barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Raymond

Raymond

(publié: 02-11-2004, 10:31 )

Chère Isabelle. Voilà quelque temps que j'ai découvert ton site et que je visite régulièrement ses différentes rubriques. J'ai dépassé la cinquantaine et depuis près de quarante ans, je suis attiré par les vêtements féminins. Le début de mon histoire ressemble à beaucoup de celles qu'on trouve dans la rubrique " La petite histoire de chacune ". J'ai passé par les stades où l'on se demande ce qui nous arrive, où l'on cherche le pourquoi de cette attirance et peut-être le moyen d'y échapper. J'ai connu des moments des moments d'incompréhension, de rejet, de condamnation. J'ai essayé de comprendre, de chercher, et pourtant, en fouillant librairies et bibliothèques, je me heurtais toujours à des notions de perversions, de déviances et autres bizarreries.
" Ce n'est rien d'autre que… de la perversion, de la déviance, etc… "

Je n'ai jamais pu adhérer à ces visions réductionnistes et il me semblait qu'il devait y avoir autre chose. Mais quoi ?

Avec le temps, et au gré de divers événements marquants et quelquefois douloureux de ma vie, d'autres questions se sont ajoutées à ces questions, des questions plus vastes, plus essentielles. La soif de savoir, l'envie de comprendre, ces questions rajoutées aux questions, tout cela m'a conduit petit à petit, depuis une bonne douzaine d'années, sur un chemin de plus en plus clair, de plus en plus lumineux. Bien sûr, comme chez tout le monde, la vie n'est facile tous les jours, mais, aujourd'hui, au fond de moi, il y a une joie, une joie profonde.

Et voilà qu'un jour, par hasard, j'ai découvert ton site.

Alors, Isabelle, permets moi tout d'abord de te féliciter pour ce magnifique travail de mise sur pied, d'organisation et de maintenance de ce site. J'ose à peine imaginer le nombre d'heures que cela représente régulièrement. Ce que j'apprécie surtout, ce sont ces qualités de respect et de tolérance que tu essaies de faire régner sur ce site. Et c'est peut-être cela qui m'a finalement décidé à t'écrire. C'est peut-être aussi Tawana qui se " travestit " dans son armoire et qui nous dit que c'est un enfer… et l'enfer, c'est aussi l'enfermement…

Alors, comment en sortir ?
Et d'où sortir ?

En parcourant les divers témoignages sur ce site, j'ai été frappé par cette affirmation qui revient très souvent : " la nature s'est trompée et m'a mis(e), moi essentiellement femme, dans un corps d'homme ". Et du coup, l'idée qui surgit consiste à trouver le moyen de donner vie à cette femme essentielle et à effacer l'homme qui l'hébergeait jusqu'alors. Curieusement, cette affirmation, ce désir de transformation plus ou moins profonde ou définitive ne se retrouve pas dans la même mesure dans les deux sens. Je ne suis pas très familier avec ce vocabulaire " travestis, transgenre H-F ou F-H ", mais il apparaît que les hommes qui veulent devenir femmes ou du moins apparaître comme des femmes sont beaucoup plus nombreux que le cas inverse.
Pourquoi ?
La nature se trompe-t-elle plus souvent dans un sens que dans un autre ?

Je n'ai pas la prétention de fournir une explication mais juste de proposer une piste qui pourrait peut-être servir à ouvrir un débat et de poursuivre cette réflexion.

En observant le monde autour de nous on est forcé de constater que notre époque a une fâcheuse tendance à tout cataloguer, à tout étiqueter, à tout diviser : on est de gauche ou on est de droite, on est pour ou on est contre, on est bête ou on est intelligent, on est homme ou on est femme. Oui, je suis homme, mais peut-être avant que d'être homme, je suis d'abord un être humain et peut-être que cet être humain a à intégrer un certain nombre de contraires qui ne sont d'ailleurs à ce moment là, non plus des contraires mais des complémentaires. Là, maintenant, il y a en moi une force de vie qui fait que si je me blesse ou que je me casse une jambe, ces tissus vont être réparés. Mais au même moment, il y a en moi une force de mort que les scientifiques vont appeler l'entropie et qui fait qu'un certain nombre de cellules se détruisent irrémédiablement et que j'avance vers ce qu'on appelle la vieillesse. Si je veux vivre pleinement, peut-être que j'ai à intégrer la mort dans ma vie, la conscience de ma finitude, et peut-être que, si un jour je veux mourir " heureusement ", je dois maintenant vivre pleinement ma vie. La science n'échappe pas non plus à ce genre de question puisque même nos savants contemporains les plus matérialistes se sont achoppés lorsqu'il s'est agit, par exemple, de déterminer la nature de la lumière. Est-ce une onde ou est-ce une particule. C'est incompatible, c'est l'un ou l'autre, cela ne peut pas être les deux à la fois. Et pourtant… Ils ont finalement bien dû convenir que la lumière était onde ET particule.

