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« Rencontres du type intermédiaire 4 », une petite histoire imaginée par micheleanne

1 Rencontres du type intermédiaire 4 jeanne tvq@femmes.net 29-10-2004, 15:33 Par Michèle Anne Roncières

Quatrième Partie.
"J'aurais dû être informaticienne... Mais vous comprenez bien qu'après une telle expérience, il n'en était plus question... De retour chez moi, quand je fus de nouveau en possession de mes moyens, je testai mon pouvoir en toute liberté... Je passai presque une semaine complète derrière mes fenêtres, à épier les passantes, et à prendre l'aspect de chacune d'elles. Au début, il me fallait quelques minutes, mais très vite, je fus capable d'y parvenir en deux ou trois secondes. C'était grisant, exaltant... et très fatiguant aussi !

Au bout de trois jours, épuisée, je résolus de m'en tenir à l'apparence de la femme qui me plairait le plus... et, pour la trouver, scrutai la foule avec encore plus d'attention... Hélas, il s'en présentait toujours plusieurs en même temps ! La blondeur de l'une, la finesse d'une autre, la silhouette d'une troisième... J'hésitais, prenant l'apparence de la première, puis celle de la seconde, indécise de plus belle et passant ensuite à une autre... Ce fut à ce moment que je compris que ce pouvoir était aussi une sorte de cadeau empoisonné...

Mais à la fin de la semaine, après ces deux vaines recherches d'être, j'eus l'illumination qui décida de mon destin: puisque je pouvais changer d'apparence avec une telle facilité, pourquoi n'en pourrais-je pas faire mon métier ? Mon naturel imaginatif ayant pris le dessus quelques instants, je m'imaginai d'abord dans la peau d'un détective privé, qui pourrait multiplier les déguisements nécessaires à ses enquêtes et filatures... Mais j'y renonçai, devant la mise de fonds que supposait l'établissement d'un bureau et mon ignorance totale des ficelles de cette profession...

Je me souvins alors de Coccinelle, et de toutes celles qui avaient fait les beaux jours des cabarets parisiens... C'était un samedi soir; j'allumai la télévision et tombai sur une émission de variété, que je suivis entièrement pour m'imprégner des actrices, des mannequins et des chanteuses en vogue à cette époque: Je n'aimais pas forcément leur style, mais je sentais que plus ma gamme d'artistes serait étendue, mieux ce serait.

Il était minuit quand je sortis de chez moi, dans le corps de l'homme que j'avais été si longtemps; trente minutes plus tard, j'étais à Montmartre, au Proteus, un cabaret qui avait été l'un des hauts lieux du transformisme et qui ne faisait plus que vivoter grâce à des pensionnaires plutôt approximatives. Totalement ignorante des usages, je demandai à voir le patron, avec une telle insistance qu'il finit par arriver, bougonnant et de mauvaise grâce. En peu de mots, hurlés dans la musique trop forte, je lui expliquai que je pouvais prendre l'apparence de certaines vedettes. Il explosa et me jeta dehors sans m'écouter davantage, et en criant que les auditions, c'était le Dimanche après-midi !

Sur le trottoir, j'étais plutôt désappointée. Mais je décidai de retourner à la charge illico, et je me présentai de nouveau à lui, sous les traits de Béatrice Dalle.
-"Vous ne me reconnaissez pas ? lui demandai-je: "vous venez de me fiche à la porte !"

Il allait répondre qu'il me reconnaissait, bien sûr, en tant qu'actrice, et allait se défendre de m'avoir expulsée, quand il reconnut mes vêtements d'hommes, qui étaient évidemment restés les mêmes: un pantalon, une chemise et un pull qui étaient par endroits un peu grands et à d'autres un peu étroits... Il me regarda comme si c'était une blague qu'on lui faisait, cherchant à comprendre de qui elle pouvait venir, et mit à réagir un temps infini, dont je profitai pour sortir de la salle.

Sitôt dehors, je décidai d'y retourner, toujours dans le même costume, mais avec l'apparence de Mathilda May, qui n'était guère éloignée de la première, et qui pouvait donc passer pour être le résultat d'une transformation habile.

Je n'ai jamais vu un homme plus étonné, d'abord quand je me retrouvai en face de lui, et ensuite quand je lui affirmai que c'était bien moi qu'il avait mise à la rue et qui étais revenue le trouver quelques minutes avant... Là encore je m'éloignai avant qu'il puisse réagir.

