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« le garçon fleur 4 », une petite histoire imaginée par sabine

1 le garçon fleur 4 sabine tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:01 par Sabine



Chapitre 9
D'autres horizons


Pardon, je m'égare … Donc, frotti-frotta gémissant. Et on trouve ça pas mal. Nos pénis en net relief semblent s'attirer. Je me surveille, guettant le moment où je sentirai la jouissance prendre naissance. Il faudra alors être très attentif : je ne veux pas jouir. Pas comme ça. Et surtout pas si vite, qu'après ça j'ai mes envies qui disparaissent et que je suis aussi triste que l'animal après l'amour !

Mais Michel semble pondéré dans ses élans. Quand il a trouvé de quoi se faire plaisir, il en profite. Je ne demande pas mieux. On reste ainsi l'un sur (sous) l'autre un petit quart d'heure, je pense, à s'embrasser, à se frotter, à se mieux connaître en silence. On bande franchement, à présent, et on s'en amuse.

- On pourra pas dire qu'on n'aime pas ça … Ca va, Bruno ? Tu veux qu'on arrête ?

- Pas tout de suite. Je suis bien, moi. C'est bon de bander … Surtout avec toi !

Un sentiment de supériorité sur les filles m'envahit nettement. C'est sûrement con, mais je n'y peux rien. J'ai soudain la certitude que seuls les garçons peuvent ressentir un plaisir de ce genre, que seule l'érection peut le générer. Un pénis, c'est … matériel, c'est palpable et visible ! Ca bande parce que ça a du plaisir. Elles ont quoi de comparable, les filles, hein ? Rien, t'es d'accord ? Michel me ramène à la réalité.

- Tu m'aurais jamais dit un truc pareil il y a seulement un an. T'évolues, mon Bruno, c'est bien !

- Tu devais me trouver pas mal coincé, hein, il y a un an ? Tu te rends compte que t'aurais pu me laisser tomber ? Tout ce qu'on aurait raté, toi et moi ?

- On aurait trouvé quelqu'un d'autre, peut-être.

- Pas sûr. Tu sais Michel, ça fait un moment que … tu me troubles.

- Un quart d'heure, à peu près, non ?

- Déconne pas. Je te connais depuis la maternelle, quasiment, et tu m'as toujours attiré. Comment t'explique ça ?

- Ca serait plutôt à toi d'expliquer ! Moi, j'explique rien du tout. Tu m'as toujours attiré aussi, tu sais. Au point que je croyais que c'était normal, d'être attiré comme ça par un garçon. Si mon père et moi on se comprend tellement bien, c'est qu'il a su tout de suite que quelque chose n'allait pas très bien chez moi.

- A cause de moi, alors ?

- De toi principalement, mais des autres garçons aussi.

- Mmmm … Et il a fait quoi ?

- Il m'a fait voir par des spécialistes de je sais plus quoi avec des nom en psy. Ils lui ont dit que probablement j'étais homo, et voilà.

- Probablement seulement ?

- J'avais à peine dix ans. C'était trop tôt pour le dire à coup sûr. Surtout que je n'avais pas tous les signes habituels, il paraît.

- Tu jouais pas avec des poupées, c'est ça ?

- Rigole pas, c'est le style. Il a fallu attendre douze ans pour être sûr.

- Tant que ça ? Mais dix et douze, ça fait vingt-deux, et t'as …

- Mais non, banane ! Mes douze ans ! En âge, pas en durée.

- Ah ouais, et t'as fait quoi, à douze ans ? T'as violé le facteur ?

- Non. Il paraît que je montrais des signes assez nets pour être sûr. Je sais pas lesquels. Et je m'en fous ! Et puis plus tard, c'est l'absence de signe qui a clos le débat.

- L'absence ?

- Ben oui, l'absence. Comme pour toi. On n'a jamais été attirés par les filles, t'as remarqué, oui ?

- Par les quoi ? Les … filles ? C'est quoi, des filles ?

Il se marre, il en profite pour se frotter et attiser notre excitation commune.

- En ce moment, je regrette rien, Bruno. Je t'aime.

- J'allais le dire …

Je commence à gigoter, parce que j'en ai marre du poids de mon ami qui m'engourdit. J'ai mal au dos. On aurait mieux fait d'aller sur le lit. Michel se méprend sur la raison de mon dandinement, et me supposant en manque, avance sa main droite depuis longtemps immobile. Il ne bouge que ça, mais il le fait bien. Le temps des tâtonnements étant passé, il place sa main direct sur mon sexe, cherchant la fermeture à glissière de mon jean.

Je me contracte. Je laisse faire, mais je suis en alerte. Michel s'apprête à passer un cap sérieux de mieux, et je n'y suis pas préparé. En quelques secondes, il a ouvert ma braguette, puis selon son habitude, il s'immobilise un moment, attendant je ne sais quoi de moi. Rien ne venant, il poursuit, mon ami. Sa main entre dans mon jean, et deux certitudes m'éblouissent :

1) J'adore infiniment sa main à cet endroit.

2) Je ne le laisserai pas aller au bout de ses envies, ni moi des miennes.