Et moi alors ? Quand je me regarde, je vois bien que j'ai des épaules carrées, le ventre peut-être un peu trop rond. Je dois me raser tous les matins. Dans mon tempérament, je suis assez décidé, assez actif. Bref, je ne peux pas le nier, j'ai bien les caractéristiques d'un homme. Et pourtant, il y a aussi de la douceur en moi, je peux être ému, je peux même pleurer. Et voilà que je me sens bien lorsque je porte une belle robe ou une jupe qui ondule autour de mes jambes. Manifestement, ce sont là des caractéristiques féminines. Pourquoi les opposer, pourquoi les refouler ?.

En observant encore, on remarque que le problème se pose beaucoup plus pour les hommes que pour les femmes. Il n'est pas du tout mal vu, pour une femme d'aujourd'hui, d'acquérir ou d'exprimer sa dimension masculine en étant une femme active, une femme battante, une femme en pantalon, et ceci tout en gardant sa féminité. Pourquoi la réciproque n'est elle pas vraie ? Est-ce dégradant pour un homme de s'ouvrir à la dimension féminine ? Est-ce un signe des temps, un problème de notre société occidentale qui met tellement l'accent sur le côté macho, le côté efficacité, rendement, action et qui en oublie la dimension plus contemplative ? Est-ce la conséquence d'une traduction un peu trop simpliste de nos livres sacrés qui veut que la femme soit un sous-produit de l'homme puisque tirée de la côte d'Adam ? S'il y en a qui sont intéressés, on pourra revenir là-dessus car c'est un sujet passionnant.

Lorsque je me retourne en arrière et que j'observe un peu ce qui s'est passé durant ce siècle qui vient de s'achever, je suis d'accord avec Annick de Souzennelle (La Parole au Cœur du Corps, ed. Albin Michel, 1993, p 72 ) lorsqu'elle dit :


... Ce n'est pas un hasard si l'affirmation de la femme en tant que sujet autonome, qui constitue l'un des faits majeurs de ce siècle, est concomitante à la découverte du monde de l'inconscient, à la prise en compte du monde de la sexualité, et à la remise en cause des notions de rationalité et d'objectivité. Tous ces événements sont reliés, ils participent d'un même mouvement de fond. On pourrait aller jusqu'à y voir un lien avec l'arrivée récente de l'Homme sur la lune ! Car dans tout cela, en fait, s'exprime l'émergence d'un monde lunaire, d'une réalité féminine, d'une réalité autre que celle de l'homme tel qu'on nous en présentait jusqu'à présent le modèle : sûr de lui, enfermé dans le mental et l'esprit de conquête…..

Oui, les travaux de Carl Gustav Jung, de Marie-Louise Von Franz et de bien d'autres, les mouvements féministes, même s'ils étaient quelquefois maladroits, l'arrivée de l'homme sur la lune, sont bien quelque part du même registre et participe à cette émergence du féminin. A ces éléments, j'en ajouterais volontiers d'autres comme la découverte des manuscrits de de Qûmran, vers la mer morte, de Nag Hammadi en haute Egypte. C'est comme si la terre-mère nous rendait quelque chose, comme si elle avait quelque chose à nous dire au travers de ces textes enfouis depuis de nombreux siècles. On les a un peu vite étiquetés d'"apocryphes " dans un sens quelquefois un peu péjoratif. Mais étymologiquement " apocryphe " veut dire " en-dessous des écritures " et " en-dessous " ne veut pas dire sous produit, mais peut-être ce qui est à la source, ce qui est à l'origine. Ces écrits ne seraient-ils pas un peu la part inconsciente du christianisme, de notre culture chrétienne, le refoulé, l'enterré de notre culture. Et peut-être que si le christianisme veut devenir adulte, il aura à intégrer sa dimension consciente et sa dimension inconsciente. De la même manière, si nous voulons devenir un peu adultes, peut-être que nous avons à intégrer notre dimension consciente et notre dimension inconsciente, notre part masculine et notre part féminine. Et là, soyons honnêtes et reconnaissons que les femmes biologiques ont un peu d'avance sur nous, qu'elles sont nombreuses à être en chemin dans ce processus d'intégration.

Et nous, les hommes ?

