barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« Eloge de la diversité sexuelle », une petite histoire imaginée par helene

1 Eloge de la diversité sexuelle helene helene392001@yahoo.ca 23-12-2004, 15:44 ELOGE DE LA DIVERSITE SEXUELLE (extraits)
Livre de Michel Dorais, vlb éditeur, 1999

COLL. « DES HOMMES ET DES FEMMES EN CHANGEMENT »
ESSAI, 1999 - ISBN 2-89005-715-1
PARUTION: SEPTEMBRE 1999 AU QUÉBEC;
OCTOBRE 1999 EN EUROPE

Voici un livre dont je vous recommande fortement la lecture et dont le contenu se rapproche beaucoup au thème de ce groupe. Je vous livre ici quelques extraits que j’ai trouvés intéressants, quoique si je devais y mettre tout ce qui est intéressant je devrais recopier entièrement le livre …


Page 15

‘Le fait que nous soyons une fille ou un garçon va immédiatement orienter le regard que les adultes vont porter sur nous et, par voie de conséquence le traitement qu’ils vont nous réserver. Même l’inconnue qui s’avance vers le landau où repose un bébé pour lui faire risette s’enquiert tout de suite de son identité : ‘C’est un petit garçon ou une petite fille ?’ Comme on s’attend à ce qu’un garçon soit masculin et qu’une fille soit féminine – fussent-ils encore des nourrissons – tout est mis en œuvre pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’erreur d’identification possible : le choix des vêtements, des jouets et même de la couleur de la chambre de bébé, par exemple, est considéré comme stratégique pour éviter toute possibilité de confusion.

(…)

Si jeune soit-il, un enfant ne peut être neutre ou encore moins ambigu ou androgyne.

(…)
page 16

Qu’il s’agisse du sexe, du genre ou de l’érotisme, nos trois repères identitaires sont réputés binaires : on est un homme OU une femme, on est masculin OU féminin, on est hétéro OU homo. Les tenants de la conception dualiste de la sexualité humaine professent qu’il existe deux sexes, deux genres qui s’y superposent exactement et deux orientations sexuelles antagonistes qui parachèvent et consacrent ces distinctions. Par delà les deux modèles privilégiés par notre culture (…) il existe toutefois plusieurs permutations possible des trois cartes de l’identité sexuelle. Une femme peut être plus ou moins masculine; un homme peut être plus ou moins féminin. (…) Sans doute les femmes lesbiennes masculines et les hommes homosexuels féminins sont encore plus visibles et dérangeants parce qu’ils transgressent davantages les conventions : il y a là deux dissonances plutôt qu’une. Ces personnes ne sont ni du genre ni de l’identité érotique que l’on attendait d’elles en raison de leur sexe. Mais tout le monde s’entend pour les trouver moins bizarre que les ambigus ou les entre-deux, c’est à dire tous ceux et celles qui ne sont ni homme ni femme, qui sont à la fois masculins et féminins, qui ne sont ni tout à fait homo ni tout à fait hétéro ou les deux à la fois. Parce qu’ils s’écartent de notre conception binaire de la sexualité, les individus qui échappent à nos catégories de sexe, de genre ou d’érotisme risquent de semer l’anarchie dans nos cerveaux, quand ce n’est pas dans nos vies.

(…)
page 18

L’anticonformisme est non seulement louche, mais malsain. Au besoin, thérapies, réclusions ou réadaptations seront prescrites et même imposées. L’ostracisme guette de toute façon ceux et celles qui s’éloignent un peu trop des sentiers battus : le petit garçon féminin sera le premier à être battu ou ‘taxé’ par ses camarades à l’école; la jeune fille soupçonnée de lesbianisme risque d’être violée ‘pour lui faire comprendre’.

(…)
page 22

Malheureusement le sens de la diversité nous échappe. Tant sur le plan personnel que sur le plan collectif, nous ne savons qu’en faire. Il est plus facile d’y voir des manifestations d’anormalité ou de perversité que l’expression de différences infinies, plus ou moins subtiles, et somme toute, légitimes. Dire de quelqu’un qui diffère de nous qu’il est anormal ou pervers nous épargne l’effort de saisir une logique ou un univers autre – fussent-ils fascinants.


Page 50

On reproche aux transsexuels d’être des êtres hybrides. L’hybridation fait néanmoins partie de toute identité et de toute sexualité. La transexualité n’est pas une maladie mentale; c’est un fait de société depuis qu’il y a une cinquantaine d’années fut réalisée la première ‘conversion de sexe’. C’est aussi une réalité complexe, un vécu riche d’apprentissages pour les transsexuels comme pour les non-transsexuels. Aucune des personnes transsexuelles que j’ai connues ne présentait la même dynamique, encore moins les mêmes caractéristiques. Que nous soyons hommes, femmes ou de sexe intermédiaire, nous ne sommes pas tous pareils comme êtres humains, et nos parcours de vie non plus. Certes, les transsexuels ont parfois des trajectoires d’existence singulières, mais pas forcément davantage que monsieur ou madame Tout-le-monde. En dépit de ce que peuvent dire certains spécialistes en mal de pathologies, il y a potentiellemenmt autant d’équilibre ou de déséquilibre dans un groupe de transsexuel-le-s que dans un groupe aléatoire de femmes et d’hommes non-transsexués. Enfin, si les avancées de la médecine ont permis la matérialisation du transsexualisme, il y a sans doute toujours eu des hommes qui ont rêvé de devenir des femmes et des femmes qui ont rêvé de devenir des hommes l’espace d’un instant ou d’une vie…

