Caroline
(publié: 16-10-2004, 9:19 )Caroline est le pseudonyme que je me suis choisi en souvenir de mes premiers émois amoureux d'adolescent.
Une enfance sans sœur, ni cousine, ni filles en classe !
Ma famille a une particularité : il n'y a qu'une fille par génération, pour une dizaine de garçons ! Je n'ai donc pas eu de sœur, mais des frères. Je suis le cadet.
La féminité est longtemps restée un mystère. Ceci explique pourquoi j'ai longtemps cru que l'on distinguait les filles des garçons par... la longueur des cils ? Sur la plage, j'observais et je regardais si le maillot de bain que portait tel ou tel enfant correspondait donc à la longueur de ses cils.
Enfant, j'aimais me déguiser avec des vieux sous-vêtements en tissu rose trouvés dans le grenier de mes grands-parents maternels : jupon, vieux panty, robe, ... Quels moments merveilleux, mais déjà gâchés par la peur de se voir découvert. Je devais subir une opération bénigne ; tout était prévu mais l'avant-veille, je dis à mes parents que je renonçais. J'avais peur de parler sous anesthésie. Crainte qui s'est révélée non fondée bien plus tard. Du coup, c'est trop tard.
Adolescent, je me suis très vite corrigé et mon intérêt s'est porté vers la compréhension de la féminité. Je suis très vite devenu un connaisseur du mécanisme de la puberté chez les filles et j'ai même expliqué les règles ... à une amie. Feuilletant le catalogue d'une société de vente par correspondance, je tombais sous le charme de la lingerie féminine et je voulais essayer. Comme beaucoup d'entre nous, ma mère fut mise à contribution sans le savoir.
Mes premiers achats "féminins" se firent vers l'âge de 15 ans. A chaque fois que je quittais chez moi pour quelques jours, j'emballais le tout et j'allais le cacher dans un terrain vague voisin de chez moi. A mon retour, je récupérais mes chères affaires. Il m'arrivait parfois de cacher mon sac sous un pont de chemin de fer, ou dans un fossé. Je culpabilisais de dépenser pour de tels achats. Mais après tout, je ne fume pas, je ne bois pas. Alors !
Toute ma scolarité "Collège" s'est passée dans un milieu non mixte. De la "seconde" à la "terminale", il n'y avait que 3 filles dans la classe pour 20 garçons. En Faculté, la majorité est devenue féminine.
Liberté étudiante !
Etudiant, j'ai quitté ma ville pour 2 ans et la première année d'indépendance fut pour moi l'occasion de "me voir en petite tenue de fille" presque tous les soirs dans ma chambre : gaine, culotte périodique avec serviette (preuve de la féminité secrète), soutien-gorge, collant. Un risque : que la femme de ménage découvre cela lors d'une absence. Mais, ouf ! rien de cela ne se produisit. La deuxième année, ce fut impossible de continuer, car j'avais loué un appartement avec 2 amis. A mon retour dans ma région, je louais un appartement dans la ville où je travaillais et là, le bonheur ! Je pouvais avoir un tailleur rose-orangé, une (horrible) perruque blonde, quelques sous-vêtements, dormir en chemise de nuit ... en toute liberté. Certains matins, je partais au travail avec une culotte sous mes habits masculins. La joie !
Mes "conquêtes féminines" n'ont jamais rien trouvé. La cheminée inutilisée de ma chambre servait de cache. Je passais des week-end entiers sans sortir ; j'étais en femme. Je ne répondais pas à la sonnette. Le soir, ayant horreur de fermer les volets, je tirais les rideaux. Pour manger, j'allais à quatre pattes dans la cuisine pour atteindre un endroit hors-vision extérieure car il n'y avait pas de rideaux. Mais les toilettes étant sur le palier (bien qu'elles me soient réservées), je devais prendre un petit risque pour m'y rendre. Heureusement, j'entendais toujours les voisins du dessus ouvrir leur porte. Je les laissais descendre ou monter avant de m'aventurer.
Mariage libérateur ? Oui et Non !
Ayant enfin rencontré celle qui deviendrait ma femme, je décidai de TOUT jeter le premier soir où j'allais habiter chez elle.
J'étais guéri (?), enfin si on pense que cela est une maladie.
Mais cela ne dura pas. Absente durant 3 semaines, je suis seul à la maison et, comme je le redoutais, le besoin de me voir ELLE reprend le dessus et moi..., j'emprunte ses dessous. Je me dis alors que "C'est en moi. Je n'en sortirai jamais." Mon mariage vint 3 ans après et, croyant que tout allait s'arrêter, je ne dis rien à ma femme. J'ai eu l'impression de tromper mon épouse, de la trahir même. Mais le secret gardé depuis 30 ans était trop lourd. Belle, ma femme est aussi très "psychologue" et "intuitive". Elle se doutait bien que "quelque chose me travaillait". Un soir de novembre 95, je me décidai à lui dire "tout". Un soulagement énorme se lut sur son visage. Elle craignait pire : un viol durant mon enfance. "Ce n'est que ça ?" me dit-elle. Les larmes perlaient à mes yeux. Elle ne m'en voulait pas, m'acceptait comme "tel(le)" et la conversation dura de 23 heures à 2 heures ! Je lui dis tout ce dont je me souvenais : mes joies et mes craintes, les raisons de mon besoin de devenir ELLE parfois. Je lui racontais mes achats "féminins", les histoires inventées, les sourires complices ou interrogateurs des caissières. Je lui décrivais le plaisir de feuilleter les catalogues de lingerie, la chance de pouvoir porter des jupes, des matières si douces et si brillantes, ... Peu de temps après, pour voir ses et mes limites, elle vint avec moi pour m'aider à choisir un porte-jarretelles, une culotte, un soutien-gorge, un jupon et elle accepta même de me mettre tout ceci. Elle en a souffert, me confia-t-elle plus tard. Je m'en suis voulu de lui avoir demandé cela. Une longue thérapie s'ensuivit, non pour me guérir (nous ne sommes pas malades), mais pour m'aider à me déculpabiliser. Car si ma femme comprend, elle reste mon épouse et ne veut pas que sa "libido" en souffre.
Nous avons donc fixé des limites que je respecte.
Lors d'un déplacement à Paris, je me suis acheté une perruque brune pour pas cher dans un magasin afro du Boulevard de Strasbourg. Les cheveux sont bruns-noirs, coupés au carré. Ma femme a arrangé une "chienne" pour paraître plus naturelle.
Ma première sortie !
Ma première vraie sortie, seul, eut lieu le 31 décembre 97. Ma femme était bien sûr avertie de cette journée dont je rêvais depuis longtemps. Je suis parti le matin pour Sarrebruck, car je pense que je passe plus inaperçu en Allemagne : les Allemandes sont grandes. J'ai pris une chambre dans un hôtel "libre accès" et je me suis maquillé, vernis les ongles et habillé d'un tailleur rouge. Ma femme m'avait prêté un manteau. Une grande bouffée d'air et je me lance dans le couloir. Personne, et puis, après tout, il verrait une femme (?). Arrivée à la porte, un homme m'ouvre courtoisement la porte. Cela fait plaisir et il n'a pas eu de regard suspicieux. 20 km en voiture et je me gare en ville.
Les magasins étaient fermés en raison de la Saint-Sylvestre. J'étais bien, envahi d'une grande plénitude et j'ai marché 45 mn dans les rues. Je me suis fait photographier par 2 jeunes filles, à qui je n'ai pu m'empêcher de dire que je suis un homme, afin de voir leur réaction. Ce fut la surprise et je m'en réjouis. Ainsi, je passe bien, super !
Ma sortie suivante !
Il m'a fallu attendre 5 semaines pour recommencer. Entre temps, j'ai décidé de ne plus "m'habiller" car je trouve frustrant de ne le faire que pour une heure ou deux. Du lundi 18 h au mercredi 8 h, j'ai vécu "en femme" (sauf le petit-déjeuner à l'hôtel). Il m'a fallu 2 heures pour devenir Caroline. Culotte et serviette périodique, gainette pour "effacer l'indésirable" (dans ce cas là seulement), collant de danse rose et opaque (un bon truc pour ceux qui, comme moi, ne veulent pas s'épiler) puis sous-vêtements blancs et porte-jarretelles pour tenir mes bas caramel. Je portais une jupe rose, un chemisier assorti et une veste molletonnée bleue. Une paire de chaussures basses complétait le tout. Mon nouveau et unique sac à main me donnait la dernière touche.
Le soleil se couchait lorsque je quittais ma chambre à Freyming-Merlebach. L'hôtel est pratique car pour accéder à sa chambre, il est inutile de passer par la réception. La carte de crédit sert à payer, et un escalier extérieur permet l'accès. A Forbach, j'ai été acheté du fond de teint plus couvrant ; les vendeuses du magasin, intriguées à mon arrivée me dirent qu'elles avaient eu un doute en me voyant. Elles me dirent aussi que j'avais du courage (c'est un peu vrai) vu que j'étais un homme. Elles rirent lorsque je racontai une histoire de pari et de carnaval pour justifier mon apparition.
Etant allé en femme à un carnaval entre amis le samedi, ceux-ci ont été surpris de mon apparence et m'ont proposé un pari. Ils offriraient à mon épouse et à moi, un super repas si j'étais capable de passer une journée en femme et de me faire photographier en ville, dans un magasin, seul ou avec du monde. Mon fond de teint n'étant pas assez couvrant, ma femme m'a dit d'essayer en entrant dans le magasin. Je l'ai fait fort naturellement. En février, quoi de plus naturel que de parler carnaval ?
Elles m'ont conseillé et j'ai payé après que l'une d'elle a dit en souriant : "Encaisse-la !"
Sorti du magasin, je décidai d'y retourner pour voir ce qui m'avait trahi." C'est votre démarche. Mais votre maquillage est fort bien réussi. La barbe est quasi invisible. "Les leçons prises en juillet, ça sert. Puis, j'ai marché seul assez longtemps pour profiter du moment. Après avoir téléphoné à ma femme pour lui dire que tout allait bien, je suis allé chercher de l'essence dans un supermarché en payant à la caisse automatique.
Rentré à l'hôtel, j'ai eu une grosse angoisse : j'avais perdu le code d'entrée de ma chambre et la réception était fermée. Ma tenue ne m'aurait pas de toutes façons pas dérangé (le carnaval a bon dos ...).
Que faire ? J'ai tenté une dizaine de combinaison puis l'éclair, les 6 chiffres me sont revenus. OUF ! Le lit fut le bienvenu en chemise de nuit après avoir retiré mes lentilles et m'être démaquillé. Je m'étais promis de ne rien porter de masculin durant ces 2 jours mais l'idée de descendre prendre mon petit-déjeuner à l'accueil en jupe rouge et de devoir à nouveau expliquer une histoire ne me tentait guère. Je restais que 20 minutes en pantalon et hop ! , rasage, maquillage habillage en tailleur de laine rouge (un ancien de ma femme). Des collants brillants gainaient mes jambes. Quelle joie lorsque je sortais à 10 h ! Direction un grand magasin à Sarrebruck ! Quelle erreur ! Je me gare dans le parking et me dirige vers l'ascenseur, quel inconscient ! Je fus vite repéré et je regagnais ma voiture après un aller-retour, avec arrêt à chaque étage, qui m'a paru interminable. Je rageais d'avoir eu peur mais je ne voulais pas m'avouer vaincu. Je marchais en espérant trouver une jeune femme qui aurait cru mon histoire et aurait accepter de m'accompagner pour prendre des photos aux rayons LINGERIE et DAMES. En vain ! Je repris la route pour Dillingen, une ville plus petite.
Je me suis décidé à sortir bien que j’ai été repéré dans ma voiture par 2 adolescentes qui semblaient rire de moi. Cela m'a fait perdre 1 h 30 mais lorsque je veux quelque chose, je le fais. Je voulais des photos, alors je devais y aller. Dans un grand magasin, j'ai rejoué ma scène du pari (sauf l'histoire du fond de teint) au premier étage, rayons "Lingerie" et "Confection Dame". Trois vendeuses jeunes et sympas m'ont photographié 4 fois. Au rez-de-chaussée, une vendeuse non avertie voulait même me conseiller sur les collants. Mais ma voix m'aurait trahi comme ma démarche (à laquelle je faisais attention). J'ai acheté quelques bricoles, en prenant mon temps, et me suis dirigé vers la caisse. La caissière, non avertie, me fit un sourire à la fois complice et encourageant. Cela fait vraiment du bien de sentir une telle tolérance car je suis sûr qu'elle "avait vu". Je lui ai demandé de me photographier. Sorti du magasin, je voulais encore profiter du bonheur de se sentir femme et j'ai marché dans une rue avec nouvelle photo en prime, par une charmante femme qui a bien ri de me voir ainsi.
Retour à l'hôtel avec un arrêt à un fast-food. Oserais-je entrer ? Non, il ne faut pas abuser. Ce n'était pas la peur mais le respect des clients que j'aurais pu déranger.
Imaginez les réflexions :
"Etre assis à côté d'un travelo, pouah, quelle horreur ! Les enfants, ne regardez pas ce dépravé !"
ou encore
"Il est gonflé ce type de se promener en nana".
sous entendu
"J'aimerais pouvoir faire comme lui."
ou
"Vous avez vu ce P.D, ce « gay », ce « trav » ?"
ou (mais je n'ose y croire)
"Elle est pas mal, cette nana !"
Je me suis contenté de m'autophotographier devant le parking et, après avoir passé la frontière, j'ai regagné mon hôtel. Je me suis changé et j'ai mis une jupe mi-longue beige pour aller téléphoner à ma femme qui, c'est normal, craignait qu'il m'arrive quelques mauvaises rencontres avec des loubards (j'ai sur moi une bombe d'autodéfense). Il est 21 h 15. Je rentre définitivement, me démaquille à regret et j'enlève ma poitrine (elle n'est pas prévue pour dormir car elle est en mousse). J'enfile une dernière fois la chemise de nuit (pas très féminine mais je l'aime car elle était à ma femme). J'emballe ma perruque dans un filet et la range. C'est fini ! Quelle fantastique journée ! 11 heures de sortie, c'est mon record ! Demain, je redeviens un homme !
J'en ai marre de devoir expliquer une fausse histoire.
Ou "je passe vraiment pour une nana" , ou alors, "je passe pour un vieux trav de 40 ans", mais je suis bien et libre.
Conclusions de la première partie :
1°) Pour ceux (celles) qui n'osent pas le dire à leur femme, réfléchissez ! Après, c'est une preuve d'AMOUR et de CONFIANCE qui vous soudent. Mon épouse a admis et même si elle préfère ne pas me voir "en ELLE", elle me conseille à chaque fois que j'en ai besoin, m'ECOUTE, et m'a dit une phrase simple mais qui pour moi est superbe :
"Je suis contente que ces 2 jours se soient bien passés."
2°) N'hésitez pas à en parler à de VRAI(E)S AMI(E)S ! En ce qui me concerne, plutôt des femmes, car je crois qu'elles sont plus à même de comprendre. Une réaction "machiste" d'un homme "viril" est toujours à redouter. Mon meilleur ami depuis 32 ans ne le sait pas. Je me suis confié à 3 femmes. Une l'a dit à son mari (que je connais très bien) alors que je ne m'y attendais pas. La réaction de celui-ci a été la surprise puis la compréhension. Nous en avons un peu parlé ensemble et lorsque nous nous voyions, il n'y a aucune différence entre l'AVANT et l'APRES. Vous savez, tous ne sont pas des idiots ! Cela permet de ne pas toujours accaparer son épouse (si elle sait, bien sûr). Mes 3 amies m'écoutent quand j'ai besoin de parler. 2 sont collègues de travail. Après un temps de recul, et après avoir lu des témoignages de compagnes et de TV, elles comprennent parfaitement ce qui nous arrive. Elles sont SUPER. De plus, n'entretenant aucune relation "affective", leur libido ne peut pas être remise en question et n'est pas en cause. D'où un regard utile de femmes sans être partie prenante.
3°) Pour celles qui ne sont jamais sorties "en femme", OSEZ car seul le premier pas dehors compte. Après, c'est la joie et la liberté totale (malgré une légère crainte toujours présente, c'est vrai). Jamais je ne serais cru capable de faire cela il y a encore 6 mois. De rêves en rêves, je me suis dit "Fais-le ! Ce doit être merveilleux !" Et ça l'est, croyez-moi ! Une sortie avec d'autres TV à Evian (avec l'ABC) m'a beaucoup aidé. Cependant, je me suis rendu compte (et je ne crache pas dans la soupe) que je ne me sentais pas bien en sortant en groupe. Je préfère être seul ou avec une "vraie femme" pour mieux me fondre dans le monde. Je l’ai fait il y a un an avec deux de mes amies qui m'ont accompagné. Nous étions "toutes les trois" comme a gaffé l'une d'elle. J’ai pu avoir un avis féminin sur "certains détails" à améliorer, dont ma démarche. L'été, c’est plus dur car je n'ai pas l'intention de m'épiler. Avec une jupe longue et un chemisier léger suffisent.
Un "trav-averti" est moins repéré que plusieurs "trav-estis" !