Treizième semaine à la base. J'étais au repos depuis presque huit jours maintenant. A la cafétéria, j'ai enfin pu rencontrer cinq de mes six compagnons d'aventure. Le sixième, pour une raison encore obscure, avait fait usage de la mortelle seringue après six semaines seulement. Comme nous vivions généralement isolées les unes des autres, personne n'en a vraiment connu les raisons. Mon jeune homme, jadis roux, est à peine reconnaissable. Il me plaît encore plus... pourtant je ne devrais pas, il sera bientôt Roberta.
J'ai enfin atteint ma taille définitive de un mètre soixante-dix, et un 95 C rempli à merveille mes soutien-gorges. Mon poids s'est considérablement réduit, jusqu'à devenir parfait pour ma taille. J'ai une taille fine et des hanches fantastiques... même mes traits masculins ont disparut: nez plus fin, mâchoire moins prononcée, etc. Même que, un bon matin, je m'appercu que je n'avais plus de "pomme d'adam" cet appendice du cou qui peut être si trahissant lors de mes sorties en fille.
Mes travaux avançaient en programmation du nouveau module américain. J'y travaillais plus de dix heures par jour. Dans ce domaine, aucune erreur n'est permise. Je vérifiai donc, constamment, toutes les données que j'inscrivais sur une toute nouvelle puce à base de Carbone 48. Une ou deux fois par jour, un ingénieur venait vérifier et contre vérifier mon travail. Tout semblait parfait.
Lors de mes rares périodes de loisirs, je tentai autant bien que mal d'obtenir une communication extérieure à partir d'un des ordinateurs de la salle de repos. Les seuls sites accessibles par le réseau étaient de types militaires ou pédagogiques. Aucun courrier électronique n'était disponible. Aucune façon de franchir la barrière de sécurité, même pour moi, un crac de l'informatique et des communications. "On doit certainement utiliser le fameux programme PIX" songeais-je. Les seules personnes autorisées à franchir cette barrière sont les autorités premières de chaque pays membre de la Fédération Mondiale. Je n'avais pas travaillé au programme PIX, et je n'en connaissais que peu de choses. Je savais ce qu'étaient des travaux TOP SECRET... chaque section est indépendante de l'autre et ne peut en apprendre plus qu'il ne faudrait.
Lundi le 13, une notice électronique m'attend sur mon ordinateur... fin des travaux pour moi. Un autre programmeur terminerait la programmation du module à partir d'où j'en suis rendu. Secret oblige! Aussi, la "chose" est revenue dans le décor. Je l'ai bien vite apprise quand un beau matin, il est venu me chercher pour rencontrer le médecin. Je la sens encore à plein nez. J'ai su, entre les branches, que la "chose" s'appelle Mirkina. Il est le résultat des premières expériences qui, il ne faut pas se le cacher en regardant sa physionomie, ne furent pas un grand succès. C'est sans doute pourquoi il demeure si sarcastique (par jalousie peut-être) envers celles qui se dirigent vers la transmutation totale réussie. Et comme toute transmutation est irréversible, le médecin n'a pu faire mieux.
Hier, j'ai cessé l'application du produit contenue dans la bouteille rouge de la salle de bain. Et, peut-être me fais-je des illusions, la nourriture semble avoir un meilleur goût. Il ne me reste que deux phases à subir pour devenir définitivement Monique Laforge. Les cheveux, puis l'opération finale. Le médecin m'avait expliqué, lors de notre précédente rencontre, que le résultat final était parfait. Il a bien insisté sur le mot PARFAIT, sans m'en dire plus.
