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« le garçon fleur 8 », une petite histoire imaginée par sabine

1 le garçon fleur 8 sabine tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:04 par Sabine



Chapitre 17
La révélation
Alors, quoi, tu réponds, miroir ?

J'aurais bien pris les bas résilles, mais elles me feraient m'épiler les jambes, au moins me les raser de près, et je n'en ai pas trop envie. Je choisis donc des bas noirs, pas trop fins, en Lycra précise l'emballage. Je sais qu'ils seront très moulants et qu'ils me feront des jambes brillantes, comme le collant blanc du spectacle. Tout en les extrayant du paquet, je me remémore la méthode habituelle pour enfiler des bas. Avec le Lycra, t'as intérêt à la respecter, cette méthode, ô lecteur brouillon, que sinon t'es obligé de trop tirer sur tes bas et que tu les abîmes !

Je roule le bas dans mes mains jusqu'à arriver au pied, puis je l'ouvre de manière à ce que mon pied y entre facilement. Je pense même à bien placer le talon au centre. Je lève les yeux vers la famille silencieuse. Maman et Michou se marrent en me voyant procéder. Je termine alors en faisant monter le bas sur ma jambes, en le déroulant dessus et en tirant bien pour qu'il ne fasse pas de pli. Une vraie pro ! Alors que j'arrive à la cuisse, maman s'exclame :

- T'as répété, c'est pas possible ! Tu t'y prend exactement comme nous !

- Et alors, qu'est-ce que vous croyez ? Je ne suis pas idiote !

- T'es douée, pas de doute ! Maintenant, attache les bas à tes jarretelles, pour voir ?

Je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour celles de derrière, peu habitué à manipuler le petit morceau de caoutchouc qui entre dans la forme métallique. J'ai toujours peur d'abîmer les bas quand je le coince.

- Oh,oh ! Ca coince ! dit justement Michou. Pas au point, les jarretelles !

Je finis par m'en sortir, puis j'enfile l'autre bas. Et me voilà plus fille que jamais, à enregistrer mes impressions, mes émois, mes sensations. Je plie un peu les jambes pour que les bas se placent, puis je les lisse en remontant toute la jambe avec mes mains serrées dessus. Le crissement me plaît, le contact me trouble. Je me redresse, je regarde mes admiratrices. Elles m'étudient de bas en haut, rieuses et ravies. Puis maman me regarde, les yeux brillants, le sourire franc.

- Tu te sens bien, Sabine ? Tu te sens vraiment bien habillée comme ça ?

- Oh oui, maman, je me sens bien. T'inquiète pas, va, je suis heureuse.

- Je le verrai vite, de toute façon. Ton comportement sera bien plus naturel si tu te sens fille. Pour le moment, pour l'apparence, tu m'ébahis ! Je sais que je n'ai pas d'autres exemples pour juger, mais tu me rassures, tu sais !

- De quoi t'avais peur, maman ?

Elle perd un peu de son sourire. Elle me regarde intensément, et ses yeux brillent un peu plus.

- De toi, d'abord. De ta réaction. Je savais que tu prendrais à cœur mon envie de te voir fille, et j'avais peur que tu te forces pour me faire plaisir. Et ça, tu vois, ça aurait transformé le … jeu en quelque chose de malsain, tu comprends ?

- Et pourquoi voudrais tu que je …

- Ecoute-moi : il faut ramener les choses à leur place, et oublier le jeu. Moi, ta mère, avec l'aide de ta sœur, je suis en train de te transformer en fille. Sans ton accord absolu, tu te doutes de la tournure que ça pourrait prendre si ça se savait, non ?

- Dis, je suis majeur, quand-même !

- Oui, majeur, mais vivant ici, chez moi. Reconnais que ce qu'on fait n'est pas courant ! Si quelqu'un s'apercevait qu'on t'a transformé en fille …

- D'ac, je comprend, maman. T'as pas à t'en faire là dessus. Je veux être une fille. Je le veux, maman. Je le veux, grande sœur.

Je m'approche d'elles et leur donne un gros bisou à chacune.

- Et si ça venait à se savoir, si un connard quelconque voulait planter la merde dans notre jeu, comme tu dis, vous pouvez compter sur moi pour vous défendre.

