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« Comment je me suis mariée 1 », une petite histoire imaginée par micheleanne

1 Comment je me suis mariée 1 jeanne tvq@femmes.net 29-10-2004, 15:07 Par Michèle Anne Roncières
À Anne-Sofie,
Avec amitié
Première partie

Ç’aurait pourtant dû être un jour presque comme les autres ! Pour moi, bien sûr, pas pour mon vieux copain Daniel, au mariage duquel j'étais invité... Daniel était le fils d'une très grande famille d'industriels, dont j'étais devenu l'ami au cours de mes années de Lycée. J'avais toujours raffolé de sa grande élégance et de son esprit, qui semblaient montrer qu'on pouvait être riche avec une sorte de distinction naturelle, sans vulgarité, sans ostentation, et sans lourdeur... Il avait un certain côté anglais, en somme. Moi, il m'aimait bien aussi, je ne savais pourquoi; sans doute, pensais-je, comme il était fils unique, lui servais-je de frère, auquel la moindre condition de fortune (ô combien moindre !) conférait la vertu d'étrangeté que recherchent les explorateurs dans les tribus primitives.

Il devait épouser ce jour-là une confortable héritière de l'aristocratie locale, qui lui était destinée depuis son cinquième anniversaire, et qu'il avait revue de temps en temps depuis, afin de s'y accoutumer. Je ne l'avais jamais vue, mais le peu qu'il m'en avait dit, à moi, son confident, ne laissait guère prévoir qu'une idylle pût jamais naître de l'union qui avait été décidée par les parents des futurs mariés au mieux de leurs intérêts respectifs.
- "Que veux-tu, mon bon ", avait-il soupiré: " je suppose que cela fait partie des devoirs qui m'incombent... "

A vingt-neuf ans, Daniel ne semblait pas, en effet, avoir jamais fait preuve d'un grand enthousiasme pour les idylles avec le sexe opposé, ni même pour les rencontres sans lendemains. Et moi qui n'avais que deux ans de moins que lui, je pouvais difficilement lui en remontrer à cet égard: seul j'étais, seul je semblais devoir demeurer, car je n'avais pas, moi, les parents qui eussent pu m'arranger de telles noces de convenance.

Me remémorant tout cela, je finis par arriver au Château où devait se dérouler le mariage et les festivités, et qui avait été loué par les deux familles; pas n'importe lequel, bien entendu: le château de Versailles lui-même! Je revois encore la foule de touristes déçus qui s'amassaient devant la grille close, comme devaient le faire les révolutionnaires de 1789... Me frayant difficilement un passage parmi eux, je parvins à tendre mon invitation à un huissier, qui me fit pénétrer dans la cour, et m'indiqua un chemin à suivre.

Marchant avec difficulté sur les pavés polis par des millions de chaussures, je me dirigeai vers le bureau d'accueil, qui ne délivrait pas de billets, mais recevait les invités. Présentant à nouveau mon carton à un nouvel huissier, j'eus la surprise de voir son visage se décomposer et de l'entendre me dire en chevrotant:
- "Monsieur ! Que Monsieur veuille bien me suivre: Monsieur attend Monsieur ! " Abandonnant aussitôt son poste, il se mit à trottiner de toute la force de ses pauvres vieilles jambes de septuagénaire, à travers cours secrètes et labyrinthes biscornus. Ce fut à peine si je pus lui poser quelques questions et s'il parvint à y répondre:
- "Je ne comprends pas ", m'étonnai-je: " Je ne suis pas en retard! la cérémonie est prévue pour dix heures trente et il est à peine neuf heures ? "
- "Pouf pouf ", faisait le vieil homme en courant: " Monsieur a demandé.. pouf pouf... qu'on vous fasse venir auprès de lui... pouf pouf... dès que vous seriez là... pouf pouf... "

