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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Aude

Aude

(publié: 16-10-2004, 9:18 )

Que de chemin parcouru entre ce samedi 4 avril et ce lundi 4 mai où je commence la première des trois séances de mon évaluation, première étape de mon cheminement vers mon statut de femme à part entière. Que de chemin parcouru pour écrire mon histoire, enfin une partie de mon histoire, car la mienne débute en ce moment, tout le reste, tout ce qui précède n'a d'ailleurs pas beaucoup de consistance, ni de réel objet de satisfaction.

Bien sûr, il y a la réussite sociale, clé de voûte de mon existence actuelle, derniers freins avec les enfants au grand saut vers l'inconnu, vers la femme que je suis intérieurement.

Que s'est il passé ce samedi 4 avril. À vrai dire peu de choses, mais l'aboutissement, la convergence de pleins de petits détails qui vous font passer du stade de la quête au stade du devenir.

Samedi 4 avril 1998, deuxième apparition en publique en tant que femme, la première date d'une semaine. Rencontre sur la rive sud du lac chez M. où étaient invitées C. et sa femme C. ainsi que K. C., C. et moi avions fait connaissance la veille sur les bords du lac à Lausanne Ouchy. Déjà elles savaient que je n'étais pas des leurs, mon comportement, ma position en tant qu’homme ainsi que mon désir de ne plus me cacher avaient déjà éclairés l'image qu'ils pouvaient se faire de moi.

Ce samedi, première sortie au supermarché du coin pour le ravitaillement du Week-end. Moi en femme, M. et K. en homme, un peu insouciante quoique tendue, mais tellement heureuse de sortir enfin. Tout s'est merveilleusement bien passé et j'ai même été saluée à la caisse d'un cordial « bonjour Madame » par un ami de M. Cette journée s'est bien trop vite déroulée, mais je ne me sentais pas aussi à l'aise que je me l'étais imaginée. J'avais l'impression de participer à une réunion de copains habillés en femme et qui prenaient un réel plaisir de la situation. Le mien était tout autre, je vivais enfin. Après 35 ans, j'étais enfin en accord avec moi même. Alors, le soir venu quand j'ai du reprendre la route pour chez moi, j'ai mis énormément de temps à redevenir un homme. Un cafard monstrueux m'a envahie et à partir de ce moment je savais que plus rien ne serait comme avant.

Cela m'a tellement perturbée, que le lendemain je demandais à ma mère de venir me voir pour une communication urgente.

Et le lundi midi, à sa descente du TGV, elle apprenait que son fils n'est pas un homme, mais qu'il se sent femme, qu'il est une femme. Dieu quelle écoute que j'ai eu avec elle ce jour là ! Moi qui ne l'avait jamais comprise, empêtrée que j'étais dans mes constructions, dans mes apparences d'homme, je découvrais en même temps le vrai visage de ma mère et ma réelle identité. Pour la première fois depuis plus de 25 ans je l'appelais "maman".

Oh, elle n'a pas été ravie d'apprendre cela, elle m'a dit de me raisonner, de penser à ma femme, à mes enfants, à ma situation sociale. Bref, un vrai pilonnage digne de mon psy. Mais rien n'y a fait, et elle commence à admettre la réalité de ma situation. D'ailleurs mes parents ont eu ces mots formidables "notre fils à des problèmes, nous l'aiderons du mieux que nous pourrons". Bien sur, ce sont pour le moment que des paroles, seul l'avenir nous dira si elles se concrétiseront. Ils existent tant d'exemples de consoeurs rejetées par leur entourage et ce à tout moment de notre long cheminement.

Seconde étape, la recherche du psy. Pas facile, facile. Nous n'intéressons pas grand monde et puis nous sommes si compliquées, si pleine d'incertitudes. Premiers contacts avec mon médecin de famille qui m'explique que l'équipe spécialisée dans le traitement de notre état s'est dissoute il y près de 4 ans et que depuis, mis à part l'Unité de gynécologie psychosomatique et psychiatrique du HUG à Genève, il n'y a pas beaucoup de pistes.

Alors, va pour Genève, ce n'est pas pratique, mais enfin.

Téléphone, prise de rendez vous, zut, 4 mai, dans 3 semaines, bon, il y a Pâques et ses vacances. Tant pis, de toute façon depuis le temps que je refoule tout ça, cela me laissera le temps de structurer mieux mes idées.

