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Emma lanuit

Emma lanuit

(publié: 06-02-2007, 0:56 )

TRANS EMMA EXPRESS, journal de confidences.

Le mot journal est assez impropre. Vous ne trouverez ci-après que les étapes importantes de la vie d’Emma. Jusqu’à cette veille de 2007.

Avant-propos. La Princesse du rail.

Ma vie a toujours été marquée par les trains, tout bébé ils passaient devant ma fenêtre vibrant si fort que je m’imaginais qu’ils allaient passer à travers ma fenêtre. Les amis de mes parents tenaient un passage à niveau sur la ligne Tanger-Fez, encore une occasion de les voir passer de près.

Je me suis occupée dans ma vie professionnelle de ces coursiers imposants. Métier pas spécifiquement féminin, que j’ai accompli comme beaucoup de choses que je fais avec beaucoup d’amour. J’ai même eu le privilège d’en conduire en douce dans des pays ou tout ce qui n’est pas obligatoire est interdit. Ce qui aurait pu nous valoir, au conducteur et à moi-même des ennuis. Mais le prestige du TGV était un sésame précieux.

Si je n’ai plus à les côtoyer intimement, j’emprunte toujours à raison de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par an ces serpents d’acier. Pour vous rencontrer ou pour le plaisir de voyager, ce plaisir de faire et d’Etre qui est un des piliers de ma vie.

Il est temps d’embarquer dans le train de ma vie pour un grand voyage, avec Emma aux commandes. Comme vous pouvez vous y attendre, mes confidences ont été rédigées dans le train…

UN TRAIN PEUT EN CACHER UN AUTRE. MON DEPART.

Emma est née le même jour que moi. Sauf bien sûr que je ne savais pas que je m’appellerais Emma. Dans l’esprit de ma mère, elle aurait un garçon puis une fille. Un peu plus d’un an avant ma naissance, mon frère aîné naquit. Il mourut peu de temps après comme cinq autres bébés nouveaux nés à l’hôpital.

Lorsque je donnais les signes de mon entrée dans le monde, ma mère qui ne savait pas ce qu’elle attendait, était persuadée qu’elle allait mettre au monde une fille…
Et je parus.

Elle m’habilla de façon peu masculine, je dirais même très féminine, et puisque mes traits étaient très fins, elle me parla au féminin. Pourquoi Maman ? Sans contrefaçon je suis… un ange ? Je n’ai jamais pu trouver ma place chez les garçons, ni chez les filles ! Tu n’as jamais souhaité répondre à mes questions. J’ai fait avec tes silences. Je me suis construite dans la douleur et dans le déchirement. Mais j’ai gardé au fond de moi une grande douceur, une tendresse infinie, et me découvrant Femme, un immense bonheur. Je suis une femme heureuse.

Un peu plus tard, elle tomba gravement malade, d’une maladie qui la clouait longuement au lit. Mon père souvent au loin. Alors j’ai pris soin du ménage pour tout ce que mon jeune âge me permettait de faire. A ce moment pourtant je n’étais pas consciente de ma féminité.

Je n’étais consciente de rien, douce rêveuse déjà, souvent mise à l’écart par les autres garçons. Au cas ou je l’oubliais, le dicton « on a toujours besoin d’un plus petit que soi pour lui casser la gueule» entrait en application. Je ne jouais pas non plus avec les filles qui me rejetaient tandis que leurs jeux me plaisaient. Alors seule souvent, j’ai grandi en regardant passer les nuages, en rêvant –déjà- qu’un grand train m’emporterait loin…

PUBERTE. DIX MINUTES D ARRET

L’enfance passa, temps merveilleux des insouciances et des rêves éveillés. Un beau jour la réalité me rattrapa. Je partis de ce petit village qui bornait mon horizon, pour aller à la ville. L’entrée au collège, la découverte des cigarettes, des filles, des flirts. Toujours pour les autres. Non seulement j’étais différente, mais en plus je semblais débarquer de la planète Vénus, regardant les yeux écarquillés les mœurs étranges de ces terriens adolescents.

Pourtant, durant quelques mois une fille me garda une place près d’elle dans le bus scolaire, mais je ne savais pas ce que cela signifiait. J’étais heureuse de son amitié. Un matin, pourtant, il y eut un garçon à la place qu’elle m’avait si longtemps gardé. Elle, me toisant longuement. Puceau ! Leurs rires me blessèrent, je les entends encore.

Premier trait d’une longue série. La puberté et ses désordres physiques me plongèrent dans une horreur. Ce corps qui muait, qui mutait à mes yeux, mais c’était une erreur, une horreur, cela ne pouvait pas m’être destiné ? Désarroi et silence, je m’enfermais de plus en plus dans la solitude.

ATTENTION CHANGEMENT DE VOIE.

Un jour pendant ma douzième année, nous avions déménagé. Plus de buanderie. Le linge propre à trier et à ranger ou repasser, sur une chaise près de mon lit. Je n’avais jamais été attiré par ce tas de linge qui attendait d’être rangé. Un soir, pourquoi ce soir là ? Une bête culotte de ma mère en coton blanc et un collant chair en mousse. Rien de bien attrayant. J’ai pourtant eu la pulsion de les attraper, les toucher et de les enfiler. Cette sensation, d’interdit, de peur et de bonheur, J’ai vu que la plupart d’entre nous connaissent, que c est ainsi que sont nés leurs premiers émois de leur différence.

Pendant quelques mois, ce sera un secret merveilleux, jusqu’au jour où ma mère sans rien soupçonner, trouva un autre lieu pour mettre le linge. J’en restais là de mes émois féminins. A cette époque j’étais très croyante. La venue d’Emma me désolait, et je voyais déjà rougir les flammes de l’enfer.

Ma vie sentimentale était égale à zéro, mon père me disputait, exaspéré, me criant d’aller courir les filles au lieu de rester enfermée dans ma chambre. Pourtant, dans l’ombre Emma se préparait. Lors du voyage scolaire de fin d’année, deux jours et deux nuits à Paris, je fis la rencontre d’une camarade de classe. Bien vite elle mit sa main dans la mienne, j’étais aux anges. Mais le plus étrange, fut que pour cette première fois j’ai eu le désir non pas de la séduire, mais d’être comme elle. Je lui avouais. Riant elle me dit tu aimerais porter des dentelles et des bas comme moi ? Oui. Et des jupes ? Oui. Je n’en reviens toujours pas de sa fraîcheur, de sa spontanéité et aussi de sa discrétion. A un âge où on pointe le vilain petit canard…

Lors d’une visite d’un musée, elle s’arrangea pour qu’on soit les derniers du groupe. Avisant un recoin, elle me fit discrètement toucher son panty, et caresser son genou voilé de chaussettes longues qui s’arrêtaient au dessus du genou, en Nylon. Là véritablement, j’ai senti que j’aurais aimé être une fille. Que ces vêtements si féminins me plaisaient. Aveu de fétichisme ? Je ne connaissais même pas le mot à l’époque. Le retour arriva. Et la fin de la découverte aussi.

Je mûrissais petit à petit, hésitant a me consacrer à Dieu, dont j’enviais ses serviteurs en soutane, en train de se raréfier, je veux dire et les soutanes et les serviteurs. Ou faire une carrière dans l’électromécanique. Un sifflet déchira ma conscience. J’optais pour l’électromécanique.

Quant à Dieu, si je ne fréquente plus ses églises, j’ai avec Lui une relation de Père à fils et un dialogue original… mais cela est une autre histoire.

