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« », une petite histoire imaginée par danielle

1 La section "TRANS" 3 danielle tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:47 par Danielle



La transformation

Une douce mélodie, provenant de je ne sais où agissait à titre de réveil-matin, et me tira de mon profond sommeil. Je regardai ma montre. 4h30 du matin, heure locale. Les yeux encore mi-fermés par le sommeil, je me dirige vers la salle de bain pour me passer le visage à l'eau froide, le temps de rattraper mes idées. Sur le comptoir, une salopette blanche, comme celle que portent les techniciens de laboratoires, ainsi qu'une note. On me recommande de prendre une douche et de me faire une première application du produit contenu dans la mystérieuse bouteille de l'armoire de pharmacie. Selon les instructions, je dois être prête pour 5h30, rencontre avec le médecin de la base, puis, petit déjeuner.

C'est donc avec délice que je sens cette eau tiède me caresser le corps. Imaginez, pas de douche depuis trois jours... Puis, me séchant soigneusement, je commence l'application du produit contenu dans la mystérieuse bouteille. Si le produit est d'un rouge foncé à son application, il devient vite transparent au contact de la peau. Une douce senteur de jasmin s'en dégage... rien de déplaisant, au contraire, on dirait une crème relaxante.

Comme l'armée ne m'a pas laissé de sous-vêtement masculin, j'enfile une petite culotte en Lycra blanche prise dans le tiroir de la commode qui me va à merveille, puis passe la salopette blanche, tel qu'on me le demandait. Restait à attendre.

À 5h30 une douce voix féminine, informatisée pensais-je, me signale de gagner le couloir et de suivre le groupe. Un militaire en salopette, mais rouge celle-ci, nous y attend. Les six "volontaires" du voyage y sont. Après la traversé de plusieurs couloirs, encore, nous arrivons à une salle d'attente. Je prend donc un siège. Sur une petite table, des revues, dont une qui attire mon attention: "La transexualité par miritoriaxie". Comme je dois attendre, je feuillette la dite revue. Stupéfaction, on y explique brièvement que notre force militaire peut modifier n'importe quel atome d'une masse et, par le fait même, procéder à des transformations autant sur un objet que sur l'être humain. C'était donc ça, je participais sans doute à une sorte d'expérience militaire qui, peut-être un jour, pourrait s'appliquer dans une guerre quelconque.

Je vis des photographies d'hommes, genre "avant et après". Je dois dire que les résultats étaient étonnants. Non seulement on pouvait changer le sexe d'une personne, mais on pouvait aussi lui donner la structure osseuse voulue. D'un homme de deux mètres, on pouvait créer une petite femme de un mètre cinquante. Mais, dans quelle aventure étais-je embarquée, moi, qui ne voulait en fin de compte que retrouver cette identité féminine qui dormait profondément en moi depuis toujours.

Puis vint mon tour. On me fit pénétrer dans une grande pièce où trônait une multitude d'appareils scientifiques. Le médecin me fit prendre place dans une chaise qui ressemblait vaguement à celle de mon dentiste. Deux militaires, en salopettes rouge eux aussi, me fixèrent une bande autour du front et des poignets.

"Demeurez calme "TRANS672"", me dit alors le médecin. "Ces bandes sont des senseurs qui me permettront de déterminer exactement la procédure à suivre pour votre transmutation. L'examen est inoffensif et sans douleur" prit-il soin de préciser. En effet, je sentais bien quelques légères impulsions électriques me traverser le corps, rien de désagréable ou de douloureux. L'examen dura à peine dix minutes. Entre-temps, j'observais plusieurs ordinateurs où, sans doute, devaient s'enregistrer une multitude d'informations sur ma "composition chimique" et sur mon métabolisme.

"La transmutation sera aisée, vous êtes dans une forme splendide" jeta alors le médecin qui était demeuré silencieux depuis le début de l'examen. Puis, vint une série de questions sur mes antécédents médicaux. Je savais bien qu'il tenait déjà en main toutes les informations requises puisque cela faisait plus de vingt ans que je faisais parti des forces armées de mon pays, mais je cru bon de répondre à la multitude de question: grippe, opérations, maladies vénériennes (s'il en était) etc, vous devinez la suite...

Puis, sur l'ordre du médecin, deux militaires me demandèrent de les suivre. "Nous nous reverrons bientôt "TRANS672", vous êtes un sujet parfait" furent les dernières paroles du médecin. Je sortis par une autre porte, au fond de la pièce.

En quelques minutes, je me retrouvais à la cafétéria où l'on me servit un déjeuner digne d'un roi. Cependant, quelque chose me sembla étrange. Même si les aliments que l'on me servait n'étaient pas les mêmes que ceux servis sur le SAK-329, j'y retrouvais un certain arrière goût familier. "Et si on tentait de me droguer, pour faire de moi une sorte de tueur fanatique ou autre chose du genre?" pensais-je. "Bof, et puis après, on verra bien" terminais-je mes pensées craintives tout en m'affairant à dévorer les succulents oeufs au plat et les grillades qui garnissaient mon assiette.

Bien sûr, je me retrouvais aussi à la même table que mes compagnons d'aventure. Certains parlaient librement, les autres n'ouvrirent pas la bouche une seule fois. Tout près de moi, le petit jeune homme roux avec lequel je m'étais lié d'amitié. Autre chose étrange, s'il en est une, sa joue ne portait aucune marque de la taloche que la grosse bête lui avait assené la veille... Lui mentionnant le sujet de ma surprise, il me répondit simplement que l'échymose avait totalement disparue à son réveil.

Suite à ce repas, généreusement arrosé d'un délicieux café bien sucré, nous passions dans une pièce qui me sembla une aire de repos... tout pour les loisirs: tables de billard, tables et jeux de cartes, des jeux de société, des livres et aussi des ordinateurs. Une brève incursion sur les rayons de la bibliothèque confirma ma pensée. Tous les livres traitaient de transexualité et on y retrouvait aussi des traités de psychiatrie, bref, de quoi mieux nous informer. Étrangement, aucun des livres ne traitait de la méthode dont j'avais pris connaissance dans la salle d'attente du médecin.

Le petit jeune homme roux (TRANS679) me pris à part et me conta ses craintes face à sa future vie de femme. Né de parents alcooliques, il avait été placé en bas âge chez une tante à l'esprit ouvert qui acceptait tant bien que mal qu'il porte de temps à autre les mêmes petites robes que ses cousines. Le cas classique quoi. Après tout, en était t'il pas la même chose pour moi.

J'aimais bien ce jeune homme et je ne sais pourquoi je m'attachai si facilement à lui. Il me confia qu'il s'appellerait Roberta, lorsque sa transformation serait terminée. C'était le prénom de sa tante et il tenait à le conserver, à en prolonger la mémoire. Nous avons ainsi parlé près de deux heures, nous confiant l'une à l'autre.

En après-midi, nous recevions la notice que la transformation commencerait vers 14h00. Nous fumes donc confinés à nos chambres jusqu'à ce que l'on vienne nous chercher. J'en profitai pour défaire ma valise et tout ranger soigneusement. J'admirai longtemps une belle petite robe de velours noir que j'avais bien hâte de porter. Oh, bien sûr, je l'essayai avant de la ranger. Mais, comme je n'avais pas de seins pour la remplir, elle ne tombait pas trop bien sur moi. J'essayai aussi les splendides escarpins, justes à ma pointure, qui allaient accompagner ma petite robe. Une fois tout rangé, il ne me resta que la seringue empoisonnée que je plaçai soigneusement dans le tiroir de ma table de chevet. "Il faudra que je me renseigne pour savoir si quelqu'un l'a déjà utilisé pour quitter ce monde" pensais-je craintivement.

14h00, on frappe à la porte. Une voix que malheureusement je reconnu m'appella: "Si vous voulez bien suivre votre chevalier, belle demoiselle" commença-t-il. Ouvrant la porte en serrant les dents, je retrouvai la "chose" qui nous avait accompagné lors de notre débarquement à l'aéroport. L'être affreux portait maintenant une salopette vert foncé, ce qui me fit intérieurement sourire puisqu'il ressemblait maintenant à un gros sac à ordure sur deux pattes. Il en avait d'ailleurs l'odeur.

"La demoiselle s'en va voir son esthéticienne et va passer à l'épilation" ricana-t-il tout en me précédant dans l'étroit couloir. Plus que jamais j'ai eu envie de lui mettre un bon coup de pied dans ce qui lui servait de derrière, et je me retint de peine et de misère. Mais, mentalement, je le fis des centaines de fois.

Voilà, comme me le disait la "chose", j'allais débuter les séances d'épilation. Pourtant, dans cet univers futuriste et scientifique, je me doutais bien qu'on n'utiliserait pas les mêmes méthodes que j'utilisais pour me faire régulièrement les jambes. Je songeais bien qu'on utiliserait le laser, mais cela me semblais trop simple pour cette aventure fantastique. Monique Laforge allait commencer à vivre ce jour même.

La "chose" se rangeât de côté pour me laisser passer par une porte grande ouverte. "Après vous gentille demoiselle" me lança-t-il. Combien j'aurais voulu lui faire ravaler son disgracieux sourire, mais, une future dame ne doit pas agir ainsi. Je devais, peu à peu, oublier mes réactions toutes masculines pour faire place à celles d'une femme. Pourtant, il n'entra pas dans la pièce, se contentant de refermer la porte derrière lui et je crus entendre son rire gras décroître au fur et à mesure qu'il s'éloignait dans le couloir.

Plusieurs personnes se trouvaient dans la pièce. Ce qui attirait mon attention, surtout, ce fut cette table recouverte d'un dôme de verre et entourée d'une multitude d'appareils tous les plus étranges les uns que les autres. Le médecin de la base m'accueillit et me demanda de me déshabiller. C'est sans aucune honte que je me retrouvai avec ma seule petite culotte de Lycra, qu'il me fit enlever aussi.

"Nous utilisons le nucléaire dans tous nos traitements" débutât-il son exposé. "Ainsi, en une seule opération de quelques secondes, nous vous enlevons tous les poils et les cheveux de votre corps et nous remplaceront ceux qui, disons-le, devrons se retrouver sur le corps d'une dame". "Le traitement est cependant douloureux, mais de très courte durée, à peine quelques secondes". "La chute des poils est définitive et jamais ils ne repousseront. Vous serez ainsi débarrassée de cette tâche ingrate qu'est l'épilation" ajouta-t-il avec un sourire complice.

Deux assistants me firent étendre sous le dôme de verre et me remirent un étrange petit appareil. "Vous devez tenir cet appareil constamment à la main et si la douleur devenait intenable, vous appuyez sur le bouton. Tous le processus s'arrêtera instantanément et nous recommencerons une autre fois" me dit-on.

"La douleur durera à peine cinq secondes, mais elle sera terrible" me confia le médecin. "Après, vous ne ressentirez plus rien pour les soixante autres secondes et le traitement sera terminé" conclut-il. Enfin, on me couvrit les yeux de ces petites lunettes semblables à celles que j'utilisais dans les studios de bronzage et on referma soigneusement le dôme de verre au dessus de moi.

Presque immédiatement, je sentis plus que ne vis, une brume froide se répandre autour de moi et ce que je redoutais se produisit. En une fraction de seconde, je sentis l'effet de millions de petites aiguilles me transpercer le corps et une chaleur intense à la fois. Je m'imaginai alors que je ressentais ce qu'aurait perçu une personne placée dans un four à convexion. Intérieurement, je comptai les secondes: 1, 2, 3, 4, 5, la douleur était réellement insoutenable, même pour moi qui en avait fait ma compagne lors de séances de tortures dans un état d'Amérique du Sud il y quelques années. L'espace d'une seconde je pensai à appuyer sur le bouton, mais je ne le fis pas. Ensuite, comme l'avait dit le médecin, toute douleur disparut comme elle était venue et une douce sensation de bien-être m'envahie. Je sentis que la brume froide se retirait. Maintenant, je savais bien que l'opération avait réussie.

On ouvrit le dôme de verre et m'aida à me relever. Je retirai les lunettes de protection et regarda autour de moi. Le médecin s'approcha de moi et, avec une évidente satisfaction, me complimenta sur mon endurance. Il me tendit alors un miroir dans lequel j'eus peine à me reconnaître. Je n'avais plus de cheveux, plus un seul poil sur le corps. Mais, grâce aux lunettes, j'avais conservé mes cils.

"Traitement réussi, reconduisez "TRANS672" à sa chambre pour qu'il se repose" conclut le médecin s'adressant à ses assistants et se frottant les deux mains de satisfaction.

à suivre: Le vrai changement


Responsable du site : Lucie Sobek


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