- Je sais. Mais pense que le jeu ira nettement plus loin que ta transformation en fille. Pense que tu n'es pas seulement un travesti, mais un homo. Et que tu aimes Michel. Et que le connard dont tu parles, il pourrait fort bien m'accuser de t'avoir transformée en pute pour satisfaire je ne sais quel fantasme, ou te jeter dans les bras de Michel.

Je ne parviens pas à être inquiet. J'essaie, mais je ne peux pas. L'amour entre Michel et moi, je ne le vois pas comme quelque chose de mal, même en considérant ce que dit maman.

- Et pourquoi tu ferais ça ? Quels avantages tu pourrais en tirer ? Vous n'avez pas l'intention de me mettre sur le trottoir, non, Michou et toi ?

Elle me regarde comme elle me regardait quand j'avais cinq ans, avec tendresse et fierté.

- Non, petite Sabine, non. On n'a pas l'intention. Peut-être que je m'inquiète pour rien, t'as raison.

- J'ai raison, maman. Hein sœurette, que j'ai raison ?

- Je crois. Alors disons qu'on fera attention, quoi. On te présentera comme une cousine, ou un truc du style, devant les autres.

- Les autres ? Quels autres ?

- Les voisins, les rencontres dehors, je sais pas, moi. Quelqu'un qui vient ici et qui nous connaît assez pour savoir que je suis la seule fille, par exemple.

- Je … Vous voulez que je sois Sabine en permanence, alors ?

- Bien sûr que non. On ne peut pas. Mais bon, j'espère qu'on sortira souvent ensemble avec la petite cousine de province ! Et ne viens pas me dire que tu ne veux pas après l'expérience de l'autre jour !

- Je ne le dis pas, cousine, lui sourié-je. Et ici, à la maison ?

C'est maman qui prend la parole, me regardant de nouveau de bas en haut.

- C'est toi qui décide, bien sûr. Uniquement toi. Moi je ne serais pas contre te voir si jolie tous les jours de la semaine ! Alors si tu veux être Sabine avec nous, ca ne dépend que de toi … Bruno.

- Moi, ajoute Michou, je n'ai qu'un regret. C'est que jamais on ne pourra avoir Bruno et Sabine ensemble, et c'est drôlement dommage !

Elle a dit ce qu'il fallait dire pour me rassurer complètement. Je ne saurais jamais jusqu'à quel point elle l'a dit pour moi. Parce que je m'aperçois d'un truc, ô lecteur tourmenté, c'est que Bruno devenait doucement jaloux de Sabine. C'était bien caché, étouffé par le jeu et l'excitation, mais incontestable. Elle vient de me le faire découvrir, et en même temps de le faire disparaître.

Je me garde pour moi cette auto-jalousie difficilement justifiable. Ma sœurette grimpe d'un cran dans mon estime. Et maman, ma maman si compréhensive et si sensible, rit de la réflexion de Michou.

- Tu devras faire avec, en effet, Michou ! Mais de toute façon, maintenant, le plaisir de regarder Sabine sera de savoir qu'elle s'appelle Bruno, et celui de regarder Bruno de savoir qu'il est aussi Sabine. Et comme on les aimes autant l'un que l'autre, on risque pas d'en oublier un ou une en route !

- T'as de la chance, toi, on t'aime deux fois plus ! souligne sœurette. N'empêche, ça doit être magique de pouvoir être garçon ou fille selon les envies, non, p'tit frère/p'tite sœur ?

- Je te dirai ça quand je l'aurai mieux vécu … Mais à priori, la réponse est oui ! Faut bien que ça me serve à quelque chose, d'être le p'tit frère pas comme les autres !

O=O

Ma robe bleue tombe bien. Enfin, disons pas trop mal. Elle me laisse les bras nus, et je constate avec plaisir que décidément je n'ai pas les épaules ni les bras d'un déménageur ! La robe rempli son rôle d'accapareuse d'attention, et on en oublie facilement mes bras plus épais et mes muscles plus développés. Maman, qui tourne autour de moi, me demande mes impressions.

- Elle n'est pas trop serrée à la taille ?

- Non, au contraire, maman. Elle me serre juste ce qu'il faut. Mais les hanches sont un poil larges, je trouve.

Elle m'observe, puis hoche la tête.

- De peu ! Mais pour un garçon, tu portes magnifiquement bien la robe !

Michou, qui m'étudie de l'autre bout de la pièce, abonde en ce sens.

- C'est même incroyable ! Les épaules devraient te serrer, normalement ! Et la taille aussi !

- Les épaules me serrent, c'est vrai. Elles demanderaient à être un peu agrandie de là, ma robe. C'est possible ?

- Possible, oui, mais j'ai peur que tes hanches paraissent trop fines, si on élargi les épaules.

- Tu sais, je suis quand-même un garçon, maman …

- C'est vrai, Sabine, sourit ma mère. Je ne sais pas trop quoi faire … On verra bien. Je te la reprendrai des épaules, et je la rendrai plus lâche aux hanches, ça devrait aller. On ne peut pas raboter tes épaules, ni ajouter à tes hanches, hein, alors on fera avec ! Tu sais, déjà comme ça, pour savoir que tu es un garçon, il faut vraiment bien regarder … Tu es belle !

Je me sens belle, en effet. Je sens aussi que certains mouvements me sont interdits, qui feraient éclater les coutures de ma robe aux épaules. Sous le tissu ainsi tendu, le soutien gorge est plaqué sur ma poitrine et écrase les gants de toilettes.

- C'est surtout ses jambes … fait sœurette, je sais pas pourquoi, mais il a des jambes aussi belles en fille qu'en garçon ! Les jambes, et aussi les cuisses !

- C'est mes bas qui font ça, Michou. Comme on sait que c'est un accessoire de fille, on ne regarde plus trop le contenu, on ne voit plus que les bas.

- Il n'y a pas que ça. Tu es bien proportionnée en fille, et même tes cuisses ne font pas masculines. Pourtant, quand t'es en collant, elles redeviennent des cuisses de mec !

- Et moi je crois que c'est la robe qui fait tout. Je suis sûre que si je la mettais par dessus mon collant de danse, tu trouverais mes cuisses et mes jambes toutes changées.

On se fait plaisir à deviser ainsi en toute liberté de ma tenue et de mes mérites à être en garçon ou en fille. Je plane dans un bonheur continu. Je pense que ça n'est là que la première fois, et que plus tard, on va aller encore plus loin, me faire plus fille, plus Sabine. Après avoir pris conseil, je remplace les gants de toilette dans mon soutien gorge par des serviettes de tables mises en boule, et mes seins deviennent mieux proportionnés.

Ma robe n'est pas trop décolletée et cache entièrement le soutien gorge. M'étudiant dans le miroir, je pense qu'il me faudra demander conseil à Dominique. Je suis sûr que je peux faire mieux encore pour ma poitrine. Maman pousse et triture mes seins ça et là, arrangeant la poitrine de Sabine à sa manière. Elle se recule et juge du résultat.

- C'est pas si mal, déclare-t-elle, tu as des seins tout à fait corrects ! Tu es toute belle.

- Merci, maman. Tu me fait plaisir. Tu veux que j'aille me maquiller, pour être encore plus belle ?

- Je n'attend que ça ! Tu vas savoir toute seule ?

- Il faut bien que j'apprenne … Je crois que ça va aller. Et puis pour le spectacle de danse, on était maquillé, et on nous a appris un peu, déjà. Plus une fois avec Michou …

- Ok, Sabine, alors va te maquiller toute seule. On jugera !

O=O

Je suis content de moi. J'affronte confiant les regards critiques des deux femelles. Leur sourire est encourageant, surtout celui de maman. Elle semble satisfaite. Elle s'approche à me toucher.

- Une fois maquillée, t'es parfaite ! Tu lèves mes derniers doutes ! Pourtant, tu n'es pas vraiment efféminé, ni de visage, ni de corps ! Tu as toujours été … un peu trop joli pour un garçon, c'est sûr, mais jamais personne ne m'a dit que tu étais efféminé.

- A moi, si, affirme grande sœur. Et il n'y a pas longtemps !

On la regarde, attendant la suite. Comme rien ne vient, je demande :

- Michel ?

- Non, pas lui. Nathalie.