A mon réveil ce matin, toujours par la douce mélodie et la voix féminine de synthèse, on m'a apporté une salopette orange. Mais, cette fois, le nom de Monique L est nettement inscrit sur la poche ventrale. "C'est bon signe pour moi" songeais-je. "J'approche enfin de ma vrai personnalité féminine". La voix de synthèse, mielleuse, me fait prendre note de me présenter à la salle 28A à 17h00 précise. Il est à peine 15h00, j'ai amplement le temps de prendre un bain chaud et de m'habiller avant mon rendez-vous. La salle 28A se trouve à l'autre extrémité de la base mais je connais maintenant assez les lieux pour m'y rendre aisément. La lotion parfumée à l'orchidée que j'utilise pour le bain me fait le plus grand bien. Je relaxe, je suis heureuse et bien dans ma peau de femme presque totale. Au travers de la mousse, je regarde mon organe mâle me disant que, bientôt, j'en serai définitivement départie.
Avant l'opération finale, on nous offre de se servir une dernière fois de notre organe mâle. En effet, on met à notre disposition des prostituées dites "militaires" pour sa dernière utilisation. J'ai refusé. Après tout, ne suis-je pas femme?
16h30, il est temps de me diriger vers la salle 28A. C'est aujourd'hui que l'on utilise le processus de repousse des cheveux. Les poils pubiens viendront après l'opération finale. Je traverse aussi la cafétéria en vitesse, accrochant un sandwich et un verre de lait à la volée... je mangerai plus tard en soirée. A peine le temps de saluer mes compagnons au passage... Je ne tiens plus en place et j'ai fortement envie de voir le résultat. Imaginez, presque quatorze semaines sans me coiffer ni me raser.
17h00 précise! J'ouvre la porte de la salle 28A. "Dites donc, mademoiselle Laforge, vous vous faites attendre pour vos rendez-vous" me lance humoristiquement le médecin. "C'est bien ça! Toute femme qui se respecte sais se faire attendre" pouffa t'il sympathiquement. Je remarquai que, cette fois, il n'était pas seul. En effet, cinq autres personnes (qui devaient eux aussi être médecins si j'en juge par leur salopette argentée) l'accompagnent. Après de brèves présentations, par leurs numéros comme il se doit, il m'explique le processus que j'aurai à traverser pour la repousse de mes cheveux.
"Pour les trois prochains jours, vous devrez porter ceci" me confiât-il en me montrant un casque qui ressemblait vaguement à un intégral de motocycliste, mais sans visière. Tout un appareillage miniaturisé s'y trouvait accroché, mais, curieusement, il était d'une extrême légèreté. Je reposai ensuite soigneusement le casque sur son socle et attendis les instructions du médecin.
On me fit dévêtir complètement, dévoilant mes formes toutes féminines, puis je dus m'allonger sur la table de travail. J'y étais confortable, avec un coussin spécialement conçu pour me tenir le cou en position idéale. "Nous devrons cependant, pour la première fois, procéder en vous anesthésiant totalement." mentionnât un médecin caché sous son masque de chirurgien. "Ne vous en faites pas, vous ne dormirez que quelques minutes, juste le temps de vous empêcher de ressentir quelque douleur que ce soit" terminât-il en s'approchant de moi avec une seringue hypodermique de bonne taille. Mais, j'en avais vu d'autre. Après m'être complètement relaxée, je sentis l'aiguille s'enfoncer dans mon avant-bras. Une brume blanchâtre passa devant mes yeux et, déjà, je n'entendais plus rien autour de moi. Je m'endormis presque instantanément dans une paix totale.
Je me souviens d'avoir fait quelques rêves, le temps de l'anesthésie. Dans un premier de ceux-ci, j'appliquais de solides coups de pieds au derrière de la "chose" et, à chaque coups, il embellissait. Au dernier coup de pied, il se retourna face à moi... il avait maintenant mon ancien visage, celui de André Fortier. Dans un autre rêve, j'étranglais le Major 1, chef du "Conseil". Plus je serrais mon étreinte, plus je voyais ses cheveux pousser. S'en suivit d'autres rêves plus ou moins anodins dont celui où mon jeune homme roux me demandait en mariage. Il n'était pas devenu une femme, il était resté lui-même. Dans ce rêve, j'entendis le pasteur me demander si j'acceptais de prendre Sylvain, de son vrai nom, comme époux. Comme je ne répondais pas, étourdie par mon bonheur, le pasteur répéta plusieurs fois...
