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« », une petite histoire imaginée par divers

1 L'armoire Liz tvq@femmes.net 26-10-2004, 10:53 par Liz

Je suis un grand rêveur. Je pourrais même dire que je suis un grand romantique. Pour un garçon, il paraît que ce n'est pas très courant.
Je dois vous dire que, depuis ma naissance, je regarde avec mes mains car mes yeux n'ont pas daigné participer à l'aventure de ma vie. Mais comme je n'ai aucune idée de ce qu'est voir, je ne m'en porte pas trop mal.

J'aime énormément me retrouver dans des endroits où l'on peut rêvasser en découvrant des objets qui ont appartenus au passé. C'est pourquoi, depuis aussi longtemps que je me souviens, je me suis toujours senti bien dans le grenier de notre demeure qui, auparavant, appartenait à mes arrière-grands-parents. Il y flotte une odeur de souvenirs entremêlée à une odeur de poussière qui m'enivre et déclenche en moi quantité d'images d'une autre époque, d'un autre monde.

Je me souviens des premières secondes passées dans ce grenier. Mon cœur débordait de joie. Je m'étais d'abord attardé sur de grosses malles que j'avais ouvertes une à une, prenant chaque objet avec respect et, grâce à mes doigts, je tentais d'identifier leur utilité. Pour chacun de ces objets, je me plaisais à inventer une histoire qui aurait pu être la sienne. J'entourais souvent leur propriétaire de promenade dans des champs immenses ou au abord d'une rivière au clair de lune, de pique-nique dans l'herbe haute et de cheveux flottants au gré du vent. Parfois même, j'allais jusqu'à imaginer un mariage digne d'un conte de fée où l'objet aurait été l'origine de l'amour fou des deux époux.

Mais mon plus grand bonheur fût quand je découvris l'armoire. Elle avait été placée dans le fond du grenier et recouverte d'une grande toile, ce qui me demanda un certain temps avant de la trouver. Je glissai mes doigts le long de son bois. Je pouvais sentir le détail des fleurs qui y étaient sculptées. De toute évidence, elle avait été fabriquée avec soin. Son constructeur avait dû y mettre beaucoup d'amour. J'imaginai alors un homme, outils en main, taillant délicatement le bois. Chaque petit coup de marteau donné sur le manche du ciseau faisait battre son cœur pour celle qu'il aimait. Il se voyait déjà offrant l'armoire à sa bien-aimée avec une fierté qui engloberait toutes ces heures de délicates manœuvres afin que ce meuble soit impeccable et à la hauteur de son amour pour elle. Et comblée, elle enlaçait son soupirant dans une tendresse infinie.

Mes doigts sentirent le rebord d'un premier tiroir. Fébrilement, je cherchai la poignée. Une odeur de fleurs s'échappa du tiroir et m'entoura tout entier. Mes doigts frôlèrent immédiatement un sachet de lavande et je ne pus résister à l'envie de m'enivrer de ce doux parfum. Je me retrouvai aussitôt dans le jardin d'un grand domaine où vivait une dame à la chevelure sans pareil.

Ma main retourna au fond du tiroir et j'en retiré une robe soigneusement pliée et entourée d'un papier de soie. Je développai la robe avec précaution et la pressa doucement contre moi. La délicatesse de la dentelle me ravie. Un ruban entourait la taille et se terminait par une énorme boucle. Soudainement, j'étais devenu cette jeune fille aux cheveux d'ébène et je marchais doucement dans les allées en fleurs de mon jardin. J'eus du mal à retenir ma joie tellement les images me semblaient réelles. Un cri s'échappa de ma gorge et me sorti de mes rêveries. Celui-ci attira l'attention de ma grand-mère qui, du bas de l'escalier, me demanda si tout allait bien.
- Oui, oui, répondis-je avec empressement pour éviter qu'elle ne monte et qu'elle découvre du même coup ce qui allait devenir mon plus grand secret.
Je remis la robe en place et refermai le tiroir en me promettant d'y revenir dès le lendemain.

Ce que je fis. Mais cette fois-ci, je pris la précaution de refermer la petite porte du grenier derrière moi et me dirigeai prudemment vers l'armoire, sur la pointe des pieds, comme pour éviter d'être à nouveau surpris dans ce plaisir que je ne voulais partager avec personne d'autre.

À ma grande joie, dès que je la pris entre mes doigts, la robe provoqua chez moi la même sensation que la veille. Évidemment, je me gardai bien de me laisser l'exprimer à voix haute. Ma seule envie, maintenant, était de l'enfiler pour sentir sa finesse sur ma peau. Sans tarder, je me départis de mes vêtements et chercha, à tâtons, le devant de la robe. Elle glissa sur moi avec volupté comme pour me dire qu'elle m'attendait depuis toujours. Un plaisir insoupçonné me traversa tout entier. Je me sentais tellement excité que j'en vain à me demander ce que signifiait ce sentiment tout nouveau pour moi. Son tissus était un peu frais mais rien de désagréable. Au contraire, cette fraîcheur m'aida un peu à retrouver le calme que j'avais perdu.

Je touchai délicatement la robe pour vérifier l'ajustement sur mon corps. Je constata alors que deux rembourrures avaient été cousues à la hauteur du buste ce qui me donnait une poitrine terriblement féminine. Mon excitation était à son comble. Je ne pouvais en supporter davantage pour une même journée. Je dus donc, à mon grand désappointement, enlever la robe et descendre à l'étage pour vaguer à d'autres occupations qui m'aideraient à refréner cette agitation qui me troublait terriblement.

Ce soir-là, je ne puis m'endormir qu'aux petites heures du matin, essayant de comprendre pourquoi cette découverte faisait un tel effet sur moi. Mon romantisme était devenu quelque chose de beaucoup plus profond, beaucoup plus sensuel. Beaucoup plus érotique? Je pense bien que oui. J'aimais l'idée d'avoir une poitrine. J'aimais l'idée de plaire et d'être belle. J'aimais l'idée d'être aimé pour ma silhouette et mes longs cheveux noirs. J'aimais l'idée d'être traitée comme une femme, avec toute la douceur que cela implique. Et je trouvai le sommeil en me laissant bercer doucement par une euphorie apaisante.

Le lendemain, je décidai d'explorer un autre tiroir. J'y trouvai une deuxième robe mais cette fois-ci, elle était à crinoline. Tout comme celle de dentelles, je pus constater qu'un bustier avait aussi été prévu. Mais qui donc dans mes ancêtres féminins avaient une poitrine aussi modeste pour devoir ainsi en rajouter ?

Certainement pas ma grand-mère car je me souvenais que, étant plus jeune, j'avais eu maintes fois l'occasion d'y appuyer ma tête et ce, durant des soirées entières qu'on passait à se blottir, elle et moi, dans la grosse chaise berçante qu'avait construite mon arrière-grand-père de ses mains. Ma grand-mère avait une poitrine douillette à souhait, si bien que souvent, je m'y endormais malgré mes efforts pour rester éveillé. J'avais tissé avec elle une amitié si profonde qu'il m'arrivait encore aujourd'hui d'avoir le goût d'enfouir ma tête dans sa toile si invitante. Mais je m'en gardais bien car, comme me soulignait si fréquemment ma mère, j'étais grand maintenant et les grands ne peuvent se permettre ce genre de comportements. Ben voyons ! Pourquoi faut-il en vieillissant perdre cet amour naïf qui nous a fait tellement grandir étant petit ? Ma mère avait parfois de ces principes qui me faisaient peur tellement je les trouvais contradictoires avec ce que je ressentais et ce que je trouvais naturel. J'avais quelquefois l'impression qu'elle se cachait la vérité à elle-même pour éviter le bonheur. Comme pour se punir ! Et je ne disais rien, de peur qu'elle se sente punie davantage.

J'enfilai donc la robe que j'imaginai dans un ton de bleu qui correspondait à la couleur de mes yeux. Elle était de velours et me seyait à merveille; du moins, c'est ce que mes doigts me laissait croire. Je caressais légèrement mes seins lorsque, je ressentis une présence derrière moi. Merde!!! J'avais oublié de refermer la porte!!! Quel étourdi je faisais!!!
- Elle était à ton grand-père, dit doucement ma grand-mère.
Je sentis dans sa voix une nostalgie qui me laissa bouche bée. Quoi ? Mon grand-père ? Et ma grand-mère le savait ? Et elle approuvait ? Cool !
- Ne parle surtout pas de cela à ta mère, ajouta-t-elle. Elle ne le prendrait pas du tout. Elle croirait que c'est moi qui t'y incite. Elle n'a jamais accepté que ton grand-père soit un travesti. Elle a tout fait pour qu'il quitte la maison.
- Pourquoi ?
- Elle avait peur de ce que les gens diraient de nous. Elle savait qu'il ne pouvait changer car il vivait ainsi depuis trop d'années. Elle traitait ton grand-père de débauché et me trouvait faible de ne pas réagir à ce comportement. La maison appartenait maintenant à ta mère et il devait obéir ou quitter.
- Et qu'a fait grand-père ?
- Il a quitté la maison mais pour un autre monde en me laissant seule ici. Il n'a pu supporter l'idée de ne pouvoir vivre sa vie comme il le désirait; sans avoir de compte à rendre à personne. Et de plus, il ne savait où aller. Il est mort malheureux et je ne pouvais rien faire pour lui.

Un tressaillement envahit tout mon corps. Je désapprouvais ce jugement trop sévère de la part de ma mère. Je ne savais plus que penser. J'avais à peine découvert un nouveau sens à ma vie que déjà, je devais y mettre fin. Je ne pouvais me résoudre à croire ce que je venais d'entendre.

Ô Mère, est-ce vraiment sans importance ce que je ressens tout au fond de moi? Étant aveugle, toute ma vie est basée sur ces sensations et je devrais maintenant de ne plus en tenir compte! La gène de ceux qui m'entourent a-t-elle vraiment plus d'importance que mes propres sentiments? Qui suis-je pour ces gens? Qui suis-je pour moi-même? Depuis toujours, je suis ce que je ressens et aujourd'hui, parce que je suis hors normes, je dois changer cette façon de me voir? Et qui donc à établi ces normes? Qui peut me connaître mieux que moi-même? Qui peut décider ainsi de ma vie? Et grand-père? Était-il si pervers à tes yeux pour que tu le répudies de la sorte?

Mais je ne dis mots à ma mère. Et depuis ce jour, je pris la décision de ne plus remettre les pieds au grenier de peur de lui déplaire et de la voir blesser la personne que j'aime le plus au monde. Et ce, aussi longtemps que ma grand-mère serait parmi nous.


Responsable du site : Lucie Sobek


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