Encore elle … Une envie d'aller me montrer à elle en fille accompagné de Michel, histoire de mettre les choses au point, me court dans la tête.

- C'est vrai ? demandé-je pour le principe.

- Qui est-ce, Nathalie ? coupe maman. La Nathalie de la danse ?

Alors bon, on lui ai expliqué, en gros, mes problèmes avec Nathalie. Et comme ça la faisait plutôt marrer, je me suis marré aussi.

- Elle est sympa, finalement, je l'aime bien ! Dommage qu'elle ne soit pas un garçon !

- C'est sûrement ce qu'elle se dit en pensant à toi, Sabine, fait Michou. Mais bon, on s'en fout, hein ? Tu sais quoi ? On va aller faire un tour. Tu veux ? T'es trop jolie pour rester enfermée ! D'accord ?

- D'accord, grande sœur. Mais laisse-moi m'entraîner à marcher ! Tu me prêtes des chaussures ?

On s'est bien amusé, toutes les trois, à affiner ma démarche. J'ai trouvé ça aisé, moi. Ca ne diffère guère de la démarche typique du danseur, que nous travaillons régulièrement aux cours. Les talons, hauts d'une dizaine de centimètres, facilitent grandement cette démarche déhanchée propre aux filles.

- Ca ira, p'tite sœur ? me demande-t-elle, tu sauras marcher sans te tordre une cheville ?

- Sans problème. C'est même facile, je trouve. Je crois que je suis prête !

- Alors attend, juste un dernier truc que je t'ai acheté, Amène-toi dans la salle de bains !

La cerise sur le gâteau : les faux cils. Michou m'a placé ça en une minute. J'en suis resté baba ! Sur un visage déjà efféminé d'origine, la transformation est ahurissante ! Comment de simples cils plus longs du double peuvent-ils me changer à ce point ? Je regarde sœurette et je bats des cils très vite, comme je l'ai vu faire par les minettes en délire. Elle éclate de rire.

- Garde ça, Sabine, surtout garde ça ! T'es géniale, je te jure !

Maman confirme peu après, me recommandant également de surveiller mes mains et mes bras.

- Observe les autres filles, et essaie de bouger comme elles. Arrondit tes gestes, même si tu as l'impression d'en faire trop. Essaie de penser en permanence à être gracieuse.

- On croirait entendre Sylvie, je rigole. T'inquiète pas maman, je crois que ça ira !

- T'es parfaite, ma Sabine ! Attends, moi aussi j'ai un truc pour toi !

Elle file, puis me rapporte un petit sac à main. Je l'avais oublié, moi, le sac à main des filles ! Michou y fourre rapidement quelques produits de beauté et de maquillage, et que deux autres produits qu'elle me montre :

- Celui-ci pour te démaquiller, celui-ci pour enlever ton rouge à ongles. Mets ton sac à ton bras, et montre-nous comment tu marches avec !

Elles me surveillent alors que je tourne sur moi-même comme pour un défilé de mode. J'ai quelque mal avec le sac à main, que je ne sais pas trop comment tenir, mais je finis par l'intégrer. Satisfait, j'en rajoute alors, je fais quelques pas en tortillant des fesses et en faisant des mouvements de bras avec mon sac.

- Ok, je crois que tu es sortable !

Et je comprends qu'il va me falloir plus de maîtrise que je ne le pensais si, alors que je croyais exagérer, les faire rire, elle me trouve juste … sortable !




Chapitre 18

Le miroir, il a dit …

Moi, j'ai pas osé. Trop rapide, tout ça ! C'est ma sœurette qui est allé le chercher. Son père a exigé que nous venions finir la soirée chez eux, tous ensemble, après le restaurant.

Elle me déballe ça alors que Michel me regarde si intensément que j'en suis gêné. Je me garde mes questions pour plus tard, ainsi que mon irritation à les voir décider pour moi une fois de plus. Seul mon Michel compte ! Je lui vois des larmes dans les yeux pour la première fois, à mon p'tit ami. Il n'ose pas me toucher, encore moins m'embrasser.

- Bruno, oh Bruno … qu'il murmure.

- Je m'appelle Sabine, lui souris-je.

- Pardon, je … T'es tellement belle, Sabine.

- Ben alors embrasse-moi !