Il cherche un peu la taille de mon slip, la saisit, puis la baisse lentement. Respiration bloquée, je n'en perd pas une miette. Je ressens la présence de sa main comme un événement attendu depuis longtemps. Un truc qui devait arriver pour que je sois … fini. Tu sais, le genre de truc dont tu as tellement rêvé, que tu as tellement vécu d'avance que quand ça arrive, ça te paraît normal. Pour un peu, je crierai ma joie d'être homo …

Mais je ne crie pas, au contraire. Je relâche mes poumons bloqués, puis je souffle un Michel, oh Michel chaviré. A regrets, j'écarte les jambes pour lui faciliter la manœuvre. A regrets, parce que je sais que je vais bientôt lui dire d'arrêter. Il ne va pas comprendre, mon p'tit ami que j'aime.

Sa main a suffisamment baissé mon slip pour ce qu'il espère. Et là, pour la première fois de ma courte vie, une main de garçon autre que la mienne saisit mon pénis et l'entoure tout entier. Ma résolution numéro deux vacille. Ce que j'éprouve est au delà des mots. Du genre sauvage. La pleinitude du plaisir, l'absolue certitude d'avoir raison d'être homo, l'amour inconditionnel pour mon ami et ce qu'il me donne.

Il s'arrête, encore, gardant mon pénis serré. Il ne bouge plus d'un poil, que c'en est impressionnant ! Mais j'ai 17 ans tout rond. Je suis en pleine santé. Ma sexualité toute neuve a la fougue de la jeunesse. Mon pénis raidi n'a déjà plus nul besoin d'être manipulé pour démarrer. A ce point du jeu, la main du garçon aimé serrant ce pénis avide de fonctionner suffit amplement à déclencher des tas de trucs. Loin dans le ventre, je sens poindre la jouissance, la vraie.

Et elle arrive vite. Alarme ! Je sais que si je ne me décide pas tout de suite, il sera trop tard. Je devine mal d'où provient ce refus de la jouissance dans ces conditions. Peut-être parce que je ne suis pas chez moi ? Peut-être par trouille de … basculer dans un plaisir trop fort, comme pour une drogue de laquelle on ne pourra plus se passer ? Peut-être parce que je sais que souvent l'attente de l'acte est meilleure que l'acte ? Va savoir, ô lecteur frémissant. Quand, plus jeune, j'attendais Noël et mon beau vélo avec impatience, je vivais des semaines de bonheur. Puis j'avais mon vélo, et le bonheur de la possession ne valait pas celui de l'attente, parce que je suis un imaginatif et que je me fabrique en permanence des rêves bien plus beaux que la réalité.

Bref, l'imminence de la jouissance me fait peur. Je n'ai pas préparé cette première fois. Et elle est presque là, pourtant. C'est maintenant ou jamais. Oui, ou non. Fais-le, ou ne le fais pas, mais il n'y a pas d'essai, comme disait Yoda à Luke. J'en suis au point où les paroles ne seront pas assez rapides. Ca n'est pas moi qui prend la décision, c'est mon corps. Respectant la résolution numéro deux, il se tourne brutalement, mon corps, arrachant au risque de me faire mal mon pénis à la main caressante.

Je ne cherche pas à me justifier. Pas encore. Je suis bien trop concentré à surveiller la jouissance toujours féroce. Je l'ai stoppée, je ne l'ai pas supprimée. Elle n'attend qu'un signal pour déferler. Je lutte avec d'autant plus de rage que je m'en voudrais de jouir maintenant que la main de mon copain est vide ! Immobile pour ne risquer aucun contact tentateur, je concentre mon esprit à refuser la jouissance. Putain, ce que c'est dur ! Ella vacille, à la limite, prête à jaillir, incroyablement bonne et tentante. Si jamais Michel tente un mouvement, j'explose …

Puis ça se stabilise, et je sais que j'ai réussi. Enfin presque, parce que je sens Michel bouger. Puis non, il change juste de position, lui aussi, sûrement autant engourdi que moi. La jouissance recule, et j'ai la curieuse impression de sentir le sperme retourner dans son réservoir ! Un manque, un vide, remplace peu à peu le plaisir, de même nature qu'après la jouissance, mais en beaucoup moins fort. Mon pénis reste zone sensible, et le restera quelques minute encore, au moins. Mais bon, je n'ai pas joui.

Tu parles d'un truc, toi … Faut quand-même avoir des ratés dans le cerveau pour se fourrer dans des situations pareilles ! Mon gentil Michel, mon adorable petit ami prend soin de moi, se propose de me faire jouir, se tape tout le boulot, et moi je refuse au dernier moment. C'est la vie !

- Pourquoi t'as pas voulu ? qu'il me demande, Michel.

That is the question. Pourquoi.

- Je sais pas, Michel. Je sais vraiment pas. Excuse-moi.

Je me tourne vers lui pour chercher sa bouche en une envie de me faire pardonner. Il l'accepte, mais la fougue n'y est plus. Le baiser est de pure forme.

- Tu m'en veux ? m'inquiété-je.

- Sûrement pas ! Après tout, ça fait un partout !

- Pourquoi ça, un partout ?

- Tu te souviens pas, au vestiaire ? Quand on s'est embrassé la première fois devant les garçons ?

Les garçons, ce sont Pascal et Dominique. Et pour eux, les garçons, c'est nous. Une habitude vite établie. Je me souviens alors de cet épisode, où j'ai moi aussi été chercher la queue de mon ami qui bataillait contre collant et gaine, que je l'ai saisie, et qu'il s'est refusé. Ca a dû le marquer.

- Je ne me souvenais plus. Merci de me le rappeler. C'est sympa. Mais j'avais pas été aussi loin …

- Raison de plus, mec. Si tu veux pas, ben tu veux pas, point. Pareil pour moi. Faut pas forcer les choses. Cht'aime quand-même, tu sais !

Il me sourit, il me comprend. C'est bon d'être compris.

- Tu sais quoi, me décidé-je ? La prochaine fois, ce sera la bonne !

- Tu crois ?

- Je crois. Je sais, même. Merci, Michel. Je t'aime.

- D'accord, mais referme ta braguette, autrement ça va faire jaser.


Ca n'est que de la figuration, n'empêche qu'on est drôlement fiers, Michel et moi. On soupçonne les garçons de nous avoir laissé la place. Ils disent que non, mais on ne les croit pas. Ca fait un mois qu'on répète avec le corps de ballet de la ville voisine. Notre rôle est facile, les quelques pas simplistes, mais on les a bien appris. Notre démarche, surtout, qu'on a soignée, Michel et moi. Cette démarche typique des danseurs, aérienne et nettement féminine, qu'ils gardent même à la ville tant ils l'ont intégrée à leur corps.

Et puis, surtout, il y a la tenue. Les 6 garçons ont la même : un collant blanc, une chemise de dentelle et une large ceinture noire. Depuis la photo du bureau, le temps a passé. Savoir que j'allais porter un collant blanc m'a plutôt fait sourire, par comparaison avec mes émois de l'époque de la photo. On a bientôt 18 ans, Michel et moi, on est presque majeurs, on a compris plein de choses. Qu'on s'adore, entre autres.

Notre tenue nous est prêtée par la ville, ce qui a déçu Michou, déjà excitée à l'idée de la choisir avec moi. Elle aussi, je l'adore ! Je ne lui cache plus grand-chose. Pour lui faire plaisir, j'ai rapporté ma tenue, étalée présentement sur mon lit. Elle ne pourra pas venir me voir, alors je compense.

A sa demande, et à mon envie, je revêts ma belle tenue. La gêne à me montrer en collant devant ma sœur n'existe plus, au contraire. Elle a su me faire admettre mon corps. Notre complicité est forte. Je n'hésite guère à me déshabiller devant elle, à présent. Là, je me contente de me tourner, simplement.

Je me dénude, puis enfile la gaine. Exactement la même que la mienne hormis sa couleur blanche. Je suis énervé à m'habiller tout de blanc pour affronter ma sœur. J'imagine déjà son regard direct et son sourire canaille. Je passe la chemise dont je place le bas entre la gaine et mon corps, de manière à ce qu'il n'apparaisse pas. Puis j'enfile le collant.

Il ne réagit pas du tout comme le mien. Il contient du Lycra, dit l'étiquette. Il est beaucoup plus moulant, de par une élasticité nettement supérieure. Il ne fait aucun pli, jamais de poches aux genoux. Il se tend et se détend, suit chaque mouvement. Assez brillant, il dessine sur le corps des lignes de lumières qui suivent fidèlement chaque forme et en accentue le relief. Je sens le regard de Michou …

Le principal relief est évidemment entre mes cuisses. Le collant blanc le moule de près ! Sans la gaine, il dessinerait et séparerait les testicules et le pénis. Je le sais, avec Michel, on a essayé. On a enfilé le collant direct sur le corps, histoire de voir ce que ça donnait. Mon avis personnel est que ça fait moche comme tout. Disparu, le joli petit renflement si agréable et si régulier. A la place, les formes distinctes de nos mâles attributs, qui de plus laissent apparaître leur couleur rose en transparence …

Enfin bref, je mets ma gaine. Je retrouve mon petit ballon. En noir, il est déjà bien visible, en blanc, ça donne un max ! Une mode curieuse, vraiment, que cette tenue pour les danseurs. Avant tout pragmatique, finalement. Un danseur s'exprime par son corps, et le collant n'en cache rien. Son entrejambe rebondi n'en est qu'une conséquence.

J'ajuste tout bien, tire de ci de là pour éliminer quelque tendance de pli, puis je termine par la ceinture. Elle est super serrée, cette ceinture, au point que lors des essayages j'ai réclamé à l'habilleuse. Mais la prof m'a affirmé qu'il fallait que ça soit bien serré et que ça rendrait ma démarche plus gracieuse. Bon, pourquoi pas.

Je n'ai durant mon habillage jeté que de furtifs coups d'œil à ma sœur. Nous n'avons pas dit un mot. Quand je suis prêt, je me retourne, j'affronte son regard. Elle apprécie ! Son sourire ravi n'est pas forcé.

- Ouah, Bruno ! fait-elle. T'es canon !

A la fois soulagé et amusé, je lui rend son sourire. Je ne sais pas trop quoi faire de mon corps.

- Bouge un peu pour voir ? demande-t-elle.

Alors je bouge, je marche. A la manière qu'on m'a apprise, c'est à dire comme je le ferai sur scène. C'est assez proche de la démarche des modèles dans les défilés de mode, surtout pour la façon de ramener devant l'autre la jambe qu'on a avancé. De plus, je positionne le pied presque à l'équerre, la pointe vers l'extérieur. J'ai eu du mal à bien marcher ainsi ! Il faut beaucoup d'entraînement pour pouvoir le faire naturellement. Avec Michel, on s'est observés l'un l'autre pour se critiquer et se corriger.

