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« La COLONELLE / chapitre 4 / LES SOIREES », une petite histoire imaginée par marietherese

1 La COLONELLE / chapitre 4 / LES SOIREES marie therese marietheresekoest@yahoo.fr 09-10-2006, 6:18
J'avais connu auparavant des soirées laborieuses. Il y avait beaucoup de travail à la ferme.
Après le repas du soir, avant d'aller dormir dans la grange, j'aimais rester encore un peu dans la cuisine, près de la cheminée, assis par terre, bien au chaud.

J'aimais bien lorsque quelqu'un racontait une histoire. C'était parfois quelqu'un de la maisonnée de mon oncle, mais c'était rare. C'étaient des taiseux. Parfois un mendiant ou un colporteur, hébergé pour la nuit, payait sa nourriture et sa couche en nous racontant les nouvelles que l'on racontait par les chemins.

Ici, c'était tout différent. Le travail n'était pas trop dur, il avait même des côtés agréables. J'aimais nettoyer la cuisine, déplacer les meubles, éliminer les poussières et les impuretés accumulées. J'aimais bien, lorsqu'une pièce avait été nettoyée à fond, me placer près de l'entrée de celle-ci et la regarder, étincelante de propreté. J'étais contente de voir que j'avais bien travaillé.

Je n'étais pas trop fatiguée le soir. La colonelle et les demoiselles aimaient à bavarder. Nous nous installions confortablement dans le salon, près du feu. Chacune parlait à son tour des évènements de la journée. Tous les détails de celle-ci étaient passés en revue. Puis nous évoquions des souvenirs plus anciens ou des joies à venir.

Puis venait le moment de la lecture. La colonelle tenait à cet instrument de culture. Elle aimait ces moments où une des demoiselles, assise confortablement dans un des grands fauteuils, disposant de la lumière de la lampe à pétrole, nous lisait quelques chapitres d'un des livres de sa bibliothèque. Le reste du salon étant plongé dans l'obscurité, l'ambiance était propice à l'écoute et à la rêverie.

La bibliothèque était divisée en deux parties. Il y avait la bibliothèque de jour et celle du soir. La bibliothèque de jour contenait des livres courants. C'étaient les livres que l'on trouvait habituellement dans une bibliothèque de femme de colonel qui comptait dans son entourage des jeunes filles. C'étaient des livres que l'on pouvait mettre entre toutes les mains. On y trouvait la collection complète des œuvres d'une cousine par alliance de la colonelle, comtesse de son état et spécialisée dans les livres pour enfants sages, de bonne famille. Nous aimions beaucoup ces belles histoires de petites filles modèles. La colonelle y avait également placé des manuscrits. C'étaient de belles histoires pour jeunes filles, qu'elle avait écrites elle-même. Elle aimait à les faire lire, à les écouter, à entendre nos commentaires et à les remanier. Lorsqu'un de ses manuscrits, à force de ratures et de corrections devenait difficilement lisible, elle en dictait une nouvelle copie à Anne ou Béatrice, choisissant celle qui avait la plus belle écriture.
Une belle récompense attendait les jeunes filles bien sages. Une jeune fille particulièrement méritante, le jour de son anniversaire, se voyait transformer en petite fille modèle. La colonelle, dans ce but, avait fait confectionner quelques tenues appropriées.

La bibliothèque du soir était différente. Les livres étaient beaucoup plus concrets, plus précis dans leurs détails. Ils énonçaient des idées avancées pour l'époque, idées qu'il n'était pas courant d'évoquer en public lorsqu'on était femme de colonel et que l'on comptait dans son entourage des jeunes filles. Les livres de la bibliothèque du soir étaient enfermés à clef. La colonelle et Anne disposaient chacune d'une clef. Certains soirs, la colonelle décidait de compléter notre éducation et de nous faire écouter quelques chapitres d'un de ces livres. Anne nous faisait alors la lecture. Lorsqu'il y en avait, elle nous montrait les gravures explicatives. C'étaient souvent des gravures étonnantes, qui frappaient nos jeunes imaginations. Nous devions parfois tourner la tête en tous sens et bien suivre les explications d'Anne et de la colonelle pour saisir le sens profond du récit. La colonelle nous demandait un effort d'attention car elle estimait que nous devions être au courant de ce genre de choses. Dans la vie que nous menions, dans les combats que notre unité serait appelée à livrer, la connaissance des us et coutumes, de la façon de penser, des points forts et des points faibles de nos adversaires valait certainement la peine de consacrer quelques soirées à ces lectures instructives. Cette partie de la bibliothèque contenait la collection complète des écrits d'une lointaine connaissance de la colonelle, marquis de son état, spécialisé dans les études des complications de l'âme humaine et des comportements particuliers.

Les soirées étaient aussi un moment propice pour nous occuper de nos cheveux. La colonelle tenait à ce que nos longs cheveux blonds, signe distinctif de notre unité, soient fortifiés et embellis par de longs brossages quotidiens. Elle avait eu parfois bien du mal pour blondir nos cheveux, obtenir la nuance exacte, amincir, alléger et boucler nos cheveux, que nous ressentions son exigence comme un devoir. Celui-ci était d'ailleurs bien doux et agréable à accomplir. Nous nous aidions l'une l'autre, nous comptions ensemble les coups de brosse à voix basse pour ne pas déranger nos lectures. Parfois, entre deux chapitres, nous accompagnions les bruissements de nos brossages par des chansonnettes au couplet approprié. Parfois aussi, certains soirs où la lassitude nous prenait plus tôt que d'habitude, nous revêtions nos tenues de nuit, légères et seyantes, avant d'accomplir en groupe notre rituel du brossage quotidien. Dans la tranquillité de la soirée, on entendait alors le bruissement des brosses, le bourdonnement de nos conversations à voix basses et nos gloussements étouffés lorsque des brosses dérapaient et brossaient autre chose que des cheveux.

Les soirées étaient aussi l'occasion de nous occuper de nos doigts et de nos ongles. La colonelle préparait à cet effet une mixture spéciale. Denise ou Cécile la réchauffait et la versait dans des bols. Nous pouvions ainsi y tremper nos doigts pour les affiner, et embellir et fortifier nos ongles, tout en nous divertissant ou nous instruisant. Après un long trempage, les ongles devaient être polis et taillés en formes élégantes. L'une aidait l'autre, suivant l'ordre hiérarchique.

Parfois certains soirs, la colonelle avait besoin de calme. Elle se plongeait dans la lecture de son livre bleu. C'était un gros livre relié de cuir bleu. Les pages étaient couvertes d'inscriptions et de petites notes. Des bouts de rubans, des mèches de cheveux, tous de la même nuance de blond, des dessins et des gravures de mode découpés dans des catalogues étaient fixés par endroits. Nous respections son silence. Nous aimions la regarder car elle avait alors une beauté encore plus sereine que d'habitude. Elle était le bonheur. Ses yeux glissaient de ligne en ligne, de page en page. Ses doigts dérangeaient les rubans, caressaient les cheveux et survolaient les dessins et les gravures. Un émoi se communiquait à nous. Parfois elle jetait un bref coup d'œil à l'une ou l'autre d'entre nous. Dans ce coup d'œil, en y faisant attention, on y voyait une petite fille blonde. On voyait le ruban bleu dans ses longs cheveux, de la même nuance que les nôtres.
Elle gambadait dans les prés en souriant à la vie.


Responsable du site : Lucie Sobek


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