Nadine
(publié: 16-10-2004, 9:08 )Qui suis-je ? Bonjour, je m'appelle Nadine, ai 30 ans, 1,80 m pour 70 kg. Les atouts de la femmes m'ont attirés depuis mon plus jeune âge. Mais réellement depuis mon adolescence, suivi d'un baisse puis une reprise grandissante ces dernières années.
Côté vestimentaire, je suis toujours habillée en femme. Attention, pas maquillée avec des faux seins et gesticulant comme une "grande dame". Non, j'ai toujours des sous-vêtements de femmes, des pantalons de femmes (mais PAS rose bonbon ou vert fluo !) des pulls, t-shirts de femmes, des collants et des chaussures de femmes (pas des escarpins, mais des petites chaussures, parfois à talon, colorées pour l'été et des bottes dans toutes les grandeurs et formes pour l'hiver). Je travaille comme ça, je vis comme ça. Les personnes attentives pourront toujours remarquer que la coupe de mes vêtements et les chaussures sont pour femmes.
Comme je le précisais ci-dessus, je mets des collants ou des mi-bas, rarement des chaussettes. Comme le dessus du pied et/ou les maléolles sont découverts, on peut appercevoir aisément que j'ai des collants. Ça m'amuse.
De plus, au travail (dans des bureaux), je porte des chaussures de femmes : sorte de sabot avec un talon de 6 cm de hauteur. D'abord les gens jetent un coup d'oeil, puis se rassurent parce qu'ils voient que c'est moi. Ils me connaissent. Je porte des manteaux cirés, sans que quelqu'un en soit surpris.
Mentalement, je suis sympa (c'est les autres qui le disent, mais je les crois), tantôt introvertie, tantôt extravertie. Tout dépend de l'entourage. J'aime surtout l'intimité. Je suis une grande bricoleuse, je m'intéresse et fait beaucoup de choses : couture, dessins, travail du bois et du métal, réparations en tous genre, fabrication de n'importe quoi, ... Souvent on me dit que je suis une artiste ou on me demande comment je fais pour fabriquer, avoir ces idées. Pour moi ces activités sont des moyens de me détendre, de concrétiser toute l'imagination que j'ai.
Mais parfois, je crois que je fais tout ça, simplement pour oublier.
Oublier que dans ma tête, il y a une envie d'affirmer ma féminité, de porter des vêtements de femmes, de me comporter et d'agir comme une femme. Je ne sais pas qui je suis.
- Premièrement, je n'arrive pas à m'identifier en tant qu'homme ou en tant que femme. En effet, je ne connais personne qui cumule les loisirs, les intérêts, cette rage de faire quelques chose, de concrétiser ses rêves, ses envies, simplement les fruits de son imagination.
- Deuxièmement, certaines activités sont "typiquement" hommes, tandis que d'autres sont femmes. Je me sens plus à l'aise avec des femmes qu'avec des hommes. En effet, j'arrive mieux à tenir une conversation avec des femmes qu'avec des hommes. C'est clair, ce n'est pas toujours ainsi, mais une généralité. Je ne supporte pas que l'on dise " vous les hommes ..." lorsque l'on m'intègre dans le lot. J'ai envie de crier " Eux, les hommes ...". Et lorsqu'ils répondent "... vous les femmes ...", j'ai bien envie de dire que si la femme est vu sous cet angle, c'est bien un homme qui regarde.
- Troisièmement, j'aime tout ce qui est beau. La beauté est relative, chacun et chacune a ses idées. Mais d'une manière générale j'aime bien être et ce qui est coquet, faire quelque chose de joli et pratique, avoir le petit "plus" qui fait terminé. Bref, la cerise sur le gâteau.
Dans bien des cas, les hommes diront que j'en fait trop, peu importe le domaine. Pour les femmes, ce que je fais est naturel, il n'y a pas d'exagération. Dernièrement je me suis fabriqué un manteau en ciré réversible, sans modèle, simplement en le dessinant suivant mes mesures et mes idées. Toutes mes copines et amies étaient étonnées, voire même un peu dégoûtée que je puisse le faire comme ça, comme bon me semble. Bien sûr, toutes me félicitaient franchement. Une, connaissant mes "dons", m'a même avouer que j'avais des doigts de fée. Ca fait énormément plaisir.
Par contre, pour les copains et amis, je ressens une certaines distances. Ils admire le travail, mais je sens qu'il se pose une question du genre "Mais qu'est-ce qu'il a ? Il est pas net, c'est impossible", "Mais comment il fait ?" Je voudrais ouvrir une parenthèse. Vous devez vous dire que la modestie est quelque chose que je ne connais pas et que ma qualité première est le narcissisme. Non et non, je vous promets que non. Et pour moi, une promesse est une promesse, même si nous ne nous connaissons pas (encore) et même sur Internet. Je ferme la parenthèse.
Je reviens à mes moutons. Comme j'aime les jolies choses, j'aime énormément les vêtements de femmes et ceci pour plusieurs raisons. Il y a plus de types de matières utilisées, les couleurs et les mélanges sont tellement plus jolis, ils existent beaucoup plus de sortes de vêtements. La comparaison est très simple à faire : prenez un catalogue de mode, et compter le nombre de pages pour les articles pour femmes et ceux pour hommes. Sur 500 pages, il y a 450 pages pour femmes. J'exagère un peu, mais il y a bien une différence !
- Quatrièmement, j'ai une ENORME envie d'avoir une poitrine. C'est beau, c'est doux, tout rond, tout "moelleux". Certains diront que j'ai un problème du côté maternel, mais je ne les écouterai pas, c'est pas vrai. Toc ! C'est tellement jolie ces petites formes qui sautilles, qui bougent, qui vivent !
Le pire (ou le bonheur pour les "copines") est la chose suivante :
J'ai déjà mis des annonces coquines dans des revues X, avec ma photo. Je reçois toujours plusieurs lettres d'hommes me déclarant qu'ils rêvent à moi, qu'ils phantasment sur mon corps et parfois tombent amoureux. D'autres travestis, n'ayant pas le physique aussi féminin que le mien (ou ayant plus (+) un physique d'homme que moi) pensent à moi lorsqu'ils sortent habillés en femme, m'envient et m'encouragent d'aller plus loin, d'aller jusqu'au bout des mes envies (ou besoins ou idées ?) : d'avoir des seins, de vivre comme une femme, 24h sur 24h, pour moi et pour ELLES. J'ai reçu des lettres qui m'ont très touché, par leur sincérité, par leur souffrance ou leur rêve.
Lorsque je montres quelques photos à des amie et amis : les femmes m'en veulent parce que, d'après elles, je suis mieux fait (sic) et les hommes me trouvent "bandant". Excusez-moi du terme, mais c'est le mot utilisé.
Je résume :
o pour tout ce que je fais : homme
o mais intérêts et plaisir de faire des choses "pour femme" : femme
("pour femme" selon une personne "normal")
o plus à l'aise avec les femmes : femme
o je n'ai pas les attributs de la femme : homme
o je suis trop fine pour être un homme : femme
o j'ai envie d'avoir des seins : femme
o En ayant jamais pratiqué l'homosexualité, je préfère les femmes : homme
o Les hommes me trouvent désirable : femme
o Les femmes envient mon corps : femme
o ...
J'en déduis : "Qui suis-je" ?
Femme ? Homme ? Lutin ? Unisexe ?
Tout ça ne m'aide pas, vraiment pas du tout. Il y a plus de tendance "femme" que "homme". Alors optons pour être une femme. L'histoire se corce.
Je vis avec une amie, une vraie, un tout petit peu moins jeune que moi, depuis 6 ans.
