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« », une petite histoire imaginée par marietherese2

1 LE VOYAGE A TENERIFE jeanne jeanne.claude@femme.net 14-10-2004, 6:46 "MADELEINE" partie 1 de 12

"LE VOYAGE A TENERIFE"

Cela me faisait un peu drôle de me rendre à l'aéroport, ma valise à la main, tout seul. Après avoir trouvé la bonne file, je posai ma valise et pris la pose du voyageur, presque en vacances. A chaque déplacement de la file, il me suffisait de pousser ma valise du pied. Je regardais distraitement autour de moi, en pensent à Martine qui n'était pas avec moi.

La dame devant moi s'était encombrée de deux grandes valises et d'un sac imposant. Voyant sa difficulté à faire avancer ses valises à chaque déplacement de la file, je lui proposai mon aide. D'un rapide coup d'œil, je m'étais assuré de son âge. Je n'avais aucune envie de relancer trop vite une aventure avec une femme et ne voulais pas courir de risque dans ce domaine. Dans ce cas ci, pas de problème, une génération nous séparait. A ma proposition, elle répondit par un sourire doux, un peu étonné. Elle pencha sa tête un peu de côté et son regard glissa de même, voilant l'éclat de ses yeux. Elle me faisant penser à quelqu'un qui aurait subi un malheur, vivrait dans le chagrin et aurait du mal à croire à la réalité d'une chose agréable qui lui arrive. Je poussai donc ses valises ainsi que la mienne. Après l'enregistrement de ses bagages, elle se tourna vers moi et me dit " Merci ". Ce simple mot confirma mon intuition. Sa voix, un peu fatiguée, un peu enrouée, était cependant chaude et agréable à écouter. Cette femme avait un monde intérieur.

Je me promenai quelque peu dans l'aéroport, comme nous le faisions du temps de Martine. Nous préférions tous les deux nous promener calmement, plutôt que d'attendre assis au milieu de gens énervés. Nous avions beaucoup de points communs. C'est vraiment dommage ce qui nous est arrivé.

Je suis rentré dans l'avion et en approchant de mon siège, je retrouvai la dame de tantôt. Elle me reconnut aussi. Je reçus à nouveau un sourire. Il était déjà un peu plus prononcé que le premier. Je lui souris aussi. Une fois assise, elle se tourna vers moi et me dit :
" Je suis contente de vous retrouver. J'aurai besoin de vous bientôt.".

En effet, au moment du décollage, je vis qu'elle n'en menait pas large. Elle était très tendue et cramponnée aux accoudoirs. Elle se tournait légèrement vers moi, le regard fixe. Je connaissais cette situation, l'ayant déjà vécue avec Martine. Je savais ce qu'il fallait faire pour la soulager, mais j'hésitais. Ma brûlure allait se rallumer, ma blessure allait de nouveau me faire mal. Le choix n'était pas facile. Je choisis de l'aider. Je posai ma main sur la sienne. Nos avants bras se touchèrent. Ce contact lui fit du bien. Bientôt, elle se détendit, sa respiration se ralentit. Elle allait mieux. Moi, par contre, le feu entrait en moi par mon avant bras. Le contact de ma peau avec sa peau douce et encore lisse, et avec le tissu soyeux de son chemisier, déclenchait ce feu intérieur que je connaissais depuis bien longtemps. Pour rester maître de moi, je pensai aux derniers moments avec Martine : lorsqu'elle secouait sa belle tête frénétiquement de gauche à droite, les yeux fermés, les mâchoires crispées, criant " NON ", après mon aveu, après avoir compris que je ne plaisantais pas. Cela me fit l'effet d'une douche froide.

Je jetai un coup d'œil sur le côté. Cela allait. Nous étions calmés tous les deux. Nous avons pu dire quelques mots, comme en échangent des compagnons occasionnels de voyage.

A l'approche de l'atterrissage, comme je la regardais, elle me dit en souriant: " Merci, ça ira, je n'ai peur qu'au décollage ".
J'étais soulagé, bien sûr, la brûlure n'allait pas revenir, mais j'étais tout de même un peu déçu : son chemisier m'avait beaucoup plu.

