Anne Sofie
(publié: 20-10-2004, 16:29 )Mon histoire commence par une mère possessive désirant ardemment une fille et, comme on s'en doute, très largement déçue à l'accouchement. Le choc passé, les premières années, elle m'a néanmoins considérée comme sa petite fille. Évidemment, très vite, la nature a repris le dessus, la laissant face à l'évidence.
C'est vers l'âge de 7 ans que spontanément, - je m'en souviens encore - j'ai commencé à porter (en cachette) des vêtements féminins sans bien comprendre la raison. C'était pour moi évident, une sorte de nécessité. En grandissant, à la puberté, le phénomène s'est amplifié. A l'époque, je me disais que cela passerait. Et bien non ! Cela a continué.
Je me suis mariée jeune et je profitais des moments de solitude pour pouvoir retrouver mon identité. Après 9 ans de mariage, des enfants, ce fût le divorce. Elle avait trouvé un "vrai" homme. Seule pendant quelques mois, je vivais recluse mais en femme. Perturbée, j'ai consulté une spécialiste pour comprendre. Avec tact, elle a su particulièrement bien m'éclairer. Lorsque je me suis remise en ménage, j'ai très vite pris la décision d'en parler. J'ai bien fait. Car, depuis plusieurs années, je n'ai plus besoin de me cacher au moins à la maison. Fini l'angoisse d'être découverte. Au contraire, plus le temps passe, plus notre complicité augmente. (je sais que j'ai beaucoup de chance sur ce point !)
Pour passer de la prise de conscience à une forme d'acceptation, le cheminement fut parfois pénible et toujours émaillé de mensonges, de secrets et d'anonymat. Aujourd'hui, après bien des années d'angoisses, j'ai enfin trouvé avec ma compagne une sorte d'équilibre qui me convient parfaitement.
Le seul point positif est probablement de développer en nous des richesses de sensations et de sensibilité afin de nous rendre parfaitement capables de puiser dans l'une au l'autre de nos deux facettes les forces qui font de nous des personnalités exceptionnelles et très certainement uniques.
On n'a pas eu le choix, la nature nous impose ce chemin de croix.
Un an déjàUn an déjà, comme le temps passe, de présence sur le site de TVQ et presque quotidiennement sur le canal # TVQ. Une année riche en découvertes, en amitiés, en rencontres. Je ne saurais jamais assez remercier Isabelle pour le bonheur qu'elle nous offre.
Au début, ce fût une certaine méfiance empreinte de craintes, sentiment au fond bien naturel lorsque l'on confie aux autres un secret si bien gardé depuis de décennies. Et puis, très vite, par le courrier échangé et surtout par les longues conversations sur le chat, on se rend bien compte de la proximité de toutes nos aventures, de nos appréhensions et de nos impressions.
Ayant la grande chance de pouvoir vivre ma féminité aussi bien à la maison grâce à une épouse compréhensible que dans l'exercice de ma profession, j'ai tenté peut-être maladroitement de soutenir celles qui doivent bien malheureusement se cacher constamment.
Mais, incontestablement, le plus agréable fût les rencontres. Sans les citer (elles se reconnaîtrons), chaque copine avec qui j'ai eu l'immense joie de dialoguer de vive voix m'a apporté beaucoup de réconfort, de force et de volonté. J'ai aussi largement aimé l'effort que font les compagnes, à commencer par la mienne, pour participer à ces rencontres et je les en remercie, elles ne s'imaginent certainement pas notre nécessité du besoin d'être reconnues telles que nous sommes vraiment.
Les amitiés patiemment forgées sur le chat et lors des rencontres, ces amitiés-là, j'avoue très sincèrement être incapable, aujourd'hui, de m'en passer. D'autres amitiés viendront, différentes peut-être mais tout aussi passionnantes.
Depuis toujours, je savais que nous étions très nombreuses à vivre ce qui reste pour moi de toute façon un calvaire, mais, j'ignorais la puissance de compréhension dont j'ai bénéficié pendant cette année de la part de vous toutes.
Et, je vous en remercie,
Votre amie,
Anne Sofie