Mademoiselle Laforge.... Mademoiselle Laforge... et, soudain... j'ouvris les yeux.
La première chose que j'apperçu, fut le visage d'un homme relativement âgé. Il portait une fine barbe et un sarrau blanc. Mais, pour la première fois depuis des mois, je vis un nom inscrit sur un badge où trônait un petit drapeau Français: Docteur Robert Laporte.
Encore dans les vapeurs du sommeil, je l'entendis plusieurs fois m'appeler: Mademoiselle Laforge... Mademoiselle Laforge... Enfin, je sortis totalement du sommeil et je pu lui répondre. "Mademoiselle Laforge, il est grand temps de vous réveiller" commençât-il. "Vous devriez pourtant être parmi nous depuis deux jours" ajouta-il. Deux jours? Il avait bien dit deux jours?
"Je suis le Docteur Robert Laporte, de l'Institut Européenne de génie militaire. Vous voilà enfin à la fin de votre processus de transmutation physique" mentionnât-il. "Il nous reste encore le processus psychologique à travailler ensemble." terminât-il.
Le processus physique est terminé? Par une simple pousse de cheveux? "Il me semble qu'il reste encore la plus grande partie à faire Docteur, non?" lui demandais-je enfin. Comprenant où je voulais en venir, il me pris délicatement la main et la posa lentement sur mon sexe... qui n'étais plus là... A la place, j'y retrouvai une touffe de poils, soigneusement épilée. Je n'en croyais pas mes mains, ni mes yeux... J'étais enfin une femme totale.
Une multitude de questions me virent à l'esprit. Je n'étais entrée en salle 28A que pour la repousse des cheveux et, plusieurs jours après, me réveille en femme totale. Aucune douleur, aucune cicatrice. Rien ne laissait présager que j'avais déjà été un homme.
Me levant rapidement, je me dirige, complètement nue, vers le grand miroir de la salle de bain. Je failli m'évanouir en m'y regardant. Ce que je voyais dans le miroir, c'était une belle grande brune au corps parfait et à la chevelure abondante. J'avais même de beaux grands ongles, soigneusement vernis d'un rouge flamboyant, et un anneau d'or ornait chacune de mes oreilles. Jamais je n'avais imaginée me voir si belle, si parfaite. J'en frémissais de plaisir. Par la porte entrebâillée, j'entendis le médecin Français rire de tout son coeur. "Eh bien! je vous laisse à votre découverte, je repasserai demain" déclarât-il, d'un accent nettement du midi de la France, en me souhaitant une belle journée.
Encore étourdie par l'émotion, je pris plusieurs minutes pour tenter de comprendre comment cela avait il été possible. Mais, surtout, à regarder ce corps magnifique de femme dans le grand miroir, ce corps qui était maintenant définitivement mien. Bien sûr, je laissai mes doigts s'égarer à l'endroit stratégique de l'entre-jambe. Tout était là, normalement constitué pour la femme que j'étais.
Sur le bureau de ma chambre, je vis une salopette bleu clair, signe de la transformation finale. Je voulais en savoir plus, montrer ce chef-d'oeuvre physique à toutes mes amies de la base. Pour l'occasion, je revêtai un ensemble de soutien-gorge et petite culotte bikini de couleur vert menthe, puis passa la salopette bleue. C'est à ce moment seulement que je vis le petit magnétophone sur ma table de chevet. Une notice l'accompagnait: "Veuillez prendre le temps de bien écouter ce que j'ai à vous dire". La notice ne portait pas de signature, mais je devinais qu'elle provenait du médecin chef de la base.
Qu'est-ce qui pouvait m'attendre sur la bande magnétique?
Quel secret allais-je apprendre? Si secret il y avait.
J'osais à peine appuyer sur la touche "PLAY" et mettre en marche la petite machine.
À suivre: Le secret