Claire Roswell
(publié: 02-11-2004, 10:47 )Je m’appelle Claire Roswell. Je suis née biologiquement masculine, je ne suis ni opérée ni hormonée…pour l’instant. J’ai 47 ans. Divorcée, j’élève seule un de mes enfants. Dans ma tête et dans mon cœur, je me sens femme jusqu’au bout des ongles que je porte à présent régulièrement longs et soignés. Cette féminité qui m’a toujours définie est devenue une quête de tous les instants. La peur d’être agressée de quelque manière que ce soit m’a obligée à cacher ma personnalité de mon mieux. Mais Claire a explosé dans ma vie il y a deux ans, balayant tout sur son passage: la peur, la honte, le doute. C’est comme un souffle de vie qui me submerge. A 45 ans, j’avoue mon secret à mes deux plus grands enfants, à mes parents et à de trop rares amis et amies. Deux ans plus tard, je troque un crâne rasé contre une queue de cheval (naturelle), et j’orne mes oreilles (les deux) de petits mais véritables diamants et ma gorge d’un ras du cou en cristal, j’envoie mes sous-vêtements masculins aux oubliettes pour ne porter que des strings en permanence.
Peut-être trop âgée pour sauter le pas d’une opération définitive, bloquée par mon métier qui ne m’apporte des ressources suffisantes pour subvenir à mes besoins et à ceux de mes enfants qu’en se conjuguant au masculin, je ne peux réaliser mon rêve, être entièrement une femme. Pourtant je ne veux plus attendre, je vais irrésistiblement vers Claire. J’ai entrepris d’écrire un livre pour raconter mon histoire, livre qui, s’il paraît, ne sera pas lu que par des initié(e)s mais par d’autres personnes, curieuses ou ignorantes de notre souffrance. Un éventuel succès littéraire m’ouvrirait peut-être la voie et les moyens de m’affranchir de cette enveloppe charnelle d’origine qui m’est toujours restée étrangère.
Habillée et maquillée, je ne suis plus cet homme de 47 ans mais plutôt une jolie blonde de 35, coquette et heureuse de sentir la vie qui coule en elle comme une source miraculeuse. Bien qu’hétéro jusqu'à présent, je ne connais pas encore les limites de ma féminité…