Christiane

(publié: 16-10-2004, 9:31 )

Depuis fort longtemps, j'ai eu le goût de vous faire partager un peu de mon vécu avec vous tous, mais ce n'est qu'aujourd'hui que je me décide à le faire. Entre temps, il y a eu beaucoup de courrier échangé et une rencontre avec laquelle j'ai pu me présenter en personne. C'est donc en plein le moment de vous conter:
Ma petite histoire

Tout d'abord, permettez-moi de me présenter, du moins à celles qui ne me connaissent pas encore. Comme vous toutes, dans la vie quotidienne, j'ai toujours vécu sous un nom masculin mais depuis près de quinze ans, il y a une entité qui vit en parallèle avec moi, une entité qui me ressemble mais qui est du sexe opposé. Ce second moi se nomme Christiane. Comme moi, elle va sur ses 32 ans et est, en quelque sorte, ma soeur jumelle.

Je suis née à Québec, mais je vis sur la rive-sud de Montréal depuis près de vingt-ans (une montréalaise d'adoption donc). Tout ma vie, j'ai toujours su que j'avais un coté féminin bien présent. En tout cas, du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu des comportements féminins, du moins c'est ce qu'en disent les autres !!!

C'est un peu à cause de celà que, durant ma jeunesse, on m'a quelque peu taquiné sur ce sujet, et j'ai également hérité de quelques surnoms savoureux mais parfois humiliants. J'ai également un trait physique fort curieux : à cause d'un problème de pigmentation de la peau, mes paupières semblent être maquillées naturellement (serait-ce un stigmate, un signe ?)

En parallèle avec mes comportements, j'ai aussi un goût pour les vêtemnts féminins. Ma première expérience à ce sujet fut à l'âge de huit ans : j'ai eu le goût d'essayer les bas culottes de ma mère et ses chaussures à talons haut (trop grand, hélas). Mais ce ne fut qu'à l'âge de quatorze ans environ que je commencai à me vraiment me travestir. En fouillant dans les boîtes de vieux vêtements, j'ai trouvé quelques pièces qui m'allaient comme un gant.

Comme, à l'époque, j'étais camelot pour un journal très connu, j'ai même eu le courage (ou l'inconscience) de faire quelques tournées habillée en fille. Il faut dire que l'endroit où j'habite était très calme, où il n'avait pas un chat, surtout en pleine nuit. La seule chose à craindre était les policiers. J'aurais eu l'air fin s'ils m'avaient pincé.

Naturellement, je gardais mes tendances au grand secret. Mais un jour, ce qui devait arriver, arriva. Ma mère trouva mon trésor par hasard et j'en fut quite pour un bonne et joyeuse engeulade. Naturellement aussi, je recommençais un fois qu'elle avait le dos tourné. Cette période à duré jusqu'à ce que j'entre au CEGEP. Mon travestisme a connu un certain ralentissement, mais, en revanche, je devenais de plus en plus déprimée et, parfois, franchement associal. Il arrivait fréquement aussi que je "droppais" les cours, tellement je ne pouvais plus sentir l'atmosphère du collège, comme un fuite. Même si mon travestisme s'était espacé, mon goût pour les vêtements féminins s'était amplifié et je faisais souvent le tour des marchés au puces. Mais comme j'étais fort timide, je n'osais pas acheter.

Un peu plus tard, vers 1985-86, exactement, j'étais à un point où je ne savais plus où j'en étais, comme une espèce de vide existentiel. Je ne savais où me diriger, au point de vue travail et études. Je cachais bien mon secret en donnant le changer, en parraîssant aussi "gars" que possible (ce que l'on appelle un "macho trip"), mais je voyais que celà n'impressionnait personne.

C'est à peu près à ce moment là que je me suis demandé: "Et si j'étais une femme dans un corps d'homme, en fin de compte. Si je changeais de sexe, serais-je plus heureuse, serais-je un peu mieux acceptée dans la société, serais-je enfin moi-même?"

Cette histoire est à suivre

Christiane