Nous étions arrivés à TENERIFE. J'allais y passer des vacances reposantes et classer dans mon grand catalogue des blessures cette nouvelle brûlure.

Nous avions à marcher sur la piste pour rejoindre le bâtiment de l'aéroport. Le soleil était là, l'atmosphère était très agréable, chaude et légèrement humidifiée par la mer toute proche. Le vent venant de la mer nous enveloppait. Il joua avec son foulard et d'un coup le lui enleva. J'étais au bon endroit, je le rattrapai de la main droite. Au premier toucher, je sus qu'il était encore plus doux que le chemisier. En marchant vers elle pour le lui rendre, je fis le maladroit et du tenir le foulard à deux mains. Je pris un sourire un peu simplet pour cacher mon intense plaisir. En lui rendant son foulard, j'en profitai pour, l'espace d'un court instant, faire glisser ma main sur la sienne, recouverte du foulard. Encore une belle brûlure de plus à mettre au catalogue.

Je lui proposai de m'occuper de ses valises. Sur la courroie transporteuse, elle me les désigna. Je les plaçai sur un chariot. Elle me tendit ses étiquettes de destination.
" Nous allons au même hôtel " dis-je calmement.
Elle me répondit, après un silence:
" C'est une bonne chose, cela me permettra de vous remercier de vos efforts en vous offrant un verre au bar de l'hôtel ".

Ce fut une soirée très agréable. C'était le début des vacances, bien sûr, mais surtout Madeleine était d'agréable compagnie. Elle avait des qualités qui me plaisaient chez une femme : la douceur, le calme, une réserve un peu distante peut être, mais pourtant attentive et chaleureuse. Ses quelques rares questions, posées avec discernement et tact, m'avaient révélé quelle avait une très bonne intuition. Madeleine m'acceptait, c'était évident et agréable.

Madeleine était bien habillée. Elle avait choisi des choses simples, qui allaient bien ensemble, qui lui allaient bien. Elle dégageait une impression d'harmonie. Elle et ses vêtements, sa coiffure et ses accessoires formaient un tout ou chaque chose avait sa place. Rien n'était de trop. Rien n'était inutile. Assise simplement à table, elle disposait toutes les parties de son corps afin de mettre en valeur ses vêtements, en tenant compte de la lumière. Ses vêtements, eux, mettaient en valeur toutes les parties de son corps. Elle avait l'instinct de la lumière, des ombres et des formes, comme les meilleures actrices de cinéma. Assis en face d'elle, je pouvais la regarder à loisir. Chacune de ses attitudes était élégante et harmonieuse. Lorsqu'elle bougeait, elle occupait l'espace d'une façon gracieuse. Et lorsqu'elle se déplaçait pour aller se servir au buffet, par exemple, c'était la fête. Dans ma tête, la symphonie commençait, le fantasme était là. Mon envie était là. Ma brûlure était là.

Lorsqu'elle revint s'asseoir, j'étais encore perdu dans ma rêverie. Heureusement, elle ne pouvait savoir à quoi je pensais ! Ce fut très bref, mais pendant un court instant, elle me regarda droit dans les yeux. Elle parut légèrement surprise et puis, elle m'envoya un joli sourire que j'oserais qualifier de complice. Je me disais que peut-être, un jour, je pourrai parler à Madeleine, de mon fantasme, de mes envies, de mes brûlures. Peut être avait-elle la ou les qualités qui avaient manqué à Martine. Le souvenir de l'éclat de rire long et cruel de Martine, après mon explication, me fit à nouveau l'effet d'une douche glacée.

J'écoutai Madeleine. Elle se raconta. Elle me dit sa vie, simple et compliquée comme peut l'être une vie. Sa rencontre avec Jean, en pleine guerre, leur amour fou, total, unique. Jean disparut peu avant la fin des hostilités. Madeleine se consacra à son métier avec passion. Toute sa carrière avait été consacrée aux vêtements. Elle avait son magasin à elle. Sa relation avec ses clientes était plus proche de l'amitié que des relations habituelles vendeuse - clientes. Elle avait elle-même organisé toute la décoration de son magasin. Elle en avait fait un endroit agréable, propice à la détente. Son goût très sûr, son coup d'œil rapide, sa faculté de prévoir l'effet produit par tel vêtement ou tel accessoire sur une cliente, l'avaient beaucoup aidée. Son tact, sa discrétion et sa disponibilité avaient attiré des clientes en besoin d'écoute. Sans le vouloir vraiment, elle avait du agrandir son magasin, élargir sa gamme d'articles et engager une vendeuse. Elle resta fidèle au souvenir de Jean. Il n'y eut pas d'autre homme dans sa vie.

Nathalie était une de ses nièces. Il y avait toujours eu un lien privilégié entre elles. Nathalie était un peu la fille qu'elle aurait pu avoir avec Jean. Il y a quelques années, elles ne se voyaient pas beaucoup, seulement à des réunions de famille. Madeleine était très prise par son commerce et Nathalie habitait chez ses parents, à plusieurs centaines de kilomètres de là. Il y a trois ans, la situation changea. Nathalie avait terminé ses études de secrétariat et trouva un emploi près de la ville où habitait Madeleine. Elles se virent plus souvent. Madeleine prenait plaisir à voir Nathalie commencer sa vie d'adulte. Elle aimait à être sa confidente et participait ainsi un peu à une vie dont elle avait été privée. Nathalie aimait à rencontrer sa tante chaleureuse et compréhensive. Elle lui racontait les choses que l'on raconte à une amie de longue date, qui sait écouter et comprendre. Ce n'est que quand Nathalie le demandait que Madeleine se permettait de conseiller sa nièce, et toujours avec douceur et tact. Nathalie était un peu timide lors de ses débuts professionnels. Madeleine l'aida dans ce domaine. Elle la fit venir à son magasin, lui fit essayer des tenues et la conseilla pour sa coiffure. En fait, elle n'avait pas apporté de grande différence, mais Nathalie avait maintenant un petit quelque chose en plus, qui fit qu'elle se sentit mieux dans sa peau. Nathalie prit de l'assurance. Elles recommencèrent souvent, lorsque le magasin était fermé aux clientes. Elles s'amusaient, comme deux gamines à jouer au défilé de mode, l'une faisant le mannequin et l'autre la présentatrice et le public.

Nathalie, au contact de sa tante, développait son goût. Madeleine aimait beaucoup ces heures où elle était seule avec Nathalie. Une grande complicité les unissait. Le soir, elles sortaient parfois, prendre un verre, aller au spectacle ou tout simplement se promener en bavardant.

Comme Madeleine avait de la place, elle aménagea une chambre dans son appartement. Elle en choisit avec soin et plaisir la décoration. Par délicatesse, elle l'appelait " La chambre d'amis ", mais en fait, seule Nathalie venait y loger. C'était alors quelques jours de fête, qu'elles remplissaient toutes deux de choses agréables. Deux fois déjà elles avaient effectué ensemble un petit voyage : un long week-end dans les Vosges et un voyage d'affaire. Madeleine voulait voir un nouveau fournisseur, et elles en profitèrent toutes les deux pour visiter la ville de ce dernier.

Elles préparaient à deux ce voyage à TENERIFE. Ce serait pour elles l'occasion de se reposer, de profiter du soleil, de visiter ce charmant endroit ensemble et de bavarder à l'aise toutes les deux. Nathalie, en bonne secrétaire, avait rassemblé toute une documentation sur l'île en vue de visiter les endroits intéressants. Elle avait organisé des itinéraires.

Et puis il y eut l'explosion à l'usine ou travaillait Nathalie. Elle était au mauvais endroit, au mauvais moment.
Madeleine me raconta sa stupéfaction en apprenant la nouvelle, son refus, son chagrin, sa tristesse.
Elle avait bien sûr annulé le voyage. Au début, l'idée de partir seule la remplissait de tristesse. Petit à petit, pourtant, l'idée fit son chemin. Et la voici à TENERIFE, un peu plus d'un an après l'accident, sans Nathalie.
Je me suis moi aussi quelque peu raconté. Je lui ai dis pour Martine et pour quelques autres histoires de ma vie. Mais bien sûr, je n'ai pas parlé de mes brûlures.