Elle représente tout pour moi. Elle est d'un telle gentillesse et bonté, qu'elle est prête à beaucoup de choses pour aider quelqu'un, moi en premier (j'insiste pour le "moi", vous comprendrez plus tard). Elle, Noursy (son surnom), m'a pris comme j'étais physiquement (je ne fais vraiment pas d'envieux) et moralement. A l'époque je n'étais pas autant "efféminée". En me comprenant et comprenant que je souffrais d'une certaine manière, elle m'a laissé une certaine "liberté d'expression". Mais jusqu'à une limite. "Faut pas pousser !" Vous devinez, de temps en temps, je pousse.
Mon amie veut un homme pour sortir, pour vivre, pas une femme. Je la comprends 100 %. C'est normal. Mais moi je fais quoi ? Elle est à mes petits soins quand je suis malade, elle me fait mes courses, elle me chouchoute, elle mérite tant, que moi, par reconnaissance je devrais lui donner ce qu'elle demande. C'est honnête, encore normal et suis encore 100 % d'accord. Mais alors mon "moi" ...
- Est-ce que, égoïstement, je décide d'être femme au risque de décevoir celle qui m'aime, celle qui me comprend en partie, celle qui m'encourage lorsque j'en ai besoin, celle qui me console quand ça va mal ? Simplement, perdre mon Amie, celle qui croit en moi ?
- Ou je me force de ne pas dépasser certaines limites, de souffrir par amour pour elle, et d'être en conflit avec moi-même, de ne plus me reconaître, de ne plus être moi-même ?
- Mais qui suis-je ?
- Un monstre, un ange, un être tout à fait normal ? Ou quelqu'un de complétement spécial, un espèce extrèmement rare qui doit se débrouiller pour (sur)vivre ?
- Que dois-je faire ?
- !?!?
Le doute est de plus en plus grand, la peur de tout briser à cause des mes idées, de mes envies. Le pire, je m'en veux, parce qu'elle ne mérite pas de vivre avec quelqu'un comme moi. Elle mérite mieux. C'est difficile. Et en plus, nous sommes tellement attachés l'un à l'autre. Chacun apporte tellement à l'autre ...
Le plus comique, comme mon amie, ma famille, mes connaissances, mes collègues me connaissent avec ce caractère, ces goûts et cet aspect vestimentaire, ils se poseraient plus (+) de questions sur mon sujet le jour où je mettrai (même que ce sera jamais) une cravate qu'en temps normal. Bizzare, non ?
Si je fais ce qu'il me plaît, je suis heureux puis malheureux car je brise le couple.
Si je ne fais pas, je concerve notre couple, mais je reste intérieurement malheureux.
Que faire ?
Il me semble qu'il n'y a pas d'issus, que je dois me poser cette question pour toujours. Pour toujours, NON ! Le temps vient aussi mettre son grain de sel. Encore 10 belles années en femme. (Je ne cherche nullement démoralisé quelqu'un, mais soyons réaliste, des travestis de plus de 40 ans, je n'en ai jamais vus). Plus j'attends, moins j'ai de chance de m'épanouir pleinement mais plus je préserve notre couple.
Et si elle me laissait, un jour, parce qu'elle s'ennuierait, parce que je ne la ferais plus rire, parce que je serais malade, ... Aurais-je perdu "mon temps" ? Ce temps précieux pour vivre, pour exister. Ce temps, aussi infime soit-il, qui pourrait faire mon bonheur ou mon malheur.
Je ne veux pas être pessimiste, démoralisateur, j'essaie d'être honnête avec moi-même et avec la personne avec qui je partage ce chemin.
J'aimerais encore dire que je suis consciente de la chance que j'ai :
o d'avoir une amie qui me comprenne, même si elle ne me laissent pas faire tout ce que j'ai envie.
o d'avoir une amie qui m'écoute
o d'avoir une amie qui à ses défauts et ses qualités
Sachant qu'elle ne lira pas ce texte, je tiens quand même à la remercier de tout coeur.
Pour toutes les copines : Continuons, un jour nous seront comprises.
Amicalement, Nadine