GARE DE TRIAGE

Mon adolescence se poursuivit cahin-caha. Emma hibernait. Fait nouveau, dès mes quinze ans, plusieurs garçons et hommes mûrs me firent des avances. Je n’avais pas progressé du tout dans ma sexualité. J’étais un ange. Alors ce fut chaque fois un choc. Mais vierge j’étais, vierge je restais. J’intégrais une école professionnelle. Nous faisions de temps en temps des stages par groupes. Le soir de mes dix sept ans, il nous avait été permis après le dîner de sortir jusqu’à vingt trois heures. Nous étions six garçons. L’un d’eux nous fit passer dans des rues peuplées de bars aux lumières tamisées, de filles attendant je ne sais quoi. Tout à coup comme nous croisions une de ces Dames, mes collègues me poussèrent vers elle en disant : « c’est lui ! » Je voulu me dégager. Mais ils me barraient le chemin. Ils avaient monté ce guet-appens, désireux de mettre fin à ma virginité qui les désolaient. Une œuvre de salut public, exécutée par une fille publique !

Cette femme fut très chaleureuse, elle me prit par la main, monta dans une chambre. Il ne fut pas dit que ce soir là pourtant je serais déniaisé. Très douce, très affectueuse, elle me montra simplement son corps, me demanda si je voulais lui faire l’amour, je refusais gentiment sa proposition. Elle me fit quand même m’étendre à ses côtés, me cajolant. Un jour me dit elle, tu sauras que le corps d’une femme est un trésor. Et que c’est toi qui possèdes la clé. Une putain philosophe ? J’allais garder de cette rencontre une tendresse pour Ces Dames, que jamais plus je ne viendrais voir en client, mais que je fréquenterais dans d’autres circonstances. Mais cela est une autre histoire… Elle se rhabilla, me raccompagna jusqu’en bas, et dit à mes camarades « et voila un homme ! »

De ce jour là, je m’efforçais de séduire, parce que je pensais qu’il le fallait. Mais j’aurais mieux fait de faire du jardinage, accumulant les râteaux. Jusqu’au jour…

Une de mes voisines de mon âge me lança sur le balcon après m’avoir appelé un papier enroulé dans une pierre. La photo qui enveloppait le papier représentait une femme nue…
Une nouvelle fois c’est une femme qui venait me chercher…

Emma ? Elle dormait d’un œil, et de sa main friponne vola un crayon d’eyeliner bleu à cette première fiancée. Je lui fis part un jour que nous flirtions, de l’envie de m’habiller comme elle, pour voir… Mais sa réaction vive me fit comprendre qu’il ne fallait pas insister. Prenant plus d’assurance, je lui piquais régulièrement une culotte ou un collant. Etait t’elle dupe ? Je ne le crois pas. Mais du moment que les apparences étaient sauves… Cet embryon de féminisation me suffira pendant très longtemps.

LE TRAIN DES POUBELLES

Je rencontrais quelque temps après celle qui allait partager ma vie pendant vingt ans. Alors le petit trésor de guerre partit avec le train des poubelles. Et il passera régulièrement jusqu’en 2000.

Car entre Emma et son double masculin, c’était une guerre sans merci. Emma revenait ? En représailles l’autre se laisser pousser la moustache la barbe. Puis rasait tout parce que cela était moche à ses yeux…

Pendant ce temps, la femme d’Emma la découvrit, accepta ses frasques, ses disparitions, sans toutefois jamais l’encourager à se féminiser davantage.

TRAIN EN TRANSIT

Avançant toujours en décalage dans ma vie d’homme, oui, j’ai bien dit d’homme, il se produisit quelque chose d’affreux. Ma pilosité hors visage était très peu fournie. Elle vint m’envahir de partout me faisant détester de plus belle ce corps. Ma rencontre avec une fille qui allait faire sa transition FTM, me troubla très profondément. Je ne voulais plus rester homme, je ferais à l’envers son parcours, toi FTM ? moi MTF. Bien sûr je me refusais à partir de là à accomplir mon devoir d’homme et d’époux. Ma femme, fut triste, désemparée. Mais surtout nous étions mariés depuis dix ans, elle songeait à avoir un enfant. Donc elle me supplia de mettre Emma entre parenthèses. Un beau jour, elle fut enceinte. Et m’offrit le seul rôle disponible : celui de père. Bien évidemment le train des poubelles emmena encore Emma

Mais elle revint comme elle était partie. A une différence près, mais de taille. De ce jour elle n’envisagea plus une transition avec opération au bout.

L’histoire de mon premier couple se termina pourtant parce que entre temps je vivais une passion dévorante pour une maîtresse de plus en plus exigeante : le théâtre. Ce manque de disponibilité pour ma famille, je l’ai donc payé très cher.

Les premiers temps, Emma aussi s’est séparée de moi. Puis comme d’hab’ elle est revenue. Très doucement, mais ancrant chaque jour davantage l’envie de se réaliser, l’envie de se réaliser vraiment...

TGV TRANS GENRE VIVANT

Le train a marqué un arrêt le jour de mes cinquante ans. Qu’as-tu fait de ta vie ? Ce que j’ai fait de ma vie ? Ce que j’ai voulu en faire. Ou presque… On ne s’appelle pas Lanuit par hasard, la nuit cette véritable amie… Mais, je sais, cela devient une habitude, cela est une autre histoire…

J’étais satisfaite du bilan de ma vie. J’avais réussi dans ma vie familiale, professionnelle, sociale. Sauf dans un domaine, celui d’Emma. Alors j’ai décidé d’arrêter de combattre contre Emma, mais me battre avec elle. Je veux la faire danser avec les loups…

Alors je n’ai plus rien mis à la poubelle. Je suis allée sur ce site, sur d’autres, j’ai essayé de comprendre ce qu’est la planète T*. DANS TOUTE SA GLOBALITE. Des copines en salon aux copines du bois. J’évite de juger, j’essaye de comprendre. Quand je ne comprends pas, quand j’ai une interrogation technique, physique, physiologique, sentimentale… je me tourne vers vous, mes sœurs. J’ai beaucoup appris, je n’ai pas fini…
Pour Emma, commence un long voyage.

TERMINUS PROVISOIRE.

Aujourd’hui, cela fait six mois que j’ai lâché la bride à Emma. Cela fait quatre mois que je sors. Seule ou accompagnée. Ma garde robe s’étoffe jour après jour. Mes gestes s’affinent, mon style esquisse. Et je vous lis énormément, et je regarde vos photos attentivement.

Je suis devenue autonome pour mes achats, en fille comme en garçon, j’ai instauré un vrai climat de complicité avec mes vendeuses et commerçantes. Pour ces dernières, avant Noël, je suis allée les voir avec une photo d’Emma dans les vêtements que nous avions choisi ensemble. Comme elles étaient émues, je l’ai senti avec sincérité.

Tout n’es pas rose. Des claques, des ricanements ici, du découragement parfois. Une certaine solitude toujours. Mais je suis devenue femme au foyer, qui s’habille en homme... Je vois la féminité autrement. Comme un plaisir et comme un devoir. Loin de moi le fantasme de la soubrette ou de la servante. Sept jours sur sept, la cuisine les courses, le ménage, cela mène de la féminité à la féminitude. Mais quelque chose de profond se grave en moi, quelque chose qui ne tue pas ma joie de vivre ni mon bonheur, quelque chose qui est du domaine d’Etre Soi. En toute modestie, je commence à parler « femme », et cela je le ressens lorsque je rencontre mes sœurs femmes au foyer à dix heures du mat’ se demandant ce qu’elles vont bien pouvoir faire à manger…

Tout n’est pas noir. Deux soirs par semaines, je me maquille et je m’habille vraiment dans ma pièce réservée. C’est déjà ça. Quelques jours par mois, j’ai ma liberté de sortir, de partir deux jours et une nuit, parfois plus pour sortir, vous rencontrer. Je ne remercierai jamais assez celle qui partage ma vie de m’avoir aidé à m’épanouir.

Bien sur la révélation fut rude, les premiers temps difficiles, pour elle comme pour moi. Nous avons fait elle et moi beaucoup de chemin. Si je suis une femme heureuse je lui dois beaucoup.


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