Je n'insistai pas: nous pénétrâmes dans un bâtiment, et je me laissai guider à travers les couloirs de toutes ces salles somptueuses qu'on ferme d'ordinaire au public. Nous finîmes par arriver dans une chambre aux tentures rouges brodées d'or, que je n'eus pas le temps de détailler: mon ami était là, assis dans une bergère, et pianotant sur l'accoudoir, ce qui était chez lui le signe de la plus haute nervosité. L'huissier n'eut pas le temps de m'annoncer: il m'avait vu et se dirigeait déjà à mon avance.
- "Jean ! Grâce au ciel, mon ami, tu es là ! "
- "Bien sûr Daniel ! Tu penses bien que je n'aurais jamais manqué ça, voyons ! "
L'huissier s'étant retiré pour regagner son guichet, Daniel coupa court aux mondanités et me regarda avec franchise:
- "Jean..., je crains que nous n'ayons un léger ennui... "
Je connaissais bien Daniel: Il était visiblement en train de m'annoncer une catastrophe sans précédent.
- "Que se passe-t-il ? "
Il me fit signe de m'asseoir, et ne poursuivit pas avant que nous fussions tous les deux confortablement installés.
- "Marie Odile... T'ai-je déjà parlé de Marie-Odile de Frémont-Beauchicourt ? C'est elle que je dois épouser... "
- "Oui ", fis-je, " je suis au courant... Continue, je t'en prie! "
- "Eh bien... ", reprit-il douloureusement, " Marie-Odile... Il lui est arrivé un léger accident ce matin.... "
- "Quoi donc ? "
- "Ces escaliers de marbre... Tu sais... Ils sont affreusement glissants... " Il toussota. " Elle a dévalé tout le grand escalier sans pouvoir s'arrêter... Elle s'est cassée la jambe gauche, la cheville droite, le coccyx et s'est démis une épaule, je ne sais plus laquelle... "
- "Mon Dieu ! ", m'écriai-je: " Mais... dans ces conditions vous ne pouvez plus vous marier ? "
Il se racla encore une fois la gorge et se cala dans son fauteuil:
- "Justement... C'est bien le problème...Vois-tu... nous avons loué ce château pour aujourd'hui et demain... invité Mille Cinq Cents personnes, parmi lesquelles les plus grands noms de France... Le service sera assuré par la Tour d'Argent... Le ConcertGebow d'Amsterdam jouera pendant la cérémonie ... La Télévision sera là... Et j'en passe... "
Derrière son sourire figé, je sentis comme une profonde détresse:
- "Vous n'avez rien annulé ? Vous n'avez rien dit ? "
- "Impossible, mon cher, tu peux le comprendre. Nous ne sommes qu'une petite dizaine à être au courant: Nos parents, bien sûr, moi, et l'équipe de chez Givendiorel qui travaille à la robe de Marie-Odile... "
- "Mais comment allez-vous faire, si ta fiancée ne peut même pas se déplacer ? "
- "Elle ne peut pas parler, non plus; et elle n'y voit que d'un oeil, à cause des bandages: " fit-il, soucieux de précision.
- "Alors, que vas-tu faire ? "
Il se tourna vers moi, me regarda droit dans les yeux, et me dit:
- "Jean: Toi seul peut m'aider. "
- "Moi ? Mais comment ? "
- "Tu te souviens, quand nous étions ensemble chez les scouts ? "
Je me souvenais. En avions-nous passé des journées à des jeux de plein air, des soirées de feux de camp, où nous avions oublié jusqu'à nos familles et où nous étions devenus des frères authentiques, des frères de naissance.... Je pensai que Daniel voulait m'apitoyer:
- "Oui, je me souviens, mais qu'est-ce que... ? "
- "Tu te souviens de la fois où je devais porter un message pour la cheftaine, et où je suis entré dans sa tente ? "

Cette fois ça y était: comment avais-je pu oublier ça ? Il était tellement beau, l'uniforme des filles, avec la jupe bleue, comparée à nos shorts ridicules... J'avais profité d'une absence de la cheftaine pour l'essayer, et Daniel m'avait surpris ainsi, dans cette tenue. Comme toujours, il avait été parfait, faisant semblant de ne pas me reconnaître, et murmurant un " excusez-moi, je me suis trompé de tente "
- "Tu m'avais reconnu, alors ? "
Il sourit:
- "Pas tout de suite... Je n'ai rien dit, tu sais: Personne n'aurait rien su si tu n'avais pas passé une journée chez les Eclaireuses par la suite, et si tu ne t'y étais pas fait prendre... Comment t'étais tu fait appeler ? Michèle Anne, c'est ça ? Là, tu avais un peu abusé ! "
- "D'accord...Mais qu'est-ce que ça à voir avec aujourd'hui ? "
Il soupira en voyant que je me refusais à deviner.
- "Jean: s'il te plaît, prends la place de Marie-Odile, le temps des festivités... Il n'y a qu'à toi que je peux demander ça ! "
Je demeurai stupéfait:
- "Pardon ? Ah mais non, Daniel, c'est impossible ! Je ne touche plus à ça, maintenant, tu sais je me suis fait soigner, j'ai eu ma dose d'électrochocs et maintenant je suis tout à fait normal, tout à fait ! c'est à peine si je mets un soutien-gorge de temps en temps ! Et encore un tout petit, et sans la moindre dentelle, et sans bretelles non plus: juste un bandeau ! Ou alors un collant, juste un collant en plus du soutien-gorge, pas de bas et de porte-jarretelles ou tous ces trucs, hein, seulement un collant, c'est tout ! "

Daniel n'avait pas prévu mon affolement; on voyait bien que ce n'était pas lui qui avait été " rééduqué " par une équipe de thérapeutes de chocs... Des années après, j'en faisais encore des cauchemars terrifiants. Je le vis s'effondrer pour de bon:
- "Jean... Si ce mariage n'a pas lieu, c'est la fin... pour ma famille, pour moi... Tu ne veux pas cela, n'est-ce pas ? "
Je me calmai:
- "Mais enfin, Daniel... Tu ne te rends pas compte: me faire passer pour ta fiancée, le jour de ton mariage et devant Mille Cinq Cents personnes ! "
Voyant que mon refus se dissipait, Daniel reprit de l'assurance:
- "Ecoute... Durant cette semaine, nous aurons tous des costumes du XVIII° siècle... Tu aurais dû avoir le tien, toi aussi... J'avais prévu pour toi un superbe costume de Marquis... Mais les robes de cette époque, je te prie de croire que ça te change un homme ! Sans compter que ma fiancée, elle aura son voile, puis le chapeau, tout ce qui peut tranformer une apparence... "
- "Mais... Est-ce que je lui ressemble, au moins ? "
- "Eh bien... Tu ressembles plus maintenant à ce que j'aurais aimé qu'elle soit avant son accident qu'elle ne se ressemble elle-même aujourd'hui, ça je peux te le jurer ! "
Renonçant à débrouiller cette phrase énigmatique, je regardai longuement Daniel, ses yeux inquiets... et je me laissai fléchir:
- "Bon... Si tu es certain que ça peut marcher... si ça peut te rendre service... et si ça reste entre nous, alors... pourquoi pas ?
Daniel se leva, et me fit me mettre debout pour me donner l'accolade virile qui était chez lui le comble de la familiarité:
- "Jean.. Tu me sauves la vie ! Allons chez Marie-Odile, lui annoncer la bonne nouvelle ! "
Il était déjà à la porte quand je l'appelai:
- "Daniel... Il n'y a qu'une chose qui me chiffonne un peu... "
- "Quoi donc ? ",fit-il, un peu inquiet, le sourcil relevé.
- "Etre obligé de me faire appeler " Marie-Odile "...Ca ne me tente pas énormément ! "
Soulagé, il sourit à nouveau:
- "Nous avons tous notre lot de petits tourments à endurer... "

A suivre...


Responsable du site : Lucie Sobek


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