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« Rencontres du type intermédiaire 3 », une petite histoire imaginée par micheleanne

1 Rencontres du type intermédiaire 3 jeanne tvq@femmes.net 29-10-2004, 15:33 Par Michèle Anne Roncières

Troisième Partie.

J'ignore combien de temps nous passâmes dans cette soucoupe: la nuit entière, peut-être même plusieurs jours ? Je me sentais parfaitement à l'aise avec ces "cousins" et "cousines" éloignés dont je partageais le secret si étonnant, et je ne me souciais plus que d'exercer mon pouvoir tout neuf sur chacune des femmes, parvenant à les reproduire de mieux en mieux. J'étais si avide de perfection que je parvins bientôt à me passer de toute aide, et mes résultats dépassèrent rapidement toutes mes espérances. Tout le monde à l'intérieur de la soucoupe était ravi de voir mes progrès à l'oeuvre et l'on m'encourageait au fur et à mesure de nombreux compliments, certainement un peu exagérés au début, mais qui devinrent vite tout à fait sincères.

Je n'avais pu remettre mon beau tailleur, qui n'eût pas convenu à toutes les morphologies que j'endossais. Mais je n'en étais guère troublée, ayant fini par ne plus considérer mon corps nu que comme un vêtement ordinaire dont je pouvais changer suivant ma fantaisie, dont l'ampleur ne faisait que croître de plus en plus...
"Tu es vraiment douée", me dit Xowinghia. Tel était le nom de la femme qui commandait la soucoupe, la responsable de l'expédition, avec laquelle s'était noué le début d'une amitié réciproque.

Je semblais même l'être tellement, en effet, qu'il me revenait plus que ce seul pouvoir de transformation: il me sembla également recouvrer la mémoire de plusieurs époques où j'avais vécu; ces souvenirs étaient troubles, furtifs, évanouis dès qu'évoqués, et me laissèrent plusieurs fois comme tremblante d'une angoisse inexplicable. Je m'estimai fatiguée, et j'en parlai à mon amie, le temps de reprendre des forces.
"Ce qui t'arrive se produit quelquefois: la vie Xolthienne est incomparablement plus longue que la vie humaine, et peut survivre au corps terrestre, à travers la descendance de celui-ci, exactement comme les gènes Xolthiens eux-mêmes..."

Quand au reste, Xowinghia m'apprit avec ménagement quel avait été le sort impitoyable qu'on avait souvent réservé, au cours des siècles, à celle de nos soeurs qui avaient découvert leurs pouvoirs et avaient commis l'imprudence de s'en servir dans les temps d'ignorance et de fanatisme religieux: les incubes (qui prenaient forme d'hommes) et les succubes (qui prenaient la forme féminine), c'étaient elles ! Accusées communément de sorcellerie, brûlées, étranglées, noyées, il n'était de supplice dont la haute civilisation humaine ne leur avait fait l'honneur. Les autres, celles qui, restées dans l'ignorance de leur nature, s'étaient bornées à souffrir de ce que la science médicale moderne nomme "dysphorie de genre", n'avaient d'ailleurs rien à leur envier: on les estimait possédées du démon, ce qui justifiait leur exorcisme dans de telles conditions qu'elles y laissaient souvent la vie...

Jusque là, j'avais toujours considéré ces massacres comme révoltants, mais je sentis brusquement à leur évocation comme se rebeller chaque fibre de mon nouvel être, comme si j'en avais été moi-même été victime. Et précisément, ce fut à ce moment là que toute une existence me revint en mémoire, que je revécus aussitôt en quelques secondes terribles: celle où j'étais Jeanne Fortier, jeune lingère au Louvre, au temps de Philippe Auguste. Un jour, une autre fille, Marie Duplin, se prit de dispute avec moi au sujet de son galant, qu'elle m'accusait de lui vouloir souffler, alors qu'il m'était bien indifférent, que j'étais déjà mariée et avais même un fils. Comme je niais tout et le prenait de haut avec insolence et raillerie, ce qui augmentait sa colère, elle se rua sur un gentilhomme qui passait dans la cour et lui prit sa dague, avec laquelle elle me larda de tant de coups que j'en fus bientôt mourante. Comme je me savais perdue, je n'eus d'autre ressource que de prendre brutalement possession du corps de ma meurtrière, et ils furent six ou sept à voir, stupéfaits, mon être Xlothien quitter le corps de Jeanne Fortier pour entrer dans celui de Marie Duplin... de quoi ils déduisirent que ce dernier recélait désormais une sorcière redoutable, qu'il fallait pendre sur le champ, ce qui fut bientôt entrepris.

Il ne me fut pas possible de rééditer aussitôt mon exploit: tout le monde se tenait sur ses gardes, évitant de me regarder en face, chose dont précisément j'avais le plus grand besoin pour accomplir mon changement de corps (car tout le secret est là). Je frissonnai en sentant qu'on me liait les mains dans le dos et qu'on me passait la corde au cou, dans la curiosité et l'allégresse générales. Et il me fallut encore attendre d'être aux trois-quarts étranglée,et presque à bout de résistance, pour que le bourreau, venu vérifier si tout se passait bien, se trouvât en face de moi, les yeux face à mes pupilles, prêt à m'accueillir sans le savoir. A si faible distance, la chose se déroula si discrètement que personne ne s'en rendit compte, que le bourreau, qui se retrouva dans mon corps, et moi, qui fut bien aise de prendre le sien...

Je le regardai finir de se balancer à ma place sans qu'il comprît ce qui lui arrivait, lui qui avait tué tant de monde sans la moindre émotion, rien que pour obéir à son maître... et, furieuse et dégoûtée, je m'éloignai bien vite de la potence avec ce corps lourd et répugnant, à la recherche d'une apparence plus à mon goût... Oui, j'avais bien oublié qui j'étais avant Jeanne Fortier et qui je fus ensuite, mais cette journée d'il y avait huit siècles, je m'en souvenais dans les moindres détails...

Je m'effondrai après cette tragique évocation, et peinai quelque peu à reprendre mon souffle et mes esprits. Mes amies me réconfortèrent de leur mieux en m'assurant qu'il en était presque toujours ainsi, la plupart de leurs "invitées" ayant connu des expériences semblables à la même époque... Elles m'informèrent aussi que je devais m'attendre, dans un temps plus ou moins proche, à retrouver la mémoire complète de toutes mes vies passées, et qu'il me faudrait peut-être surmonter seule des réminiscences comme celle-ci.

Le temps était venu de nous séparer. J'avais toujours l'apparence de Xowingia, apparence que je ne voulais plus quitter, et celle-ci me fit don en cadeau de l'une de ses robes, que je revêtis immédiatement, avec reconnaissance.

Je sentais bien qu'il m'était désormais impossible de vivre sans garder de contacts avec ces étranges parents qui me semblaient être la plus proche famille que j'avais jamais eue. Et cependant, j'attendis le dernier moment, conduite hors de la soucoupe, dans le petit matin et la rosée, pour demander à Xowingia s'il m'était possible de les revoir un jour.
"Mais naturellement", me répondit-elle en souriant: "Nous avons entre nous des lieux de rendez-vous un peu partout dans le monde. Pour Paris, cela va te rappeler des souvenirs: il s'agit de la Cour Carrée du Louvre, autour de la fontaine: si tu vois quelqu'un avec un plan de Paris en main, demande lui, au mot près:
-"Excusez-moi: Savez-vous où se trouvait la Grosse Tour de Philippe-Auguste ?"
Et si c'est l'une des nôtres, elle te répondra précisément:
-"Oui: A l'angle Sud-Ouest de la Cour. Son emplacement était indiqué par un pavage spécial avant les travaux de 1986."
Tu ajouteras:
-"Beaucoup de gens la confondent avec la Tour qui fait le coin."
Et enfin elle te dira:
-"Mais celle-là était au bord de la Seine. C'était le départ de l'enceinte de Paris".
Vous pourrez alors être sûres l'une de l'autre, pourvu que les mots échangés aient été exactement ceux-là."

Je la remerciai, émue jusqu'aux larmes. On me conduisit à ma voiture, qui avait été déplacée, sans que je visse comment. Je m'assis au volant et assistai, toujours en pleurs, à la procession de mes amis, de mes amies, qui rentrèrent dans la soucoupe en m'adressant chacun, chacune, un petit signe de la main. Dès que la porte s'en referma, je me promis d'aller faire un tour au Louvre le plus tôt possible, histoire de vérifier que tout cela n'était pas qu'un beau rêve...

La soucoupe décolla et disparut comme elle était venue, repassant en silence au-dessus du petit bois dans une lumière éblouissante.... Je remis le contact... la DS démarra aussitôt et je rentrai chez moi dans un tel état d'excitation et de fatigue qu'il me fallut deux jours pour revenir à la vie ordinaire.
La journaliste se mit à baîller ostensiblement: jamais encore on n'avait osé lui raconter une telle histoire à dormir debout !
-"Alors, vos débuts sur les planches, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?"
La vieille dame sourit de plus belle: -"J'y arrive, j'y arrive... !"

(à suivre)


Responsable du site : Lucie Sobek


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