Le baiser dure un peu, je le reconnais. Il a le goût d'un premier. Il est si différent ! On s'embrasse devant maman et Michou, et surtout, oui surtout, dehors, sur le trottoir, aux yeux de tous. C'est ce qui en fait quelque chose d'aussi exceptionnel. Et dire que je n'y pensais plus ! Moi en fille, lui en garçon, nous n'avons plus de raison de nous cacher. Ca me tombe dessus dès qu'il me prend par les épaules, alors que je maîtrise un regard réflexe alentour. La pression de ses bras ne me laisse aucun doute : il est ému, et très amoureux. Même ses lèvres ont un autre goût !

- Heureusement que je sais que c'est toi … murmure-t-il, et cette phrase en apparence stupide me confirme que je dois lui paraître vraiment très différent !

- Tu regrettes ton Bruno ?

Son long regard qui m'enveloppe, son sourire béat, ses mains qui caressent mes cheveux, mes joues, mes lèvres, autant de réponses négatives qui m'envoient dans les nuages.

- Qu'est-ce que tu es belle … Je t'aime, ma chérie …

Avec lui, au moins, pas d'hésitation. En fille, je deviens sa chérie. Avec Michel, il fallait s'attendre à de l'inédit ! Il vient de justifier ma tenue, de magnifier mon plaisir et celui de maman et Michou. Ma tribu féminine m'a faite poupée, lui me fait fille. Je passe du stade de travesti à celui de femelle.

Pourquoi te le cacher, ô fidèle lecteur ? Mon p'tit ami a prononcé les mots magiques : je t'aime, ma chérie. Si ma famille a féminisé mon corps, lui vient de féminiser mon âme.

- Je t'aime, mon amour, lui murmuré-je en retour.

On s'éloigne un peu l'un de l'autre, on se regarde, on s'admire, on s'aime passionnément en silence. J'ai mal à la gorge quand j'avale ma salive. Il se tourne soudain vers Michou et maman, et les embrasse toutes les deux avec fougue.

- Denise, Michou, je ne sais pas quoi vous dire …

De même qu'André, il appelle ma mère par son prénom depuis pas mal de temps déjà, habitude prise lors des repas entre nos deux familles. Il remue la tête de droite à gauche doucement, l'air de dire 'je n'y crois pas'.

- T'as qu'à nous dire bonsoir, et ça ira bien comme ça, va … rigole maman.

Il a dit bonsoir, et merci, et d'autres choses encore. Et à moi, que je suis belle. Chemin faisant vers le restaurant, il me l'a souventes fois murmuré alors que ses mains parcouraient mon corps, apprenaient ma robe, découvraient ma poitrine, jouaient avec le collier de chien et les petites boucles d'oreilles de ma sœurette. Je lui ai demandé, pour mes bras, et il les a trouvés parfaits, mais je me méfie d'un avis amoureux !

O=O

Elles me couvent du regard, mes femelles adorées. Elles m'évitent aussi de trop parler, répondant à ma place au garçon qui prend les commandes. Je me lance néanmoins, avide d'entrer dans mon rôle, et je précise tout seul l'apéritif désiré.

- Un Martini, s'il vous plaît, annoncé-je au garçon d'une voix, ma fois, pas trop mal féminine !

- Blanc ou rouge, le Martini, Mademoiselle ? s'informe-t-il en retour.

- Rouge, précisé-je, et le garçon ne saura jamais pourquoi j'ai eu un tel sourire pour répondre ! Maman et Michou se marrent, ravies, et il n'y a que Michel, assis sur son nuage, pour ne pas participer. Ni même comprendre :

- Pourquoi vous rigolez ? demande-t-il, conscient d'avoir raté quelque chose.

On se jette toutes les trois un regard complice. Puis je prend mon p'tit ami par le cou et lui fais un gros câlin.

- Tu viens d'assister à une grande première, Michel. Et tu ne t'en es même pas aperçu. Le garçon m'a appelé mademoiselle.

- Ben quoi, c'est normal, non ? se rattrape-t-il. - J'espère que t'as aimé ?

- J'ai adoré ! N'empêche que ça fait drôle, la première fois !

