barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Daphné

Daphné

(publié: 16-10-2004, 9:34 )

Mon histoire débute au milieu des années 1960 alors que je prends conscience pour la première fois vers l'âge de huit ans que je suis différente des autres et que j'ai manifestement plus d'affinités avec ma soeur et ma cousine que je n'en ai avec mon frère. Déjà, je m'intéresse davantage aux jeux des filles qu'à ceux des garçons. Ne comprenant pas trop ce qui m'arrive, je ne me pose pas plus de questions qu'il n'en faut et, comme tout enfant, je fais ce qui me semble naturel. Je me souviens de ces moments où, vers l'âge de cinq ou six ans, je préférais jouer à la poupée avec ma petite voisine même si cela me valait d'être traitée de «fille» par mes petits camarades.

Plus tard, l'école est venue - école fréquentée exclusivement par des garçons - avec son lot de contraintes que j'ai eu passablement de difficultés à accepter. Mon enfance est parsemées de petits événements qui aujourd'hui me semblent passablement révélateurs : séance de maquillage très appréciée vers l'âge de huit ans par les soeurs aînées d'une petite amie, essayages furtifs de vêtements féminins empruntés parfois à ma mère, parfois à ma soeur, parfois à ma tante dès l'âge de neuf ou dix ans selon une courbe progressive : d'abord les bas, puis les chaussures, puis une culotte ou un maillot de corps ou encore les dessous et enfin une robe.

Et, j'observe les femmes - ma mère, mes tantes et mes cousines, essayant de m'imaginer ce qu'elles ressentent et, je continue de plus belle à leur emprunter des vêtements et à me faire belle en secret ou presque. Car, n'ayant pas très bien maîtrisé l'art du «camouflage de mes activités et de mes intérêts», ma mère me surprend à quelques reprises en petite tenue ou en robe. Au début, cela ne semble pas susciter de réactions de panique chez elle. Néanmoins, avec le temps, mes petits penchants comme elle les nomme deviennent un sujet de conversation entre elle et ma tante, et dans la famille en général. Rien de mieux que cela pour vous culpabiliser une fille.

Adolescence

Dès le début de l'adolescence, je me suis clairement sentie attirée de façon quasi-irrésistible par tout ce qui était féminin. D'ailleurs, pendant cette période de ma vie, mes manières assez féminines m'ont valu bien des tourments. Si bien, qu'après un certain temps et poussée par la peur de choquer et de voguer à contre-courant des stéréotypes sociaux et des idées préconçues, mais surtout par le désir de me mettre à l'abri des moqueries, j'ai appris à mimer un comportement masculin suffisamment convaincant.

J'avais donc accepté en quelque sorte, quoique inconsciemment, de tenir le rôle. Mais, je n'ai jamais tout à fait oublié et réussi à faire taire la femme qui veillait en moi. Mon adolescence ne fut donc qu'une longue suite d'essais dans le sens de ma féminité entrecoupés de périodes où, la montée de la testostérone aidant ou nuisant, je tentai de reléguer ma féminité aux oubliettes et de museler Daphné. Pourtant, dans mes rêves je me voyais en femme, avec un corps de femme. Je m'imaginais grandir et devenir femme comme toutes filles de mon âge.

Âge adulte

Le passage à l'âge adulte et l'entrée dans le monde du travail non plus n'ont jamais réussi à subjuguer le sentiment qui m'habitait depuis l'enfance même si j'ai connu des périodes assez longues, à l'époque, où la femme en moi gardait sa place et ne se montrait le bout du nez que furtivement. De plus, histoire de compliquer les choses, je n'ai jamais éprouvé d'attirance pour les hommes, bien au contraire. Si bien, que j'ai aimé plusieurs femmes et que j'en ai épousé une. Et, de crise en crise, je navigue ainsi jusqu'au seuil de la trentaine avant que ne survienne ce que je qualifie de première remise en question sérieuse.

Alors mieux informée, je me remets à envisager la possibilité de vivre en femme et, surtout d'être physiquement une femme. J'en viens à entreprendre les premières démarches et à prendre un rendez-vous avec une thérapeute. Puis, le moment venu, la trouille s'emparant de moi, je fait marche arrière, toujours les mêmes vieilles peurs qui me paralysent depuis déjà une dizaine d'années.

Par la suite, j'ai essayé d'oublier Daphné et de reléguer ma féminité aux oubliettes Ce processus de négation assez efficace au début, puis rapidement de moins en moins par la suite, teintera une bonne partie des sept ou huit années qui ont suivies, pour me mener tant bien que mal vers la deuxième moitié de la trentaine. Mais, rien n'y fait, et Daphné est toujours là et ce désir d'être femme ne s'estompe pas, au contraire. D'ailleurs, la trentaine a représenté pour moi une période fébrile où toute occasion de revêtir des vêtements féminins, sauf vers l'âge de 31 et de 32 ans, constituait en quelque sorte une fête.

Ayant la chance de faire la même taille ou presque que celle qui deviendra vers la mi-trentaine ma compagne, je ne peux résister à la tentation d'essayer ses vêtements et, à l'occasion de pratiquer un peu de récupération en ma faveur. Pendant un certain temps, cela me semble acceptable et, même si je continue de me sentir femme, je parviens à accepter ma féminité comme une facette de ma personnalité. Il faut dire qu'à l'époque j'avais d'autres chats à fouetter ayant accepté un travail dans un milieu très difficile, pour ne pas dire passablement impitoyable.

Dernier essai

Mon mariage vers la mi-trentaine avec ma compagne devait pendant un bref laps de temps mettre un frein à mes désirs de féminisation. Ce mariage représente, selon moi, une de mes ultimes tentatives en vue de rentrer dans le rang et de laisser derrière moi ma féminité. Pendant un certain temps, j'y ai cru, allant jusqu'à me débarrasser de tous mes vêtements et accessoires féminins afin d'éviter une rechute (tu parles, comme s'il s'agissait d'une maladie!). Et, je me suis mise à jouer au professionnel, au carriériste, au mari attentif et compréhensif; essayant de tenir une fois encore le rôle. Et, qui dit mariage dit enfants. Et, nous avons eu des enfants, un, deux puis trois qui jusqu'à ce jour demeurent ma plus grande joie parce que je les désirais tant et, surtout, parce la femme en moi avait besoin de ces enfants pour se redécouvrir et s'épanouir.

Laissez entrer le soleil

Heureusement , je me suis découverte à nouveau il y a environ trois ans au hasard de la lecture d'un magazine sur le travestisme et la transsexualité. Tout doucement, je me suis remise à rêver (au propre comme au figuré), à imaginer la femme que je pourrais et, surtout, que j'aurais pu être. Au terme d'une période assez longue où j'ai redécouvert le plaisir des chiffons et des soieries, j'ai décidé de consulter une psychologue.

Les premières séances n'ont fait que confirmer ce que je savais déjà. Malheureusement, rien n'est simple. Car, si je sais maintenant qui je suis, je dois désormais opérer des choix douloureux. J'ai commencé par apprendre la chose à ma compagne. Au début, elle refusait d'y croire et se fit l'avocate du diable. Par le fait même, elle m'obligeait à regarder la réalité bien en face, à mesurer les conséquences d'une démarche de féminisation (divorce, désaffection et incompréhension probable de mes enfants, rejet ou incompréhension de mes proches, perte de mon emploi, etc.).

Avec le concours d'une amie, je me suis donc reconstituée tout doucement une mini garde-robe et j'ai trouvé le courage de renouveler, d'abord avec mon amie puis seule, ma trousse de maquillage et, surtout, j'ai retrouvé le plaisir de travailler à parfaire mon image de femme. Voilà donc où j'en suis à présent. J'envisage désormais le futur au féminin et, bien que je sache, que le chemin que j'ai choisi d'emprunter est parsemé d'obstacles, ceux-ci ne me semble plus aussi insurmontables qu'il y a dix ans. D'ailleurs, il y a déjà longtemps que je réfléchis aux conséquences du changement d'identité sexuelle; cela explique peut-être que j'ai hésité pendant toutes ces années.

Selon moi, la principale chose qui a changé depuis quelques mois c'est que j'envisage maintenant comme une éventualité ce qui m'a toujours semblé impossible jusqu'à présent. Soit, il m'arrive souvent d'avoir peur, mais je me rends compte que j'ai encore plus peur de ne rien faire et de laisser ma destinée me filer entre les doigts. J'ai déjà reculé au moins une fois dans le passé, il y a environ dix ans, et je sais que rien en moi ne réussira à faire taire Daphné.

Depuis maintenant plus de un an, les choses ont bien évoluées. Je perçois avec plus en plus d'acuité les multiples facettes de ma marche vers la féminité, les répercussions de cette démarche qui chaque jour me semblent de plus en plus acceptables, voire normales. Je crois que l'essentiel consiste à mettre un pied devant l'autre, à avancer, avec prudence soit, mais à avancer tout de même. La quête de notre identité n'est pas prétexte à une fuite en avant, bien au contraire il faut une sacré dose de courage pour affirmer celles que nous sommes. Et, n'en déplaise aux âmes bien pensantes, ce n'est ni une fantaisie ni un phantasme qui nous dicte de sortir de l'ombre et d'oser découvrir et révéler notre véritable nature. La fuite en avant, selon moi, consisterait à faire comme si notre féminité n'existait que dans un sombre recoin de notre imaginaire et à tenter de museler la femme en nous - l'essence même de ce que nous sommes.

Grosses bises, Ciao!
Daphné

Je vous invite à m'écrire.


Avis de lecteurs - note moyenne : 0 / 5
Merci de donner une petite note sur ce texte : j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre