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« Les deux visages de Themis 3 », une petite histoire imaginée par micheleanne

1 Les deux visages de Themis 3 jeanne tvq@femmes.net 29-10-2004, 15:30 par Michèle Anne Roncières
Troisième Partie

Revenue enfin à moi, dans la salle de bains, je m'approchai de la glace avec curiosité pour y voir cette femme qui venait de faire l'amour pour la première fois de sa nouvelle vie, et qui en était si heureuse et épanouie qu'elle semblait être Venus teinte en brune...

Je repensai à la glace de l'armoire... tout cela était si étrange... je commençais presque à penser que j'avais rêvé toute cette vie désastreuse que j'avais cru avoir été la mienne: celle où j'avais pâti d'un père dur et froid, et pourtant trop tôt disparu, celle que j'avais passée sous la férule d'une mère hystérique, celle avec Martine, enfin, qui avait été le couronnement de l'enfer et de l'humiliation... et les quarante ans qu'elle avait duré n'avaient sans doute été que le cauchemar d'une nuit...

Dans cette pseudo-vie là, qui, j'en étais sûre, à présent, ne viendrait plus jamais me hanter, je cachais mes affaires de femme dans le double fond du placard de cette même salle de bains... un bricolage que j'avais effectué bien des années auparavant... Amusée, j'ouvris le placard, tendis la main et fis jouer le déclic.

Ce recoin était encore bourré d'affaires diverses: des vêtements, des chaussures, quelques perruques, une trousse à maquillage... Mais rien de tout cela ne m'appartenait... Intriguée, j'avisai une pochette de photographies, que j'ouvris avec la fièvre de l'inquiètude. J'eus du mal à reconnaître la grande femme blonde qui souriait à l'objectif... Mais quand j'y regardai plus attentivement, gommant en esprit le maquillage soigné qu'elle s'était fait, la forme du visage, de la bouche, du nez, et le dessin des yeux ne laissaient aucun doute: c'était Pierre.

L'unique pensée qui me traversa fut pour la douleur qui avait dû être la sienne, chaque jour durant toutes ces années, de devoir me cacher cela; cette douleur que je connaissais si bien, ayant été la mienne, qu'elle fût réelle, que je l'eusse rêvée, ou seulement ressentie... je regardai encore la photo et ne pus me défendre d'une immense tendresse envers cette femme inconnue qui m'était pourtant si familière. L'ayant retournée face à la glace pour la voir en même temps que mon propre reflet, je me surpris à murmurer que nous irions merveilleusement bien ensemble...

A ce moment là, un bruit énorme retentit dans le couloir, suivi de rumeurs sauvages dans l'escalier: une horde de taureaux furieux semblait en dévaler les marches; effrayée, je m'immobilisai... Puis, quelques secondes plus tard, retentit ce qui aurait pu être une rafale de mitraillette... Prudemment, je ressortis de la salle de bains.

La porte d'entrée de la maison avait été défoncée par quelque chose d'énorme et de puissant: les éclats de bois multiples et informes témoignaient de la violence du choc. Devant le seuil gisait encore l'espèce de bélier qui l'avait détruite. Apeurée, je rebroussai chemin et montai l'escalier sur la pointe des pieds. Un brouhaha confus provenait de notre chambre.

Des soldats en treillis en barraient la porte, mais, surpris de me voir, ils n'eurent pas le temps de m'empêcher de passer... Dans le lit, le cadavre de Pierre, avec de gros trous ensanglantés dans la poitrine, dont s'écoulait encore un magma bouillonnant. Je hurlai et me précipitai vers lui, mais je fus violemment retenue par l'un de soldats, qui m'ordonna de me tenir tranquille d'un coup de crosse dans le ventre. Je m'écroulai.

Ce n'étaient pas des hommes, mais des femmes: je le voyais bien, maintenant, malgré leurs tenues militaires et leurs crânes rasés. Le sigle FLF était cousu sur leurs uniformes et je sus que j'avais affaire à la branche armée du Front de Libération des Femmes, Canal Historique, pour qui même la Ligue des Femmes Libres n'était qu'un ramassis de dangereuses déviationnistes à fusiller d'urgence.

Une gradée délaissa sa compagne pour s'approcher de moi et me donna quelques coups de pieds pour attirer mon attention.

-"Je savais bien qu'il ne devait pas être seul... T'as pas de chance, salope, tu vas voir ce qu'on fait des traîtres de ton espèce... Relevez-moi ça !"

Deux de ses femmes me soulevèrent sans ménagement par les aisselles et me collèrent contre le mur, provoquant la colère de leur chef.

-"Qu'est-ce que vous faites ? Vous croyez qu'on va gaspiller des balles pour ça ?", demanda-t'elle ironiquement.

Les deux femmes eurent un méchant sourire entendu. L'une d'elles ouvrit un grand sac de toile et en ressortit une corde, que je fixai avec une incrédulité horrifiée. Elle monta sur les épaules de son acolyte et en passa une extrêmité au crochet de la suspension. A l'autre bout, au-dessus de ma tête, un noeud coulant qui ressemblait comme un jumeau à celui que j'avais déjà éprouvé quelques heures plus tôt.

Par un raffinement de sadisme qui ne se peut comparer qu'à celui des nazis, elles m'obligèrent, sous la menace de leurs armes, à monter sur la chaise et à me passer moi-même la corde rêche autour du cou...

Je les regarde tranquillement... Je n'aurai pas peur, cette fois. Si elles savaient avec quel plaisir je vais faire basculer cette chaise et quitter ce monde infect et stupide... Pierre m'attend. Peut-être ne ferons nous enfin qu'un, bientôt, pour son repos et pour le mien ? Surtout ne pas attendre qu'elles m'obligent...

Voilà, c'est fait.


Responsable du site : Lucie Sobek


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