O=O

Le repas m'est un plaisir permanent. Avec Michel, on n'arrête pas de se faire des bisous et des caresses. Je n'ai pas mis longtemps à intégrer mon état de fille, et partant l'apparente normalité du couple que nous formons. Je te garanti qu'on en profite, ô lecteur jaloux. Bien qu'amusée et ravie, maman fini par nous modérer.

- N'oubliez pas que nous sommes en public !

- Ben quoi, on fait rien de mal, maman, justifié-je. Entre fille et garçon …

- Non, je sais. Mais pour une première fois, je préférerais que tu ne donnes pas l'occasion aux gens de t'observer de trop près.

- Tu crois que ne suis plus … fille ? Mon maquillage est parti ?

- Mais non ! rit-elle, simplement, c'est la première fois que tu sors en fille, et tu n'as pas encore les habitudes et les réflexes adéquats !

- Ah bon ? m'inquiété-je en lâchant mon copain.

- Oh, rien de méchant, et il faudrait vraiment bien t'observer pour s'en rendre compte, mais tu te comporte comme un garçon, parfois. Tes mouvements, quelques gestes pas trop féminins …

- Et … ça se voit ?

- Quand on le sait, oui. Et à condition de ne pas te lâcher du regard. Cela dit, tu n'as pas à t'inquiéter. J'avoue que tu nous en mets plein la vue, à ta sœur et à moi !

- Alors, je ne vous déçois pas ?

- T'es superbe, p'tite sœur, déclare Michou, le regard humide d'émotion. - T'es même plus que superbe, t'es … amoureuse. Et ça aussi, crois-moi, ça se voit ! Si tu savais comme je t'envie, en ce moment !

- T'es amoureuse de moi ? demande Michel mi sérieux mi amusé.

J'aurais dû prévenir Michel qu'entre ma sœur et Yves, ça ne va pas trop bien en ce moment. Mais il est trop tard. Je surveille le visage de ma sœurette adorée, j'y lis une tristesse résignée qui va fortement influencer sa réponse.

- Non, Michel. J'envie Bruno de pouvoir être Sabine quand ça lui chante. Je l'envie d'être aimé à ce point, mon p'tit frère. Et toi, je t'envie d'avoir un copain garçon que tu peux sortir et mettre dans ton lit en en fille.

Maman et moi, on se regarde, et je me sens rougir. Très troublé, mon copain hésite.

- Mettre dans … Mais qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ce que je dis. Que dans votre couple, mon p'tit frère sera vraiment la fille.

- On … n'en est pas encore là, tu sais Michou, hésite mon copain. - A vrai dire, tu me gênes un peu … et lui encore plus .

- Oh, il n'y a pas de quoi être gêné, mon gars. Pas avec nous. Il y a lurette qu'on vous considère comme un couple normal ! On a bien parlé, tu sais, avec Bruno. On s'est quasiment tout dit. Enfin pas tout, mais le principal.

- Ca n'a pas dû être triste ! rigole Michel qui saute sur l'occasion de détendre l'atmosphère. - Comment vous avez fait, pour le faire parler ? Vous l'avez fouetté ?

- T'es con, tu sais mon amour ! lui dis-je avant un bisou sur la joue.

- Y a que sous la torture, que t'as pu parler, je te connais, animal ! Je comprends pourquoi t'as un collier de chien ! Elles t'ont attaché avec !

Le collier de chien appartient à Michou, qui me l'a fait mettre parce qu'il est large et serré, et qu'il cache ma pomme d'Adam. Puisque la mode l'autorise, hein, pourquoi pas ? C'est vrai qu'un garçon a quelque problème à camoufler ce témoin visible de sa masculinité. Et moi, j'ai aimé ce collier autant pour son côté féminin que pour le côté chienne soumise qu'il a éveillé en moi …

- On a dû insister, c'est vrai, précise maman, mais pas trop, non, pas trop. Dans un couple, mon Bruno ne peut être que fille et rien d'autre. On le sait, et c'est parfait comme ça. Et je vous souhaite d'être heureux, Michel. Aimez-vous, découvrez-vous, vivez votre amour de votre mieux. N'aie honte de rien, et surtout pas de l'adoration que vous avez l'un pour l'autre.

On reste un moment à se caresser discrètement. Je n'avais pas prévu si vite une conversation si précise ! Je suis ravi qu'elle ait eue lieu, et que ne subsiste aucun doute sur de futurs rapports physiques entre mon p'tit ami et moi. N'empêche que je ne parviens pas à seulement imaginer les rapports en questions. Je les accepte, je les comprends, mais ils demeurent pour moi essentiellement théoriques. Les caresses qu'il me donnent me sont tellement plus réelles … Est-ce que je suis femelle au point de ressentir comme elles du plaisir à recevoir un pénis en moi ? Mon innocence, ma naïveté, m'interdisent tout lien entre mon apparence dans ce restaurant et mon comportement dans un lit. Une certitude vague et dérangeante me trouble cependant : quoi que je pense, quelle que soit l'importance de mon ignorance de l'amour physique, ce qu'a dit Michou deviendra réalité. Et ce jour-là, cette nuit-là, Bruno/Sabine devra affronter son destin, comme disait Dark Vador à Luke.

Pour l'heure, en bon trouillard indécrottable que je suis, je me cache vite l'avenir pour jouir du présent. Par exemple la main courant sur mes bas noirs, voilà un présent dont je ne me lasse pas ! Nous sommes Michel et moi dos au mur, et de plus dans un coin. Nul regard ne peut surprendre nos caresses, même pas ceux de maman et sœurette. Oh, bien sûr, elles ont remarqué des choses, mais elles ne les ont pas vues ! Juste supposées, d'après mes yeux fermés, ou un silence soudain, ou quelque soupir proche du gémissement …

Comment ne pas soupirer quand les doigts du garçon aimé jouent avec mes jarretelles, caressent mes cuisses en crisser sur mes bas, allant même, une fois, si haut sur icelles qu'il m'a touché le sexe en jugeant de la douceur de ma petite culotte …

Oui, maman a raison, Michel m'adore. Et moi, j'adore Michel. Il se passe en ce moment un truc que je ne sais pas encore interpréter : je ne bande plus. Tout à l'heure, sur le trottoir, quand Michel m'a découvert en fille, j'ai senti ma gaine céder sous la puissance de mon excitation. Ca a duré longtemps, au point que je jetais parfois un œil sur le devant de ma robe pour vérifier sa platitude.

Puis au restaurant, ça s'est calmé, je ne sais trop à quel moment. Depuis, j'aurais pu profiter de la douceur de ma petite culotte peau nue ! Et même quand mon p'tit ami m'a caressé si haut qu'il a atteint mon sexe, je n'ai pas bandé. La trouille, peut-être, de cette première sortie en fille avec lui, a contré mon excitation ? Un autre truc, que je n'ose encore interpréter : après vérification formelle, et contrairement à moi, mon p'tit ami bande de plus en plus. Fille et garçon, quoi …

O=O

Il s'est approché, et j'ai cru mourir. Le seul vrai copain de lycée que Michel et moi ayons. CE jour-là, CE mec-là. De combien était le risque, pourtant ? J'ai un élan de haine pour le prof de math qui nous enseigne les probabilités, niant parfois le hasard. Si il était à ma place …

Il s'appelle Jean-Marie, il est Breton, beau, balaise et gentil, ce qui n'est pas incompatible. Maman et Michou le regardaient approcher, et quand Michel l'a aperçu, il n'a même pas frémi. Je le sais, sa main gauche me caressait la cuisse et la mienne son petit ballon captif.

- Salut, Michel, il a dit, JM (prononcer Jihèm) en lui tendant la main par dessus la table. Ca va ?

- Tiens, salut ! Ca va … Et toi ?

- Ca roule, répond le mec, ce qui convenons-en, ne mérite pas le Goncourt, question dialogue.

Je n'ai pas rêvé : les doigts de la main gauche augmentent la caresse … J'ai un gros creux dans la poitrine, une grosse boule dans la gorge, une autre dans la main …

- Je te présente Michou, la sœur de Bruno. Et leur mère.

- Bonsoir, fait aimablement JM en inclinant la tête. - Bruno est avec vous ?

- Non, il est resté chez lui. Il bosse sur son ordinateur, pour ne pas changer. Lui, pour le faire sortir … Je te présente aussi Sabine, ma p'tite amie. Sabine : JM.

C'est même pas moi, non, c'est ma tête qui se relève toute seule. Et mes yeux qui vont chercher le visage de JM. Moi, oh moi, je panique … J'ai une rapide pensée pour la jolie perruque blonde que j'ai refusé de porter. Pour être différente de Bruno, avait dit maman. Si j'avais su … Ma voix murmure un bonsoir à peine audible, puis mon regard plonge sur mon assiette.

- Vous êtes au même lycée que nous, Mademoiselle ? fait une voix venue d'ailleurs. Je dois faire un effort pour penser : il me pose une question, il va falloir que je le regarde à nouveau, que je lui réponde, et il va me reconnaître, j'en suis sûr ! On se voit cinq jours sur sept, comment ne me reconnaîtrait-il pas ?

- Tu peux lui répondre, Sabine, il ne te mangera pas ! me dit Michel en passant sa main sous ma robe.

Alors, ça se place. Devant ce que je ne peux éviter, je réagis enfin de manière cohérente. Je m'efforce de maîtriser ma panique, je me concentre de mon mieux et je lève le visage vers lui. Je tente un sourire, ainsi qu'un battement de paupières.

- Non, je ne suis pas de cette ville. Je suis juste des cours ici.

Voix rendue suffisamment aiguë pour passer pour celle d'une fille. Ca me rassure en partie. Je pense m'en être sorti honorablement. JM me sourit, et ça fait drôle de voir ce visage que je connais si bien sourire à … quelqu'un d'autre tout en me regardant. Il insiste, me prenant au dépourvu.

- Des cours de quoi ?

- De danse, m'entends-je répondre.

Une association machinale entre avec le mot cours. Je n'ai absolument pas réfléchi à cette réponse réflexe.

- Ah, je comprends ! C'est là que vous avez connu Michel ?

- Oui, c'est ça ! confirmé-je immédiatement, heureux de retomber sur mes pieds.

- Vous connaissez aussi Bruno, alors ?

- Oui, bien sûr. Ils se quittent pas, lui et Michel. Il est très sympa !

Bon, ben ça va mieux, moi … Le côté surréaliste commence à m'amuser. Ma trouille disparaît à mesure que le regard de JM insiste sur mon visage sans laisser paraître quelque autre sentiment qu'une certaine admiration. Si il ne m'a pas reconnu maintenant, c'est qu'il ne me reconnaîtra pas ! Ma main droite va chercher la main gauche de mon ami sous ma robe, et la serre tendrement.

- Vous êtes dans le même cours ?

- Oui, tous les trois. On se connaît bien ! Bruno m'a déjà parlé de vous.

- Ah bon ? En bien, j'espère !

- Oui, en bien. Vous êtes un de ses rares copains, à lui et à Michel, je crois ?

- Sinon le seul ! corrige JM en riant. Michel et Bruno sont du genre … renfermé !

- Oui … Surtout Bruno ! fais-je, il n'a même pas de petite amie !

Je ne prend pas de risque à dire ça, ayant eu, en tant que Bruno bien sûr, une conversation sur le sujet avec JM. Michel, ignorant la chose, semble surpris, et du coup je suis content de moi !

- Dommage pour lui, il a raté l'occasion, avec vous ! Vous êtes très jolie, Mademoiselle !

- Sabine, précise Michel, elle s'appelle Sabine.

- Eh bien Sabine, vous être très jolie ! Je suis content pour Michel, qui ne m'avait jamais parlé de vous !

- De peur que tu me la piques, qu'est-ce que tu crois !

Puis me regardant, il ajoute :

- Y a pas plus cavaleur que lui !

Maman et Michou sourient. Elles semblent ravies de me voir aussi à l'aise après la panique qu'elles ont lues dans mes yeux. Je leur adresse un sourire. Je me paie même le luxe de me repoudrer le museau ! JM reste quelques minutes, puis s'en va sur un :

- Le bonjour à Bruno. Comment peut-il préférer son ordinateur à vous, Sabine ?

- Je lui demanderai …

- D'accord ! Je viendrai vous demander la réponse, ne serait-ce que pour vous revoir.

Son sourire, que je connais pourtant, me donne des frissons de plaisir.
C'est ça, être une fille ?


Responsable du site : Lucie Sobek


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