Elle m'étudie, m'enveloppe du regard, et semble ravie de me voir autant à l'aise.

- P'tit frère, je trouve que tu es doué ! affirme-t-elle. - Beau et doué.

- C'est vrai ?

- Oui, je suis sincère. Et viens plus me raconter que tu es gêné d'être en collant ! Même en collant blanc. Surtout en collant blanc !

- T'y fies pas, Michou, même si ça va mieux, c'est toujours vrai.

- Ben ça se voit pas. Sans rire, t'es vraiment canon !

Elle détaille mon bassin, passant de mon entrejambe à mes fesses, sans plus de retenue que si il s'agissait d'une statue. Elle me regarde dans les yeux, puis reprend son examen. Je n'ai pas de gêne, mais je ne sais plus quoi faire. Ni quoi dire.

- T'es superbe, Bruno. Ca te va vraiment bien.

- Quoi ? La tenue ou la démarche ?

- Les deux ! L'ensemble, quoi. Si t'étais pas mon p'tit frère … dit-elle avec son sourire canaille.

- Ouais ? Si j'étais pas ton p'tit frère … ?

- Ben … je ne pourrais pas m'empêcher d'aller toucher !

On se regarde, et on se marre. On sait que jamais il n'y aura entre nous quoi que ce soit d'amoral. Si elle peut se permettre de tels regards et de telles phrases, c'est justement pour ça. Entre mon premier justaucorps mauve et ma tenue actuelle, il y a eu maints regards et maintes plaisanteries, parfois … poussées. Mais ma grande sœur jamais n'ira plus loin.

- A ce point ? Ca t'attire à ce point ? T'es sérieuse ?

- Et pourquoi tu crois que Michel craque quand il te voit comme ça, dis, mec ? Où elle finit, sa main, dis voir ? Et la tienne, où elle finit ?

- Tu te compares à Michel, tu crois que tu …

- Tut ! Recommence pas ! C'est ton copain que je compare à moi, pas le contraire. Et toi aussi, je te compare à moi. Et ca colle pas si mal, et tu le sais, p'tite sœur !

- Faut savoir ! Je suis un garçon ou une fille ?

- T'es les deux. Garçon dans ton corps, et fille dans ta tête.

- Et là, c'est le garçon qui t'intéresse, hein ?

- Disons que c'est mon p'tit frère que j'aime voir, et ma p'tite sœur avec qui j'aime parler.

O=O

Elle m'appelle souvent petite sœur, à présent. Je crois qu'elle adore autant que moi. Elle a vite repéré mes envies femelles. En fait, elle est fascinée par mon côté androgyne, qui avec le temps s'affirme même physiquement. Mes traits fins, ma silhouette élancée, et à présent ma démarche aérienne, autant de choses qui tendent vers la féminité. Et comme je garde les cheveux longs …

Je m'assois sur le lit, elle m'observe quelques secondes, puis me rejoint.

- T'as de la chance de pouvoir être garçon et fille. Je t'envie.

- T'exagères. J'ai jamais été vraiment fille, quand-même.

- T'es plus fille que garçon, à mon avis, murmure-t-elle, posant sa main sur ma cuisse. - C'est pour ça que ton corps te … dérange, parfois.

- Il ne me dérange pas, Michou, rectifié-je en pensant aux plaisirs qu'il me donne. - Enfin pas directement. Ce qui me dérange surtout, c'est que je ne sais pas m'en servir. Tu comprends ?

- Tu sais fort bien au contraire. Sauf que tu t'en sers comme si c'était le corps d'une fille. D'instinct. Alors bien sûr, ton sexe te dérange, surtout en collant, puisqu'on ne voit que ça.

- Pfff … Alors pourquoi, avec Michel, on est attiré par le sexe de l'autre ? Et pourquoi on adore être ensemble en collant ? Pourquoi on se caresse nos sexes, et qu'on aime ça, si tous les deux on est des filles ? T'as dit que tu comparais Michel à toi, pas le contraire. Si il était fille, je ne serais pas amoureux de lui, non ?

- Ouais, c'est pas aussi simple, t'as raison. Enfin pour lui, parce que pour toi, ni Michel ni moi n'avons de doute sur ce que tu es vraiment !

- Ah bon ! Il te l'a dit ?

Elle caresse vaguement ma cuisse, sans jamais grimper trop haut. Comme une grande sœur avec son petit frère. C'est bon, je me laisse faire. Nulle envie sexuelle, nulle excitation ne me vient à cette caresse.

- Oui et non. Il l'a dit, il ne me l'a pas dit. On discute, des fois, lui et moi, tu sais. T'as bien choisi, p'tite sœur, crois-moi. Garde-le, ton Michel. Lui aussi, je l'envie, mais pas pour les mêmes raisons.

- Alors pourquoi tu l'envies ?

- Je ne sais pas si tu vas comprendre … Je l'envie de pouvoir être amoureux de toi. Je l'envie de pouvoir profiter de toi.

Je ne sais pas quoi dire à un truc comme ça, moi ! Comment interpréter ça, hein ? Michou poursuit, sur le même ton un peu désabusé.

- Tu ne te rends même pas compte des … dégâts que tu fais chez les filles, mon Bruno. Nathalie, par exemple, ou Nicole, ou Sylvie …

- Sylvie la prof ? m'étranglé-je.

- Mais non, mais non. Encore qu'après tout … Non, Sylvie la jolie petite blonde qui est toujours toute seule. Elle est venue me voir, elle aussi, pour me demander, comment dire, des conseils pour t'approcher.

- Elle est venue elle aussi ! Mais … Quel rapport avec Michel ? On s'est jamais parlé autrement que pour la danse, avec Sylvie ! Et elle file dès la fin des cours !

- Peut-être, oui. N'empêche quelle est amoureuse de toi, comme la moitié des filles du cours. De toi et des autres garçons. Vous êtes tellement absorbés par vous-mêmes que vous ne voyez rien.

- C'est un reproche ? demandé-je, irrité par ce qu'elle affirme.

- Oh non ! Sûrement pas ! En fait, je l'ai découragée de chercher à te voir. Elle, et surtout Nathalie. Tu vas pas dire que pour Nathalie, tu ne t'es jamais aperçu de rien, quand-même ?

- Ecoute, tu m'embêtes … Pourquoi tu me parles des filles ?

- Pour que tu le saches, simplement, sourit-elle en accentuant sa caresse. - Pour te faire parler toi. Pour t'éviter des surprises. Nathalie, par exemple, risque de te réserver des surprises, mon Bruno.

- Ouais, ben c'est déjà fait. Elle me tripote sans arrêt pendant les cours.

- T'en rajoute, mais bon. Et il paraît que tu … réagis, p'tit frère.

- Attends … m'éberlué-je, elle t'a parlé de ça ?

- Ben oui, tu vois. T'es une fille dans ta tête, mais tu ne les connais pas. On est moins prudes que vous les garçons, à parler de ça. Beaucoup moins. Je connais ses gestes, leur emplacement … et leur effet.

- C'est à dire ? espéré-je stupidement.

Le souvenir d'une brève conversation avec Nathalie, lors du premier cours, me revient, confirmant ce qu'affirme ma sœur. Et, comme Nathalie, Michou précise franchement.

- C'est à dire, dans l'ordre : caresses, sur ton petit ballon, et ça te fait bander.

Je ne peux empêcher un vague sourire. Une sorte de fierté inattendue de réagir comme un vrai mâle sous la caresse d'une femelle.

- Et elle te raconte ça …

- Mon pauvre vieux, se marre-t-elle, tu ne t'y attendais pas, hein !

Sans être fâché, je suis irrité. Non, je ne m'y attendais pas ! Et d'abord, où veut-elle en venir ?

- Et tu lui as dit quoi, à elle ? Comment t'as fait pour la décourager, comme tu dis ?

- J'ai hésité, puis je lui ai dit que tu es homo et que tu aimes Michel.

- Tu vas pas un peu loin, là, Michou ? T'as pas pensé que Michel et moi, ça te regarde pas, et encore moins les filles du cours ?

- Si, bien sûr, qu'est-ce que tu crois ? Mais c'est moi qu'elles sont venues voir, pas toi. Fallait bien que je dise quelque chose. Que je te défende, que j'explique pourquoi. Toi, tu saurais pas dire, reconnais. Et ça traînerait, et elles te lâcheraient pas, et ma p'tite sœur serait malheureuse. Et puis pour Nathalie, Michel l'a pas franchement détrompée non-plus sur le sujet, alors …

Bof, elle a raison. Comme d'habitude. Après tout, c'est bien mieux comme ça. C'est pas les garçons qui manquent, Sylvie, Nathalie et les autres n'ont que l'embarras du choix. Faudra juste qu'elles cherchent ailleurs qu'aux cours de danse, parce que là, ben c'est scié pour elles. Quatre garçons, quatre homos … Gag !

Finalement, je me marre. Et puis maintenant, je comprends si bien les filles d'être amoureuses de nous, étant donnés qu'il nous est arrivé pareil ! Tant pis pour elles si elles ne comprennent pas, mais Michel et moi, on a priorité. On était là avant elles ! Je pose ma main sur celle de Michou.

- T'as bien fait. Et t'as raison, moi, j'aurais pas osé leur dire. J'espère qu'elles seront pas trop déçues, qu'elles feront avec. Et que Nathalie me laissera tranquille !

- J'espère aussi. Nathalie est super, tu sais. Je suis sûre qu'elle a compris. Elle continuera de t'agacer, je pense, mais si tu prends ça comme une taquinerie gentille, entre amis … Tu saurais faire ça, p'tite sœur ? Devenir copine avec Nathalie ?

- Copain, peut-être, mais copine, j'ai des doutes. A part toi, je ne vois pas d'autres filles qui puissent devenir mes copines. Une complicité pareille, entre frère et sœur, ça va, mais avec Nathalie …

Elle se lève d'un bond, se place devant moi, me tend les bras, me sourit tout grand.

- Va savoir, p'tite sœur. C'est un cas, Nathalie … Allez, debout, que je t'admire encore un peu !

Alors que je me lève, alors que ma tenue reprend ses droits et que je redeviens garçon, j'ai la sensation que mon sexe moulé de blanc est un frein à la complicité entre Michou et sa petite sœur. Je suis fier qu'elle soit amoureuse de moi, mais je préférerais qu'elle soit juste mon amie, ma confidente. A cet instant, j'ai envie de lui ressembler.

