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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Steffy

Steffy

(publié: 20-10-2004, 16:56 )

Note: afin de garder l’anonymat pour les personnes mentionnées dans le récit, leurs noms ont été remplacés par des initiales. Dans mon cas (Steffy) j’utilise SG. Le récit est écrit au masculin, car au moment où les événements avaient lieu, je ne me donnais pas encore de nom féminin.

Le 12 octobre 1997, 4 heures du matin.

Comme dans la chanson: "la nuit n’en finit pas", je regarde mon réveil… Déjà quatre heures et je n’ai pas fermé l’oeil. VM dort paisiblement à mon côté. La faible lueur des éclairages publics traversant les tentures de notre chambre peint son visage en un clair-obscur de toute beauté. De quoi peut-elle bien rêver? De nous, de nos enfants, de son travail? Se serait-elle plutôt enfuie dans un monde où les clichés n’existent pas, où la communication ouverte est naturelle et où le courage n’est pas nécessaire pour exprimer ce que l’on ressent au plus profond de soi? J’ai envie de me blottir dans le creux de son cou, de lui dévoiler mon secret; mais je ne le ferai pas, je ne suis pas encore prêt, demain peut-être.

Je dois me soulager de ce poids, ça fait trop longtemps que je le porte seul. Mes pensées se bousculent, les souvenirs s’entremêlent, s’entrechoquent même, comme si chacun d’entre eux voulait me prouver que c’est vrai, que je ne suis pas en train de rêver les yeux ouverts. Je ne peux pas me soumettre à la force des souvenirs, mon esprit rationnel me force à les ranger chronologiquement, à les classifier en importance; sinon, comment pourrais-je lui expliquer un jour?

La maison aux prunes.

Notre maison était toute neuve, mes parents l’avaient construite deux ans plus tôt dans un de ces nouveaux quartiers de la périphérie où la petite bourgeoisie aimait s’installer. Fils de contremaître, Papa était fonctionnaire, et fier de son évolution sociale. Il est vrai que mes parents n’avaient jamais lésiné sur les heures de travail afin "d’y arriver ", comme ils disaient. Maman, quant à elle, avait décidé de se consacrer pleinement aux tâches ménagères et à l’éducation de ses enfants. Sans manquer de rien, nous n’étions cependant pas de ceux pour qui les vacances étaient synonyme de voyages; tout au plus, nous faisions des escapades d’une journée à la mer, ou le traditionnel week-end familial du quinze août à la campagne. Durant les vacances scolaires, je passais le plus clair de mon temps dans le jardin. Celui-ci n’était pas grand mais accueillait un prunier séculaire. Cet arbre était mon refuge et mon poste d’observation. Il symbolise pour moi les plaisirs de l’enfance; celle que l’on déguste sans s’en rendre compte, comme les prunes croquantes et juteuses. De là-haut, j’avais vue sur les jardins avoisinants, ce qui me permettait de bavarder par-dessus la haie de ligustrum avec mes copains et copines de quartier. Parmi eux, il y avait surtout une amie: BC. Celle-ci était cinq ans plus âgée, mais ne les paraissait pas. Elle aimait se promener dans son jardin en chantant. Moi, du haut de mon perchoir, je la regardais. Par beau temps, elle avait coutume de se mettre en bikini pour jouer avec moi. Secrètement, je l’observais, je l’admirais sans comprendre ce que je ressentais: j’aimais sa compagnie et j’avais envie de lui ressembler. En m’endormant le soir, je pensais souvent à elle; il m’arrivait même de rêver que je devenais comme elle. Le matin, je me réveillais le coeur déçu et frustré que le rêve ne puisse devenir réalité.

Comme la plupart des garçons de mon âge, je fréquentais l‘école primaire d’un grand collège de garçons. Selon mes parents, j’étais un enfant doux et j’avais la chance de faire partie de ce qu’ils appelaient "la bonne moyenne". Plutôt timide de caractère, je n’avais que peu d’amis en classe. Quand une équipe de football se créait, comme nous étions trop nombreux en classe, le capitaine de l’équipe choisissait d’autres équipiers que moi. Il faut dire que je n’ai jamais été très fort physiquement, ce qui me faisait d’ailleurs craindre certains de mes condisciples.

Les années passèrent, BC évolua et son corps de petite fille se transforma lentement en corps de petite femme. Mes sentiments pour ce qu’elle était se calmèrent progressivement, au fur et à mesure qu’augmentait mon intérêt pour l’initiation aux sciences.

J’incarnais de mieux en mieux mon statut de grand frère au moment d’aborder l’adolescence. Contrairement à la plupart de mes copains, celle-ci se faisait attendre. Cela me procurait une certaine inquiétude mêlée de satisfaction. J’avais peur de ces transformations physiques, mais je voulais avoir enfin de la force pour être comme mes copains. Comment concilier les deux? Était-ce possible? Mon information sur la puberté était si limitée, mes parents ne m’en avaient jamais parlé, espérant sans doute, que je comprendrais par moi-même. Où trouver l’information, alors que mes seuls contacts avec les jeunes de l’autre sexe se limitaient, à l’époque, à ma mère et à BC?

