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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Manuela

Manuela

(publié: 19-04-2005, 20:35 )

Petits morceaux de vie



Quarante ans dans quelques mois…

Le moment venu pour faire mon "coming-out" ?

Pas tout à fait, mais depuis 30 ans que je suis à la recherche de mon moi, cela finira par arriver.

Je dors de plus en plus mal, mon activité professionnelle tourne au cauchemar tant je suis obsédé par la vie qui aurait dû être la mienne.


Comment tout cela a commencé, je n’en ai plus le moindre souvenir. Tout ce dont je me rappelle de ma prime enfance, c’est que ma mère, dernière de six filles, était, au début des années 60, en rupture totale avec son milieu, et avait quitté sa bourgogne profonde pour la capitale. Malgré tout, quand en 1965, elle réapparaît avec un petit métis, mais sans le père, mes grands-parents m’ont ouvert leur porte, et jusqu’à la mort de ma grand-mère en 1999, je ne l’ai jamais entendu regretter cette décision. C’est comme cela que j’ai été élevé, à la campagne, jusqu’à 5 ans.

L’expérience éducative de ma grand-mère a sûrement eu une incidence, puisque j’ai plus de souvenirs de poupées que de gros camions…



Enfin un père

En 1970, lassée de la vie parisienne, ma mère réintègre sa province natale, avec un métier et des projets pleins la tête. Elle commence par récupérer son fils, s’installe dans un studio, et la vie avec ma mère est un enchantement pendant quelques mois.

Puis le hasard lui fera rencontrer l’homme qui, en plus de l’épouser me donnera son nom.

A partir de là, on devrait pouvoir écrire le mot "fin"…


Malheureusement, dans les années 70, la vie d’un petit métis n’est pas une sinécure et l’obscurantisme paysan est encore bien présent dans nos campagnes.


Petit, voire chétif, rien ne me sera épargné : moqueries, bousculades, parfois passage à tabac en règle, exclusion des jeux des garçons, jusqu’à l’age de 8 ans, j’ai surtout partagé les jeux des filles dans la cour de l’école.

C’est à cette époque que mon père m’inscrit dans un club de judo. Je pratiquerai ce sport pendant 8 ans, jusqu’à ce qu’un genou gravement luxé m’interdise les tatamis. Dommage, j’étais plutôt bon…

Parallèlement à ces activités et à une scolarité moyenne, j’avais découvert la mode. Ah, la mode des années 70… pattes d’ef, bottines à talons et vêtements près du corps donnaient, même aux garçons, une allure androgyne qui me permettais de ressembler à mes petites camarades sans choquer personne.

Puis j’ai découvert le panier à linge et les doux vêtements de maman. C’est là que tout à basculé. Le petit garçon un peu timide préférait bien souvent s’isoler pour lire ou rêver. A 10 ans, toute la bibliothèque familiale y était passée.

Je lisais des nuits entières, à la lampe de poche, puisque je partageais ma chambre avec mes petits frères, dont j’étais la nounou chaque fois que mes parents étaient absents. Et ils l’étaient souvent, entre le travail en milieu hospitalier et leur engagement politique et syndical.

Je savais déjà, d’instinct, que mon goût pour les vêtements de maman devait plutôt rester secret. Mes copains parlaient de foot, de bricolage avec papa, alors que moi, je préférais faire les courses, le ménage, la cuisine avec ma mère, assister aux réunions tupperware ® et rêver en feuilletant les catalogues de VPC.

J’ai du apprendre très vite à tricher, à me construire un personnage. J’ai même essayé de jouer au foot, comme les autres. Mais je n’étais sûrement pas assez motivé, personne ne voulais de moi dans son équipe. Alors j’ai collectionné les figurines Panini ® de la coupe du Monde en 1978 ; pour avoir un sujet de conversation dans la cour du collège.

Paradoxalement, j’étais presque un "tombeur". Considéré comme mignon par les adultes et gentil par les filles, je n’avais pas besoin de draguer pour avoir des petites amies, ce qui m’a évité de passer pour un "PD". A cette époque, à la campagne, soit on collectionnait les conquêtes, soit on était homo !.. Pas de demi mesure ; surtout après que notre instituteur du CM2, directeur de l’école, marié et père de famille ait fait son coming-out en avouant son homosexualité, quittant femme et enfant pour vivre avec un autre homme ; dans une ville de province de 3000 habitants aux portes du Morvan, à cette époque là, il fallait un certain courage.

Je ne l’avais pas, moi, ce courage, alors je préférais faire "comme si".

Malheureusement, à force de jouer un personnage, on finit par tourner un peu schizophrène sur les bords. Qui suis-je, et à quel moment je le suis ? Dure question, mais trop tard. Je suis déjà en situation d’échec scolaire, obnubilé par la construction de mon "moi".

Mal dans ma peau, mal dans mon collège, m’étant mis à dos la plupart des professeurs qui considéraient que j’étais fainéant et que je gâchais un potentiel que tous voyaient élevé.

La conséquence a été brutale : je fus invité à continuer ma scolarité dans un autre établissement.

C’est ainsi qu’à l’automne 1980, j’intégrais un internat afin de redoubler ma classe de troisième.

Ah, l’internat ! Les concours absurdes des jeunes mâles en pleine croissance : pilosité, taille du pénis, nombre de copines… Hormis pour la taille du pénis, je ne pouvais guère rivaliser avec mes condisciples. Si j’avais régulièrement des "petites amies", je ne leur faisait pas grand mal, mettant surtout de la tendresse dans mes relations. Déjà, je me laissais plutôt faire et les filles conditionnées par leur éducation sur un schéma "Moi Jane, toi Tarzan", comprenaient mal qu’un garçon ne soit pas attiré par leur sexe. Malgré tout, je n’était pas asexué pour autant. L’internat fut pour moi l’occasion de découvrir le sexe de l’homme. Ma première pipe (fellation ne faisait pas partie de notre vocabulaire…), je l’ai offerte à mon voisin de chambrée, à l’ombre de ma couverture, sous laquelle il était venu me rejoindre. Pourquoi, comment, je n’ai jamais compris. Toujours est-il qu’il a commencé à me caresser le torse, les cuisses, les fesses, le sexe, puis il à pris ma main pour la poser sur son sexe gonflé. Et là, tout naturellement, j’ai éprouvé le besoin de le humer, de le prendre en bouche, de le lécher, jusqu’à ce qu’il jouisse au fond de ma gorge. J’en ai ressenti un immense plaisir, mais pour lui le charme était rompu, je pense qu’il a développé un sentiment de honte, car nous n’avons plus jamais eu les même contacts...


A ce moment, j’ai pris conscience que le fait d’aimer être une fille, y compris dans mes relations physiques, devait, là encore, rester secret.

J’ai cru, pauvre hère naïf, que mes choix de vie me protègerais de la femme qui cherche à émerger. J’ai tout essayé. Je me suis laissé pousser la barbe pour faire plus viril, j’ai fréquenté une bande de "mauvais" garçons ( bière et baston comme programme, ce n’est pas constructif, mais ça vous donne illico une réputation "d’homme" dans votre quartier) !

Malheureusement, j’ai quitté ma campagne pour la ville, études obligent. Et là, terminé les soirées "beauf". Tout seul dans mon petit studio, dans l’anonymat de la cité, mon premier achat, ce fut une chemise de nuit ; au supermarché de quartier, tant c’était urgent…



Une femme, un métier, une vie…

Ma première vrai garde robe date de cette époque.

Discrète malgré tout ; entre papa qui vient régulièrement dormir pour économiser l’hôtel lors de ses déplacements, les quelques copains débarquant à l’improviste et les études, ce n’est pas si facile…

Mais quel plaisir de pouvoir sortir, d’abord dans le parc de la résidence, puis plus loin, en ville, dans l’anonymat, sans crainte d’être reconnue par les voisins.


C’est aussi l’époque ou je rencontre une fille formidable ; sensible, courageuse, curieuse de tout, ouverte d’esprit, je me sens bien avec elle ! A tel point que, encore vierge, et ne voulant pas la décevoir, je profite, et le mot est faible, d’une amoureuse transie, pour jeter ma gourme ! La pauvre n’a jamais compris la façon dont je l’ai traitée. Pour la première et dernière fois de ma vie, j’ai été un "salaud" avec une fille…



Amour, tendresse, complicité, études toujours, puis l’armée, puisque j’étais sursitaire… la vie quoi…


Réellement amoureux, j’ai souhaité que ma belle sache vraiment qui j’étais, alors, je me suis arrangée pour qu'elle me découvre avant le mariage. Passée la surprise et de nombreuses heures de discussion plus tard, nous nous sommes mariés pour le meilleur.

Cela fait 17 ans, et si je respecte les règles, elle accepte ma féminité. Je souhaite à toutes, une femme comme la mienne!



Mariage, enfants, maison, carrière, chômage, la vie entre parenthèse…



On n’échappe pas à ce qu’on est.

Et le naturel d’un individu ne reste jamais bien longtemps au placard. Surtout que les règles que ma femme m’a fixées ne sont pas trop contraignantes : les enfants ne doivent pas savoir, elle ne veut rien connaître de mes sorties. Et en plus, elle accepte, lorsque les enfants sont absents, une petite soirée "entres filles".

Alors, au cours de mes déplacements professionnels, le coffre de ma voiture contient toujours des bagages pour deux. Même si, parfois, aucune sortie n’est possible, le simple fait de pouvoir dormir en nuisette suffit à m’apaiser.

Mais lorsque je peux sortir, j'adopte une tenue sobre, classique, certes un peu chic, mais pas trop, car beaucoup de femmes "génétiques" s'habillent "comme des sacs" au quotidien. Par contre, en soirée, rien n'empêche de se lâcher un peu. Sous vêtements sexy, jupe un peu courte et talons hauts. Lors de ma dernière sortie, un vendeur m'a même fait un prix pour deux livres, parce qu'il me trouvait "jolie"... Le secret, en vérité, même s'il faut faire attention à ne pas choquer, c'est d'être à l'aise avec ce que l'on porte…



Et maintenant…

Aujourd’hui, de plus en plus "elle" dans ma tête, mon activité professionnelle commence réellement à en souffrir. Bien sur, hormis certaines périodes ou ma présence physique est indispensable, l’essentiel de mon activité est organisée de telle manière que je puisse travailler n’importe ou. Et n’importe ou, c’est très bien chez moi. Ainsi, je peux donner de plus en plus en plus de temps à Manuela. Mais je ne sais pas jusqu’ou cela pourra fonctionner ; mes enfants grandissent et avoir une double vie avec trois adolescents dans une maison, cela devient compliqué. Si mon épouse tolère ce qu’elle croît être une simple marotte passagère, son message a été clair : les enfants ne "doivent pas savoir" ! Mais c’est bien connu, les enfants, c’est curieux. Et les miens n’échappent pas à ce principe… j’ai la chance d’avoir une grande maison et mon armoire "magique", planquée sur un grenier accessible uniquement par une échelle bancale est toujours préservée.

Mais je souffre moi… parfois, le matin, mon besoin est si fort que je mets ma lingerie sous mes vêtements masculins. Quel plaisir, quelle douceur, quel bien être, mais aussi quelle frustration de ne pas pouvoir assortir l’aspect extérieur !


Cet hiver, j’ai acheté tous mes pulls au rayon "femmes". De coupe classique, certes, mais féminins. Acte purement psychologique, puisque la coupe est d’une neutralité affligeante, mais dans ma tête, c’est une démarche importante, puisque je suis toujours censé représenter "l’autorité paternelle" auprès de mes enfants. Il serait fâcheux qu’ils remarquent l’ambiguïté de mes tenues. Et pourtant, à la période de soldes, j’ai craqué : je me suis offert un jean féminin neuf, de coupe moderne, style "boot-cut". j’aime les fesses qu’il me fait, et je n’ai pas honte. Même ma femme a aimé mes fesses, moulées comme ça…


Fin janvier, j’ai dans l’idée une balade à Dijon, histoire de faire les soldes et les courses du mois pour la maison, mais habillée normalement et maquillée, comme si j’étais une simple mère de famille. Alors je part en réunion épilée, rasée de près et avec ma lingerie préférée sous mon nouveau jean.

Quel bonheur ! Une collègue malade, la neige omniprésente rendant la circulation difficile, la réunion est écourtée. A midi, je suis prête, maquillage, pantalon féminin (il gèle et il neige), bottes à talons aiguilles et ce n’est pas la soirée, mais tout l’après midi que JE vais vivre. Il y a bien longtemps que je n’ai plus d’angoisse lors de mes sorties, et je n’ai plus de réflexions dans la rue. Je "passe" bien comme on dit. Mes mensurations (1,67 m, 65 kg), mes cheveux mi longs naturels et teints couleur acajou cuivré y sont peut être pour quelque chose... Certes, parfois, un petit sourire, un regard dédaigneux, quelques rires, mais pas plus qu’envers une femme très forte ou mal habillée, ou un homme laid ou handicapé. Ma prochaine étape, (je me l’offrirai pour mes 40 ans) c’est l’épilation laser de ma barbe, car c’est désormais le seul signe qui me maintient dans le camp des mâles, malgré la combinaison de deux fond de teint pour atténuer l’ombre brune de mes joues.

Imaginez la joie qui m’envahit lorsque je pénètre dans la galerie marchande du centre commercial au milieu de la foule, comme une femme normale (celles qui l’on vécu savent ce dont je parle). Un démarcheur pour une nouvelle compagnie téléphonique m’interpelle : Madame, madame… et commence à me baratiner…



Je crois que c’est là que mon esprit bascule définitivement ! Je SUIS une femme, je sais maintenant que j’irais jusqu’au bout.

Et c’est dans cet état de béatitude que j’entrai dans le magasin. Au total, c’est une dizaine de boutiques que j’ai visité dans l’après midi, essayant pantalons, jupes, manteaux… Au final, je suis heureuse, j’ai du changer de pantalon, celui que je portais glissait sur mes hanches. Je pensais qu’il était mal taillé, il était simplement trop large. Les substituts de repas que je prend régulièrement ont eu raison de mon début d’embonpoint, j’ai perdu une taille.

Du coup, je me suis offert un nouveau pantalon mode ajusté et une petite jupe de soirée en taffetas.

Tout à mon bonheur, j’en oubliais le principal. Il était déjà 18h30, et je n’avais pas commencé les courses familiales.

Ce soir, je vais jusqu’au bout, je rentre chez moi comme ça. Je retire juste mon rouge à lèvres, mais je ne me changes pas. Oh, ce n’est pas du courage à proprement parler, ma femme travaille de nuit, et les enfants doivent être couchés. Malgré tout, le risque existe de croiser quelqu’un. Je suis, comme on dit, "un personnage public", investi dans la collectivité, et les responsabilités quotidiennes de mon alter-ego masculin sont incompatibles avec la vie de Manuela.

Mais de toutes façons, ce type vit ses derniers mois…

Voilà, je suis devant chez moi, mes talons claquent sur le sol lorsque je sors de ma voiture pour ouvrir mon garage... Il fait nuit, personne dans la rue, le risque et limité, mais c’est une vrai transgression de la règle établie : ne pas choquer, rester dans la "norme" !



Mais jusqu’à quand ?..


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