Chapitre 10
D'autres dangers

Ils sont venus à deux, puis l'un est parti. Celui qui reste est un vieux, au moins trente cinq ans, même plus ! Pas mal quand-même, je dois le reconnaître. Il est conseiller municipal, ou un truc du genre. Il s'occupe des spectacles. Je l'ai vu souvent nous regarder, lors des répétitions. Dans la petite pièce qui nous sert de loge, on décompresse, Michel et moi. On a bien bossé, ça s'est bien passé, on est content. Ils ont frappé, puis sont entrés. Après quelques mots de félicitations, l'autre est parti.

Il pose une main sur mon épaule et me sourit.

- T'es Bruno, toi, hein ? Et ton ami, c'est Michel, c'est ça ?

Puis sans attendre la réponse, il nous explique qui il est, sa place à la mairie et son rôle dans le spectacle de ce soir. Il parle beaucoup, il est chez lui, sûr de lui. Il approche une chaise de la mienne et y prend place.

- Il y aura d'autres spectacles, et si vous voulez, je peux vous faire inscrire à nos cours de danse, même si vous n'êtes pas de la ville. Vous seriez bien mieux ici, les cours sont plus sérieux que chez vous. Ca vous plairait ?

On se regarde, Michel et moi, ahuri par ce mec qui nous déballe tout ça en même pas deux minutes. Il nous sourit, nous regarde alternativement.

- Je vous ai vu danser, tous les deux. Je crois que vous êtes doués.

- Vous êtes dans la partie ? demande Michel.

- Non, juste amateur ! Je vous donne l'avis du spectateur, simplement. Vous êtes bons, je crois !

Je me demande comment il a pu voir ça si vite, surtout avec le rôle discret que nous avons. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas une pointe de fierté de m'envahir. Il insiste :

- Je vous trouve très bien, surtout avec ces costumes si … jolis.

Sa main passe de mon épaule à ma cuisse. Assez haut sur ma cuisse. Je me contracte, sentant un début de panique. Je me lève pour échapper à son contact, mais lui se lève aussi, toujours aussi souriant. Il me regarde de bas en haut, insistant particulièrement sur mon entrejambe.

- Ca vous met bien en valeur, ces costumes, vous les danseurs …

Ses deux mains prennent place sur mes épaules, ce qui l'approche de moi. Je jette un regard affolé à Michel. Il est pâle, il tremble plus que moi.

- Monsieur, dit-il, si vous vouliez bien nous …

- Appelle-moi Paul, coupe-t-il. Et toi aussi, Bruno.

Méfie toi des mecs trop entreprenants, p'tite sœur. Ca n'est que là que je comprend ce qu'elle a voulu dire, ma Michou. Ce mec me fout la trouille. Son avis sur nos tenues, pourtant le même que celui de ma sœur, le même que le nôtre, même, devient dans sa bouche quelque chose de malsain.

- Si vous voulez bien sortir, Monsieur ? insiste Michel d'une voix bizarre.

Le mec sourcille, semble se troubler, puis retrouve son sourire. Il me regarde.

- Ton ami voudrait que je sorte … Toi aussi, Bruno ?

Sa main droite passe de mon épaule à ma taille, et son sourire s'élargit. A cet instant, j'admire Paul de pouvoir comme ça, si vite, si nettement, afficher ses envies. Il est seul, mais sûr de lui, il n'hésite pas. Je l'admire, je l'envie aussi. La caresse qui s'approche me pétrifie. Parfaitement incapable de réagir autrement qu'en avalant ma salive et en pâlissant, je regarde mon copain, je panique. Je ne peux même pas répondre à sa question.

- Lui aussi, il veut, oui Monsieur. S'il vous plaît, laissez-nous.

- C'est vrai que tu veux aussi, Bruno ? insiste-t-il sans même un regard pour Michel.

Sa main qui descendait doucement sur ma taille atteint à présent mon entrejambe. Je ferme les yeux. Je vais tomber, je ne tiens plus sur mes jambes …

- Vraiment très jolies, ces tenues. La tienne te va très bien, Bruno. J'ai toujours aimé les jeunes et jolis garçons en collant.

Ses paroles sont dénuées de ce qui les rend magiques quand d'autres les prononce. Je me concentre pourtant sur ce qu'a de bon le contact de sa main. J'attends malgré moi qu'il se précise. J'espère y trouver une sensation de déjà vécu, peut-être, pour retrouver mes bases ? Le côté malsain du mec, la peur qu'il m'inspire, je les oublie au bénéfice de sa caresse, je m'en rends compte et je n'y peux rien. Sa main bouge lentement.

- Monsieur … ?

La voix de mon ami me sort de mon état. Il s'est levé, il est à côté de Paul, juste à côté. Le mec me regarde encore un moment, puis se tourne vers Michel.

- Oui, mon petit Michel ?

Son petit Michel lui donne un coup de tête en plein visage, brutalement, puissamment. J'entends le choc de son front sur le nez et les lèvres de l'autre, je le vois partir en arrière et rattraper de justesse son équilibre. J'ai un sursaut arrière réflexe. Paul m'a lâché, ses mains à présent couvrent son visage. Ahuri, je regarde un filet de sang sourdre entre ses doigts.

- Laissez-nous, maintenant, Monsieur, souffle mon ami qui tremble de partout.

Paul gémit, recule, regarde Michel, puis sa main rouge. Du sang a coulé sur son menton et goutte à terre. Sans un mot, il se tourne et sort. D'où je suis placé, je vois l'autre mec, qui l'attendait à la porte, le regarder et se précipiter vers lui. Puis tous deux disparaissent de ma vue. De ma vie, aussi.

O=O

Je n'arrive pas à me calmer. Je me sens horriblement coupable et sale. Après que Paul fut sorti, Michel s'est donné une minute pour se calmer lui-même, puis ensuite pour m'engueuler.

- Pourquoi tu t'es laissé faire ? a-t-il hurlé, hors de lui, déclenchant instantanément mes larmes.

Je me suis assis et il est venu près de moi, sur la même chaise qu'utilisa le mec.

- Pourquoi tu t'es laissé faire ? répéta-t-il beaucoup plus doucement. - Pourquoi tu t'es pas défendu ?

Je me savais trop peu de courage pour lui avouer que j'attendais que sa caresse se précise. Comment lui faire comprendre ça, à mon ami ? Comment lui dire que Paul m'avait subjugué en un instant ?

- J'ai pas pu … ai-je juste murmuré avant d'éclater en sanglots.

O=O

Il ne m'a pas dit 'pourquoi tu l'as laissé faire', mais bien 'tu t'es' laissé faire. Ca me saute à la figure alors qu'il m'enlace et me fait un bisou dans le cou. Il en veut à moi, pas au mec. Un quart d'heure est passé depuis le départ de Paul. On est calme, mais on en tremble encore, et vraiment pas pour les mêmes raisons.

- Tu m'en veux ?

- Pas mal, oui, Bruno. Je t'en veux, et en plus tu m'inquiètes. T'es capable de répondre sans te foutre à chialer ?

- Je vais essayer.

- D'accord. Dis-moi pourquoi t'es resté aussi … inerte ?

Alors je le lui dit. Ca me prend une minute, à peine. Quand j'ai fini, de nouveau au bord des larmes, j'ajoute :

- Donne-la moi, la caresse, Michel. J'en ai besoin.

Ca n'ira pas plus loin ce soir-là. J'ai eu ma caresse, et d'autres, que j'ai rendues amplement. Il n'a pas cherché à m'engueuler davantage. Il a eu raison, parce que son silence a fait bien plus que des reproches. Mon amour pour lui se compléta, en quelque sorte. Au delà des caresses et des baisers, au delà des joies physiques, il m'offrit mieux encore : une amitié définitive. Et crois-moi, ô lecteur haletant, l'amour plus l'amitié, en une seule fois, c'est … oh, c'est …

O=O

On a fait les trois soirées, comme prévu. Les deux mecs ne sont pas revenus. Michel et moi, on a décidé de n'en parler à personne. Inutile de foutre la merde.

- Après tout, me dit-il alors que nous quittons la salle, Paul, il est comme nous.

Il a raison. C'est peut-être aussi pour ça que je me suis laissé faire, me dis-je aussitôt. Ma conscience ne laisse pas passer.

< Sale con, me dit-elle, infâme dégonflé ! T'as pas honte ? T'étais mort de trouille, oui ! Et t'attendais ta caresse alors que ton copain qui t'adore se trouvait à un mètre de toi. T'as agit comme une pute, ni plus ni moins.

J'accuse le coup. Je marche à côté de mon ami qui ignore mon dialogue intérieur. Sa main trouve la mienne, et nous allons ainsi comme souvent quand les rues sont désertes.

< Tu vois comme il t'aime ?

Je sais, je sais. Elle est chaude, sa main. Elle est agréable. Et rassurante ! Je lui donne vite fait une grosse bise sur la joue, il me regarde, me sourit. J'ai la gorge serrée.

- Dis Bruno, tu … feras attention maintenant, hein ?

- Promis Michel. Juré.

- Tu sais quoi ? Je t'aime trop. Ca me ferait mal de te perdre pour un macho déguisé comme Paul !

Ah, le con … Il l'a fait exprès, ou quoi ? Les yeux brouillés, je m'arrête, je l'arrête … et je l'étouffe d'un baiser passionné. Venant de me dire qu'il m'aime, hein, que pouvait-il faire d'autre que de me le rendre ?

On émerge quelques minutes plus tard, alors qu'une brave dame, nous évitant d'un détour dédaigneux, nous lance :

- C'est du joli … Elle est belle, la jeunesse d'aujourd'hui !

- C'est aussi mon avis, murmuré-je à Michel. Elle est même drôlement belle !

- Vous devriez avoir honte ! insiste la dame en poursuivant son chemin.

- On n'y arrive pas, rien à faire ! lui lancé-je en rigolant.

Elle s'éloigne en haussant les épaules baragouinant je ne sais quel anathème sur la jeunesse en général et les homos en particulier.

O=O

Ma Michou prend cet épisode très au sérieux. J'ai attendu que maman soit partie pour lui en parler. Je ne m'attendais pas à sa réaction. Elle m'a arraché la vérité, la vache, me tarabustant sans pitié pour me faire avouer ce que j'avais ressenti. Elle en avait les larmes au yeux.

- Tu me fais peur, grande sœur … C'est pas si grave, quoi ! Je ferai gaffe, maintenant.

- Pas si grave ! Et sans Michel, il se serait passé quoi, hein ?

- Il était là, Michel ! dis-je, irrité. - Avec des si et des …

- Bruno, arrête !

Elle me crie dessus, maintenant … Alors, c'est que c'est important.

- Je répète : si Michel n'avait pas été là, comment crois-tu que ça se serait terminé ?

Elle ne me lâche pas du regard. Ses yeux verts, coqueluche des garçons, lancent des éclairs, comme on écrit dans les romans de chez Harlequin.

< Répond, sale con, répond donc. Te cache pas les yeux.

- Il m'aurait … commençais-je avec l'intention de dire il m'aurait caressé, mais ça ne sort pas. Je baisse les yeux.

- Il t'aurait caressé, complète Michou à ma place. C'est ça ? Et après, p'tite sœur, après avoir gagné si facilement, il aurait fait quoi ?

Je craque. Je cède. Je ne veux pas lutter, puisqu'elle a raison. Les larmes sortent, bien entendu, alors que je relève la tête pour affronter son regard.

- Bon, arrête s'il te plaît. Arrête, Michou. J'ai compris, va …

Ce connard de Paul m'aura coûté deux crises de larmes, parce que je remets ça. Je fais un pas, juste de quoi atteindre Michou, et je sanglote sur son épaule. Elle me serre contre elle et je sens ses seins contre ma poitrine. Crise de larmes ou pas, j'en éprouve une grande gêne. Une fille, serrée contre moi à ce point …

- T'es pas sérieuse, reproche-t-elle, t'es vraiment pas sérieuse.

J'attends inconsciemment le petite sœur sensé compléter la phrase et justifier le féminin, mais il ne vient pas. Elle m'a vraiment parlé comme à une fille, et étant données les circonstances, je n'ai nul doute sur sa sincérité. Par delà la honte de m'être laissé faire et l'engueulade de Michou, je me sens infiniment bien d'être traitée en fille.

- Je te demande pardon, je fais, décidé à ne pas relever cette nouveauté, des fois qu'elle continue … Je n'en suis pas moins sincère, tu sais, ô lecteur surpris. Simplement, je sais vivre séparément les deux situations sans forcément les mélanger. La honte de moi, je l'éprouve réellement, sois-en sûr.

- Au moins, t'as compris, maintenant, dis ?

- Je crois, oui. C'était la première fois qu'un truc pareil m'arrivait, alors j'ai …

- Je sais ! N'empêche que tu n'es pas prête à les vivre, les trucs pareils. Bon, c'est le premier, les suivants, tu sauras les vivre ?

Je n'y tiens plus. C'est trop bon, il faut que je sache si ça va continuer !

- Dis Michou, tu sais que tu me parles au féminin ?

- Je sais, oui, p'tite sœur. Tu ne veux pas ?

Pour toute réponse, je la serre en gémissant de plaisir. Elle me rend la pression et demande :

- Ca veut dire que tu veux ?

- Je t'adore, Michou …

- Ca sera notre petit secret entre fille, alors. Tu sais p'tite sœur, j'ai vraiment pas à me forcer ! Quand je te disais que tu étais fille dans ta tête, je ne savais même pas encore à quel point ! T'as fait fort avec Paul …

- J'ai honte de moi. Je me sens sale. Je me demande si je mérite mon Michel. Et si je te mérite toi. Je suis trouillard, j'ai pas de volonté …

- Trouillarde, p'tite sœur. T'es trouillarde !

- Oui, oh oui, je suis trouillarde, comme une femelle. Une pute, voilà ce que j'ai été. Un mec met sa main sur ma queue, et je deviens pute …

- Si ça peut te consoler, on est toutes comme ça quelque part !

- Sauf pour les queues ! Mais … non. Je te crois pas. On n'est pas toutes des putes.

- Exact. On est toutes des filles, simplement. C'est de ton comportement que tu dois avoir honte, pas de tes envies de caresse et d'amour. Lutte contre ta trouille, surtout pas contre tes sentiments. Reste pas trouillarde, mais reste amoureuse ! On t'aime trop comme ça !

Je suis ailleurs, je plane, heureuse, accomplie. Par besoin d'en mettre un max à plat tant que j'en ai le courage, j'avoue :

- T'as raison, tu sais Michou. Sans Michel, le Paul, je sais pas jusqu'où je l'aurais laissé aller.

- Il te … tenait, hein ? Il te dominait ?

- Complètement, soupiré-je. En pas quatre minutes. Même pas beau, même pas jeune ! Il débarque, il me caresse à peine, et moi je craque devant Michel.

- Dis-moi, t'as ressenti , comment dire … du plaisir à être dominée ?

- Comment ça du plaisir ?

- De la joie, de l'excitation, je sais pas, moi.

Question intéressante ! Elle n'est pas bête, Michou. Elle me file le doute, du coup !

- Tu penses que ça serait pour ça que je me suis laissée faire ?

- Ben … J'ai une copine, je lui poserais même pas la question ! Et toi, alors, petite fille ?

- Franchement, je ne crois pas. Il m'a peut-être dominée tout de suite, mais ça m'a plus fait peur qu'autre chose. J'ai aimé sa caresse, oui, même si il me l'a imposée, mais … non. Je n'aimerais pas qu'un mec me domine, si c'est ce que tu veux savoir.

- Tant mieux. Alors, à partir de maintenant, te laisse plus faire.

- Ca dépend par qui, quand-même …


Responsable du site : Lucie Sobek


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