Pour ma troisième apparition, et comme je 'avais personne en tête qui ressemblât à la fois à mes deux "imitations" précédentes, je choisis Véronique Jeannot, qui me sembla un compris acceptable. Et comme je lui ressemblais vraiment beaucoup, commençant à se douter qu'il y avait là autre chose qu'une improbable plaisanterie aux complices trop célèbres pour être véritables, il céda et m'entraîna dans un coin plus tranquille, à l'étage, dans son bureau.

Là, je lui fis la démonstration de mes talents: il me disait un nom, je passais dans le couloir, hors de sa vue, me transformais, attendait quelques secondes sous prétexte de m'arranger, et revenais lui montrer le résultat.

Le pauvre, il se mit quasiment à genoux, surtout quand je lui fis Claudia Schiffer et Brigitte Bardot jeune...
"Je n'ai jamais vu ça !" répétait-il, avec des yeux hallucinés. "En quarante ans de métier, je n'ai jamais vu ça !"
Il m'engagea sans discuter le cachet que je lui demandais, et que j'avais poussé largement au-delà de ce que m'aurait procuré une paye d'informaticienne..., en me priant de revenir le lendemain après-midi.

Vous imaginez dans quel état j'étais après cela... Et je vous prie de croire que je fus exacte au rendez-vous, où l'on m'attendait avec impatience. Mes débuts ne furent pas si faciles que je l'avais pensé: En néophyte, je m'étais imaginée qu'il me suffirait de me transformer pour faire un bon numéro... mais cela n'était pas si simple; par exemple, prendre l'apparence d'actrices était peu approprié dans un cabaret, où le public était plus amateur de chanteuses; et malheureusement, je ne savais pas chanter. Mais le patron me rassura en me disant qu'il me suffirait de faire du play-back. De plus, l'apparence n'est pas tout: j'allais devoir imiter les gestes des personnes dont je prenais l'apparence, et cela m'obligea à une longue tâche, d'observation d'abord, et de contrôle ensuite, autrement plus ingrate que les transformations que je réalisais en quelques secondes...

Nous vînmes donc peu à peu à bout de ces obstacles: le patron avait foi en mes capacités et me consacra toutes ses soirées: pendant la journée, je regardais des vidéos de mes modèles, je m'exerçais, et le soir, devant lui, je lui montrai mes progrès... Quand je fus enfin au point, au bout d'un mois, on pensa à monter le numéro, que je répétai consciencieusement jusqu'au grand jour, encore un mois plus tard. Dans l'effervescence des préparatifs, on avait oublié de me donner un nom; comme je me nommais, à l'époque, Bernard Hann, cela devint Anna Bernard...

Laissez-moi vous décrire mon premier spectacle: à cette époque, je n'avais d'autre accessoire sur scène qu'un simple paravent, pour me transformer derrière; Nous avions écrit une histoire à l'aide des paroles des chansons des artistes que j'incarnais: à chaque transition, je regagnais mon paravent, y restai quelques secondes pour intriguer le public, et en ressortais métamorphosée...

Aucun public n'est plus difficile que celui du cabaret, qui dîne et discute avec ses amis pendant votre numéro. La première fois que j'entrai en scène, ce fut dans un brouhaha d'assiettes, de couverts et de voix: on entendait à peine la musique ! J'avais le coeur battant, et je me demandai même ce que j'étais venue faire là... D'autant que mon premier passage ne mobilisa pas spécialement l'attention... Mais, dès mon premier changement, je perçus qu'il se passait quelque chose: les gens arrêtaient peu à peu de manger, de parler... Au deuxième, la salle se remplit d'exclamations et d'applaudissements spontanés; et au troisième, ce fut du délire: A la fin, après mon dixième personnage, les gens se sont levés et ont applaudi pendant un quart d'heure !

Je recommençai le lendemain, et ce fut la même chose. Au bout d'un mois, c'était pour me voir moi qu'on venait au Proteus. Et au bout d'un an, on venait de partout: de province et même de l'étranger. Les agences d'artistes se disputaient pour m'avoir, et celle que je choisis me fit quitter le Proteus pour me lancer à la Télévision et dans les grandes salles. Inutile de dire que l'on avait grandement amélioré mon numéro... J'avais appris à chanter, à danser et à imiter les voix de celles dont j'empruntai l'apparence. Un parolier réécrivait les paroles des chansons, s'inspirant de l'actualité ou du personnage...

Ma gamme d'incarnations s'était étoffée jusqu'à en être impressionnante, et comprenait des artistes du passé, que plus personne n'avait vu sur scène, jusqu'aux dernières starlettes en vogue: depuis Edith Piaf et Rina Ketty jusqu'à Mylène Farmer et Liane Foly, en passant par Sheila, Françoise Hardy, Dalida, Sylvie Vartan, et combien d'autres... Ma renommée grandissant, je dus m'intéresser aux stars internationales... Carole Laure, Céline Dion, Kim Carnes, Bonnie Tyler, Kim Wilde... J'ai même fait Tina Turner, Ella Fitzerald et Barbara Hendricks (mais là c'était dur, à cause de la voix !)! Personne ne pouvait comprendre comment je faisais... On m'offrait des sommes fabuleuses pour des passages que j'étais obligée de refuser, faute de temps ! Je suis passée dans toutes les capitales de tous les pays du monde ! C'était la gloire absolue...

Mais dans tout cela, allez-vous me dire, que devenait la visite au Louvre, que je m'étais promise de faire, à la rencontre de mes soeurs ? Hé bien, je l'ai faite: un jour, je me suis dit que c'était bien beau, tout ça, mais qu'il fallait trouver autre chose pour me renouveler; et puis j'avais aussi envie d'aider les filles comme moi à prendre leur revanche sur le monde...

Alors j'ai vraiment eu une idée folle: pourquoi ne pas les engager toutes dans ma propre troupe: au lieu de voir une seule artiste faire une succession d'imitations, le public aurait sur scène, et en même temps, toutes les chanteuses qu'il aimait voir.... J'étais certaine que ce serait un énorme succès.

Profitant d'un retour à Paris, après une tournée aux Etats-Unis, je suis allée au rendez-vous plusieurs semaines de suite, et j'y ai effectivement trouvé des filles qui venaient d'avoir la révélation de leur pouvoir... ou de leur talent... Je leur ai fait part de mon idée, et j'en ai trouvé une bonne vingtaine que l'idée séduisit immédiatement.

Nous avons mis plusieurs mois à monter le nouveau spectacle, mais quel résultat ! Nous entrions une à une, incarnant toutes la même fille avec la même perfection... Et nous nous multipliions progressivement jusqu'à la fin du spectacle, où nous étions toutes différentes. Nous chantions en duo, trio, quatuor, et plus, a capella ou non... C'était grandiose et nous avions des critiques fantastiques...Nous nous appelions "Les Innombrables"..."

La vieille dame resta quelques instants sans répondre, toute à son rêve passé.
-"Comment cela s'est-il terminé ?" demanda la journaliste en réprimant un nouveau baillement.
-"Au bout de trente ans, nous avons estimé qu'il était plus sage de nous arrêter, avant de lasser le public. Nous avons alors convenu d'une période de cinquante années, pendant laquelle nous nous ferions oublier, et après laquelle nous recommencerions tout depuis le début."

La journaliste ouvrit de grands yeux et secoua la tête: décidément, cette vieille femme avait complètement perdu la raison...
-"Et elle doit finir quand, votre période de silence ?"
La vieille dame sourit tranquillement:
-"Ces jours-ci... Nous devons nous retrouver au Louvre, comme jadis..."
-"Vous pensez vraiment pouvoir recommencer votre carrière, dans l'état où vous êtes ?"
-"Mais naturellement, chère amie: ne vous-ai-je pas dit que nous pouvions changer de corps à volonté ?"
-"J'aimerais bien voir ça ! Je veux dire, votre rendez-vous au Louvre avec les autres momies !"
La vieille dame regarda la jeune femme les yeux dans les yeux:
-"Mais bien sûr, vous y serez... Enfin... votre corps y sera..."
En un instant, une sorte de fantôme surgit du corps de l'aïeule et s'empara de celui de son interlocutrice: une espèce de fine vapeur, comme expulsée de ce dernier, flotta une seconde au dessus de la tête et disparut au-dessus du corps de la vieille femme assise.

Celle-ci, muette de stupeur, tenta de se lever, et y renonca, surprise par les rhumatismes de son corps désséché, tandis que la journaliste, souriante, arrêtait le magnétophone et en dégageait la bande magnétique pour la mettre dans son sac. -"Permettez-moi de garder cet enregistrement", dit-elle... d'ailleurs personne ne vous croirait. Et merci pour cette conversation, mais je dois m'en aller, à présent... J'ai un rendez-vous !"
La jeune femme quitta l'appartement, joyeuse, en chantonnant des airs d'autrefois. Tout serait plus facile, cette fois, maintenant qu'elles savaient comment s'y prendre...


Responsable du site : Lucie Sobek


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