Le lendemain nous avons loué une voiture. Nous avons entamé notre exploration de l'île. Les routes étaient excellentes et peu encombrées. La voiture était très agréable à conduire. Le climat était idéal. De temps à autre, nous nous arrêtions pour admirer le paysage ou flâner un peu dans une des jolies petites localités. J'avais mon appareil photographique avec moi, comme d'habitude. J'observais Madeleine et j'avais envie de la photographier. Elle fut d'accord. Je lui recommandai d'être naturelle, de ne rien faire de spécial, de se laisser aller. Comme photographe, j'avais de l'expérience. D'habitude, il me fallait user plusieurs bobines de pellicule pour apprivoiser le sujet et lui faire oublier que j'étais là à le photographier. Avec Madeleine, ce fut différent. Ce fut immédiatement excellent. Elle se plaçait d'instinct au bon endroit et se positionnait aussitôt. Je n'avais qu'à déclencher mon appareil.

" J'aimerais beaucoup voir vos photos. Pourrez vous venir me les montrer ? " Me dit-elle doucement, ouvrant ses mains vers moi, en un charmant geste de demande. Je souris.

Un peu plus tard, nous sommes allés boire un verre dans un petit bar, dans un village tranquillement endormi au soleil. Je pris un coca. Machinalement, je m'amusais à tapoter le verre avec mon ongle pour décrocher les petites bulles de gaz accrochées à la paroi. Madeleine regardait fixement le verre, se taisant. Je sentis qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Je l'interrogai du regard. Cela dura tout un temps. Tout d'un coup elle se secoua, me regarda, posa sa main sur mon avant bras et me dit: " Excusez-moi ! … Nathalie faisait cela aussi. "

Nous avions choisi une belle journée ensoleillée pour aller visiter le volcan qui domine l'île, le TEIDE. Madeleine m'avait prévenu, Nathalie l'avait noté, que la température en haut serait assez basse. Il convenait d'emporter un vêtement chaud. Je pris avec moi un pull-over et Madeleine emporta une veste en laine. En sortant de l'hôtel, galamment, je me chargeai de sa veste, afin de la placer sur la banquette arrière de notre voiture. Je l'étalai avec soin et en profitai pour l'examiner, la toucher et la caresser pendant quelques instants. C'était une très belle veste bleue. La laine était un peu brute et épaisse. La veste était agrémentée de pièces de broderie bleues et de séries de perles bleues, elles aussi, qui avaient été cousues. Je pris le temps de bien coucher la veste et de bien placer chaque manche, en multipliant les contacts. A la fin je plaçai ma main droite sous la veste et je la fis glisser tout le long de celle-ci. Le poids léger de la veste pressait celle-ci avec douceur sur ma main. La variété des sensations causées par ces frôlements me remplit de bonheur. Comme personne ne pouvait me voir, je fermai les yeux et je souris. Je sortis de la voiture et fermai la porte arrière avec ma main gauche. Je voulais jouir de ma brûlure quelques instants de plus.

Arrivés en haut, près du volcan, nous étions impressionnés par le paysage grandiose. Je voulus, bien sûr, faire des photos. En sortant de la voiture, je constatai qu'effectivement il faisait très froid. Le vent violent amplifiait l'impression de froid. Je saisis mon pull-over et l'enfilai. Il était un peu léger et le froid pénétrait mon corps, m'empêchant de me concentrer sur mon activité photographique. Voyant cela, Madeleine, restée dans la voiture, toqua à la vitre pour attirer mon attention et me présenta sa veste. J'étais interloqué et ne savais que faire. Madeleine fit descendre sa vitre et me dit :
" Mettez-la ! Moi je ne sortirai pas. De toutes façons, il n'y a personne ici pour vous regarder, à par moi. "

J'enfilai donc la veste. Bien vite, une agréable impression de chaleur m'envahit, accompagnée d'une sorte d'ivresse, d'une impression de perte de poids, un peu comme si une lourde charge m'écrasait subitement un peu moins. Je fis ces photos ci avec, me sembla-t-il, un talent inhabituel. C'était comme si quelqu'un de très doué en photographie était près de moi pour me guider et m'éviter des erreurs inutiles.

Lorsque je revins à l'auto, je remis avec précaution la veste bleue en place à l'arrière. Madeleine regardait au loin, perdue dans sa rêverie. Ses mains, dans un geste de prière, ou de demande, tenaient les notes de Nathalie.

En redescendant du volcan, elle garda longtemps le silence. Nous regardions tous deux le paysage impressionnant. Au bout d'un long moment, elle me dit: " C'est curieux, comme beaucoup d'hommes, vous vous habillez n'importe comment. Vous donnez l'impression d'avoir revêtu un sac à pommes de terre. "
Je me taisais, songeur. Elle avait raison, je m'habillais mal, avec outrance. Cela faisait partie de mon système de défense. Puis, elle continua :
" Par contre, lorsque vous avez enfilé ma veste bleue, je vous ai trouvé élégant. Elle vous allait très bien. Vous la portiez bien. "
Je ne répondis rien. En fait, Madeleine n'attendait pas de réponse, pas encore. Madeleine souriait.

Ce jour là, nous avons voulu visiter la partie Nord-Ouest de l'île. Comme d'habitude, je conduisais et Madeleine, aidée par une carte de l'île et par les notes de Nathalie, m'indiquait la route. A un moment, du coté de '' Las Portelas'', elle eut des difficultés. J'arrêtai notre véhicule et j'attendis patiemment en regardant le paysage.
" Je ne vois pas bien ce qu'elle a voulu dire ", dit-elle, " Nathalie a gribouillé quelque chose que je ne déchiffre pas."
Je me penchai de son coté, jetai un coup d'œil sur la carte et sur les notes et dit
" Nous devons aller au nord jusqu'à ''Buenavista del Norte'', nous arrêter et admirer le panorama. Ensuite nous devons redescendre vers la ''Punta de Teno'', en passant par le ''Mirador de Dom Pompeyo''. Le passage direct par ''La Mesita'' est trop difficile et présente peu d'intérêt. "
Madeleine fut absorbée longtemps dans ses pensées et puis, en souriant doucement, elle rangea sa carte et les notes. Nous n'en avons plus eu besoin.
Mes vacances se terminaient. Madeleine restait encore une semaine à TENERIFE. Nos au revoirs furent gentils, sans trop d'effusion, délicats, comme si Madeleine ne voulait pas m'embarrasser. Elle me demanda, d'un air presque timide.
" Et les photos, vous viendrez me les montrer ? "
J'avais fort envie de revoir Madeleine et de lui montrer les photos. Je lui répondis positivement. Elle fut visiblement contente. Décidément, j'avais envie de la revoir.

Quelques jours après son retour je l'ai contactée. Comme je commençais à la connaître, je sus à ses silences et à son parler lent, qu'elle savourait son plaisir de me retrouver. Ce plaisir était d'ailleurs réciproque. Je l'imaginais penchant la tête, laissant glisser ses yeux.

Nos retrouvailles furent chaleureuses, mais sans expansion. Nous étions contents de nous revoir, tout simplement. J'appréciais ses sourires et ses silences. Elle appréciait mon sourire et ma patience. Je lui avais apporté les photos que j'avais prises lors de notre voyage. J'en avais fait un tirage supplémentaire, à son intention, que j'avais assemblé dans un bel album photo. Elle fut ravie par ce cadeau. Elle prit grand plaisir à reparcourir avec moi les étapes de notre voyage. Une des photos était curieuse. D'une part, je ne me souvenais pas de l'avoir prise, ce n'était d'ailleurs pas mon style de photo, et d'autre part, elle était très réussie. On y voyait Madeleine, qui avait un air grave et pourtant un éclat joyeux dans les yeux. Elle était assise dans la voiture. Dans le pare brise se reflétait le sommet du volcan.

Madeleine semblait regarder le reflet. Le volcan semblait éclairer Madeleine. L'attitude de Madeleine, la façon dont elle avait disposé son corps à ce moment précis, et le reflet du volcan formaient un tout harmonieux, un peu comme des groupes de vagues sur la mer. Avec un peu d'attention, on me voyait aussi sur la photo. On voyait mon reflet sur le capot bleu de la voiture. On pouvait distinguer tous les détails de la veste bleue. On voyait très bien l'appareil photo devant mon visage, et sous l'appareil on voyait mon sourire. Les trois personnages étaient emmêlés et complémentaires, un peu comme un groupe de danseurs photographiés en plein envol. Madeleine, elle aussi, aimait beaucoup cette photo.

Arrivée à la fin de l'album, Madeleine le ferma doucement, avec précaution. Elle me sourit et me dit en me regardant droit dans les yeux :
" Je vous remercie pour votre accompagnement chaleureux tout au long de ce beau voyage. J'appréandais ce voyage en solitaire. Vous en avez fait une fête. Merci aussi pour ce joli album souvenir… Moi aussi, j'ai un cadeau pour vous. Je vous ai acheté quelques vêtements. Ils vous iront beaucoup mieux que vos habituels sacs de pommes de terre. Je les ai disposés sur le lit, dans la chambre d'amis. Elle est au bout du couloir. La porte est ouverte. Allez-y. "

Dès que je suis rentré dans la chambre, j'ai vu les vêtements sur le lit. Ils étaient simplement étalés, au hasard. Pourtant il se dégageait une impression d'harmonie et d'ordonnance. Toutes les couleurs allaient très bien ensemble. La qualité des tissus, le choix des matières, les détails des finitions étaient choisis avec soin. Au premier coup d'œil, je sus qu'ils étaient à ma taille. Puis je sentis mon pouls s'accélérer, la transpiration me perler le front et mon attention se décupler. Les vêtements que je voyais étalés sur le lit étaient tous des vêtements de femme. Je me tournai vers le couloir. Il n'y avait personne. Je me dis que peut-être Madeleine avait disposé mon cadeau sur le lit, et par après étalé par-dessus, par inadvertance, d'autres vêtements. Je m'approchai lentement du lit. Je me penchai. Je déplaçai quelques vêtements. La brûlure fut forte. Le contact de mes doigts et de mes mains avec les tissus provoquait le départ de vagues d'excitation qui parcouraient mon corps. La musique des frottements des tissus et celle provoquée par le cliquetis des boutons se heurtant entre eux ou avec les glissières des tirettes était ravissante. Je glissai mes deux bras dans le tas de vêtements. Comme je portais une chemise à manches courtes, j'avais une grande surface de peau en contact avec ces tissus moelleux, soyeux ou rêches. Je sentais en moi une tension extrême et une grande chaleur.

Je fis un effort pour calmer ma respiration. Je fermai les yeux quelques instants en tentant de revenir à un peu de calme. En cherchant sur le lit, je trouvai bien des chaussures et des sous-vêtements, mais pas de vêtements d'homme. Par moments, j'étais tétanisé. Mon regard se porta sur une très belle robe rouge. Son tissu soyeux était agrémenté par de petits motifs en dentelle noire. Sa couleur était en fait formée par deux gammes de dégradés de rouge, en surimpression. " Il me la faut. " Me dis-je. Je me redressai, fis glisser la robe du lit et la plaçai devant moi. Je la tenais d'une main à hauteur des épaules et de l'autre à la taille. J'étais placé devant un des grands miroirs. Mon image me plaisait. Je penchai ma tête. Je me balançai pour observer le mouvement de mon corps et de la robe. C'est alors que je vis Madeleine dans le miroir. Elle se tenait à l'entrée de la chambre, immobile, les mains jointes, la tête un peu penchée. Elle me regardait en souriant. Après un long et beau silence, elle me dit très doucement :
" Je suis contente que tu sois revenue, Nathalie."

* marie therese le 10/01/2005


Responsable du site : Lucie Sobek


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