Je crois que malheureusement nous subissons les conséquences de notre propre " machisme " et des siècles de tabous. Mais comme pour la lune, comme pour les travaux sur l'inconscient, comme pour les découvertes de ces vieux manuscrits, comme pour les mouvements féministes, le courant est en marche pour nous aussi. Et peut-être ce qui est encore malheureusement étiqueté comme une tare, comme une perversion ou tous ces autres qualificatifs que l'on rencontre généralement, peut-être que c'est justement aussi une des manifestations de ce courant. Et que certains d'entre nous, peut-être un peu plus sensibles et réceptifs, nous en ressentons les effets. Non, je ne crois pas que la nature se soit trompée, et je ne pense pas qu'il faille se lancer à corps perdu (le mot est venu tout seul) dans un processus de transformation vers le sexe opposé. Mais je crois que nous sommes invités à nous approcher, à apprivoiser ce féminin qui s'éveille en nous-mêmes. Souvenons-nous du renard et du petit prince de Saint-Exupéry :


- que faut-il faire ? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu plus loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près…
Apprivoiser, s'approcher doucement, c'est un peu comme une rencontre amoureuse.
Mais n'est pas là le but ?
Comment tenir ensemble notre masculin et notre féminin ?
Comment faire les noces de notre conscient et de notre inconscient ?
Ne pas mélanger ! Ce n'est pas d'un mélange dont il s'agit, mais bien d'une alliance.
Et c'est de cette alliance dans notre terre intérieure que pourra venir une alliance heureuse sur la terre extérieure.

J'entends bien Tawana lorsqu'il (elle) demande des chaussures à talons, pointure 13, à enfiler dans son armoire. Mais est-ce bien là son plus profond désir, son rêve ? Ne serait-ce pas plutôt de pouvoir enfiler une belle robe et d'aller marcher, pieds nus, la main dans la main avec sa compagne, dans la rosée du matin, au lever su soleil ? Un rêve, une utopie ?

Une utopie peut-être dans le sens où ce qui est déjà là, dans la pensée, n'a pas encore de lieu (de " topos ") pour se manifester. Et peut-être que ton site, Isabelle, sera un des lieux, virtuels certes, qui permettra à ce genre de rêves de prendre forme. J'aime bien la parole de Hundertwasser qui dit :


Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une réalité.

Et c'est possible, je peux en témoigner. Mais comme le dit Hundertwasser, c'est le " début " d'une réalité et comme tout début, c'est fragile. Il y a les critiques, il y a les difficultés, il y a les obstacles. Mais notre attitude face à ces critiques et à ces obstacles ne sera pas la même selon que nous nous sentons objets de nos pulsions et coupables de perversions ou si nous nous sentons sujets en chemin, en recherche, avec le sentiment de participer à l'évolution de la conscience qui va dans le sens d'une rencontre, d'une alliance, entre notre féminin et notre masculin intérieur, entre l'homme et la femme, entre les cultures, entre les traditions, et tout cela, dans le respect des différences.

Je crois qu'il est bon de se rappeler que c'est par ce que l'on a de même qu'on peut se comprendre, et que c'est par ce que l'on a de différent, d'autre, que l'on peut s'enrichir. Car comme le dit Saint-Exupéry :


Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m'enrichis…
Tenir ensemble le " même " et l'" autre ".

Voilà, il y aurait encore bien des choses à dire, de nombreux sujets à aborder, mais ce sera certainement pour une prochaine fois. Et là, tout de suite, il me vient encore une parole :
Ultréïa !
C'est la grande parole des pèlerins de Compostelle qui veut dire : " un pas outre ", " un pas de plus ".
Un pas de plus….

Alors mettons nous en route sur ce chemin vers l'Orient de notre Etre, là où nous verrons, dans la rosée du matin ou dans la paix du soir, tour à tour se lever notre soleil et notre lune.
A bientôt
Raymond

PS : Je peux encore ajouter quelque chose qui va bien dans le sens de ce courant que j'ai décrit plus haut. Si un certain nombre de grands couturiers se sont lancés dans la fabrication de robes ou de jupes pour hommes, c'est la première fois que je trouve une jupe pour homme dans un catalogue de vente par correspondance très populaire en Suisse. Bon, la jupe est plutôt moche et je ne la voudrais pas, mais elle a au moins le grand mérite d'exister. A suivre….

Dans le même ordre d'idées, je peux encore donner une adresse d'une boutique qui s'est ouverte récemment et qui a de belles robes de soirées pour des prix très abordables. Il s'agit de : Boutique Révérence, 9 rue Adrien-Ligué, 1er étage, 74100 Annemasse, France
Tél : +33 430 381 241.


Avis de lecteurs - note moyenne : 0 / 5
Merci de donner une petite note sur ce texte : j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre