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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Axelle

Axelle

(publié: 02-11-2004, 10:38 )

Avant Noël, j'ai laissée ici un cri de désespoir et de détresse, sous le nom de David... mon prénom de baptême.... Je ne sais qui, dans les êtres qui régissent le destin de nos âmes, a entendu ce cri, mais j'ai enfin perdue mon masque, j'a enfin eu le droit de vivre, et de naître... Ce que j'écris, ici, c'est mon histoire, d'avoir offerte à des gens qui m'ont aidée à comprendre ce qui se passait. Je veux vous la raconter...

Quand j'avais quatre ans, j'ai compris qu'il y avait une différence entre fille et garçon. J'étais incapable de comprendre les raisons de cette différence, mais je ne savais qu'une chose: je devais être une fille. Pourquoi on me disait que j'étais un garçon?

Et on m'a éduquée en garçon... Des années durant, mon enfance, j'ai vécue seule, enfermée dans la prison immense et infinie que représentent les livres. Pas de jeux, pas de relations avec des enfants qui m'auraient dit et répétés: "tu es un garçon".
Je ne voulais pas.
Je ne l'étais simplement pas.
Et j'ai commencée à renier mon corps.

Ça a duré jusqu'à ce que j'ai 15 ans.

J'ai essayée de me suicider, sans déjà plus réellement comprendre pourquoi, alors que ma famille explosait. J'aurais du mourir, mais passons. C'est juste que c'est cet incident qui m'a rendue assez amoureuse de la vie pour résister à tout ce que je me suis faite après.

Et alors que mes parents se sont séparés, j'ai eu à devenir un remplaçant de mon père auprès de ma mère, en dépression, et de mes frères et sœurs. Et j'ai définitivement enfoui ce que je ressentais pour mettre le masque d'un garçon, avec tout ce que cela implique d'assurance, de certitudes, etc.

Mais pour garder ce masque, il faut mentir, à tous, y compris soi-même, être aveugle, et tuer toute sensibilité. J'ai écrasée tout les instants ou revenait cette douce sensation de vie, et au final, j'ai perdue les uns après les autres les gens que j'aimais, en les blessant, en les détruisant comme je me détruisais moi-même régulièrement. J'ai finie par renoncer à approcher une femme, à ne plus vouloir aimer, sans plus être capable de regarder la vérité en face.

Sauf que...

Sauf que quelqu'un, aux yeux peut-être plus ouverts, peut-être là au bon moment, alors que depuis des mois je pressentais ce qui se passait tout en refusant de me souvenir, d'y penser.... m'a en une nuit obligée à enlever le masque. Une nuit à parler où le masque est tombé en petits morceaux. Il m'a obligée à sortir dans la rue, à aller, au matin, prendre un café, sans le remettre. Il m'a obligée à rester une femme pour aider mes propres amis plongés dans les problèmes de leur existence, à ressentir, à vivre, bouger, parler, regarder comme une femme.
Il m'a juste empêchée en fait de remettre le masque.

Le masque est détruit. Je ne redeviendrai jamais plus David, et je connais mon prénom, je ne l'ai même pas choisie, je le connais depuis que je suis enfant.
La suite est une discussion avec l'une d'entre vous... C'est ce que je vis...

Encore une fois, je t'écris... avec de plus en plus de plaisir, et de moins en moins de peur... Je n'ose pas toujours avouer ce que je fais, mais cela n'a pas d'importance.

Je me suis demandée comment te répondre, comment t'expliquer la simplicité du raisonnement imposé qui m'a conduite à abandonner ma féminité. Alors qu'elle est tellement présente que cela me détruisait de ne JAMAIS être moi.
Alors, quelques jours après, où j'en suis?...

La première chose que j'avais réalisée était la perception du monde et de moi-même. Se haïr signifiait chercher dans les autres ce que l'on a pas: cet amour minimal que tout un chacun se porte, et qui lui permet de s'assumer. J'ignorais ce que c'était. Je ne pouvais même pas l'envisager. Naïvement, je croyais que tout le monde était comme moi, déchiré dans sa tête et dans son cœur, à la recherche permanente de quelque chose d'insaisissable, et condamné à survivre tant bien que mal sans le trouver.

Et là, je lève les yeux, et je vois Genève à travers ma fenêtre. Ce n'est pas cette ville qui est important, c'est que j'en vois enfin la poésie, les couleurs, les lumière que le soleil étale sur chaque chose. Sans plus me poser de questions, sans plus aucune barrière pour apprécier ce que je vois. C'est la même chose avec les humains. Je peux enfin les voir, leur parler, leur dire ce que je ressens pour moi, et pour eux. C'est surtout là le plus grand des miracles. En aimant ce que je suis, même si mon corps ne le reflète pas, je sais enfin aimer les autres, sans me poser de questions, sans que les artifices logiques du masque ne se mettent à tisser des pensées et des raisonnements absurdes sur cette désespérée recherche d'amour que j'ai vécue toutes ces années.

Je sais enfin regarder.

Les choses ont bien sûr énormément changées. Premier point, mon comportement, mes pensées, mes réactions ont entièrement changées, en quelques jours: je suis redevenue timide, plus silencieuse, un peu timorée. Je parle doucement, calmement, en fait d'une voix douce et gentille. Mon regard plaît beaucoup, même à certains garçons, que cela gêne, parce que je n'ai plus du tout un regard d'homme, et que si quelqu'un fixe mes yeux, quelqu'un que j'aime bien, je ne détourne pas le regard. Et il a du mal alors à ne pas y lire ce qu'il voit.

La métamorphose est tellement violente, tellement brutale, que j'ai été obligée de voir les uns après les autres mes amis ou les gens à qui je tiens, et leur dire la vérité. C'est plutôt difficile. Mais je ne peux pas me cacher. Pour les autres, pour le moment, et pour mes collègues de travail, je viens juste de changer du tout au tout, mais comme ils apprécient, ils restent discrets:)) Je ne sais pas combien de temps cela durera alors que je ne peux pas m'arrêter. Heureusement que je pars dans sept mois.

Le dernier point est physique. La réaction était telle que je n'ai plus rien mangée pendant plusieurs jours. Et je mange maintenant très peu, comme si de lui même mon corps voulait se féminiser autant que possible. Mon ventre est tout le temps rentrée, et mes gestes physiques ne supportent sans doutes plus la comparaison avec le moindre geste masculin. Et bien sûr, je prend, pour la première fois de ma vie, et avec autant d'attention que possible, soin de ma peau... Parce que je l'aime:)) Même si, comme je l'ai dis, un certain nombre d'attributs masculins ne me font pas toujours plaisir.

Et une dernière chose, la plus forte sans doutes, la plus rageuse: j'ai jetée à la poubelle tout mes sous-vêtements masculins, des t-shirt aux chaussettes. Sans regret, les larmes aux yeux en songeant à toutes les années où j'avais acceptée cela et tuée dans l'œuf toute mon attirance pour ce que je porte par exemple actuellement: Des jolies socquettes blanches, courtes, mais que personne ne voit - c'est le jeu, que de ne pas trop montrer qui puisse choquer les gens de mon travail- un string, et un collant, puisque je n'ai presque plus de pilosité sur le corps et qu'il fait froid.

Voilà. Voilà ce que je suis devenue en quelques jours. Je me ruine à acheter enfin les vêtements que je cherchai. Des vêtements garçon manqué, des vêtements ambigus, mais beaux, doux, agréables. Une chemise blanche de satin, trop grande pour moi, et une chemise canadienne, couleur d'automne dans laquelle je flotte avec extase. Un gros pull bien trop grand pour moi avec en dessous un tricot de peau en Cachemire. Et bientôt des mocassins féminin, qui seront une fois encore ambigus... mais bien des mocassins de femme...

Ma conclusion est simple, et effrayante: je ne désire pas être une femme. J'en suis une. Je n'ai pas à explorer ma féminité, parce qu'elle a enfin pu apparaître derrière le masque que mon passé m'a obligée à construire. la seule chose maintenant, c'est d'apprendre à être féminine... et un jour, faire que mon corps devienne ce qu'il aurait toujours du être: un corps de femme:)))


Un mois a passé.
Cela n'a l'air de rien. Un simple mois, devant une vie.
C'est pourtant immense.

Un mois, c'est la durée de ma vie, de ma renaissance. Un ami, un confident, quelqu'un que j'aime autant que je déteste pour son talent à être inquisiteur et de mauvaise foi... et pourtant tellement humain, m'a dit: "Tu n'es pas née, tu t'es acceptée."

Je me suis acceptée.

Après 24 ans de lutte pour ne pas vouloir m'avouer l'évidence. Et ce mois, ces trente jours aujourd'hui... c'est un peu comme les trente premiers jours de joie, après 24 ans sans m'accorder ma vie.

J'avais peur... une peur insidieuse, un restant de toutes mes névroses. La peur d'aller trop vite, de ne pouvoir ingurgiter tant de nouvelles données, tant de nouvelles expériences, mais aussi la peur de faire aller les choses trop vite. Se réapprendre, réapprendre sa vie, c'est la mettre en balance. Un pas de coté, et c'est la chute.

Alors, je me suis contentée de m'écouter. De ne faire les choses que si j'en avais envie. De ne faire les choses que dans l'ordre où je les ressentirai. Étrangement, cela va vite... Mon esprit a changé, mon regard a changé. Il a fallu en parallèle que j'apprenne à cacher mon complet changement d'attitude, maintenant que je suis devenue enfin moi-même. Pas facile... mes deux personnalités, celle de mon masque, et la réelle sont presque opposées... Et remettre mon masque me faisait mal.

Comme le reste, je l'ai acceptée... comme ce qu'il est, un masque simplement fait pour ne pas choquer les gens à mon travail, et ceux de mes connaissances qui ne peuvent pas comprendre. Et j'ai acceptée ce regard différent qui va avec le fait de dire "je suis femme". Merveilleux. Et tellement plus paisible... Et tout ce qui est allé avec: le plaisir de porter des pulls à même la peau. Connaître la sensation de froid, et dire que j'aime le chocolat. Comme brûler mes sous-vêtements masculins, et porter des collants, des body, ou une petite culotte. Comme m'occuper de ma peau, et avoir toujours les yeux maquillés, et souvent presque tout le reste dehors... ne plus être inquiète du regard des autres, mais vivre pour moi et me ressembler.

Donc... en un mois, j'ai fini par jeter tout mes vêtements masculins ou presque. Reste un costume, parce que mon métier m'y oblige parfois. Une veste... et deux jeans. Le reste ne sont que vêtements ambigus, que je choisis exprès, des vêtements où, pour la première fois, je me sens bien!

Et j'ai décidée d'aller un peu plus loin... simplement parce que c'est le moment, parce que je le désirais: je suis en train de me faire épiler la barbe, et la faire disparaître au laser. Première étape, pénible, douloureuse. Je sais que sans cette barbe, mon visage va devenir équivoque. Il l'est déjà... et je l'aime bien. C'est quelque chose de très pénible physiquement pour moi, parce que cette barbe est bien accrochée, qu'elle ne veut pas partir ou me lâcher. Il a fallu deux heures et demi pour la première séance, pour le visage, et j'ai eu à rester stoïque alors que c'est réellement très très douloureux... et pénible même pour cette pauvre esthéticienne qui n'avait jamais vue de poils aussi accrochés... et pourtant, je ne suis pas le premier garçon qu'elle épile.

C'est en quelque sorte un moyen de savoir à quel point va ma détermination. Samedi midi, elle doit recommencer, pour mon cou. Je suis quelque peu obligée de cacher mon cou. Parce qu'on y voit encore ma barbe, alors que sur le reste, pour le moment, il n'y a plus rien. Je vais y retourner, encore et encore... jusqu'à ce que tout soit fini... dans trente semaines!

C'est la première épreuve... simplement physique... le premier pas pour enfin faire de ce corps l'image de mon âme. Je ne cherche rien d'autre. Faire de corps qui est devenu depuis si longtemps ma prison l'image de ce qu'est mon âme.

Et je continue à vivre:)))


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