barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« Le Retour des Amazones 3 », une petite histoire imaginée par micheleanne

1 Le Retour des Amazones 3 Michèle-Anne tvq@femmes.net 03-11-2004, 8:02 Le Retour des Amazones
Par Michèle-Anne Roncières
Troisième Partie

-" La cérémonie ? ", m'enquis-je, intriguée .

-" Oui, tout à l'heure en forêt de Fontainebleau, nous avons un grand rassemblement : des centaines de filles seront là, et nous procèderons aux initiations de l'année. "

-" C'est à dire ? "

-" Nous recevons les nouvelles soeurs... Oh, Chrèsmis, tu dois absolument venir, ta place est parmi nous. Tu veux bien ? "

Tant de choses s'étaient produites en si peu de temps, mon univers avait tellement basculé, que je n'hésitai même pas et donnai mon accord aussitôt. Comme j'avais mis la robe que Chryséïs m'avait apportée, rien ne nous retenait plus, et nous quittâmes la maison, après qu'elle eût pris la peine d'en avertir les siens.

Chryséïs tenta de me décrire un peu la cérémonie et les merveilles qui m'attendaient, mais Fontainebleau était loin et toutes ces émotions m'avaient fatiguée : je n'en écoutai rien et somnolai pendant toute l'heure que dura le voyage ; peut-être même que je m'endormis tout à fait, si j'en crois les visions fantastiques qui restent dans mes souvenirs, d'arbres vivants qui nous parlaient et déployaient leur longues branches noueuses comme autant de bras protecteurs nous dissimulant à la vue des importuns.

Quand je me réveillai, nous étions parvenues dans une clairière, illuminée des mille feux provenant des torches qu'un escouade d'amazones dirigeait sur nous. Nous descendîmes de voiture ; Chryséïs n'était sans doute pas de rang négligeable, car j'eus la surprise de voir les amazones, l'ayant reconnue, lui rendre des honneurs qu'il était impossible de ne pas prendre pour les marques conjointes d'un profond respect, d'une grande amitié et d'un immense dévouement. Elle me remit entre les mains de deux de ses suivantes, en promettant de me retrouver plus tard, et m'enjoignant de faire tout ce qui me serait demandé, sans rien craindre de ce qui pourrait m'étonner.

On m'emmena donc à part, ce qui me donna l'occasion de remarquer à quel point cet endroit de la forêt regorgeait de monde: partout, rien que des amazones affairées, vêtues de ce qui devait être leur tenue d'apparat, une sorte d'ample robe antique, blanche au liseré d'or ; la plupart avaient leur arc en bandoulière, qui était du même modèle que celui de Chryséïs, et un carquois bien rempli à la ceinture. Toutes portaient, qui une torche, qui des étoffes, qui encore d'autres objets mystérieux... Nous marchâmes de longues minutes, toujours à travers la même foule, pour atteindre une nouvelle clairière, qui servait apparemment de salle d'attente aux novices comme moi, une centaine de filles encore en tenue de ville.

Sans doute Chryséïs avait-elle expressément demandé qu'on me tienne compagnie, car, contrairement aux autres, je restai flanquée de mes deux chaperons ; celles-ci, dépourvues de toute spontanéité, ne parlaient que lorsque je les interrogeais, sans réticence apparente du reste, mais en m'ôtant par cela le désir de leur adresser la parole. Elles ne s'opposèrent d'ailleurs pas à ce que je me mêle aux conversations qui avaient lieu à la ronde.

J'en appris fort peu de choses : bien que nous toutes fussions là pour ce qui semblait devoir être un rite initiatique, aucune des filles ne savait ce qui nous attendait exactement, quelle forme cela prendrait ni quand cela aurait lieu. Il courait les plus folles rumeurs, qui ne s'apaisaient qu'en laissant place à des bruits plus terrifiants encore... Quant à moi, je savais n'avoir rien à craindre, puisque Chryséïs m'en avait assurée, et je tâchai de rassurer de mon mieux celles qui étaient près de moi, sans pourtant y parvenir tout à fait : comme il est doux de trembler à plusieurs, chacune dans les bras de sa voisine...

Soudain, la lune apparut au-dessus de nous dans la brêche des arbres et l'on comprit d'instinct que le grand moment était arrivé : un grand mouvement se dessina peu à peu, qui libéra la place en nous emmenant sous les feuillages proches. Là, on nous fit déshabiller et revêtir la robe blanche ; ce n'était pourtant pas tout : à notre grande surprise, on nous fit enfiler par-dessus celle-ci les symboles abhorrés de la condition masculine : un ridicule costume trois pièces anthracite avec cravate et pochette assorties ! Sans compter qu'on nous mit dans la main droite l'attaché-case de tout cadre dynamique qui se respecte... Mais le comble fut atteint quand on nous colla sous le nez une fausse moustache, et une fausse barbe sur le menton ! Nous ne nous reconnaissions plus nous-mêmes et nous faisions horreur. Les éclats de voix, les rires nerveux, les chuchotements, tout cela avait cessé.

Ce fut dans cet accoutrement qu'on nous reconduisit en file indienne dans la clairière précédente, où nous attendîmes longtemps. Enfin réapparurent des amazones, leur arc à la main, qui formaient des phalanges en tête desquelles je reconnus facilement ma protectrice en personne, une Chryséïs majestueuse, à la taille de laquelle étincelait la fameuse ceinture d'or de Penthésilée...

Les amazones prirent en place juste en face de nous, à une vingtaine de mètres ; des assistantes passèrent alors dans nos rangs et épinglèrent au tissu de nos costumes, au niveau du coeur, un cercle de liège d'une dizaine de centimètres de diamètre et de forte épaisseur. Il n'était que trop évident que nous allions servir de cibles vivantes, et malgré la confiance que j'avais en Chryséïs, j'en eus froid dans le dos. Plusieurs d'entre nous, terriblement impressionnées, fondirent en sanglots, et je n'étais pas loin d'en faire autant ; mais tout semblait déjà joué.

La mise en scène était d'autant plus éprouvante que, comme nous le découvrîmes bientôt, notre exécution prévoyait non pas une volée collective, mais des volées individuelles, de telle sorte que notre tour à chacune venait après celui de notre voisine de gauche.

Dans cet ordre, j'étais la cinquantième environ, et, le coeur battant, je tentai de m'accrocher au regard de Chryséïs aux flèches de laquelle (était-ce vraiment là un hasard ?) , j'étais destinée. Mais je ne pus trouver ses yeux et elle donna le signal attendu sans s'émouvoir. Les amazones relevèrent leurs arcs en un mouvement ondulant de réaction en chaîne qui n'avait son équivalent qu'en face d'elles, dans la chute de leurs victimes.

Nous, les futures sacrifiées, raidissions notre corps de notre mieux pour ne pas voir celles qui tombaient et qui se faisaient de plus en plus proches. Quel temps me restait-il ? Chaque amazone à son tour levait son arc, criait quelque chose et décochait sa flèche : cela ne demandait pas plus de deux secondes... encore une dizaine de secondes, peut-être, et ma voisine s'effondrerait en poussant un cri de surprise et de soulagement...

Ca y était, ma voisine gisait sur l'herbe, à présent et Chryséïs m'ajustait ; ce fut juste après la décoche que je compris ce qu'elle avait crié, ce qu'elles criaient toutes : c'était du grec et cela signifiait " Je te délivre, ma sœur ! ", ou quelque chose d'approchant. Je le compris juste au moment où la flèche aux pennes noires se ficha dans ma poitrine, en un choc terrible qui me coupa le souffle et me projeta en arrière sur le sol. J'étais convaincue d'être transpercée et je hurlai comme les autres l'avaient fait avant moi, de peur et d'émotion.

Il me fallut de longs instants avant que je réalise que j'étais toujours vivante et que le liège avait arrêté la flèche... Je pleurai alors de joie comme tout le monde, alors que les assistantes se précipitaient déjà pour nous aider à nous relever et à nous défaire de ces horribles haillons masculins dont nous étions affublées : toutes en robe blanche, désormais, nous nous étreignîmes dans les larmes, les rires et la joie d'êtres mortes et de renaître ensemble.

Ensuite, ce fut la cérémonie de remise des arcs : Appelée par Chryséïs de son nouveau nom d'amazone, chaque nouvelle fille recevait d'elle le sien, sur lequel elle devait veiller comme sur la prunelle de ses yeux. Elle devrait bien évidemment apprendre à le connaître, à le maîtriser et à s'en servir en hommage à ses sœurs et à nos ancêtres communes. Eperdue de bonheur, je reçus le mien, aussi, tandis que Chryséïs, m'adressait la formule rituelle " Que ton âme soit aussi libre et aussi forte que tes flèches ". Paralysée par l'émotion, je ne pus cependant la remercier autant que je l'aurais voulu : Juste après cela, on s'approcha d'elle pour lui communiquer quelque nouvelle urgente, et elle donna l'ordre de nous replier dans le bois sous l'autorité des anciennes, qui nous y guidèrent.

Absolument silencieuses, nous étions chacune derrière un arbre, observant l'endroit que nous venions de laisser. Quelques minutes plus tard, les autorités légales débarquèrent inopinément. Des projecteurs trouèrent l'espace de leurs rayons puissants, tandis que retentissaient d'un peu partout les cris de " Police ! Ne bougez pas ! ". Mais c'était mal nous connaître, nous, les amazones : en un instant les projecteurs furent mis hors d'usage par des flèches bien placées et les forces de l'ordre plongées dans la pénombres, et trompées par les maints reflets de notre protectrice, la lune, sur les végétaux et les rochers du lieu.

D'abord déconcertés, les uniformes qui avaient envahi la clairière se regroupèrent en son centre, où ils faisaient des cibles parfaites éclairées par la lune, et sur lesquelles nous ne tirâmes pourtant pas... Il fallut qu'un de ces excités déclenche la bataille en croyant apercevoir dans le bois, devant lui, un soupçon de mouvement, une silhouette fantôme, un élément étrange, pour que le massacre commence.... Il tira, et tous se ruèrent sous les feuillages.

Mais le moyen de discerner la présence humaine, la nuit, en pleine forêt, quand on n'a pas l'habitude d'un tel environnement, et qu'il retentit à chaque instant des bruits inconnus et furtifs, que l'on ne sait jamais comment interpréter ce que l'on vient de voir ? Nombre de nos sœurs n'étaient cachées que derrière de gros troncs ou des buissons touffus, et pourtant les effectifs des cinq ou six cars de police qu'on avait lâchés à nos trousses ne réussirent pas à en déloger une seule.

Des coups de revolver furent abondamment tirés, en tous sens et sans sommation, par des maniaques de la gâchette... Mais ces imbéciles qui se croyaient des héros modernes, des défenseurs de la civilisation, moururent criblés de flèches comme leurs tristes ancêtres, plus de vingt siècles auparavant. Car nous avions toutes une excellente vision nocturne et la plupart d'entre nous, novices exceptées, étaient, comme Chryséïs, des expertes capables d'atteindre une pièce de 5 Francs à plus de trente mètres de distance....

Ces hommes et ces femmes, qui aimaient tellement l'ordre, et le servaient avec tant de zèle et d'aveuglement, périrent les uns après les autres, jusqu'au dernier, jusqu'à la dernière, sans savoir d'où venaient les traits qui les percèrent, ni voir celles qui les tiraient ; et quand tout fut redevenu calme sous les tendres et frais rayons de notre déesse consacrée, elle éclaira le spectacle irréel de tous ces corps en uniformes, étendus à la ronde et figés dans la stupeur, hérissés de traits sanglants, et dont les appareils de radio hoquetaient encore des appels crépitants de parasites, comme la scène expiatoire de notre effacement passé. Et quand nos sœurs entonnèrent le chant rauque et sacré des ennemis vaincus, alors il fut manifeste pour nous toutes que les amazones étaient de retour, et que, cette fois, elles ne lâcheraient pas prise avant que l'Harmonie règne enfin sur le Monde.


Responsable du site : Lucie Sobek


Avis de lecteurs - note moyenne : 0
Merci de donner une petite note sur ce texte :
j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre