Valérie

(publié: 02-11-2004, 10:38 )

Ce texte est destiné en premier à Esteve que Valérie ne réussit pas à rejoindre.
Esteve,
Je me présente, je m’appelle Valérie et j’ai 26 ans.

J’habite à Jemeppe sur Sambre, entre Namur et Charleroi. J’ai fait installer Internet car je voulais des réponses aux questions que je me pose depuis ma tendre enfance.

J’ai lu ton témoignage sur TVQ dans la rubrique : moi qui suis devenue femme. Et en fait, je voulais me confier à toi car j’ai besoin que l’on m’aide. Depuis toute petite, j’ai le sentiment de ne pas être ce que je suis. Mon histoire est fort semblable à la tienne et je tenais à t’en parler.

C’est vers 8 ans que j’ai commencé à ressentir ce besoin d’être autre chose. À cet âge, j’avais beaucoup plus de copines que de copains. Ce phénomène a duré pendant toute mes primaires. Je faisais mes devoirs avec une amie. C’est une époque ou les filles et les garçon ne s’entendent en général pas trop mais moi j’étais avec les filles, je jouais avec les filles.

C’est vers 12 ans, quand je suis entrée dans le cycle secondaire que j’ai vraiment compris que quelques chose ne tournait pas rond. Bien que je n’osais pas réellement révéler ce que je ressentais, les jeunes garçons de mon âge avait perçu cela au travers de moi. Comme si cela filtrait naturellement.

Les plus gentils m’appelaient Rosalie ( ?) Pour les autres, tu dois te douter. Ce cirque a duré 4 ans. En secret, j’espérais un don du ciel. Une rectification de Dieu (Comme dans : ma vie en rose.) Au lieu de cela, ma voie a mué et mes poils ont poussé. Pour ce qui est de mes copines là aussi cela avait changé car elles, maintenant s’entendaient bien avec les garçons. J’étais larguées.

Un jour, je me suis faite agressée par 5 types. Ils s’étaient fait renvoyer de l’école deux ans avant et ils étaient venu là par vengeance et ils m’ont cassé le nez. Là, s’en fut trop. (je ne m’étais jamais battue.) J’ai décidé de changer, et que cela n’arriverait plus. Je me suis construit une sorte de " cocon viril " J’ai fait des sports de combat, fréquenté des gens infréquentables. Je suis devenue ce que je détestais. Pourtant, le soir dans ma chambre, quand je m’endormais, je laissais ressortir la jeune fille qui était en moi.

A 18 ans, je suis rentré à l’armée. Je n’avais nullement la prétention de devenir Rambo, mais je voulais avoir la Paix. Je voulait être marin afin de pouvoir voyager, rêver, et qui sait, peut-être disparaître un jour ainsi. Je savais qu’à la force navale, il y des gens, si pas transsexuelle, homo et qu’au pire, je serais mutée sur un navire où on les rassemblait afin de ne pas perturber les autres unités...

Puis il y a eu les restructurations. Je suis redevenue civile. J’ai continué à vivre plus ou moins dans ma cuirasse. Elle était usée et présentait malgré tout des faiblesses. Aujourd’hui, je suis fatiguée. Fatiguées de ne pas trouver de raison logique dans ce que je recherche. Fatiguée d’avoir cru à un miracle. Je me suis marié avec un femme charmante. Que j’aime, qui sait plus ou moins où je me situe.

Elle sait que je mets des culottes, des soutiens-gorges, toutes sortes de petites choses. Je m’habille plutôt du style mixte. Légèrement féminin car c’est plus qu’un besoin, mais pas assez afin de ne pas éveiller les soupçons de ceux qui ne doivent pas savoir. Je ne tiens pas à renouveler les expériences vécue autrefois.

Pourtant, je sents bien qu’il faut que je brise ce qu’il reste de mon cocon pour sortir femme au grand jour. Je sens que si je n’y parviens pas, je ne saurais plus continuer ainsi. Toi qui a réussit, qui en est sortie, guide moi s’il te plais.

Merci de tes conseils que j’espère avec impatience.
Gros bisous
Valérie
Belgique