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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« », une petite histoire imaginée par betty

L’inconnue. 25-04-2010 10:58:48 Vous avez connu ces petits estaminets de banlieue, rue glauque, patron tenant seul et casquette, ambiance usée par le temps et la quasi misère des pratiques.Toujours quelques piliers, parfois "pilières", à demi avachis sur le guéridon de marbre au pied de fonte.

C'est précisément l'une d'elles qui ce jour-là déverse ses regrets d'une vie terne, comme celle de la plupart de ses voisins d'ailleurs, mais qui s'en accommodent faute de volonté et de moyens.

Yvonne a environ 55 ans mais en paraît bien davantage ce matin-là, mal fagotée, mal coiffée, et aussi quelque peu dopée par des libations trop précoces.

Elle m'aperçoit, qui suis entré par hasard dans ce bistrot hors du temps, pour déguster un n'importe quoi frais et en bouteille, par ces temps de canicule.

J'ai tout mon temps, mon programme est ce mois-ci sans importance, et cette femme accroche mon attention, elle porte sur un visage qui fut beau une telle expression de" j'menfousd'tout" que l'on ne peut y rester indifférent.

Le patron me fait un signe d'épaule, il en a vu tant. Je suis le seul véritable client en ce moment, c'est mon heure de B.A.

Une conversation s'engage: cette femme s'exprime bien, ses propos sont clairs et cohérents même s'ils démentent la première impression qui se dégage de sa personne, et j'y prête attention.

Elle commence pour moi le récit de son existence actuelle: elle ne manque pas vraiment de ressources, bien que modestes, mais elle est SEULE, habitant un petit gourbi sans joie et personne ne lui adresse jamais la parole, hormis les quelques clients du bistro. Elle n'a jamais été mariée, se retrouve sans famille, sans amis, et n'aspire qu'à disparaître comme elle est venue, sans laisser de trace. Le vrai dégoût de tout.

Suit un interminable récit des grands traits de sa vie, dénuès de tout intérêt, et je comprends alors combien certaines personnes ont vécu uniquement parce que la vie est une petite veilleuse vacillante, mais tenace.

Elle se cramponne à moi, car je suis le premier qui l'écoute depuis des semaines, peut-ètre plus, et combien elle a besoin de s'épancher soudain, avant peut-ètre de se décider, comme tant d'incompris, à sauter le pas.


J'entrevois, soudain -égoïstement je le reconnais,- comment je pourrais conciler une B.A. avec mes propres désirs, mes propres intérêts:

L'AIDER À DISPARAÎTRE ET PRENDRE SA PLACE, sans qu'elle attente à sa vie.

Il y a longtemps que je méditais sur la triste existence de ceux qui comme moi ne sont pas à l'aise dans leur situation. Et voici que s'offre une chance inespèrée de DEVENIR FEMME OFFICIELLEMENT sans risque: Je lui trouve un nouvel état civil, je lui assure des ressources, et j'endosse son identité toute faite, et d'autant plus aisément qu'elle n'est connue de personne ou presque.

Mais les choses ne sont jamais aussi simples. Une analyse plus pointue de la situation s'impose: Elle touche sur un compte une modeste pension ? Je la touche à sa place, et lui ayant trouvé en lointaine province un gîte à son goût, je lui trouve aussi un nouvel état civil et lui assure une existence décente. Bien sûr, elle ne connaîtra jamais mon propre état-civil, (ceci pour éviter tout chantage). Elle dépendra totalement de moi, donc restera anonymement dans son nouvel état. La surprise passée,elle semble retrouver à cette évocation une nouvelle raison d'espérer, et je la vois sourire ce qui augure bien de mon projet.



Le temps de la réflexion est venu pour elle. Et pour moi. Désormais, elle a un but, et donc une lueur d'espoir.Mais je dois surtout prendre garde à ce qu'elle ne déborde pas des limites, et que je ne paye pas au prix fort mon excés d'enthousiasme.

Pour, moi, la meilleure solution serait qu'elle parte à l'étranger, mais où ?

Là où la vie n'est pas chère, dommage qu'elle ne parle que le français, sinon le Portugal, une île grecque, que sais-je ? Je commence à mercater, comme on dit , ou à divaguer mais pas tout à fait. Trois heures de bavardage, et nombre de verres….et de non-dits.


Elle me propose de venir voir un de ces jours suivants où elle vit, et j'aurai une idée plus juste du personnage.



GENNEVILLIERS--- Une rue oubliée. Des bureaux sur la rue, assez sordides. Un deux -pièces dans le fond d'une cour, au deuxième sans ascenseur

Pas de gardienne. Des petits locaux au rez de chaussée et au premier, servant de réserve aux bureaux. Rien au dessus de chez elle. Elle se retrouve SEULE après six heures dans cet immeuble minuscule et vétuste.

Elle a déjà ébauché un projet= je devrai la remplacer: vivre quelque temps ici, dans ses meubles dont elle ne veut rien conserver, pas même une carte postale. Je devrai prendre sa suite à tous égards, y compris ses vêtements, afin de ne pas me faire remarquer: même coiffure, mêmes habitudes, lui ressembler au maximum, afin qu' ELLE disparaîsse sans que cela se remarque. Les commerçants sont très observateurs, mais ils sont loin, et ils connaissent mieux les silhouettes que les gens, à condition qu'on achète les mêmes produits. (Me voilà abonnéE à une nourriture à base de pâtes, de viande sous barquette et de vin au litre…) A son avis, TROIS mois suffiraient puis je pourrais partir où je voudrais. (peste -une éternité !!)

Nous faisons une première expérience dès la semaine d'après: elle a préparé un lot de sa garde-robe, nettoyé et complet, et comme nous avons les mêmes tailles, cela ne lui pose pas de problème. J'avoue que lorsque j'ai dû endosser TOUT, depuis les culottes jusqu'au rouge à lèvres, j'ai eu un sursaut. Je n'avais pas remarqué qu'elle était un peu chauve, et portait donc des perruques, grisâtres bien sûr, et me poser çà sur la tête a fait de moi sa soeur jumelle !!

J'étais soudain stupéfaitE de la métamorphose qui s'était opèrée, je me sentais ELLE, debout dans ses bas beiges à porte-jarretelles et ses chaussures défraîchies., l'air ahurie devant l'armoire à glace.

Dès cet instant, j'ai compris que désormais c'est elle qui allait mener le jeu, je m'étais cru très malin, mais elle était en train de me posséder. C'était moi qui était devenue ELLE, certes, mais à SES conditions.

Très vite, je constate que mes affaires personnelles ont DISPARU pendant que je m'habillais et maquillais: je suis donc désormais son double, je n'ai d'ailleurs ni mes papiers, ni mes clès, que j'ai eu la prudence de ne pas amener avec moi.

Elle peut me faire disparaître si elle le veut, puisque c'est moi qui avais suggéré cette idée, et me laisser dans le galetas aussi longtemps qu'elle le souhaitera.

Alors, posément, elle s'explique: je dois PLONGER dans le personnage- elle ne pense pas du tout à abuser de la situation - nous vivrons ensemble pendant le STAGE , et sortirons en alternance. Elle sait dans le fond que je n'aurais peut-ètre pas eu le courage d'assumer si elle ne m'y avait pas contrainte.

""TU parleras et penseras comme moi, une femme ordinaire. Tu devras

t' habituer à une existence médiocre, puisque tu as voulu changer avec moi.

Quant à moi, je sortirai de cette aventure transformée, je veux ètre désormais une femme comme les autres, bien habillée, bien logée, et je pense que nous pourrions nous établir ensemble, comme deux soeurs, dans une province agréable.

Vivre ensemble ?…..Et sous une seule identité ?? J'étais sidérée du changement de cette femme, son langage, son assurance, tout cela en à peine trois semaines…Et c'était mon oeuvre ????

Un moment je soupçonnais que cette femme sans homme imagine que je sois aussi son amant, ce qui ne faisait pas mon affaire, car me mettre FEMME suppose que j'abandonne toute masculinité d'apparence et de mentalité.

Puis je me dis qu'elle se contenterait peut-ètre de quelques joies saphiques, que dans mon déviationnisme je pourrais envisager--je dis peut-ètre…Dans la surprise où je me trouve, je crois que je déraisonne….


Au fait, je connaîs son prénom, et c'est tout. Comment vais-je m'appeler désormais. Car dans mon excitation, j'ai oublié de lui demander son nom, qui sera donc le MIEN , si tout se réalise comme je le prévoyais.

Pour elle, je me proposais de m'adresser à un ami très bien placé, puisqu'il s'occupe des personnes disparues au Ministère de l'Intérieur. Nous avions un jour évoqué le problème des noms" vacants" mais il ne me conseillait pas de le faire pour moi-même, à cause de ma famille , car je devais en fait conserver une double identité bien qu'elle soit escamotée temporairement.

Je ne comprenais pas grand'chose à ces dispositions, mais je lui faisais confiance. C'est un peu en me souvenant de cette conversation que j'avais saisi l'occasion que m'offrait la rencontre au bistrot.

YVONNE, GERMAINE,SUZANNE PETIT, voilà le nom que je devais porter, moi qui souhaitait un prénom élégant, un peu snob, BETTY, LILIANE ou ANNE-CHARLOTTE !!!!! et encore, Yvonne n'est pas impossible. Quant à PETIT, il faut reconnaître que cela passe inaperçu,s je dois dire que cela fait très français moyen-ou française moyenne si vous préférez.

Je devrais me procurer tout ce qu'elle n'a pas: permis de conduire, chéquier, carte BLEUE etc…et aussi ouvrir un compte sous ce nom. Mon Dieu, dans quelles complications j'allais me lancer, auxquelles je n'avais pas encore pensé.

C'etait un curieux spectacle que ces deux femmes assises dans ce petit salon-salle à manger, se ressemblant comme deux soeurs, coiffées pareilles, vétues aussi peu visibles, car Yvonne possédait certes une garde robe un peu limitée, mais surtout si peu diversifiée, jugez en:

Chemisier gris pâle à manches un peu ballonnées pour elle, blanc cassé avec jabot en broderie anglaise pour moi, chacune une jupe droite gris uni pour elle, grise à fines rayures blanches pour moi, chaussures noires pour nous deux, avec un petit talon de 4 cm, sur des bas beiges pas très fins, tendus par un porte-jarretelles saumon.

Pour l'été, elle possédait quelques robes avec ou sans manches, en tissus léger à fleurettes ou à ramages, dans les tons bigarrés d'il y a vingt ans. Et quelques paires de sandales plates et à petit talon .

Pour sortir, elle avait un imperméable raglan beige assez beau, et un manteau d'hiver à col officier en lainage noir chiné.

Aucun bijou de valeur, hormis une gourmette torsadée en or lui venant de sa mère, et quelques bagues dont une alliance de circonstance, de celles qu'on porte pour se donner un peu de sérieux.

Dès le début de notre projet, il était perceptible que nos rapports étaient étranges et presque hiérarchisés, je faisais office de patron--ou de patronne--et elle d'employée. Je sentais qu'elle souhaitait détendre cette situation qui sans doute l'humiliait au fil des jours,bien que nous ne nous soyions rencontrées que peu de fois.

Peu à peu, elle montait un scénario qu'elle me dévoilait goutte à goutte. Un jour, alors que nous n'en étions qu'au début de ce que je pourrais appeler l'apprentissage, elle me suggéra une hypothése qu'elle avait évoquée brièvement, mais qui avait dû germer et se fortifier. Mais, fine mouche, elle attendait que je la formule à sa place: pourquoi ne pas vivre une seule identité en parallèle, ce qui évitait la complexité d'une identité de remplacement, et toutes les formalités ennuyeuses que celà entraînait.

Nous en étions donc arrivées à DEUX Yvonne(s) PETIT, vivant ensemble ou séparément, sans que celà perturbe la socièté qui nous entoure.

Il faudrait alors s'installer dans un lieu nouveau, peut-ètre très peuplé afin d'ètre noyées dans une masse pour mieux s'y fondre.

Nous avions alors décidé de déménager, mais vivre ensemble posait des problémes nouveaux: gardienne indiscrète, commerçants soupçonneux, il fallait alors DIVISER les fonctions, l'une à la boulangerie, l'autre chez l'épicier éloigné du boucher, ETC…Pour le moment, elle me gardait à Gennevilliers, et en peu de temps, elle me transforma si profondément et nous nous ressemblions si fort que nous avions de la peine à nous distinguer devant la glace: miracle du maquillage et de la coiffure.

Pour commencer, nous portions déjà la même chemise de nuit rose-j'ai le rose en horreur- elle décida que désormais elle ME proposerait chaque matin les vêtements que nous porterions ce jour-là, et qui seraient strictement semblables. J'avais insisté pour que nous portions tout de même quelques bijoux: j'ai acheté, toujours en double , quelques bagues , des montres, mais aussi des boucles d'oreilles, et j'ai dû me faire percer car elle ne supportait pas les clips à pince, et avait déjà les lobes percés.

Nous déjeunions ensemble, même tasse à prénom, même collation, puis nous nous préparions: elle NOUS maquillait ensemble, afin que les coloris et l'effet obtenu soient rigoureusement identiques. Nous avions acheté DEUX POSTICHES, d'assez belle qualité pour paraître naturels.

Au fur et à mesure que mes cheveux poussaient elle les taillait pour obtenir une apparence semblable à la sienne, puis elle nous fit à chacune une coloration identique auburn, afin que sous le postiche assorti nous nous ressemblions davantage encore. Comme j' aimais la lingerie fine, je lui avais fait adopter le noir, la dentelle fantaisie et elle adopta aussi le bas-jarretière, que je préfèrais au collant ou au fameux porte-jarretelles.. Le seul point qui nous différenciait, c'est que sous mon combiné je portais de fausses hanches et que mes soutien-gorge étaient garnis de prothèses C pour opérées, d'un effet très naturel.

Nous avions bien sûr une même garde robe, que mes moyens avaient progressivement améliorée, tout en lui gardant ce charme discret de l'intemporel. Il ne fallait jamais sortir ensemble. Elle avait donné mes vêtements masculins à une oeuvre de la mairie, et je n'avais plus aucun moyen de reculer, puisque mes papiers et mes clés étaient cachés et hors de mon atteinte, depuis que j'étais transformée. Je m’étais même fait refaire le nez, à l’image du sien.

Je retirais de l'argent uniquement au distributeur de billets, car j'avais conservé ma carte de retrait et mon compte ètant très régulièrement approvisionné, les états de comptes étaient postés à une adresse privée insoupçonnable.


Les trois mois s'écoulèrent sans incident, même entre nous, et j'en étais arrivée à trouver cette cohabitation agrèable, elle avait retrouvé un esprit qui me surprenait, une raison de vivre que je n'aurais pas soupçonnée lors de notre rencontre au bistrot.

Et puis au coeur de l'hiver, je m'aperçu que plus de cinq mois étaient passés, et que je devais désormais faire un effort pour me souvenir que je n'étais ni YVONNE, ni PETIT, car vivant seules, nous nous interpellions par notre unique prénom, nous avions proscrit pour éviter tout équivoque, l'amical "chérie" que les amies proches emploient fréquemment.

Nous avions aussi fait le test du facteur, qui apportait des "lettres recommandées" fictives, et lorsqu'il demandait PETIT Yvonne, nous répondions en alternance, ce qui n'arrivait pas souvent heureusement.

J'avais évidemment une carte d'identité à son nom, suite à une déclaration de perte qu'elle avait faite, et j'avais dû aller chercher le duplicatum qu'elle-même avait demandé. Les photos d'identité , faites au Photomaton, n'avaient fait que resserrer notre ressemblance, et même ma voix, interminablement entraînée par ma compagne était parvenue à imiter la sienne à s'y méprendre. Je possédais aussi une carte Orange, une carte Vermeille SNCF, mais j'avais renoncé à celle de la "Sécu".

Je commençais à étre connue dans son quartier, chez les quelques commerçants que j'étais seule à fréquenter désormais, et j'éprouvais toujours une grande émotion lorsque l'on me disait "bonjour MADAME" ou quand un homme s'éffaçait pour me laisser passer. Pourtant, objectivement, je ne me trouvais pas très séduisante, et , HOMME, je ne me serais certes pas mis en frais pour cette "YVONNE", mais avais-je le besoin de séduire ?

Je me demandais parfois s'il ne serait pas intelligent de rester dans ce quartier, quitte à prendre plus grand, et ma compagne tendait à prolonger cette cohabitation, qui lui évitait de changer ses habitudes.



Au debut de l'été suivant, nous en étions toujours au même point, et celà faisait dix mois que ce manège durait.

Yvonne fit dans la rue une mauvaise chute, et le Samu l'emmena directement à l'hôpital. Je ne pouvais pas ètre au courant, puisque j'étais restée à la maison, et je fus surprise lorsque j'entendis la porte s'ouvrir et deux agents de police entrer. Ils croyaient trouver un logement vide et venaient chercher le nécessaire pour l'hospitalisation et je fus obligée de leur dire que j'étais la soeur d'Yvonne. Quand ils sortirent, je n'avais plus d' existence légale, puisque la vraie Yvonne était désormais sous la dépendance de l'Assistance Publique de Paris.

Bien sûr, je continuai à habiter dans le deux-pièces, et à porter ma carte d'identité sur moi, mais s'il lui arrivait quelquechose de grave, je courais le risque d'usurpation d'identité,-et de sexe-. Ce n'est pas mortel, mais c'est très désagréable.

Je ne songeai même plus à déménager, et je me demandais si je tenais encore à cette mascarade. Mais plus j'y pensais, plus je réalisais que mon comportement était tellement féminisé qu'il en était devenu irréversible. Mes sourcils avaient été presqu'entièrement épilés, à l'exception d'un mince liseré et ils ne repoussaient déjà plus.Quelques injections d'hormones, qu' Yvonne m'avaient faites, avaient incroyablement développé ma poitrine et je n'avais plus besoin de prothèses depuis plusieurs mois pour emplir mes bonnets C. Mes cheveux colorés en auburn n'avaient rien de naturel, il aurait fallu me raser la tête..

Je n'ai pas parlé de ma famille: mon épouse, ayant conservé notre appartement de Neuilly et des rentes confortables me croyait en escapades, et connaissant mon penchant, elle se doutait que je devais arborer des tenues qu'elle réprouvait. En fait, elle se fichait éperdument de ce que je faisais.

Ce fut avec soulagement que j'accueillis le retour d'Yvonne, aprés trois semaines pendant lesquelles j'avais dû , pour lui rendre visite, changer totalement de look, me mettant en blonde, avec un tailleur d'été moderne en soie imprimée, qui m'avait métamorphosée au point qu' Yvonne ne m'avait pas reconnue, car bien sûr j'avais changé également mon maquillage pour l'occasion. Elle me trouva changée,- à son gré trop libérée - et je dûs retrouver pour sortir mon apparence d'Yvonne-bis.

Mais peu à peu, elle me vieillissait insensiblement, sans que je m'aperçoive du changement, et un jour, je crus voir dans la glace une soeur aînée, à la place de la jumelle habituelle. Même les vêtements qu'elle me faisait porter faisaient vieillots.

Un soir, elle me déclara qu'elle avait repris goût à la vie, et elle ajouta:"grâce à toi", et qu'elle pensait qu'elle m'avait suffisamment aidée à devenir femme pour que nous soyions à égalité de reconnaissance. Elle trouvait aussi que son logement actuel était trop petit pour deux, mais qu'elle s'y plaisait ,qu'elle avait réfléchi pendant son absence, et qu'elle souhaitait que ce soit MOI qui disparaîsse. J'étais estomaquée, car j'avais beaucoup investi pour améliorer l'intérieur du logement, devenu une agréable bonbonnière très féminine.

"Tu partiras dans la semaine qui vient, et tu pourras emporter une petite garde robe de voyage, celle que je t'ai préparée, et qui te fait ressembler à la soeur aînée que je n'ai pas eue.

Je t'ai trouvé une place dans une maison de retraite du Limousin, où tu seras accueillie sous le nom de GERMAINE PETIT, car désormais il n'y a que toi pour t'appeler ainsi. Pour vivre tu auras ma petite pension, et tu pourras rendre quelques services à l'institution, qui te paiera pour celà.

Comment avait elle réussi à monter cette combinaison, c'est ce qu'elle m'expliqua en détail après ma première surprise. Elle avait tout simplement pris contact avec mon épouse et mes enfants, et ils avaient tous organisé ma disparition d'homme, signalé comme sorti de France l'an dernier à destination de l'Indonésie, où ma présence avait été notée, en provenance de Damas et en transit pour la Nouvelle-Guinée où se perdait toute trace.

Elle me remit une enveloppe qui contenait une carte d'identité "infalsifiable"., une carte de Sécurité Sociale , une carte Orange, une carte Vermeille et quelques photos où j'apparaîssais à côté d'elle en "vieille dame", avec au dos l'inscription: Yvonne et Germaine, Asnières 27 juin 2000., soit près de deux ans avant notre rencontre.

Je m'étais piègée moi-même avec mes propres combinaisons, mais je n'étais pas au bout de mes surprises, quand elle me dit que j'allais ètre prise en charge jusqu'à mon arrivée, car j'étais déclarée "amnésique", et affubulatrice. Du même coup, j’apprenais aussi que tous mes papiers., cartes de crédit, comptes particuliers avaient été remis à ma famille, ou fermés, et que je n’existais plus que comme GERMAINE PETIT, , alors que cette dernière n’avait jamais existé, à ma connaissance, car rendue prudente par l’expérience, je commençais à douter de tout, et d’abord de moi-même.

La nuit suivante, je me demandais si j’avais été autre chose que Germaine, et si ce n’était pas les “autres” qui détenaient la vérité.



Mon arrivée le soir en taxi à Montoison-(Haute-Vienne ) se fit dans la plus complète indifférence, la sous directrice m’accueillit et on me conduisit à ma chambre, une chambrette sur cour, avec lavabo, et les toilettes au fond du couloir.

”Germaine, vous prendrez votre service seulement après-demain matin, je veux auparavant vous recevoir dans mon bureau pour vous expliquer ce que vous aurez à faire”

(Je n'arrivais pas à me faire à ce prénom idiot et ancillaire.)

Ce fut rapide pour ce soir là, j’avais mangé à la gare de Limoges, et dès le réveil, la Sous-Directrice m’expliqua que vu la modicité de mes moyens, je devrais travailler le matin au service d’étage, qui comportait la toilette des personnes partiellement invalides, l’entretien de leur chambre,( toutes avec salle d’eau et W.C.), et leur transfert dans les salles de “distraction”. Elle me remis la blouse de la maison, bleue avec le sigle de l’Institution Cantonale de Soutien aux Personnes Agées-Centre de Montoison.---I.S.P.A.M.

Elle ajouta que c’était le Secrétariat d’Etat aux Personnes Agées qui m’avait placée, et que j’avais beaucoup de chance d’ètre à mi-temps, car j’avais une petite pension qui permettait que je sois libre à partir de 14 heures.

En fait, après le repas de midi, je pouvais donc me changer et quitter la blouse, pour ce que je voudrais, mais j’ai très vite compris que ce n’était pas une maison de plaisirs, et qu’il fallait se vêtir comme les vraies pensionnaires, c’est à dire en robe-tablier ou chasuble, bas épais et chaussures plates. COMBIEN DE TEMPS allais-je “tenir” dans cette situation ??

J’étais partagée entre la sensation continuellement renouvelée d’ètre considèrée comme une femme à part entière, le sentiment d’ètre utile à des personnes diminuées surtout physiquement, et l’espèce de fatalisme qui vous fait demeurer sans volonté en l’attente d’en trouver assez pour inventer un moyen d’en sortir.

Au bout de deux ans passés dans ce coin perdu, sans jamais que quiconque ait soupçonné ma véritable nature, j’étais si bien intègrée qu’un pensionnaire, devenu veuf dans l’etablissement, et qui me faisait une cour discrète, me demanda si je voulais bien l’épouser, car il avait une certaine aisance et souhaitait me sortir de la semi domesticité dans laquelle on me tenais. Il avait quatorze ans de plus que moi, il disposait d'un véritable petit appartement dans l'Institution. J’ai longuement réfléchi, il m’offrait bien entendu le mariage “blanc”, et le “lit” séparé, vu son âge, et finalement, comme tous mes papiers étaient en règle, et que j’étais désormais SEULE au monde, j’ai accepté.

Bien sûr, le mariage était uniquement civil, et il y eut une petite fête au Centre, avec la Direction départementale et pour l’occasion je m’habillai pour lui faire honneur. Jeune encore, puisque j’avais à peine soixante ans et en paraîssait 50. Désormais je me conduisis en pensionnaire à part entière, toujours sur la réserve, et mon “époux” était ravi de me promener à son bras.

Je peux dire qu’il m’a gâtée, m’offrant de jolis bijoux ,et des fourrures pour l’hiver. Parfois j’avais le regret de ne pouvoir lui offrir qu’un peu d’intimité, mais il ne s’en plaignait pas, et je le laissais caresser mes seins et m’embrasser, ce qu’il préférait comme adieux du soir. J’avoue que comme il embrassait sur la bouche, j’ai dû au début réprimer un sérieux recul, mais il était si gentil que je m’y suis faite.


Voici déjà sept ans que je suis mariée, et j’oublierais volontiers mon origine, si le soir, à ma toilette je n’étais obligée de prendre des précautions que la simple pudeur n’aurait pas tout à fait exigées.



Presque dix ans ont passé depuis ma rencontre avec l’INCONNUE de Gennevilliers. J’ai fait TOUT pour oublier, et pourtant, parfois, il me revient, comme un trait fugace, l’image d’un garçon qui me ressemblait beaucoup.


Responsable du site : Lucie Sobek


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