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« La COLONELLE / chapitre 16 / LE TRAITE DE PAIX », une petite histoire imaginée par marietherese

1 La COLONELLE / chapitre 16 / LE TRAITE DE PAIX marie therese marietheresekoest@yahoo.fr 04-07-2007, 10:17

Le général était un homme à l'esprit pratique. Il savait quand il avait l'avantage, quand il pouvait gagner. Il savait aussi quand il avait perdu. Il savait qu'il venait de perdre ce combat et qu'il devait signer le traité de paix. En y réfléchissant bien, le prix de cette paix ne serait pas si exorbitant, et les merveilles entrevues lors de la bataille lui semblaient pleines de promesses.

La colonelle était une fine diplomate. Elle venait de vaincre dans un combat à l'issue hasardeuse. Elle n'étalait pas sa gloire et n'écrasait pas son adversaire, ne voulant pas lui faire perdre la face. Son intuition lui disait qu'elle devait négocier habilement les termes du traité de paix et que ces termes lui seraient d'autant plus favorables qu'elle traiterait le vaincu avec dignité. Elle avait remarqué le plaisir notoire que le général avait éprouvé lors de certaines péripéties du combat et elle pensait que c'était dans cette voie là qu'il fallait lancer les négociations.
Le général comprit vite qu'il existait une solution qui mettrait tout le monde d'accord, mais il voulait gagner du temps. Il voulait se donner à lui-même le temps de s'habituer à cette idée nouvelle, à ce changement important dans sa vie.

Il rédigea des aveux complets et détaillés. Il les remit à la colonelle, qui en grande dame plia le papier et le glissa sous son corsage, sans le lire. En prenant congé de ma tante, il lui dit qu'il allait réfléchir à tout cela. La colonelle opina, comme s'il avait émis une banale remarque.
Il salua militairement le colonel. Il me salua ainsi que Béatrice, en soulevant légèrement son chapeau, sans plus.

La colonelle s'informa indirectement auprès d'officiers fréquentant le général au sujet de son état d'esprit. Lui qui ne parlait presque pas était devenu volubile et conversait volontiers avec son entourage. Lui qui avait toujours l'air sévère, était maintenant souvent joyeux et plein d'entrain. Dans son entourage on pensait qu'il avait enfin pris une maîtresse.
La colonelle était très satisfaite de cette évolution.

Le général est venu nous voir plusieurs fois durant les semaines qui suivirent son inspection. La première fois il joua les indifférents. La deuxième fois je surpris des rêves dans les doux regards furtifs qu'il portait sur moi. La troisième fois, il s'est arrangé pour rester seul au salon en ma compagnie. Il parla d'un livre qu'il désirait lire et se demandait si le colonel n'en possédait pas un exemplaire dans sa bibliothèque. Je lui fournis quelques indications. La colonelle trouva des prétextes pour éloigner chacun. J'étais assise bien droite au bord du canapé, à la place favorite de la colonelle. J'avais les genoux bien serrés. Mes mains étaient sagement jointes au niveau de ceux-ci. Je souriais au général. J'écarquillais un peu les yeux, comme la colonelle me l'avait indiqué. Lorsqu'il regardait dans ma direction je le regardais droit dans les yeux, déplaçais mes mains pour les laisser pendre au-delà de mes genoux et, en déplaçant le bout de mes doigts, remontais lentement le bas de ma jupe. Il ne résista plus longtemps. Il vint vers moi, se mit à genoux et prit mes mains dans les siennes. Il me regarda longtemps en souriant d'un sourire encore timide. Puis il écarta mes mains, les posa sur le canapé, se pencha vers moi et posa sa tête sur mes cuisses, tout contre moi. Emue par cette demande de tendresse, je passai ma main dans ses cheveux. Il pleura longtemps, lentement, régulièrement, comme quelqu'un qui n'a plus pleuré depuis longtemps, mais qui en a envie depuis très longtemps.
Je l'entendis reprendre sa respiration, en quelques coups, puis je le vis se relever. Il me reprit ma main et la couvrit de baisers. Après un dernier regard, il se dirigea vers le bureau du colonel.
"Colonel, j'ai à vous entretenir sans plus attendre d'une affaire personnelle de la plus haute importance."

Ce fut un très beau mariage. Il a eu lieu au dernier jour de mon service militaire. La colonelle a donné le meilleur d'elle-même. Elle mettait son point d'honneur à ce que tout se passe bien. Elle avait déjà recasé quelques Annes, elle en avait marié quelques-unes, mais jamais à un officier si haut gradé, ce qui l'enthousiasmait. L'appartement a été en effervescence pendant les semaines qui précédèrent l'événement. Eugénie et Marie-Pier avaient été mises à contribution. L'une nous avait procuré un modèle anglais, dit de cérémonie, accompagné de tous ses accessoires et l'autre avait confectionné une robe de mariée qui valait, d'après la colonelle, bien des modèles exclusifs de grand couturiers parisiens. Je m'attendais à éprouver de l'émotion, mais en voyant ces merveilles, et plus tard, en les essayant, en me retrouvant toute de blanc vêtue, ce fut un débordement de tendresse et de douceur qui m'envahissait à chaque fois. La souplesse et la douceur des tissus, la fermeté du maintien, les astuces de fabrication qui mettait si bien en position ma poitrine, la perfection de ma silhouette de jeune femme à marier, me troublaient. J'étais fière et heureuse d'être cette jeune femme, j'étais reconnaissante envers mon futur mari pour cette splendide vision qui m'enchantait. Le général m'avait offert un bijou de famille qu'il désirait me voir porter lors de la cérémonie. Il s'agissait d'un collier à trois rangées de perles.

Dans mon ancienne vie, j'avais dû beaucoup travailler. Personne ne faisait attention à moi, ne se préoccupait de mon bien être. Maintenant j'étais le centre de l'attention de toute notre unité, assistée par Eugénie et Marie-Pier. Cela m'embarrassait bien un peu. La colonelle voyait cela et me disait que je représentais l'unité, que c'était son honneur que je devais défendre. Elle me demandait de me battre jusqu'au bout, sans défaillir, pour que la cérémonie soit mémorable, pour que je sois une adorable mariée. Elle ajouta, pour achever de me convaincre :
"S'il te plait, fais le pour Anne."

La colonelle s'était occupée des papiers. Elle m'avait trouvé une nouvelle identité. Un des compagnons d'arme du colonel venait de s'éteindre. Il faisait partie d'une excellente famille. Il était veuf, il n'avait jamais eu d'enfants. Le colonel l'avait visité lors de sa maladie, peu avant qu'elle ne l'emporte. Il avait confié au colonel sa tristesse de voir son nom disparaître. La colonelle avait produit à l'administration un document écrit de sa main sur son lit de mort, citant comme témoin le colonel, me reconnaissant comme sa fille. Je trouvais que "Mademoiselle Anne de T. " m'allait très bien et faisait excellente figure sur les faire-part de mariage. Le général ne fit aucune difficulté à me permettre d'associer officiellement mon nouveau nom de femme mariée à mon patronyme de jeune fille. J'avais, me dit-il en regardant mon sourire avenant, mes yeux pétillants et ma jupe qui remontait lentement, une façon si charmante de la demander, qu'il ne voyait pas comment il pourrait me refuser cette faveur, cette attention si délicate envers ma famille d'origine.

Mon oncle, celui qui était fermier, reçut un avis militaire lui annonçant mon décès lors d'un accident. Un canon, en explosant, m'avait volatilisé.
Mon oncle vint à la caserne pour reconnaître le corps et emporter mes objets personnels. En fait de corps on ne put lui montrer que quelques lambeaux d'uniforme, noircis et déchirés.

Un sergent lui remit un sac en toile renfermant les quelques objets de peu de valeur que j'avais emportés en partant effectuer mon service. L'oncle posa des questions. On le conduisit devant le colonel. J'étais dans le salon, auprès de la colonelle lorsque je le vis passer devant moi, sans me reconnaître. Je pris plaisir à la chose. Tenant maladroitement son chapeau à la main, guidé par Cécile, il entra dans le bureau du colonel. Il ne se montra affligé par ma disparition que dans la mesure où il espérait une compensation financière. C'est avec plaisir que j'appris que j'étais un travailleur puissant et adroit, que j'étais en quelque sorte son bras droit à la ferme qu'il gérait, qu'il attendait mon retour avec impatience. Toute l'unité spéciale, qui connaissait les détails de mes antécédents agricoles, était suspendue à ses lèvres. Il estimait que l'armée devait indemniser son énorme préjudice. Le colonel le détrompa. Il lui montra un rapport détaillé et circonstancié de l'accident. Il y était clairement démontré que j'avais été chargé du nettoyage du canon qui avait explosé. J'étais donc responsable de la perte du canon. Je devrais le rembourser, moi, ou les personnes qui réclameraient mon héritage. Le colonel lui indiqua le prix du canon. On entendit le chapeau de mon oncle tomber à terre et sa chaise s'alourdir. Après un long silence, mon oncle dit que, après y avoir réfléchi, il ne réclamait pas mon héritage.

La colonelle a voulu que je termine mon service militaire en l'aidant à désigner la nouvelle Denise. Entre deux essayages j'ai assisté dans la cour au défilé des soldats. Ceux qui venaient de commencer leur service militaire défilaient les derniers. Je leur souriais et souhaitais à celui qui serait choisi par la colonelle de prendre autant de plaisir que moi à la chose, de découvrir en lui-même les merveilles que j'y avais trouvées. Un de ces soldats avait bien du mal à marcher au pas et à rester aligné avec ses camarades. Un capitaine le désigna du doigt au sergent et lui ordonna de punir ce mauvais soldat. Le sergent nota son nom dans son carnet. Je mis ma main sur le bras de la colonelle et penchai la tête vers elle, tout en continuant à regarder ce soldat. La colonelle, remarquant son gabarit, ses traits, son allure, sa façon de marcher, me dit que c'était un excellent choix. Comme la colonelle et toutes ses conseillères étaient d'accord, nous avons incorporé la nouvelle Denise l'après midi même dans notre unité que je quitterais le lendemain.

Le colonel s'est montré tendre et attentionné. C'est lui qui m'a conduite devant l'autel. Juste avant d'y arriver, à hauteur de la colonelle qui se tenait à la première rangée, nous nous sommes tournés vers elle. Le colonel s'est incliné cérémonieusement vers son épouse, qui était avec lui les seuls membres de ma famille Je lui ai fait une splendide révérence de cérémonie. C'était la dernière. Bientôt, grâce à elle, je serais générale et ce serait à elle de me rendre les honneurs.

Juste après la cérémonie, la colonelle prit dans son corsage un papier plié en quatre. Elle le remit au général, en lui disant que c'était son cadeau de mariage.


Responsable du site : Lucie Sobek


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