Cathy

(publié: 02-11-2004, 10:43 )

C'est mon histoire, la vraie. Puisqu'il faut commencer par un début, c'est par mon plus jeune âge que je le ferais.

Ma mère a eu comme aîné un garçon, et naturellement comme deuxième enfant une fille devait arriver. Alors déjà le prénom était choisi : ce serait Catherine. Ma mère avait sûrement fortement espérer cette fille. A l'époque, les échographies n'existaient pas. Il fallait attendre la naissance pour connaître le sexe de l'enfant. Pas de chance, la fille avait un zizi. Mon père devait déclarer la naissance à l'état civil. Il fallait donc trouver un prénom rapidement, car Catherine ne pouvait être choisi et la possibilité d'avoir un garçon n'avait pas été envisagé. Jean fut choisi.

Plus tard, en regardant les photos d'époque, je me suis aperçu, que je portais des vêtements qui ressemblaient plus à des robes qu'à des habits de garçon. Ma mère m'a affirmé que c'était la mode à cette époque. Ce détail ne m'avait pas intrigué. C'était comme elle le disait. Maintenant je trouve ses propos troublants.

Vers 8, 9 ans, j'ai eu une attirance pour les vêtements de ma mère. Comme elle n'avait pas la même taille que moi et mes goûts étaient différents, j'ai enfilé sa lingerie. A chaque fois que je pouvais être seul, je passais en revue tout ses dessous. C'était un plaisir que je ne peux décrire. Quelques années plus tard, j'ai commencé à porter des jupes plissées. J'ai adoré, encore aujourd'hui, ces petites jupes à plis qui me donnaient un air de jeune fille. D'ailleurs plusieurs fois au cours de mes sorties, vers l'âge de 18 ans, on m'a appelé mademoiselle, ce qui me comblait. Cette adolescence se passa dans l'inquiétude de savoir qui j'étais.

Pensant que cette attirance était de passage, je me suis marié. Au bout d'une année un enfant est né de cette union. Le constat d'échec concernant mon attirance des vêtements féminins ne se dissipait pas, au contraire il prenait de la puissance. Je commençais à sortir en ville et je fréquentais les dépôts vente de vêtements. Bien souvent, j'ai trouvé un accueil agréable et complice de la part des femmes qui tenaient ces boutiques. Le choix dans ces magasins est important et divers. Quel bonheur que de fouiller sur tous ces portants et trouver un article qui vous va. D'accord la taille exacte n'est pas facile à trouver, mais c'est une bonne solution économique. On y trouve aussi perruques et chaussures. Il faut y aller une fois par semaine pour profiter du dépôt d'une personne qui a la même taille, la même pointure ou qui se débarrasse d'une perruque qui a servi une fois à une fête quelconque.

Plusieurs fois j'ai jeté ces vêtements à la poubelle. A chaque fois le naturel est revenu au galop. J'ai continué cette double vie longtemps, très longtemps, trop longtemps. Pour des raisons professionnelles et aussi pour mettre un terme à cet état de fait, j'ai émis l'idée de partir loin de la mère patrie. Ce que je ne savais pas, c'est que mon épouse avait aperçu par hasard des vêtements dans mon coffre de voiture. Ne sachant pas l'utilisation, elle ne m'en parla pas et garda le secret de cette découverte un peu bizarre. Elle aussi pensait que loin de nos villes natales le phénomène s'éteindrait naturellement. Quelques mois après notre installation, elle découvrit une petite culotte que j'avais oubliée dans une de mes poches de jeans. Cette fois la discussion, l'affrontement était inévitable. Pendant des heures, des semaines, j'ai raconté mon histoire, ma double vie, mon désespoir de ne pas être de son sexe. Elle m'a beaucoup écoutée. Elle s'est remémorée des faits, des attitudes. Il y avait des signes qui étaient troublant mais qui restaient sans réponses. Quelques mois après cette découverte, j'ai acheté un nouvel ordinateur beaucoup plus puissant. Ce fut la découverte d'internet. En visitant ce site, par hasard, j'ai découvert que je n'étais plus seule au monde. Sur TVQ, j'ai fait voir à ma femme que d'autres épouses, elles aussi, étaient dans la même situation qu'elle. Nous avons lu toutes les pages , et un soir, elle a fait la synthèse de cette tragédie et me dit : " tu as trop souffert de cet état, je t'accepte tel que tu est . Je t'aimerais toujours que tu sois en Jean ou Cathy ". Cette fois Cathy existe. Depuis, ma femme est ma complice, mon amie, ma copine. Je sors une à deux fois par semaine sans elle en ville et je fais du shopping dans les magasins de vêtements. A force de retourner dans un dépôt vente que j'affectionne beaucoup, la propriétaire des lieux est devenue une amie. Cette femme ayant l'esprit large, me préfère même en Cathy plutôt qu'en Jean. Je suis sortie plusieurs fois entre femmes dans des restaurants accompagné de mon épouse et de trois autres véritables amies.

L'année dernière, ma femme me dit qu'elle aimerait faire un voyage d'une semaine en Australie. Son programme c'était de faire du tourisme et du shopping avec Cathy. Pendant une semaine, toutes les deux, nous avons visité beaucoup de centres commerciaux de la ville et avons fouiné dans tous les commerces. La découverte du pays était au programme et sommes allés partout dans un rayon de 200 km. Pendant une semaine Cathy a vécu des jours fabuleux. J'ai repris le pantalon masculin juste pour monter dans l'avion. D'ailleurs il y avait pratiquement que des vêtements de femme dans nos valises. Cette escapade nous a permis de voir, que vivre toutes les deux au féminin était chose possible.

Dans quelque temps, nous allons revenir dans le sud de la France. Cette fois Cathy sera du voyage et elle va continuer à exister, enfin ! Ma femme m'a promis que désormais nous sortirons toutes les deux. Je vais pouvoir visiter avec elle les magasins de notre prochaine ville d'accueil et découvrir cette région que nous connaissons peu.

Voilà maintenant, je suis bien dans ma peau, je n'ai plus de problème de santé et ma femme est devenue ce que beaucoup m'envie. J'espère que ce récit permettra à certaines de pouvoir vivre leur vie, leur véritable vie.

CATHY