Mon retard de puberté commençait à hanter mes pensées. Je craignais les moments où j’allais devoir affronter le regard des garçons de mon âge. Je sélectionnais mes copains parmi ceux dont la moustache n’était pas ou peu développée… Je craignais de plus en plus les jeux "virils" pratiqués dans le mouvement de jeunesse dont je faisais partie; ces jeux où le gagnant est celui qui arrive à mettre son adversaire au sol.

Je dois avouer que si cela me pesait de plus en plus, j’y voyais cependant un avantage: une fois par an, afin de récolter des fonds pour payer le camp d’été, notre troupe organisait un spectacle. L’année de mes treize ans, le spectacle dont le nom m’a échappé comportait aussi un rôle féminin. Parmi les garçons dont le physique aurait pu convenir, j’étais le seul dont la voix n’avait pas encore mué; ce fut donc moi qui reçus ce rôle. Malgré le sentiment d’ambiguïté, la sensation de bien-être prédominait quand j’incarnais le personnage d’une jeune journaliste anglaise. Mon problème était enfin un avantage et ma déception fut grande quand mes parents me dirent qu’ils ne viendraient pas voir le spectacle cette année. En y pensant avec mon regard d’adulte, je pense qu’il valait mieux ainsi; ils se seraient inquiétés de me voir ainsi. Je découvrais qu’une partie de moi-même avait du plaisir à s’imaginer et à se voir dans le genre féminin. C’est alors que mes envies d’enfance revinrent à la surface, avec toutes les questions qui commençaient à me torturer. Elle était bien finie la saison des prunes…

La révélation.

J’ai appris à ne pas être superstitieux; ce n’est pas le nombre treize mais bien le quatorze qui fut le plus marquant. C’est en effet à quatorze ans que bien des choses ont changé.

Comme chaque année, ma classe se rendait à la visite médicale scolaire. Il s’agissait de dépister assez tôt tout problème de santé propre aux jeunes de mon âge en pleine croissance. Cette visite ressemblait très fort à celles que j’ai subies plus tard à l’armée: impersonnelles et culpabilisantes. On vous demandait de vous déshabiller par groupe de sept ou huit; après quoi, on vous mesurait sous diverses facettes et en groupe. La discrétion et la psychologie n’étaient pas les points forts de ce service médical. Toute la classe savait donc directement que tel était trop gros ou trop maigre; ou que tel autre, en l’occurrence moi, était en retard de puberté. Ce fut donc sans scrupule qu’un de mes condisciples me dit: "SG, t’es pas un homme mais une nana". Le choc fut terrible; mon univers, alors en pleine construction, s’effondrait comme un vulgaire château de cartes. J’avais envie de me jeter sur lui et de le ruer de coups; je voulais prouver que j’étais un homme; mais comment? Je ne fis rien, j’étais trop humilié. La seule chose dont je me souvienne c’est que, ce jour là, je ne fus plus capable de penser à autre chose.

Il me fallut toute la nuit pour me remettre. Heureusement, mon tempérament optimiste me permettrait, je l’espérais, de classer rapidement le problème. Je me suis en effet levé en meilleure forme, et persuadé que c’était lui qui se trompait.

J’ai donc retrouvé ma petite vie avec mes petits problèmes. Sur avis du médecin scolaire, mes parents décidèrent qu’une prise d’hormones masculines pourrait m’être bénéfique. On m’expliqua que j’allais subir quelques piqûres mais qu’après cela j’allais enfin devenir un homme. Enfin j’allais pouvoir soutenir la comparaison. Tout en y pensant, l’idée que j’étais peut-être une "nana" me revint à l’esprit. Elle me troublait: comment puis-je être à la fois homme et être perçu par certains comme une femme? Quel était le grain de sable qui grippait la mécanique? Pourquoi me poser tant de questions? Il fallait en avoir le coeur net: "à la première occasion, j’essaierai de voir si je peux avoir une apparence physique du genre opposé, si je me pare des vêtement associés". Voila la pensée qui devait hanter mon esprit pendant les jours suivants.

Par chance mes parents devaient faire quelques courses et j’allais pouvoir être seul pendant quelques heures. Tremblant de peur et de culpabilité mais curieux de voir ce que j’allais ressentir, je me suis hâté dans leur chambre et j’ai pris quelques vêtements de ma mère. Je me suis alors caché dans ma chambre. Un à un, mes vêtements ont été remplacés par leurs équivalents féminins. Simultanément, je ressentais une sensation de bien-être croissante. C’est après avoir enfilé les bas nylon que j’ai connu mon premier orgasme. J’ignorais pourquoi je ressentais cela, mais je me sentais bien… J’ai passé alors de longues minutes à me regarder dans un miroir, à me poser deux questions : que suis-je, et pourquoi?

Un homme est né…mais est-ce bien un homme?

Quelques semaines plus tard, je me suis rendu chez l’infirmière pour ma première injection de testostérone. J’étais très ambivalent; certes, je voulais devenir ce que la société et mes parents attendaient de moi, mais je me sentais pas si mal que ça quand je prenais l’apparence d’une femme. En plus, je voyais mon corps se transformer naturellement, même si le processus était lent. Par ailleurs, j’éprouvais du plaisir de mon sexe d’homme; alors, pourquoi m’habiller au féminin? Je restais seul et sans réponse face à cette question.

Mon corps devint de plus en plus conforme avec ce que la nature attend d’une apparence masculine. Un espoir secret naissait progressivement; ayant seize ans, je souhaitais trouver des occasions de rencontrer d’autres filles, afin de vérifier si j’étais capable de leur plaire. Il n’en fut rien. Mes parents estimaient que j’étais trop jeune pour sortir et que la mixité était malsaine! Je restais cloîtré dans mon ignorance et mes plaisirs en solitaire.

Heureusement pour mon équilibre psychique, j’avais quelques copains passionnés, comme moi, d’électronique. Ce passe-temps, devint rapidement une passion, voire une drogue. Je dévorais revues et livres sur le sujet. Mes soirées se passaient dans ma chambre, fer à souder à la main, devant des circuits en tous genres. J’étais en admiration devant ma première radio "made in ma chambre"; enfin je me réalisais à travers mes activités. Je me sentais assez bien dans ma peau en ayant dépassé tous ces problèmes d’identité d’adolescent.

Dans la foulée, il m’avait aussi été possible d’écarter toute crainte d’être homosexuel. Suite aux "avances" d’un professeur de français masculin, j’avais rapidement écarté toute équivoque en lui faisant comprendre que cela ne m’attirait pas.

Les études secondaires se terminèrent ainsi sans trop de soucis.

Mes vacances se partageaient entre un job d’étudiant, un voyage en famille, et une randonnée avec un ami. La situation financière de la famille s’était bien améliorée, ce qui nous permettait de voyager à l’étranger. Certes, nous ne partions pas au bout du monde, mais ces vacances étaient quand même des moments d’intenses joies, de rires et de ressourcements. Quant aux voyages avec mon meilleur ami, ils me permettaient d’acquérir une certaine autonomie et de vivre l’aventure. C’était aussi le prétexte à de longues soirées autour d’un feu. Armés d’une bouteille de cidre, nous refaisions le monde, imaginions la femme idéale ou échangions nos fantasmes sur ce que serait notre premier rapport sexuel avec une femme. Car cet ami comme moi-même n’étions pas plus expérimentés sur ce point.

Le choix de mes études supérieures était devenu très simple: l’électronique. La rentrée académique s’annonçait pleine de promesses. D’une part, j’allais pouvoir étudier ce que j’aimais, et d’autre part, j’allais rencontrer des jeunes étudiantes (hélas, il y en a très peu qui choisissent ces études).

A la recherche d’un Edelweiss.

C’est fin septembre que j’allais participer à ma première "boum". Quel bonheur que de faire ses premiers pas de rock sur "Baby come back" et de danser son premier slow. Ce n’était pas le genre de slows langoureux mais je me sentais bien. Pendant les jours suivants, je volais sur mon petit nuage, essayant d’imaginer de quelle fille je pourrais tomber amoureux; j’en oubliais presque mes études.

Petit à petit, mes regards commencèrent à se focaliser sur VM. Elle était six mois plus jeune et n’était pas accompagnée. Il était pourtant très agréable de parler ensemble; elle était intelligente, savait s’intéresser à tout, et, ce qui ne gâchait rien, était très jolie. A l’inverse d’un coup de foudre, mon intérêt pour VM grandissait doucement, lentement, et il me fallut près d’un an pour être convaincu que j’en étais amoureux. De son côté, rien ne permettait de croire qu’elle avait de tels sentiments pour moi. Je me résignais donc à cet amour unidirectionnel et platonique. Le soir, seul dans ma chambre, en écoutant le disque de Cabrel "Je rêve", je regardais les photos où nous dansions ensemble. D’autres soirs, sur fond musical formé de chansons d’amour les plus désespérées mais aussi les plus belles, je m’endormais avec le rêve que, un jour peut-être, elle pourrait m’aimer.

Contrairement à mes études qui se passaient sans trop de problèmes, le manque de vie affective me faisait de plus en plus cruellement défaut. Une nouvelle fois, ma frustration grandissante m’obligea à me reposer question: suis-je capable de plaire, une fille pourrait-elle tomber amoureuse de moi, suis-je si différent des autres? A nouveau, malgré le sentiment de culpabilité, j’avais ce besoin de m’habiller en femme. Je le faisais de façon furtive, et pas très fréquemment, mais il m’était impossible de m’en passer. Mes parents n’en ont jamais rien su. Un jour d’avril, juste avant la fin de ma dernière année d’études, je reçus une invitation pour une "boum" chez un copain. Celui-ci habitait le même quartier que VM. "Elle sera sûrement invitée; on va pouvoir se parler; je lui dirai que je l’aime", voilà les idées qui me vinrent immédiatement à l’esprit. L’attente fut longue: un mois à me demander si j’aurais le courage. Et si elle ne venait pas...

Le jour tant attendu était enfin là; elle aussi. Heureusement, elle n’était pas accompagnée; le terrain était libre! Comme le disk-jockey était un ami, il m’était facile de choisir les slows sur lesquels je l’inviterais à danser.

Enfin les slows! Avec beaucoup de pudeur, insensiblement je resserrais mes bras autour d’elle. La musique devenait de plus en plus émotionnante. "C’est extra", "Nights in white satin" et "A poor men moody blues" nous emmenaient progressivement vers le monde où les mots ne sont plus nécessaires, où les regards se touchent, où les mains se parlent… Il faut lui dire que je l’aime, mais comment, je ne suis pas prêt, j’ai trop peur.

Enfin diplômé (mais toujours coincé!) me voilà parti en vacances familiales dans les Alpes. Comme la montagne est apaisante! Les longues marches permettent de se vider l’esprit, de retourner à l’essentiel, d’analyser le passé, et de redessiner le futur. Non loin du sommet, mon regard se pose sur une toute petite fleur: c’est un Edelweiss. Fragile et pourtant résistant, souvent inaccessible quoiqu’à portée de ma main, semblable à l’amour que j’ai pour VM. Un peu plus loin j’en trouve un second: je le lui offrirai. De retour à Bruxelles, j’ai enfourché mon vélo, direction VM. Par chance elle était à la maison, nous avons parlé, j’ai sorti ce petit Edelweiss que je gardais précieusement dans mon portefeuille, et, la main tremblante, le lui ai offert, tout en lui demandant si elle serait intéressée de jouer au squash avec moi. Ce fut un "oui" clair et direct. Il m’a encore fallu quelques heures de squash pour enfin oser lui dire mon amour: enfin je savais qu’elle m’aimait, enfin j’étais un homme…Du moins je le croyais! Les deux années suivantes furent heureuses, nous préparions notre mariage. J’avais enfin écarté de mon esprit mes envies de féminité; c’était comme effacé, comme si cela n’avait jamais existé. Il fallait trouver un appartement, choisir nos meubles, préparer le mariage, assez pour occuper tous nos temps libres. Ayant eu une proposition d’emploi dans la recherche, j’avais retardé mon service militaire d’un an. Il devait donc avoir lieu deux mois après notre mariage.

Un jour de grand soleil.

Enfin le grand jour arriva, j’avais vingt-quatre ans, VM aussi et nous étions là, entourés de nos parents et amis, à échanger nos consentements.
- VM, telle que tu es, je te reçois, et tel que je suis, je me donne à toi. - SG, tel que tu es, je te reçois, et je me donne à toi tel que je suis.

Malgré l’émotion et la sincérité de nos sentiments, j’ignorais encore la portée de ces mots! Le reste de la journée se passa comme dans un conte de fées, le soleil était radieux, nos parents étaient comblés, nos amis s’amusaient. C’était presque trop beau pour être vrai. Qu’avais-je fait pour mériter un tel bonheur? Je devais me pincer pour y croire; VM aussi!

Le 12 Octobre 1997, 5 heures du matin.
"Il est cinq heures Bruxelles s’éveille…"

Je me retourne une fois de plus; mon réveil affiche cinq heures dix. J’ai déjà parcouru vingt-quatre ans de ma vie. Globalement j’étais heureux, qu’est ce qui a dérapé ensuite? Pourquoi suis-je là à me poser ces questions? Je te regarde à nouveau, tu respires lentement. Soudain tu te retournes, je ne vois plus que tes cheveux bouclés enfouis dans l’oreiller. Je repense à nous… Une certaine angoisse commence à naître en moi, j’ai peur de ce que je pourrais découvrir. Et pourtant, il m’est impossible de m’imaginer ailleurs qu’à tes côtés. Je dois persévérer, il faut continuer mon voyage dans le temps, je vais rouvrir l’album de souvenirs. Il me faut parcourir nos treize années de mariage.

Marcher au pas.

Septembre était pluvieux; il contrastait en de nombreux points avec les deux mois qui avaient suivi notre mariage. Tant ceux-ci étaient insouciants et heureux, tant il fallait revenir sur terre avec le début du service militaire. Durant "l’instruction", je découvrais la stupidité du service militaire et le manque de bon sens lié à une discipline trop rigoureuse. L’individu n’y existe plus, toute créativité, spécificité et fantaisie y étaient interdite. Heureusement, cette instruction ne dura qu’un mois. Le reste du service devint rapidement routine et par le fait même, supportable bien qu’ennuyeux.

Le retour à la vie civile ne pouvait mieux se passer: deux mois de congé, avant de reprendre mon activité professionnelle de chercheur. Lentement l’idée nous est venue que notre couple s’épanouirait par l’arrivée d’un enfant. Après un mois d’arrêt de contraception, VM était enceinte. Les neuf mois de l’attente ne furent pas simples à vivre. Je passais fréquemment de l’état de bonheur à la frustration de ne pas pouvoir porter notre enfant en mon ventre. Par ailleurs, ton corps se transformait et je découvrais à travers toi, une autre forme de féminité que je ne pourrai jamais vivre. Tu suivais une préparation à la naissance basée sur la relaxation et la sophrologie. Par chance, les futurs papas étaient conviés voire incités à participer aux séances prénatales. J’y allais avec beaucoup de plaisir; j’arrivais à m’y relaxer, m’y détendre et à imaginer porter partiellement notre futur bébé. On m’apprenait à caresser notre bébé à travers la peau de la maman, lui communiquer, lui donner notre amour. Nous étions prêts pour accueillir notre enfant. Ce fut par une torride journée de juin que CV nous montra son petit minois. Que d’émotions, de larmes de joie et de bonheur partagé. Ce miracle de la naissance reste pour moi, le plus beau mystère. Je me sentais père et satisfait de ce rôle. Je compensais le fait de ne pas pouvoir allaiter CV, par les moments de joie intense de pouvoir la prendre dans mes bras et de sentir sa petite tête contre ma peau. Les deux ans qui suivirent furent heureux, remplis de projets passionnants; nous construisions notre maison et nous avions une vie professionnelle et familiale heureuse. De temps à autre, malgré tout, provoquée par je ne sais quelle ambiance, film, débat télévisé, ma féminité me revenait à l’esprit. Insensiblement elle s’insinuait dans mes rêves, sans pour autant m’amener à me travestir. J’arrivais à la repousser, à l’enfouir, persuadé que je saurais rester un "homme", maître de ses pulsions et de son avenir, comme mon éducation me l’avait enseigné. Je me jetais alors à corps perdu dans les travaux de la maison et dans l’aménagement du jardin. En fait, je m’imposais une thérapie occupationnelle: "travaille et ne réfléchis pas trop". Je n’étais cependant pas frustré de cela car notre "nid" se construisait et avec notre petite fille, nous étions tous les trois heureux. Les vacances étaient propices à réchauffer notre amour. Il devenait donc "normal" que notre famille s’agrandisse par la venue d’un second enfant… On se mit à la tâche…

Quand la nature à ses raisons que la raison ne connaît pas.

Les cycles menstruels se succèdent, et tu n’es toujours pas enceinte. Lentement nos relations perdent toute spontanéité et nous ne faisons plus l’amour qu’avec pour objet de "procréer". Tant pour toi que pour moi, le doute fait sa place entre nous. Sommes-nous encore capables d’avoir un enfant? Le suis-je encore? Ma masculinité s’est rapidement retrouvée mise en cause; pas par toi, mais par moi. Tu t’es certainement posée les mêmes questions sur ta féminité. Heureusement, le médecin n’y voyait que des causes naturelles. Il n’empêche que cette frustration me ramenait immanquablement à me dire que je n’étais pas complètement un homme, que notre petite CV était peut-être le fruit d’un hasard chanceux. Bien que ma tête me disait que j’avais tort, j’ai recommencé à m’habiller en femme de temps à autre en ton absence. Cela m’apaisait, et paradoxalement, m’aidait à persévérer nos relations intimes, où le fait de m’imaginer femme, m’aidait à faire mon "devoir" d’homme lors de nos relations alors que le véritable amour n’y avait plus beaucoup de place, masqué par notre obstination à procréer.

Malgré un sentiment de culpabilité presque paralysant, je me suis alors acheté quelques sous-vêtements féminins. J’avais, à l’époque, un jour par semaine où il m’était possible de travailler à la maison. Souvent, j’en profitais pour vivre en femme ces quelques heures seul. Cela ne m’empêchait nullement de travailler. Je faisais de plus un certain nombre de tâches ménagères que notre société réserve habituellement aux femmes. Cela ne me posait aucun problème; j’éprouvais même une certaine satisfaction à t’accueillir dans notre maison fraîchement nettoyée.

Enfin, après de nombreux mois, tu attendais notre deuxième enfant. Psychologiquement, je remontais la pente et il ne fallut que peu de temps pour que les vêtements féminins volent à la poubelle comme de vulgaires chiffons.

C’est en plein hiver que notre petit VS vint au monde. Comme lors de la naissance de CV, la paternité sembla me guérir de mon "problème". Hélas, pas pour très longtemps. Lors d’une émission radio, j’entendis parler de transsexualité. On y expliquait le parcours qui amenait certaines personnes à vouloir changer de sexe, à mettre leur corps au diapason de leur âme. Une certaine similarité avec mon existence me troublait. Comment était-ce possible que moi, père de famille, amoureux de ma femme et adorant mes enfants, je puisse avoir ce besoin de paraître femme? Il n’y avait à mes yeux que trois explications: soit j’étais fou, en l’occurrence schizophrène, soit une femme habitait mon corps et j’étais peut-être transsexuelle, soit je devais être un homosexuel qui s’ignore. Le fait de savoir que les transsexuels n’étaient pas fous était plutôt rassurant et me faisait exclure la première éventualité. Par contre, cela ne m’aidait en rien dans mon identité face aux deux autres possibilités.

L’information dont je disposais alors ne me permettait pas de progresser dans mon cheminement. Je me suis donc résolu à essayer d’accepter mon jardin secret et à le vivre caché de tous et même de toi. Cela fut possible pendant quelques années. De façon presque cyclique, j’achetais l’un ou l’autre sous-vêtement, le mettait, et finissait par le jeter avec détermination. Ma vraie nature était cependant plus forte, il me fallait accepter que la nature m’avait fait tel que je suis: non pas "il ou elle", mais bien "il et elle" à la fois.

Quel est le sexe de Dieu?

Je vivais dans une culpabilité et un sentiment de frustration croissants, profitant de tes absences pour m’habiller au féminin. Notre vie s’installait dans la routine, nos dialogues se vidaient progressivement, sans être malheureux pour autant. Nous avions bien des moments de plaisir liés essentiellement à la joie que nous procuraient les enfants, mais notre bonheur s’effilochait. A l’inverse de la marguerite qu’on effeuille, j’avais l’impression que nous nous aimions "à la folie" , "beaucoup", "un peu", et pour quand "pas du tout"? Le problème ne venait pas de toi, tu me tendais des perches, essayant de relancer la communication entre-nous: je n’étais pas prêt. J’avais l’impression que notre amour était passé du printemps à l’automne sans avoir connu l’été.

Nous étions mariés depuis douze ans quand mon employeur me mit sur un projet partiellement aux États-Unis. Cela se répartissait sur un an, en six fois une semaine. Bien qu’au départ opposé à cette idée de voyage, il m’est aussi apparu que je pourrais peut-être disposer de soirées seul dans mon hôtel, où je pourrais donner libre cours à ma personnalité.

Je profitais de chaque voyage pour essayer d’explorer qui j’étais et réfléchir à ce que pourrait être ma place dans ce monde. Je procédais par élimination.

Étais-je attiré par les hommes? Manifestement non! Après l’expérience de mon adolescence et en ayant aussi vu des films traitant de ce sujet, j’étais convaincu que ce n’était pas ma voie.

Et si j’étais transsexuel? Je n’en savais rien. Il me fallait essayer de vivre le plus possible en femme lors de mes voyages et de m’informer un maximum sur le transsexualisme.

Un malaise croissant envers la religion était aussi bien présent en moi: comment un Dieu d’amour, un Dieu bon, pouvait permettre la création d’êtres "anormaux"? Pourquoi avait-il créé deux sexes différents? Mais au fait pourquoi Dieu est-il représenté en homme? Est-ce encore une de ces idées ancestrales comme quoi le sexe masculin est supérieur au féminin?

En y réfléchissant, j’ai difficile à accepter ce Dieu que les religions veulent nous imposer. Pour moi, si Dieu il y a, il ne peut être que des deux sexes, il ne prend ni parti pour l’homme, ni pour la femme, ni pour toute autre être vivant que la nature à créé. Ce sont les hommes qui s’approprient Dieu pour lui faire dire ce qui les arrange.

Ma démarche avait cela de positif, que mes clichés et certitudes étaient fréquemment remis en question; mes problèmes me forçaient à voir le monde avec un autre regard et avec plus de tolérance et d’amour. Ainsi, je pouvais remettre à une juste mesure mon "petit souci" comparé aux grandes souffrances de ce monde. La Belgique était à l’époque sous le choc de découvertes macabres et de pédophilie. Bien qu’emprisonné dans ma petite vie, je goûtais plus aux bonheurs qu’elle me procurait et nous procurait.

Internet et moi.

Lors d’une de mes "transformations", j’ai bien failli être surpris par ton retour anticipé. J’ai juste eu le temps de camoufler mes vêtements féminins sous mon costume, de m’enfouir dans les toilettes, et de m’y changer plus à l’aise. Ouf, tu n’avais rien remarqué. Mon sentiment de culpabilité avait encore augmenté de quelques crans: il fallait arriver à crever l’abcès avant que tu te retrouves non préparée devant cet "autre moi". Il fallait qu’enfin je trouve de l’information, que je puisse me comprendre et trouver comment te l’expliquer: voila ma nouvelle quête vers ce qui, je l’espérais, pourrait être un point de redémarrage de notre relation.

Après m’être familiarisé au "surf" sur internet, j’avais découvert qu’il était possible d’y trouver tellement d’informations sur énormément de sujets. La qualité de ces informations étant parfois douteuse, il me fallait garder un oeil critique sur ce que j’allais pouvoir y puiser.

Lors d’un retour de voyage à l’étranger, ayant pu rentrer par le vol précédent, j’ai profité de l’opportunité pour me rendre au bureau et j’y suis resté jusqu’à l’heure théorique de mon retour. Il était passé 19 heures, les lieux étaient désertés, j’allais pouvoir utiliser les trois heures libres à parcourir Internet. Quel joie de trouver des sites tels TVQ, "Le petit benjamin", ASB … Je n’étais plus seul. Tel un enfant découvrant une boîte de bonbons cachée dans une armoire, je dévorais les récits, découvrant l’histoire de "chacune". Je ne me retrouvais certes pas dans tous les témoignages, mais quel réconfort que de savoir qu’on n’est pas un cas "unique". Plusieurs témoignages parvenaient à m’émouvoir, même malgré de sensibles nuances avec ce que je vivais; tous avaient souffert et souffraient encore de leur différence. Qu’en était-il de leur épouse? Une transformation radicale homme vers femme impliquait quasi toujours rupture du couple. Dans les autres cas, la situation de la conjointe allait de l’ignorance du problème à l’acceptation . Certains cas plutôt rares allaient jusqu’à un partage de la vie commune avec un mari habillé au féminin. Plusieurs épouses acceptent l’ambivalence de leur mari sans pour autant en accepter les contraintes dans leur vie commune et acceptent que leur mari vive en femme lors de leur absence. Je pense que beaucoup d’amour est nécessaire pour passer le cap de cette épreuve.
Que serait ta réaction?

Le 12 octobre 1997, le matin.

Le jour se lève.

Sans m’en rendre compte, plongé dans mes souvenirs, le jour s’est levé. On est dimanche, nous ferons notre heure de tennis hebdomadaire. Les enfants iront au patro, nous aurons la possibilité de faire une sieste… Si j’en ai le courage, je vais lui en parler.

J’attends avec frénésie et crainte l’heure où nous aurons l’occasion de nous parler.

Nous y sommes enfin; comment aborder le sujet? Tu as envie de faire l’amour… moi aussi, mais pas comme les autres fois. Je te caresse différemment, en te faisant ce que moi j’aimerais qu’on me fasse si mon corps était celui d’une femme. Cela te plaît sans réellement te rendre compte de la substance de ce qui a changé entre nous. Cela me rend plus fort pour te parler. Il faut que je te parle.

Nos membres s’entremêlent, ton regard croise le mien. Tu me parles.
- Que puis-je faire pour toi?
- Rien, je dois te parler… mais promets-moi de ne pas te moquer, de ne jamais raconter ceci à personne.
- C’est promis, je t’écoute.

Les larmes me montent aux yeux, j’ai peur de ta réaction. Je voudrais revenir en arrière. C’est trop tard, il faut continuer, je vais tout te dire.

Au fur et à mesure que je te dévoile ma réalité, je vois les émotions passer à travers ton regard. La crainte de l’inconnu, la méconnaissance de ma dualité, la tendresse, la compassion et enfin l’amour. Tu m’écoutes; comme un fleuve de lave dévalent la pente d’un volcan, les mots s’échappent de ma bouche. Trente années de silence, de refoulement, de culpabilité peuvent enfin être dévoilés à celle que j’aime le plus au monde.

Lentement, ton écoute devient plus active, tu me questionnes, mais toujours avec beaucoup de délicatesse et de tact. Je retrouve bien là les raisons pour lesquelles je t’aime.

Une fin temporaire…

Voilà, la première partie de mon histoire s’arrête ici. Notre couple est reparti sur d’autres bases. Nous savons que le chemin à parcourir ne sera pas simple, mais nous sommes pleins d’espoir...

Steffy vient de naître, je sais qu’elle n’est plus seule. TVQ m’a beaucoup aidée grâce aux autres "petites histoires", et grâce au courrier électronique qu’il m’est désormais possible d’échanger.

Afin d’aider d’autres épouses ou compagnes, VM a l’intention de mettre par écrit son expérience face à ce qu’elle a dû vivre. Ce sera pour bientôt…

Septembre 1998.

Déjà! Sans m’en rendre compte presque un an s’est écoulés depuis la naissance de Steffy, depuis les premiers pas qu’elle a - que j’ai - osé faire vers un monde plus vrai. Tellement de choses ont changé, comment les exprimer ici? Peut-être simplement sous forme d’instantanés pris aux flash tout au long de cette année.

Parler de moi au féminin.

Il ne m’a pas fallu bien longtemps pour abandonner le vernis masculin de mon langage. Il n’était pas très résistant et il m’arrive maintenant de devoir faire attention pour ne pas utiliser le féminin au lieu du masculin dans mes écrits professionnels. Au début, j’éprouvais beaucoup de satisfaction à signer Steffy, maintenant c’est une habitude.

Vicky, quant à elle, a plus de difficultés à m’entendre parler de moi au féminin. Lentement cependant, Steffy s’est fait une petite place aux côtés de Vicky . Je me suis rendue compte que Vicky avait moins de difficultés à appeler les autres amies de TVQ par leur nom féminin probablement parce qu’elle ne les avait jamais connues autrement. Moi, par contre, je suis son mari, ce qui est très différent. Si elle accepte de mieux en mieux Steffy, c’est entre autres parce que Steffy n’est pas très différente du point de vue caractère et comportement que ce que l’était son équivalent masculin…

Plusieurs fois, Vicky m’a souri en me disant que je semblais tout aussi naturelle et à l’aise en femme qu’en homme. Alors qu’elle n’avait jamais eu de doute sur mon aspect masculin auparavant, elle réalisait que mes attitudes n’avaient jamais été celles du « mâle typique » par le passé.

Les premiers jours qui ont suivi l’annonce, notre couple a vécu très intensément dans une débauche de tendresse comme si nos gestes et nos caresses pouvaient nous entourer d’une coquille invisible capable de nous protéger contre le monde extérieur et son intolérance.

Ce n’est que quelques semaines plus tard que nous nous sommes rendues compte que les risques pour notre couple viendraient d’abord de l’intérieur. Nous avons commencé à nous poser plus de questions: jusqu’où cela pouvait-il nous mener; Steffy allait elle pouvoir se contenter de vivre en dehors de la présence de Vicky, même avec son consentement? La pression sociale inculquée par notre éducation ne serait-elle pas trop forte pour Vicky?

Toutes ces questions étaient fort lourdes et Vicky en souffrait. C’est alors qu’est né progressivement le besoin de communiquer et de partager nos craintes. Petit à petit, les portes d’Internet allaient devoir s’ouvrir à Vicky, lui procurant l’aide dont elle avait besoin pour son cheminement .

Le passage à la Loge.

Pour éviter de se faire une idée fausse Vicky m’a demandé comment je m’habillais en son absence, puis a finalement souhaité me voir au féminin. Cela n’a pas tardé. Enfin Vicky pouvait comprendre mon malaise devant le miroir. Il reflétait une image d’un corps assez féminin, sur lequel se trouvait un visage masculin. Elle découvrait ainsi mon besoin d’aller plus loin, ce besoin que la plupart des travestis et que toutes les transsexuelles ont : extérioriser par notre corps et notre visage la féminité qui nous habite.

C’est Vicky qui m’encouragea alors à me rendre à la Loge afin d’y parfaire mon apparence. La Loge est ce lieu à Bruxelles où les travestis et transsexuels peuvent être assistés par des gens comme eux et sortir de leur solitude. C’est donc au début janvier que Steffy a pris un visage sous les doigts de fée de Nadia. Enfin je commençais à aimer cette Steffy qui m’habitait, le poids de la frustration mêlée à ma culpabilité s’allégeait de jour en jour.

Depuis lors, j’ai personnalisé mon apparence, adapté mon maquillage et j’ai entamé une épilation définitive d’une partie de ma barbe pour laquelle j’ai facilement des irritations suite à un rasage de près.

Des amitiés hors du commun.

J’avais extrait de TVQ quelques "petites histoires" au travers desquelles je me retrouvais partiellement . Après lecture, nous avions de longues soirées d’échanges afin de mieux expliquer notre ressenti mutuel. Bien que ce fut très enrichissant, cela ne nous suffisait pas. Il nous fallait quitter au plus vite, notre isolement ; le risque que notre couple implose en se focalisant uniquement sur Steffy était réel.

J’ai donc envoyé mes premiers Mails à ces copines de TVQ. Très vite des liens se sont créés, les échanges devenaient réguliers, voire journaliers et le "chat" est rapidement devenu le complément indispensable du courrier électronique. De fil en aiguille, certaines "amies d’Isabelle" sont devenues nos amies, et bientôt les échanges "virtuels" se sont enrichis d’échanges réels par téléphone et de rencontres.

Un nouveau regard sur moi-même.

Le stade de la culpabilité est maintenant passé. J’ai décidé de m’accepter telle que je suis. Ma réflexion continue cependant car je ne suis pas certaine de me connaître à fond. J’ai le sentiment que j’ai encore énormément à découvrir sur moi-même et sur ce que je vais faire du reste de ma vie aux cotés de Vicky et de mes enfants. Ce qui m’aide, c’est d’avoir appris à être honnête vis à vis de moi-même et à me respecter. Suis-je travesti fétichiste: manifestement non. Travesti à tendance transsexuelle, ou transsexuelle , il m’est bien difficile de le dire avec certitude et surtout de tirer une conclusion définitive; le temps m’en dira peut-être plus. J’ai lu énormément, soit sur Internet, soit dans des livres; beaucoup de mes "certitudes" sont tombées. L’amitié s’est dévoilée sous une forme que je n’aurais jamais imaginée; il en est de même pour l’amour qui me lie à Vicky. Cet amour est à la fois plus intense et plus fragile, cela ne le rend pas plus facile à vivre…Nos remises en question sont fréquentes, mais nos échanges de tendresse aussi.

Ma nouvelle vie est encore jeune, à moi de la prendre en charge…

Si vous ou votre compagne avez des commentaires, des questions, que vous doutez de vous-mêmes n’hésitez pas à me contacter à l’adresse steffyl@yahoo.com.


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