Eva
(publié: 16-10-2004, 10:00 )Je suis née à la féminité vers l'âge de 10 ans dans l'Est de la France. Comme d'autres qui ont témoigné ici, j'ai vécu dans la crainte du péché, d'être effiminé dans une société et une famille d'hommes. Mais Qu'importe aujourd'hui...
Je crois que tout a commencé parce ma tante avait peur que j'aie froid et me prête un collant de femme à porter sous mon pantalon. J'ai protesté disant que c'était des affaires de filles, mais j'étais attiré et ai obéi. Les bas et les collants m'ont depuis, toujours accompagné, et bientôt tous les atours de la femme. Aujourd'hui, je suis entourée de femmes qui comprennent et soutiennent ma démarche. Je peux me faire inviter en grande tenue ou en tenue très provocante.
C'est une chance, mais j'ai dû la chercher loin cette chance : en Australie... Là-bas, le climat de tolérance m'a permis pour la première fois de sortir au grand jour en femme. Je sais par expérience que ces pratiques ne laissent jamais indifférentes les compagnes ou les passantes : le rejet net ou l'adhésion bienveillante. C'est par elles que j'ai appris le maquillage, la coiffure, le bon goût, le mauvais goût tout aussi excitant d'ailleurs.
J'ai un jour revécu ma naissance et surtout la période de gestation lors de séance de thérapie alternative. J'ai donc eu souvenir d'une énorme angoisse étant fétus : à un moment donné de sa grossesse ma mère a voulu une fille. Je me suis emparé de sa déception et me suis attribué ce rôle pour rattraper l'"irréparable" dans les affres des crises d'identité.
Aujourd'hui, je suis libérée de ce désir de plaire à ma mère, mais je garde le meilleur pour moi, le plaisir. Le plaisir d'être femme, vulnérable et puissante avec ses droits et ses limites. Et je suis appréciée comme telle. A 28 ans, je suis maitresse de ma destinée, je ne sors, certes pas, tous les jours en femme, à cause de mon boulot, mais suffisamment. J'ai choisi mon entourage et ma compagne sur le critère de tolérance mais aussi de naturel en ma présence. J'achète sans gêne en supermarché plus de vêtement de femme que d'homme. Mon armoire déborde de chaussures à talons. Il est à remarquer que l'aide que je reçois des amies devient vite un échange car, bien sur, elle me piquent des fringues, des bijoux et puis m'en offre.
Dernière expérience importante pour moi, la photo. Une amie (évidemment) artiste m'a photographiée longuement dans toute ma condition de travesti, depuis l'épilation jusqu'à la jouissance en passant par toutes les phases. Ce regard m'a tellement aidé (j'ai vu que la femme avec mon corps), et je lui en suis tellement reconnaissante que je lui offert tous les droits des photos pour qu'elles soient exposées où elle le veut. Je tacherai de lui en demander quelques unes pour votre site.
Accrochez-vous les filles, ne perdez jamais votre rêve de vue. C'est bon de se sentir aimée, alors commencez pour vous aimer vous-mêmes.