Je commence alors à lâcher tous mes freins, je deviens de plus en plus femme et de plus en plus mal à l'aise en tant qu'homme. Mes angoisses de la rue resurgissent et je n'arrive plus à me contrôler. C'est dans cet état que s'approche ma première possibilité d'être femme pendant plus de 3 jours.

Je suis invitée chez C. et C.

C'est en femme que j'arrive chez eux, sur les coups de 22h et c'est en femme que je suis repartie le mardi soir suivant. Seul intermède, la fête de famille où je suis redevenue un homme l'espace de 24h.

Trois jours à être enfin moi, à ne pas enfiler un quelconque vêtement masculin. Trois jours où j'ai multiplié les sorties dans les supermarchés, à l'extérieur et même dans une cours d'école enfantine à deux reprises.

Première sortie au restaurant, où nous avons été très vite décodées, mais cela nous apprends à relativiser et à accepter la bêtise des autres. Pas facile à accepter, surtout si l'on s'est mis dans la tête que tout est déjà fait. Mais juste remise à l'ordre. On ne naît pas femme on le devient disait Simone, et nous, nous les transsexuelles et bien comme toutes les femmes du monde il nous faut apprendre à être femme selon les conventions de la société. Il ne suffit pas d'observer et de mettre en pratique devant la glace, mais il faut aussi se confronter à la réalité du monde et à sa dureté. On ne nous fera pas de cadeau, autant se prémunir dès le début.

Premiers maquillage, pas facile le contour des yeux, mais il paraît que je me débrouille pas trop mal. Merci C.

Retour à la maison, quelques instants de bonheur encore et entrée en scène de la famille.

Je ne supporte plus l'hypocrisie de ma situation et le lundi soir 27 avril, j'annonce à ma femme que j'ai un problème d'identité de genre, bref que je suis une transsexuelle et que je débute dans une semaine mes entretiens d'évaluation.

Discussions, bi-ologues dignes de Kafka. Incompréhension mutuelle et surtout le reproche juste et réel d'être une menteuse, une salope qui préfère son idéal à sa famille et à ses proches. Mais comme plus rien n'existe entre ma femme et moi et que cela fait des années que nous nous opposons comme deux femmes, je n'en ai cure. Par contre, il y a les enfants, ils deviennent rapidement l'enjeu de la conversation et les mots divorce, à tes torts, interdiction de les voir sont vite là. La discussion se termine par une crise de nerf de ma femme, fin du premier épisode.

Seconde discussion, il me faut être sûre qu'elle comprenne bien la situation, car elle a tendance à me traiter d'homosexuel, de pédophile, j'en passe et des meilleures.

La discussion s'engage mal, elle a parfaitement compris où je veux aller, elle me crache à la figure que je peux me faire opérer et que de toute façon je ne suis plus rien pour elle. Je suis une nulle, une ratée sur tous les plans y compris sexuel. Bonjour la remise en place. Mais paradoxalement, elle souhaiterait ardemment que je renonce à ce désir, que l'on continue comme avant et que l'on fasse même un troisième enfant. Tristesse que tout cela, dire que son idéal de vie, c'est trois enfants, une belle maison, mais pour les sentiments, on peut s'arranger en étant hypocrite et se voiler la face, du moment que pour les autres on affiche sa réussite sociale. Drôle de vie que tout cela.

Lundi 4 avril, premier entretien, je suis tendue et j'arrive difficilement à laisser tomber le masque. Mais le psy a vite remarqué qu'en tant qu'homme je n'étais qu'un fantôme et il se demande même pourquoi ma femme m'a épousé si elle veut tant que cela avoir un homme, un vrai, à ses côtés. Bon, c'est son problème, pas le mien, quoique ?

Alors, il est trop tôt pour savoir si je suis réellement ce que je pense, il reste encore deux séances ainsi que le test psychologique qui détermineront la marche à suivre.

Pour le reste, je multiplie les rencontres, je commence à établir un réseau de relations, où ma vraie personnalité est reconnue. À chacune de mes apparitions, j'ai l'impression de progresser, j'essaye d'être plus naturelle, d'éviter de laisser libre cours à l'exacerbation de ma féminité si longtemps refoulée. Mais tout n'est pas joué, même s’il semble que je peux faire facilement illusion. Mais illusion n'est pas réalité, je me sens femme et veux être femme, pas une illusion. Aussi, il reste l'expérience à acquérir, la barbe à épiler et ces petites rondeurs que seul les hormones apportent.
Alors à suivre ....
Aude


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