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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Marie-Danielle

Marie-Danielle

(publié: 16-10-2004, 9:07 )

On lit souvent dans les publications officielles: «Dans ce texte, l'usage du masculin a pour but de simplifier la lecture et inclut aussi le féminin»... Mais ici comme dans tout le site, il y a plus que ça... «L'usage du masculin est une ambiguïté que j'ai décidé d'accepter avant de la résoudre.»

Depuis que je suis branché, ça remonte bien à mai 1996, je n'ai cessé de visiter le site TVQ de façon très régulière. Je me souviens même que c'est le tout premier que j'ai été voir, j'avais trouvé l'adresse dans Techno. Même que je crois plutôt que c'est justement la présence de ce site qui m'a convaincu à me brancher à l'Internet, pour m'empresser de prendre contact avec d'autres personnes qui vivent et explorent ce qui doit bien être le dernier îlot tabou de notre société de sexualité libérée... Enfin, libérée jusqu'à cette limite...

Grâce à ce site, j'ai trouvé une communauté de pensée que je cherchais depuis longtemps, par delà la solitude de ma plus grande fantaisie: éprouver la magie délicieuse de me métamorphoser en la femme de ma vie! Je vous présente ici un texte qui retrace pour vous, mais ce le fut d'abord pour moi avec euphorie, l'histoire de mes vies parallèles. Étant un indomptable esprit de réflexion, j'inclus aussi quelques escapades philosophiques, dans le but, peut-être, de lancer un débat amical, qui sait?

Mon enfance

Du plus loin dont je me souvienne, j'ai toujours adoré la caresse des vêtements féminins sur mon corps. Avant même d'avoir atteint l'âge de commencer l'école (l'âge de raison, même), je me souviens m'être introduit dans la chambre d'une gouvernante qui résidait à la maison et lui avoir volé un ou deux jupons et une gaine, peut être aussi une culotte... Et dans le fond du garage, m'inventer des histoires naïves dans lesquelles je portais ces vêtements envoûtants.

Il y avait là le vieux camion de mon père industriel. Un jour que j'étais ainsi costumé, un visiteur est entré dans le garage, je me suis vite caché sous le camion. Il est monté à bord et a lancé le moteur dans un grondement d'enfer et les vapeurs bleues de l'échappement. Je remets vite mes culottes courtes et sors en criant après le monsieur, le coeur aux abois!

Je cachais mes linges dans je ne me souviens pas quel recoin du garage, mais ce qui reste très présent à ma mémoire, c'est l'odeur du tissu, mêlée à un peu d'humidité, et probablement un peu de saleté... Cette odeur m'envoûtait carrément. Les fibres synthétiques exhalent un parfum capiteux et doux, profond comme l'âme et le genre, qui caresse le nez et l'imaginaire avec une volupté toute prête à déclencher les plus grands fantasmes. Qui y résiste?

Aujourd'hui, je suis artiste, mais très jeune j'étais déjà fort créatif. Les derniers souvenirs que j'aie de ces guenilles, c'est que je les aies modifiées, déchirées, et je portais le jupon sur ma peau nue comme un habit de Tarzan, à une seule bretelle comme bandoulière... j'ai bien dû finir par les jeter...

Quand j'y réfléchis bien, je me dis qu'il y avait une sorte de plaisir sexuel dans ce comportement. Une sexualité toute enfantine, très près de la mère, à la racine même de la vie, comme si à cet âge les sexes sont confondus et que ce n'est qu'à la puberté que s'établit la coupure. Bonne chose que j'aie senti qu'il ne pouvait être question de partager ce plaisir avec quiconque, j'aurais été corrigé. D'ailleurs comme j'étais enfant unique, je n'avais comme confidents que mon ourson en peluche et mon chien. Tiens, avec mon «Toutou», je revois cette couverture de bébé. De son rebord de satin, je me caressait les doigts, le nez et les lèvres... C'est antérieur à mon larcin chez la bonne, ça... Le dernier souvenir que je garde de cette couverture, que le temps m' a ravie, c'est que le satin était tout échiffé, usé, tombé en lambeaux sous le frottement insistant de mes doigts. Même encore aujourd'hui, la doublure de mes vestons s'use plus vite que les coudes!

Un peu plus tard, quel âge pouvais-je avoir? J'ai commencé à explorer avec grande circonspection les tiroirs de ma maman. Ce royaume de douceurs m'exaltait. Je prenais tout mon temps afin de me remémorer l'ordre, les plis, la disposition de chaque sous-vêtement comme l'auraient fait les agents secrets dont je suivais les aventures à la télévision. Avec la même excitation chaque fois, je choisissais quelques morceaux, gaines, bas pour jarretelles, combinaisons-gaines, grandes culottes, jupon, robes de nuits et je me composais un habit de reine! Les superpositions de tissus caressants donnent une caresse presque chatouillante.

Je me souviens particulièrement de ce long jupon rouge avec de belles dentelles gaufrées qui devait bien dater des années 40, taillé dans une étoffe plus lourde que l'Antron III d'aujourd'hui mais aussi caressante sinon plus capiteuse. Qui me dira le nom de cette matière extraordinaire? J'ai entendu parler de la «Wacosilke», est-ce ça? Ma mère l'avait un jour étiqueté pour un bazar... je l'ai subtilisé avant la vente!

À l'adolescence, à l'éveil de ma sexualité pubère, j'avais un copain avec qui j'ai pu partager mes pensées sur ces sujets. C'est à cet âge que j'ai eu mes seules relations homosexuelles, oh! combien anodines et légères, et que j'avais quelqu'un en compagnie de qui m'«habiller en femme», tel que j'appelais cette activité. C'est ainsi vêtu que j'ai connu mon premier orgasme, le frottement incessant du jupon par dessus la gaine au devant de satin. Une sensation d'une grande profondeur qui m'étonnait et que j'ai d'abord attribué aux vêtements féminins eux-mêmes avant de comprendre que cette décharge de plaisir était le paroxysme de la relation sexuelle, ou de la masturbation. Au plaisir de la douceur, de la féminisation et de la fantaisie, l'orgasme allait devenir un autre but de mon travestisme.

Mais je ne me transformais pas qu'avec mon ami. Quand ma mère m'annonçait une sortie prochaine, je ne tenais plus en place, anticipant ce que je commettrais dans sa chambre en son absence. Un jour, évidemment, elle a dû revenir pour prendre je ne sais quel objet oublié. Je me suis vite couché sous le lit et, retenant le bruit de ma respiration, je l'ai laissée m'appeler à travers la maison. Je pense que ce jour-là j'ai vite tout rangé... et j'ai été sagement jouer avec autre chose que mon corps!

Mais ce n'est pas le danger qui m'a fait abandonner. Je suivais toujours avec grand intérêt les douces innovations qu'elle amenait naturellement à la maison. Dans les années 60, ce fut au tour des bas-culottes à apparaître. Quelle extase! J'en ai vite confisqué une paire que j'allais enfiler dans la cave! Puis j'ai essayé les hot-pants, puis ses ensembles au haut si descendant qu'ils me faisaient une robe courte, mode que j'adorais pour l'honneur qu'elle faisait aux jambes des filles, et aux miennes, mais qui ne convenait plus vraiment à l'âge de ma mère. Je me chargeais de mettre ces beaux vêtements en valeur!

Mais je grandissais. Quand je me suis mis à trop risquer de découdre ou de déchirer son linge, j'ai dû commencer à développer l'audace des mes achats personnels. Le magasinage, c'est chaque fois un défi considérable. Aussi ai-je vite compris l'avantage de l'anonymat des magasins à rayons. Je rapporterai quelques anecdotes plus loin.

J'aime me créer des ensembles légers. Parfois je recherche plus l'allure distinguée. Parfois l'allure ballerine, parfois la vamp. Parfois l'ensemble superposition de plusieurs sous-vêtements, parfois un minimum de morceaux. Mais toujours la caresse. Et la jambe, le bas, la dentelle délicate.

J'ai amassé plusieurs panoplies à diverses époques. Et un jour, pris d'une crise de culpabilité, je jetais tout! Que de belles nuisettes ai-je ainsi immolé sur l'autel de la normalité! Même l'extraordinaire jupon rouge y est passé.

J'adorais les filles, mais étais bien malhabile à leur parler. Vouloir les courtiser me faisait des papillons dans l'estomac, peut-être mon fantasme qui me dérangeait. C'était comme désirer contre nature. J'ai toujours été fasciné au plus haut point par leur beauté, leurs cheveux, leurs cils, leurs jambes si lisses et à la fois si magiquement texturées à l'échelle des capteurs du toucher, au bout de mes doigts imaginaires, ou du toucher de mon regard gourmand. Je ne me faisais pas de blonde facilement, alors j'attribuais mon manque de charme à ma fâcheuse manie. Maintes fois j'ai fait le serment à quelque conscience supérieure que j'abandonnais cette habitude en échange du sang froid à aborder les filles. Mais après quelques mois, je voyais bien que là n'était pas la solution, je recommençais une collection. Bas, bas-culottes, jupons, combinaisons, soutiens-gorge, robes de nuit diaphanes, culottes satinées devenaient les caresses de mes nuits. Toujours, mon travestissement me procurait une grande jouissance pour ce qu'il était, une fantaisie grandiose, une transformation dans la sensibilité, un écrin de caresse flottante, légère et pulpeuse. Quand je le faisais par manque de femme dans ma vie, il ne m'apportait que déception et amertume alors j'ai un jour compris à le vivre comme une passion autonome, parallèle et même complémentaire à ma vie d'hétérosexuel.

J'en ai mis du temps à pouvoir faire la cour aux filles. Mais quand j'ai commencé, j'ai été un vrai tombeur du haut de mes dix-huit ans! Pourtant, durant toutes mes études supérieures, dans mon appartement de Montréal, quand je n'étais pas au lit avec l'une ou l'autre des fleurs de mes amours, je vidais sur le lit mon sac d'attributs féminins et je me faisais moi-même l'amour! J'ai expérimenté toutes les sensations en altérant ma conscience de tout ce qui se fumait et s'avalait, mais je n'ai pas osé partager ma pratique de féminisation, cette activité qui me procurait une intensité sexuelle tellement inégalée.

Aujourd'hui, j'ai 40 ans. Je vis en union de fait depuis une quinzaine d'années avec la mère de mes deux enfants. C'est définitivement pour eux que nous persistons, car nous n'avons que peu d'affinités. Elle est assez généralement indifférente à mes intérêts professionnels, artistiques, philosophiques, mélomanes et fantasmatiques. Je vois la vie toujours avec bonheur, soleil, optimisme et j'ai de grands buts, mais je vis avec elle une grande solitude. Elle sait pour mes «séances» de travestissement. Mais elle n'y trouve aucune excitation: elle trippe plutôt poilu et costaud, ce que je suis mais elle éprouve une forme de dégoût lors des fois où je me rase au delà du menton. Alors je souhaite ne pas être l'éternel coeur en dérive, à la recherche de l'âme soeur, moi qui sais maintenant que je cherche plus une confidente qu'un objet sexuel. J'ai, je suis mon propre objet sexuel! Je comprends assez de la féminité pour vouloir établir une relation de couple basée sur l'intelligence, la culture, l'imagination et un généreux dialogue.

Encore là, j'ai toujours vécu mon penchant pour son aspect paradoxal. Je ne veux pas devenir une femme, je vis un plaisir immense à être un homme qui rencontre à l'occasion la femme intérieure à sa vie. Je ne veux pas prendre d'hormones pour avoir des seins, les effets secondaires sur ma virilité sont trop inquiétants. C'est toute la question d'être un homme qui s'habille en femme qui me procure un si grand bien-être. Je ne voudrais pas être une vraie femme, tout le charme serait brisé. Je ne veux pas être femme, je ne me sens pas femme emprisonnée dans un corps d'homme, je suis un homme qui se retrouve en contact intime avec sa féminité. Je jouis d'être un homme portant les attributs féminins, un homme qui joue la femme avec passion et délectation. Pour toute l'infinie beauté du geste.

Je me suis un jour fait installer un mur en miroir dans ma chambre à coucher. Quelle audace dans les yeux des autres, mais qu'importe, j'ai décidé de m'en moquer... avec quand même ce quelque chose de discrétion... Récemment, j'ai découvert dans ce miroir qui était exactement la femme de ma vie, au sens le plus passionné, fantasmatique et amoureux du terme: je l'ai spontanément appelée Danielle et le fait d'avoir sa respiration tellement à l'unisson de la mienne me fait frémir de plaisir.

Quand j'ai un jour décidé qu'il me fallait une paire de chaussures, j'ai fait la recherche avec témérité. C'est chez d'Antin, rue Saint-Hubert à Montréal que j'ai trouvé ma pointure (12 D SVP!). Mes toutes premières sandales beige à talons hauts m'ont porté à ma première sortie publique en femme affichée. À ce party d'Halloween, j'ai été remarquée et acceptée comme tous ces vampires et autres accoutrements bizarres! Quoiqu'une fille m'ait demandé de qui j'avais bien pu emprunter une si grande paire de souliers de femme! Je portais une jupe droite noire en haut du genou, sur des bas de Nylon violets et avec une blouse en acrylique blanche. C'était beau! Tout le maquillage y était, j'avais un foulard lâche sur la tête qui me descendait avec grâce sur les épaules car mes cheveux courts ne convenaient pas tout à fait. Et ce fut l'occasion de mon premier rasage des jambes.

Ça c'est tout un monde: le poil! Mes débuts se sont faits avec un grand rasoir droit, comme les anciens grands couteaux de barbiers... que de coupures! Puis j'ai découvert le Neet, ce dépilatoire chimique à l'odeur âcre et faussement parfumée à la rose de labo. Mais les repousses sont drues, l'odeur retire tout désir et l'effet cutané pourrait être dommageable m'a-t-on dit, surtout quand on l'utilise pour tout le corps d'un coup! Alors je suis revenu à la pioche, rasoir jetable à double lame dans le bain ou sous la douche. Car il faut bien distinguer ce qui est tombé et part sous le jet de ce qui est encore planté et qu'il faut éliminer! Récemment, j'ai acheté un SilkEpil, un petit appareil électrique où des roues de caoutchouc qui tournent arrachent les poils. J'ai surtout voulu l'essayer sur mes fesses, car le rasage en cet endroit me fait bien des boutons, irritations et autres poils incarnés. Normal, quand tu es toujours assis dessus! C'est souffrant et ça demande du courage! Ça tire et ça pince, ce petit appareil... La prochaine fois, j'irai à un centre d'épilation à la cire, il y en a un à Montréal qui s'annonce dans les pages jaunes: «bienvenue aux gais, TV et TS» (On est toujours dans le même bateau! D'accord si j'y ai une bonne écoute). Ou encore, l'électrolyse... mais c'est coûteux!

Les poils incarnés constituent le grand fléau! J'ai entendu parler d'une crème pour hommes qui les préviendrait. Vendue sous ordonnance, le Rétisol-A ou Retin-A serait bien efficace. Quelqu'un connaît? Les crèmes pour garder la peau jeune sont plus rares chez les hommes que chez les femmes qui les consomment au point d'en faire une industrie de plusieurs milliards. Il paraît qu'hormonalement parlant, la différence des sexes commande des crèmes spécifiques à chacun. Ce site serait un excellent endroit pour partager nos connaissances en ce domaine.

Années 90. Lors d'un voyage aux USA, j'ai acheté une belle grande perruque rousse, avec un 100$ que m'avait donné ma mère comme cadeau d'anniversaire. Si elle savait! Alors j'ai commencé à me maquiller plus souvent et me parfumer. Puis je me suis acheté jupes, robes et chemisiers, jupons de tous les tissus soyeux que j'ai pu trouver, et j'ai tracé mes préférences. J'ai ajouté à ma collection un basque et des bijoux, des rubans. Et ces escarpins blancs comme en peau de serpent qui complètent si bien toutes mes lingeries et vêtements de voiles blanc, rose et en d'autres couleurs pastels que je préfère.

Évidemment, j'habille maintenant du 18 ans. Les bas sont toujours dans le «queen size». Pour bas à jarretelles, j'ai trouvé par hasard à Albany (NY) dans un petit magasin à rayons des «Stockings for the full size girl». Après l'essai une fois à la maison, j'en ai commandé 10 paires par la poste en laissant planer l'ambiguïté sur mon nom. On m'a répondu en ces termes: «Dear Madam...», ouf!

J'ai trouvé à ma grandeur chez Pennington's il y a plus d'un an. Je suis entré, suis allé droit à la serveuse et lui dis, sur un ton de confidence et de connivence: «J'ai à me déguiser et il me faut une robe, pouvez-vous m'aider s'il vous plaît?». J'ai fait ça avec grande assurance vous croyez? Ça faisait des mois que je répétais le scénario et venais passer devant le magasin en auto... Mais la dame a été très gentille et coopérante, j'ai même pu essayer les robes que je préférais!

Un jour que j'achetais des bas-culottes queen-size chez LaBaie, la caissière me dit à la blague: «C'est pour vous?» L'art de mettre mal à l'aise. Comme j'avais décidé déjà d'accepter ce que je faisais, et frondeur, je lui réponds: «Bien sûr!». Devinez qui était maintenant la plus confuse?

Cette autre fois où je suis entré dans une boutique parce que la vitrine était affriolante. J'étais déterminé à acheter des jarretelles, une culotte et que sais-je d'autre? J'ai directement demandé où était ce que je cherchais. À la caisse, on me tient le baratin habituel, que c'est donc beau de voir des hommes enfin oser acheter pour leur femme, que j'avais choisi avec goût, que je leur semblais donc heureux en amour. On m'offre un emballage-cadeau que j'accepte avec enthousiasme. Une fois à la maison, je me joue mon jeu, je me travestis et je m'offre ce cadeau que je déballe sur le champ avec une grande excitation. Que je suis heureuse! Merci! Je ne peux attendre, je l'essaie tout de suite! Que c'est joli et bien choisi!

J'ai une passion dans la rue et partout, admirer les femmes. Voir leurs jambes, déguster du regard le joyeux ballottement de l'ourlet de leur jupe, comprendre l'agencement de leurs traits de maquillage. La partie de la jambe que je préfère se situe entre le genou et la mi-cuisse, je trouve que la forme, le fuselé, la courbe, la texture, le teint, le reflet nuancé, le dégradé de couleurs tiennent du chef d'oeuvre. À faire croire que le créateur trippait aussi sur les jambes de femmes!

Je me questionne toujours sur ce qui motive la femme à se mettre si belle. Que pense-t-elle quand elle met une jolie robe? Quand elle dévoile sa jambe ou qu'elle se la caresse nonchalamment? Quand elle galbe ses seins? Quand son pied s'amincit et s'effile dans un escarpin délicat? Quand elle se glisse dans la soie ou le Nylon, quand elle se pare de dentelles et de trésors? Quand elle épile minutieusement ses sourcils et étale son maquillage? Quand elle souligne ses cils et ses paupières, mettant en relief la couleur de son iris comme bijou en écrin? Quand elle enhardit sa féminité de rouge sur la bouche? Quand elle déambule avec une petite robe légère et dansante, laissant dans son sillage le souvenir d'une fleur ou d'un baume serein? La femme a un réel plaisir à vivre ainsi. Pas étonnant que des hommes veulent aussi vivre cette expérience inoubliable.

Est-ce parce que je suis artiste que je me passionne tant sur l'infini détail de la figure féminine? Peut-être. Mon oeil respire les mouvements délicats des étoffes, laissées libres comme robes et jupes, qui caressent du seul fait de tomber, de flotter, d'onduler en harmonie avec la démarche. Le déplacement est distinct de la jambe mais pourtant dessiné par celle-ci. Toutes ces images sont mystères avec lesquels j'aime m'éblouir.

J'ai commencé à lire sur le sujet au début des années 80. J'ai découvert que ce fétichisme serait dû à l'absence du père dans ma tendre enfance. Pas mal, ça a du vrai, mais il doit pas y avoir que ça. J'ai aussi lu l'Histoire de ce phénomène: Héon et compagnie, les travelos folkloriques du Bois-de-Boulogne à Paris et les Drag-Queens et autres Guilda du spectacle. Ça me laisse indifférent. La lecture que j'ai préférée, et que je préfère toujours, c'est les catalogues et circulaires de grands magasins, Le Playboy's Book of Lingerie et cette «Histoire imprévue des dessous féminins» que m'a offert ma conjointe à Noël il y a quelques années, à la gêne légère de quelques invités autour du sapin. Je fais souvent le tour des sections de lingerie des grands magasins, ou un détour pour passer avec mon auto devant une boutique de lingerie fine. Je connais toutes leurs adresses même si je n'ai osé entrer que dans un très petit nombre d'entre elles. J'ai visité avec grand intérêt cette exposition historique de sous-vêtements féminins à la Maison de la culture NDG il y a quelques années. Je cours tout.

J'ai lu aussi à quelque part que la femme sentait le besoin de cultiver sa beauté et sa jeunesse du fait qu'elle était la reproductrice de l'humanité. Ce faisant, elle en assure l'éternité, et l'éternité ne doit pas vieillir. Ces phénomènes inconscients, en s'associant aux archétypes de la parade amoureuse (des comportements qui assurent le désir du mâle de s'accoupler pour assurer la survie de l'espèce) seraient à l'origine de la beauté séductrice féminine, de ses couleurs, de ses douceurs. D'autres estiment que les vêtements féminins seraient des entraves visant à empêcher les femmes d'être efficaces et compétitrices des mâles. C'est surtout vrai des corsets. Ou encore que la robe est un vêtement pratique en ce sens qu'il permet de limiter les déchirements des vêtements quand la femme est prise par son séducteur. Mais on dira aussi que la robe permet à la femme de s'offrir discrètement son désir au membre de son amant. Il y a sûrement des travestis qui vivent et ressentent certaines de ces hypothèses.

Je nourris des rêves: me faire épiler le corps au complet à la cire tiède, connaître une vraie femme biologique avec qui partager mes secrets les plus intimes, avoir un jour une très belle robe de mariée, découvrir quelqu'un sachant coudre pour réaliser mes inventions les plus folles, utiliser les mêmes matières qu'au cinéma pour les masques et m'en faire des seins aux limites estompées et invisibles, vivre des vacances d'au moins une semaine comme travesti dans un bel hôtel des Antilles, faire de la photo artistique dans un beau décor intérieur ou extérieur en imaginant les mises en situation les plus originales.

Et si le travestisme était un art?

Bien tendrement

Marie-Danielle
8 décembre 1996 (fête de l'Immaculée Conception!)


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