daniellefort13

(publié: 26-09-2009, 3:24 )

Chères Toutes,


Celles d'entre-nous qui vivent avec une compagne ont (ou ont eu) le problème de lui dire la vérité.

J'avais le choix entre:
 faire des allusions, tester ses réactions, puis procéder par petites touches jusqu'à l'aveu final;
 me laisser surprendre en tenue, puis expliquer (c'est plus efficace, mais plus brutal aussi).

A l'époque (nous avions 27 ans) nous travaillions au même endroit, en région parisienne, et commencions à nous fréquenter sérieusement, jusqu'à' décider de vivre ensemble.

Au moment de l'installation dans l'appartement commun, elle remarque un de mes gros sacs de voyage, et souhaite le vider pour ranger mes affaires.
Je lui réponds que ce sont de vielles fringues, bonnes à jeter; inutiles de les déballer.
Évidemment, ce sac contient ma garde robe ... et je continue à m'en servir en son absence.

Au bout de quelques semaines, je considère que cela ne peut plus durer.
Il faut crever l'abcès, quitte à stopper cette relation avant que la situation ne s'envenime et devienne intenable. Mais comment lui dire?

Nos horaires de travail étaient décalés. Elle rentrait plus tard que moi, et son job l'obligeait à être bien habillée (souvent en jupe ou robe).

En attendant son retour du travail, je me prépare (je veux être au moins aussi élégante qu'elle): chemisier, tailleur et escarpins, perruque mi-longue et maquillage soigné, bref « le Grand Jeu ».
Et je sorts faire un tour dehors (c'est une habitude que j'avais prise dès le début de ma vie de célibataire parisien).

J'attends qu'elle rentre, lui laisse le temps d'arriver, et je sonne à la porte …

Passé un moment de stupeur, elle rit, me prend en photo, et me dit:
 « Pas chiche de rester comme ça toute la soirée!
 Pas de problème, si toi aussi, tu restes sur ton 31 ».

Pendant toute la soirée, je m'efforce d'avoir un comportement féminin naturel, en veillant bien à ne surtout pas tomber dans la caricature (qui aurait eu le mérite d'être claire: c'est un gag, et on s'amuse …).
Je lui propose de faire la cuisine, je trottine, je m'affaire.
Et quand c'est prêt, je me remets un peu de rouge et me parfume avant de passer à table …

Elle comprend rapidement que ce n'est pas un gag. Le repas est l'occasion de raconter mon histoire, de la rassurer aussi (sur mon hétérosexualité), et d'expliquer mes tourments intérieurs.

Elle est stupéfaite, mais comprend et accepte. Je suis soulagée.

Ce fut le début de la période la plus agréable (les enfants n'étaient pas encore nés). Elle me donnait des conseils de maquillage, me prêtait ses robes, et alla même jusqu'à m'offrir des dessous.

De mon côté, régulièrement, je jouais la femme au foyer et, toute pimpante, je m'assurais que tout était prêt quand elle rentrait du travail. Elle appréciait.

Cela a duré jusqu'aux premières années de notre premier enfant.
Après, il a fallu convenir de quelques règles (la vie est faite de compromis …), que nous appliquons encore aujourd'hui.

Mais c'est une autre histoire ...



Danielle