barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Ladymaud

Ladymaud

(publié: 24-03-2006, 15:17 )

Témoignage
Naissance de Ladymaud

par Maud

Je suis un travesti.

C’est difficile à assumer.
C’est risqué aussi, tant sur le plan familial que professionnel et social.
Cela se vit donc dans la clandestinité.

Ce n’est pas clair pour soi-même au départ.
On ne naît pas travesti.
On le devient au fur et à mesure que l’on prend conscience de son « moi » féminin.

A y regarder de plus près, je crois que mon trajet de vie doit ressembler à bien d’autres.

Quand ai-je réellement réalisé que dormait en moi une fille ?
Tard, fort tard même, à un âge où on a du recul et moins de préjugés.

Quand j’étais gamin, comme bien d’autres encore une fois, je jouais au blazé, au « dur » lors de surprises party. Accoudé au bar ou affalé dans un fauteuil, sirotant un coca ou une bière pour me donner une contenance, je me maudissait de ne pas oser inviter une fille… parce que j’avais peur d’essuyer un refus, d’avoir l’air « ridicule »…

Et je les trouvais si belles les filles, si belles que j’aurais déjà aimé en être une… ne fût-ce que pour me faire inviter au lieu de devoir prendre cette difficile initiative.
Mais jamais je ne me le serais avoué, je me devais d’être un « mec », un « homme » !

Il aura fallu donc de longues années pour qu’enfin j’ose, par petites touches, m ‘avouer que non seulement j’aimais l’idée mais qu’en plus je désirais passer à l’action.
J’avais alors bien nn ans.
C’est ma pudeur (de femme) qui m’empêche bien entendu de révéler mon âge.

Au début, ce furent des bas furtivement achetés avec un sentiment de gêne.
Etais-je stupide de croire que tous lisaient dans ma tête et connaissaient mes intentions « coupables » !

Je caressais le nylon et m’enivrait de leur contact et défaillais presque au moment de les enfiler. Ma jouissance était rapide tant l’excitation était grande chaque fois que je les enfilais.

Puis il y a eu le maquillage, fond de teint discret, rouge à lèvre… dans la voiture ou dans ma chambre d’hôtel lorsque j’étais en voyages d’affaires.
Le goût du rouge, l’odeur des produits que petit à petit j’acquérais… me donnaient le vertige.
Puis il y a eu l’achat d’une perruque, je ne me souviens même pas où ni quand ni comment tant j’ai du être bouleversée de le faire.
Et, les culottes, strings, soutiens et autres jupettes et robes par le canal si commode du catalogue des 3 Suisses ou de la Redoute.

Mais tout n’a basculé et je ne suis devenue Maud que parce qu’un jour j’ai trouvé une adresse dans une revue de Contacts.
La Loge de Thalie, structure d’accueil pour travestis.
Espace où l’on pouvait recevoir conseils pour la transformation , assistance juridique et support psychologique.
C’est ce côté « sérieux » qui m’a (un peu) rassuré et finalement poussé à voir à quoi ressemblait cet endroit.
Une rue très convenable à Evere (à l’époque), un salon d’esthétique qui présentait plutôt bien.
J’avais pris mon après-midi de congé et me suis retrouvée devant la porte, le cœur battant, prête à m’encourir.

C’est dans une demi-inconscience que j’ai vu mon doigt se poser finalement sur la sonnette et j’ai senti mon corps se vider de tout son sang quand la porte s’est ouverte.

Il y avait devant moi une charmante fille, manifestement… non, j’aurais été incapable de le dire qu’il s’agissait d’un travesti, c’était une belle femme, élégante et souriante.
Elle m’a demandé gentiment ce que je voulais.
Je me suis entendu lui dire avec une voix qui devait défaillir :
- J’ai trouvé votre adresse dans une revue, je voudrais m’informer sur … les services que vous donnez.
Elle m’a fait entrer.
La porte s’est refermée.
J’étais prise au piège.
Des pensées aussi incroyablement stupides que folles m’ont traversé l’esprit.
- Je vais me faire agresser, on va savoir qui je suis, faire savoir que je suis venu ici, chez des travestis, j’aurai plein d’ennuis, je suis en danger… au secours.
Alors que mon esprit brouillé et affolé me paralysait, je commençais à réaliser dans quoi je me trouvais réellement.

Un salon d’esthétique, bien éclairé, avec des miroirs, du mobilier en rotin confortable, des tables de manucure, un décors de très bon goût, un bar aussi, des vitrines avec des produits, perruques, des tringles chargées de vêtements et de lingerie… rien d’affolant en somme.
Derrière le bar une autre femme, femme ou T*, aussi jolie que celle qui m’avait ouvert.
On me propose à boire.
- Vont-elles me droguer puis me faire subir des choses ?
Non, ce n’est pas possible, l’endroit a l’air si bien.
J’accepte prudemment un coca…
La conversation s’engage, très délicatement, visiblement elles cherchent à me mettre à l’aise.
Je fini par me détendre un peu. W. me propose de me faire visiter les lieux.
Piège ?
Va-t-on me kidnapper dans l’arrière salle ?
Je pense à ces salons en France où on enlevait des jeunes femmes…
J’hésite, je fini par suivre.
Je ne dois tout de même pas me croire dans un roman, je suis ridicule !

Elle m’a fait faire le tour du propriétaire… salle avec jacuzzi, salle de bronzage, salon de maquillage, grande pièce de danse avec murs complètement couverts de miroirs, etc… bref rien que du beau, du luxueux, du rassurant.
Revenues au bar, je me laisse offrir un second coca, avec un peu de whisky celui-là, histoire de me détendre un peu.

W. et N. m’expliquent que les personnes (de qui parlent-elles ? de femmes ou d’hommes ?) qui le désirent peuvent ici pour bronzer, se faire manucurer, maquiller, se détendre… et également se transformer.
Se transformer ?
Oui, apprendre ce qu’il faut savoir en matière de maquillage, maintient etc. pour ressembler à de vraies femmes .
Je fini par murmurer que je rêve de me travestir…
Je l’ai dit.
Elles n’ont pas ri, elles ne se sont pas esclaffée ni choquées de ma demande.
- J’ai quelques affaires dans mon sac, une perruque même avoue-je en rougissant presque de honte.
N. me propose de faire un petit essai.
Par exemple me faire maquiller, puis enfiler ce que j’ai et passer un moment ainsi transformée, juste pour me rendre compte.
J’hésite, j’ai le cœur qui bat la chamade.
Est-ce que je ne suis pas en train de m’embarquer dans quelque chose qui va me conduire trop loin ?
J’hésite encore, puis accepte.
On passe à l’arrière dans le salon de maquillage.
N. me demande de me déshabiller… panique !
- Pourquoi ?
- Mais pour ne pas risquer de tacher tes vêtements et puis ensuite pour mettre tes vêtements de femme.
Fais à ton aise et dis quand tu es prêt.
Elle me laisse quelques instants.
Je suis seule.
Qu’est-ce que je fais ?

Dix minutes après, j’ai enfilé une culotte, des bas Dim-Up noirs, un petit soutien noir avec mes chaussettes roulées pour donner un semblant de volume à ma poitrine.
Je me suis drapée dans une grande serviette de bain.
Je frappe timidement à la porte.
N. entre, ne fait aucune remarque, me fait prendre place face à un miroir.
- Comment veux-tu qu’on t’appelle ?
Boum, encore un truc auquel je n’avais jamais songé !

Le premier nom qui me vient à l’esprit, celui de mon premier amour, une fille que j’ai aimée à en mourir, pour qui j’aurais tué, qui était belle à couper le souffle… et qui m’a un jour quitté me laissant au cœur une blessure jamais cicatrisée : Maud
- Maud ;
- Très joli nom, Maud, d’accord… moi c’est N.
On y va ?
Je t’explique un peu les règles du jeu. Je vais te maquiller. J’aimerais que tu gardes les yeux fermés tout le temps.
- Quand ce sera fini, je te mettrai des cheveux.
- As-tu une perruque ?
Je lui montre dans mon sac, elle l’examine, un rien dubitative…
- Bon on fera avec , mais je te propose, si tu le souhaite, que plus tard on fasse un examen complet de ta personnalité, des couleurs et du style qui conviendra le mieux.
Quand je t’aurai préparée, je te mettrai ta perruque et tu enfileras ta robe.
Puis on, passera à côté dans la salle de danse, il y a plein de miroirs et un bon éclairage et c’est là que tu te découvriras.
D’accord ?
Que dire ? Bien sûr … avec encore une appréhension.
Et si on me filme ou on me photographie quand je serai en fille ? Pour me faire chanter ?
Décidément, je suis paranoïaque, c’est incroyable.

Je m’assied et ferme les yeux. La séance dure longtemps, très longtemps, je sens N. qui s’affaire, tamponne, dessine, poudre, essuie, peint…

Je sens le souffle de N ; quand elle est proche de mon visage et s’applique sans parler, je devine le contact de ses seins quand elle se penche sur moi, du bar me parvient un peu de musique étouffée, une coup de carillon et puis des conversations.
Aïïe, il y a d’autres gens, pourvu que personne ne me connaisse.
Je finis par me laisse aller et me détendre.

C’est agréable de se laisser soigner, pomponner, ça a quelque chose de très sensuel… trop même, je sens une excitation gênante dans mon bas ventre.
Pourvu que je n’ai pas une érection !
N. a fini et me propose de me lever, sans ouvrir les yeux, d’enfiler la robe.
Elle me place la perruque, me coiffe, j’ai toujours les yeux fermés.
- Tu chausses du combien ?
- 41…
- Je vais te trouver des escarpins, ne bouge pas, n’ouvre pas encore les yeux.
Elle sort, revient, me soulève le pied, je me retrouve en équilibre mal assuré sur des escarpins. Je suis très excitée…
- Encore un peu de patience Maud, il reste les ongles… rassied-toi.
L’odeur du verni me trouble encore plus que celle du rouge à lèvre.
J’attend que le verni sèche.
C’est le grand moment, N me prend par la main et me conduit hors de la pièce.
Elle m’immobilise, je devine qu’on est dans la salle de danse.
J’ai gardé les yeux fermés sans faute, comme elle me l’avait demandé.
- Maud, tu peux ouvrir les yeux maintenant.
Et c’est ici que je suis née, que je suis tombée en admiration devant cette femme qui se tenait devant moi : moi.

Le choc, car ça a été un vrai choc, heureusement que je ne suis pas cardiaque, a été violent, envahissant, une vague d’émotion puissante, accompagné d’un frisson qui m’est remonté des pieds à la racine des cheveux et m’a hérissé la peau de chair de poule.
Je me voyais là, debout, dans une robe noire, mini, je ne me reconnaissais pas.
C’était une femme comme j’en avais rêvé, c’était moi, moi, moi… Maud.
N. se tenait à côté de moi sans rien dire.

Elle souriait de ma réaction, de mes exclamations, de mon bonheur qui devait irradier, de ce sourire qui illuminait mon visage, de mon trouble aussi, de la réussite de ma transformation.
J’étais inondée de bonheur, transcendée.
Je serais restée ainsi à me contempler des heures.

J’ai esquissé un petit mouvement, oh combien maladroit moi qui n’avais aucune expérience des talons hauts, N. m’a rattrapée avant que je ne m’étale… son contact m’a fait comme un électro-choc, je n’ai pu m’empêcher de l’embrasser.
J’étais ivre de plaisir.

Plus d’érection cependant, au contraire, une sorte de « disparition » de mon clit allais-je apprendre à dire plus tard… j’étais une femme, je me sentais une femme, je me voyais une femme et mon corps devait quelque part, piloté par cet inconscient féminin, avoir intégré cette dimension… une femme n’a pas d’érection !
W. nous a rejointes, elle m’ complimentée, comme N.
Quelle réussite, quelle réaction superbe de ma part.
(J’ai eu l’occasion plus tard de constater que parfois une transformation est très mal ressentie chez certains hommes et qu’ils sont épouvantés à leur image ainsi inversée… le bonheur de se découvrir femme n’est pas donné à tout ceux qui entreprennent le voyage.
N. a fait quelques photos.

J’ai encore eu peur qu’elles ne soient vues, utilisées à mauvais escient (à cette époque c’étaient encore des photos argentiques qui devaient passer par des labos de développement).
Voilà, Maud était née, elle était ravie, folle de son image, prête à vivre sa vie et conquérir le monde.
Elle n’a jamais regretté d’avoir un jour osé pousser la porte de la Loge de Thalie.
J’y suis retourné souvent jusqu’à maîtriser par moi-)même les techniques de maquillage et autres compétences de transformation.
A. m’a aidé avec N. à trouver mon style.
Elle a une dette immense envers eux trois, A, N. et W. pour leur gentillesse, leurs conseils et leur compétence.
La Loge a survécu à un déménagement, puis disparu.
J’ai encore aperçu ci et là W. sur le net.
J’ai aussi revu quelques fois A. chez Hair Club.
N. a disparu aussi, j’ignore ce qu’elle est devenue.

Maud a fini par devenir indépendante et voler de ses propres ailes, rencontrer des T*, en aider parfois à devenir la partie d’elle-même qu’elles cherchaient, se faire des amies, parfois même susciter la jalousie.

Maud est heureuse… même si assumer sa féminité et vivre cette double vie est souvent difficile, source de sentiments de culpabilité, d’angoisses, de doutes et de questionnements sur le sens de la beauté, de l’apparence, de la vie, de la vieillesse et de la mort.
Je ne voudrais pas ici terminer par une note sinistre.
Etre femme m’est indispensable et me rend heureuse…

***
Chaussures prêtées, idem perruque et robe après……


Avis de lecteurs - note moyenne : 0 / 5
Merci de donner une petite note sur ce texte : j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre