitant des travestis éveilla ma curiosité. A l'école, c'était les gros bras costauds qui excellaient dans tous les sports et j'étais souvent le dernier sélectionné pour faire partie d'une équipe de quoi que ce soit. Mais après avoir regardé le reportage sur les travestis, je devinai que dans ce domaine, je pourrais en surclasser beaucoup. J'étais maintenant au CEGEP et j'avais un petit appartement en ville. J'ai commencé par examiner le maquillage des filles de ma classe et le soir, chez moi je tentais de me faire plus joli qu'elles. Dans bien des cas, ce ne fut pas difficile. Les filles sont tellement débraillées aujourd'hui...
Lorsque je suis en homme, je me sents en dessous de la moyenne mais quand je suis en femme, je sais que j'en surclasse plusieurs. Je n'ai pas encore trente ans et le film "Le sexe des étoiles" m'a profondément marquée. Des fois j'y pense... de faire le faire grand saut mais je me donne encore quelques années pour y réfléchir.