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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Carole

Carole

(publié: 20-10-2004, 16:34 )

Mon histoire est certainement la même que beaucoup d'entre vous. Le lieu, Paris. Nous étions trois enfants, mon frère, ma soeur et moi. Mon père, était ouvrier et ma mère ne travaillait pas. Peu d'argent entrait dans l'appartement d'une pièce et une cuisine pour cinq personnes. Aucun moyen d'avoir un espace à soi.

Le souvenir le plus ancien de mon goût pour les vêtements féminins se situe vers l'âge de six ans je crois. Mon frère et ma soeur, plus âgés que moi, jouaient aux défilés de mode. Eux concevaient des vêtements avec ceux de ma soeur, et moi, naturellement, je tenais le rôle de mannequin. Ma mère étant le public. J'en ai vraiment gardé le souvenir intact.

Plus tard, à l'école de garçon, la mixité n'existait pas encore, je me sentais différent des autres. J'étais très timide et très sensible. La moindre réflexion d'un maître me faisait pleurer. Imaginer les remarques des autres élèves: c'est une fille, une pleurnicharde etc... Je n'avais aucune attirance pour la bagarre, et j'évitais soigneusement le contact trop direct. Je ne faisais partie d'aucune bande, d'ailleurs personne ne me le demandait. Pourtant, j'ai dû me fondre dans le moule où l'on enferme les petits garçons et les petites filles. Je suis devenue un gentil garçon, juste un peu timide et solitaire.

Mes jeux d'enfants étaient ceux d'un garçon. Je ne me souviens pas d'avoir jouer à la poupée. Plutôt les soldats de plomb.

Mon frère aîné (+ 7ans) était pour moi l'exemple à suivre d'après la famille. Il travaillait bien à l'école, avait beaucoup d'amis et d'amies. Alors je l'imitais dans tout ce qu'il faisait ou disait, excepté le bon travail scolaire et les amis. Mon premier masque ?

Le peu de moment où j'étais seule chez moi, moment très rare, j'éprouvais un réel plaisir à essayer les premiers soutien-gorges de ma soeur, (+ 4 ans) ainsi que ses jupes, robes et chaussures qui étaient encore à ma taille, mais j'ai trop vite grandis par rapport à elle!

Puis est venue l'époque des cheveux longs. mon frère les portaient aux épaules. Je l'ai imité mais cette fois avec plaisir vous comprenez la raison. Nos parents étaient assez tolérants pour accepter cette mode.

Souvent dans les magasins on me disait bonjour mademoiselle. A ma plus grande joie, même si j'éprouvais une certaine gène lorsque j'étais accompagnée.



Les années passèrent ainsi sans grands bouleversements. J'avais quittée l'école et je travaillais à faire des colis toute la journée. Guère passionnant. Ambiance macho. Très peu de femme. Un monde une nouvelle fois complètement étranger. Là aussi, je me suis fondue dans le moule.

Mon frère s'était marié et une fois pendant ses vacances il me laissa les clefs de son appartement pour arroser les plantes. J'avais 17 ans. Imaginer mon bonheur. La caverne d'Ali Baba. Je crois que j'ai essayée toutes les fringues et tous les produits de maquillage de ma belle soeur. Un soir je décidais de rester dormir à l'appartement. Ce fut cette soirée là ma première et unique sortie dans les rues de Paris. Pas très loin bien sûr, mais ces courts instants m'ont apportées un réel bonheur. Le peu de personne que je rencontrais semblait m'ignorer. Je n'étais qu'une jeune fille qui rentrait chez elle. Ce fût une grande expérience et une grande joie, que je n'ai hélas jamais osée renouveler.

Puis ce fut le service militaire. Devinez mon état d'esprit. Les premiers mois furent très difficile à vivre. Marche forcée, ramper dans la boue en pleine nuit etc... Jouer à la guéguerre n'est pas vraiment mon truc. Quand on me proposa de faire un stage d'infirmier, j'accepta sans hésitation. Du moment que je quittais cet environnement de fou. Cela se passa bien mieux et je pouvais rentrer tous les soirs chez moi.

Je militais alors dans une organisation d'extrême gauche. Je la considère maintenant comme très intolérante, pleine de préjugés et de tabous que je qualifierais aujourd'hui de réactionnaire. Ma vraie personnalité a donc continuée à se cacher sous un masque et une barbe de militant pur et dur de façade. Je me retrouvais seulement le soir dans ma petite chambre.

J'ai rencontré ma femme en militant. Un jour, on s'est vraiment demandés ce que l'on faisait dans ce groupe. Et on a cessés de militer. Tout en gardant notre coeur à gauche, voir même libertaire écolo.

Il y a environ vingt ans de cela. Nous sommes toujours ensemble et je ne lui ai jamais rien dit de ma vraie personnalité. Par lâcheté peut-être. De peur de la perdre car je l'aime. J'ai bien fait quelques tentatives comme par exemple un certain réveillon de Noël que nous devions faire en famille chez nous et où j'ai proposé de faire une soirée costumée. Devinez mon choix pour le costume. Ma femme n'étant pas de ma taille, il a fallu faire quelques achats. Robe et collant chez Tati, magasin bon marché à Paris. Bien sûr, je n'ai pas attendu le réveillon pour tout essayer. Ma femme m'a maquillée, c'était pour elle comme un jeu. J'éprouvais un vif bonheur, le fait qu'elle soit avec moi, en complice, même si elle ne pouvait comprendre ce bonheur. Le résultat de la transformation n'étais pas vraiment ce que j'aurais souhaitée , pas très attirante la minette ,surtout avec ma barbe et mes poils aux jambes. J'ai hélas une pilosité abondante. La robe ne m'allait pas du tout, pas mon style apparemment.(Je porte mieux la jupe !).

Le réveillon fut malheureusement annulé.



Beaucoup de personnes aiment se confier à moi, hommes et femmes. J'essaye de comprendre le monde et ses problèmes. Ecouter la vie tout simplement. Mon épouse me dit souvent que je suis une véritable "assistante sociale". Mais aujourd'hui, c'est "l'assistante sociale" qui se confie à vous toutes.

Il m'arrive encore de me vêtir ainsi, pour s'amuser comme je le suggère à ma femme. Nous avons même achetés d'autres fringues, jupe, chaussures à talons, perruques et faux ongles (dans un magasin de farce et attrapes) .

Lorsque je suis seule chez moi, je m'habille comme je le désir en éprouvant une immense sensation de bien être, d'être moi, sans masque. Je ne suis jamais ressortie dans les rues. J'ai toujours une barbe, ce maudit masque me servant de paravent.

Maintenant, j'ai la quarantaine passée, mais j'éprouve de plus en plus de difficulté à cacher cette Carole en moi ,(j'ai toujours voulu m'appeler ainsi, je ne sais pas pourquoi, ma mère pourrais peut-être me le dire !), elle m'obsède de plus en plus souvent.

Je ne veux plus me cacher ce que je suis. Je ne veux plus avoir honte de moi , malgré la crainte d'affronter la réalité. Alors ma première étape est cette histoire. J'ai commencé un régime pour mettre mon corps en harmonie avec l'idée que j'ai de la femme qui existe en moi. Je vais me raser et jeter le masque. Le plus difficile sera sûrement de jeter l'autre masque qui est en moi. Je sais que je n'irai pas au de bout de la démarche. Il est trop tard je pense, et j'ai peur de recommencer une nouvelle vie .

Je n'ai encore rien dit à ma femme, c'est trop difficile pour le moment. Et la peur qu'elle n'accepte pas cette réalité m'en a empêché.

Je ne sais pas si j'arriverai à trouver un certain équilibre, je le souhaite, avec l'aide de vous toutes, sur le Net et ailleurs mais je sais une chose, j'aurais beaucoup de difficultés à vivre comme j'ai vécu ces vingt dernières années, dans la clandestinité et le mensonge en cachant ce que je suis.

Merci de m'avoir lue jusqu'ici.

Carole




Suite

Pendant que j'écrivais ma petite histoire, ma femme a trouvé un brouillon de ce texte. Alors, nous en avons parlé. Pas de cris, des larmes des deux côtés. J'ai tout raconté, et je lui ai fait lire l'histoire dans son ensemble. Elle m'a demandé pourquoi je n'avais jamais rien dit pendant vingt ans. Qu’elle voyait bien que je n'étais pas bien dans ma peau.

Je lui ai dit que je n'avais pas l'intention d'aller jusqu'au bout d'une transformation radicale, et que les hommes ne m'attiraient pas du tout.. Que je l'aimais et souhaitais rester avec elle, mais c'était bien sûr à elle de décider.

Je lui ai fait lire aussi les témoignages récupérés sur TVQ , ainsi que les textes des conjointes se trouvant dans la même situation.

On s'est alors donné quelques temps pour réfléchir et en discuter.

J'ai alors trouvé une personne très compréhensible, même si la situation dans laquelle je l'a mets est maintenant difficile. Mais elle est d'accord pour m'aider à vivre comme je le souhaite, d'être vraiment moi, de m'habiller à la maison comme je le désir lorsque je le souhaite, de m'aider pour acheter des vêtements et autres produits et de me conseiller.

C'est énorme d'avoir quelqu'un comme complice, et je l'aime d'autant plus de m'accepter comme je suis. Alors, je m'accorderai des week-end ou des soirées pour devenir Carole, mon double. Quand à sortir au jour, je ne sais pas encore. J'espère pouvoir vivre cette dualité le mieux possible.

Ma femme acceptera peut-être un jour d'écrire aussi son témoignage, je le souhaite ardemment. Mettre sur papier ce que l'on pense fait beaucoup de bien et peut aider à y voir plus clair en soi, c'est ce que je viens de faire avec ma petite histoire.

Mes espoirs et mes doutes
Mes espoirs...
Mon évolution depuis quelques mois m'a permis d'assumer un peu mieux la partie féminine de mon être.

J'ai le sentiment d'évoluer au niveau psychique vers ce que l'on peut appeler une bisexualité psychique. Mais pas du tout physique. Je ne suis pas du tout attirée par les hommes.

Je ressens cela dans la manière d'aborder les problèmes. Je suis beaucoup plus calme, moins agressive. Plus reposée aussi.

Le fait de ne plus être seule à savoir qui je suis, m'a dégagée d'un certain sentiment de culpabilité, sans le faire disparaître totalement.

... Mes doutes

Pourtant, cela ne m'empêche pas d'avoir périodiquement des périodes de doute lorsque ma partie féminine veut prendre une place plus importante.

Alors je pense à ce que je suis, ce que je voudrais être, mais que je ne serai jamais !

Je souhaiterais tant trouver une certaine harmonie entre mon corps et mon esprit, sachant que cet esprit est double. Quelquefois la partie féminine domine, quelquefois c'est la partie masculine. D'où un conflit latent entre les deux parties, lorsque l'une veut prendre le pas sur l'autre.

J'en suis souvent à ne plus savoir où me situer. Le terme TV englobe tellement de choses et de personnalités différentes, qu'il m'est difficile de me désigner par un seul terme. TV physiquement, TS mentalement ?

La question se pose de plus en plus fréquemment. Jusqu'où peut-on aller dans cette réflexion en gardant un certain équilibre mental ?

Je n'envisage pas la prise d'hormones et encore moins l'opération, car je ne crois pas malgré certaines apparences que je puisse devenir une femme à part entière. Je parle de moi évidemment, j'avoue ne pas savoir vraiment ce que pensent nos amies TS après leurs transformations.

Alors vivre avec deux personnes en soi avec le risque d'affrontement possible, est-ce vivable à long terme ? Où qui écrasera l'autre, avec les conséquences que cela peut entraîner pour soi et ceux que l’on aime ?

Le plus difficile peut-être est de ne pas pouvoir toujours parler avec les autres. Le terme travesti est tellement galvaudé dans les mentalités, que la plupart des personnes nous prennent pour des pervers, ou des malades.

Comment dans ces conditions pouvoir s'épanouir quand nous sommes contraintes de vivre dans la clandestinité. J'admire les copines qui ont franchies cet obstacle et s'assument complètement devant leurs familles, leurs amis et la société dans laquelle nous vivons.

En naviguant sur le web, et en particulier sur TVQ, je m'aperçois que nous sommes si différentes les unes des autres dans notre approche de la féminité. Je me sens si proche de certaines et si éloignée des autres.

J'en suis là de mes questions, et les réponses me sont toujours inconnues. Tout cela peut vous paraître un peu brouillon, mais dans ma tête, rien n'est clair et rien n'est facile. Et c'est ce que je ressens dans certains moments plus difficile que d'autres.

Je vous souhaite à toutes une bonne et heureuse année 1998 et que vos voeux, même les plus fous, s'accomplissent.

Tendresses
Carole


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