Pages 50-51

Le vrai problème c’est l’intolérance à laquelle se heurtent les personnes transsexuelles, y compris de la part des professionnels supposés leur venir en aide. Pour peu que l’on suive le parcours d’une personne transsexuelle, on s’aperçoit quelle est continûment traitée comme une personne mineure, incapable de décider par elle-même de son devenir. Seuls des experts réunis en comités (dont sont généralement exclues les personnes transsexuelles) peuvent décider de ce qu’elle fera – ou plutôt de ce qu’ils feront – de son corps. Sur le plan de l’état civil, la situation est tout aussi intenable : au Québec, par exemple, ce n’est qu’une fois la transformation physique totalement terminée (si la personne se rend jusque-là) qu’un changement officiel d’état civil peut être examiné. Or, pour devenir transsexuel, vous devez faire la preuve que vous pouvez vivre dans la peau de ‘l’autre sexe’ pendant un certain laps de temps. Mais comment fréquenter une école professionnelle, trouver un emploi et faire face aux plus petites tracasseries administratives ou policières si vos papiers indiquent que vous n’êtes pas la personne que vous prétendez être? Les personnes transsexuelles sont placées dans des situations kafkaiennes; le fait quelles réussissent à composer avec ces difficultés montre de façon éloquente combien forte est leur motivation et résistante est leur santé mentale.

Pages 89-90

Peu d’hommes sont aussi ridiculisés et méprisés dans notre culture que les hommes considérés féminins. On les appelle d’ailleurs ‘efféminés’ pour bien marquer l’opprobre jeté sur eux du fait qu’ils se rendent eux-mêmes féminins : un homme qui s’abaisse à penser ou à agir comme une femme ne mérite aucun respect. En abdiquant sa supposée supériorité virile ( qui ne supporterait guère le moindre relâchement), il se place en position d’infériorité par rapport aux autres hommes. Il n’est donc pas surprenant que ces derniers ne se gênent pas pour l’insulter ou l’agresser. Cette intolérance va parfois jusqu’au meurtre tellement l’idéologie machiste amène certains hommes à croire qu’un homme féminin ne mérite pas de vivre. (…)

Dès l’Antiquité, L’homme supposé ‘passif’ était l cible de tous les quolibets. Le premier empereur romain, Jules César, soupçonné d’être aussi complaisant pour ses partenaires sexuelles féminines que pour ses partenaires masculins (un sexologue le dirait aujourd’hui bisexuel de type passif), était vilipendé à cause de cette supposée ‘mollesse’. On disait qu’il était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris. Qu’un homme ne fut pas toujours en position de dominance, surtout s’il détenait un pouvoir politique, semblait monstrueux. De surcroît, l’apparence assez androgyne de l’empereur, qui se faisait épiler le corps entier et qui manifestait une certaine coquetterie, renforçait chez certains le doute sur sa capacité de conduire les affaires de l’État avec toute la force de caractère nécessaire. Le pouvoir étant par définition viril, il était inconcevable qu’un individu qui ne l’était pas suffisamment, du moins aux yeux de ses détracteurs, assume la fonction suprême.

Page 92

Il est symptomatique que, à la télévision comme au cinéma, les personnages androgynes, entre-deux ou tout au moins non-conformistes quant à leur genre étaient jusqu’à assez récemment forcément ridicules, pathétiques ou détestables. Une politique de la censure américaine, le code Hays, exigeait un tel a priori. Confusion ou fusion des genres ne pouvaient être que de mauvais augure; c’est du moins ce que le public devait croire. Bien que ce code soit aujourd’hui tombé en désuétude, le non-conformisme de genre continue d’éveiller la méfiance; ne pas avoir l’air d’un ‘vrai’ homme ou d’une ‘vraie’ femme est perçu au mieux comme une amusante bizarrerie, au pire comme un signe de déséquilibre, sinon de perversité. Il n’y a guère d’exceptions à la règle. Même dans le très beau film Le secret est dans la sauce (dont le titre original en langue anglaise est Green fried tomatoes). Il est frappant de constater que le personnage principal, une jeune femme androgyne, voire masculine, est devenu très féminin avec les années, comme si tout devait rentrer dans l’ordre afin de rendre ce personnage vieillissant, joué par Jessica Tandy, encore plus sympathique aux yeux du public.


Responsable du site : Lucie Sobek


Avis de lecteurs - note moyenne : 0
Merci de donner une petite note sur ce texte :
j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre