Ava

(publié: 02-11-2004, 10:40 )

Mon histoire a commencé à l'âge de 6 ans, au moment de ma première communion. Ma mère m'avait forcé à porter des bas d'écolière avec un porte-jarretelles empruntés à une voisine. A cette époque, dans les années 60, les garçons pouvaient porter cet attirail pour célébrer ce sacrement. Je me souviens très bien avoir pleuré mais en même temps en avoir ressenti un immense plaisir.

Plus tard, vers 12 ans, j'ai commencé à me travestir dans le linge de ma mère en feuilletant des revues de mode. Ma mère était une femme très sensuelle. Elle ressemblait à Ava Gardner, une actrice américaine populaire à l'époque.

Mes amis d'adolescence (3 amis principaux, nous formions un quatuor très uni) étaient très populaires auprès des filles mais ils se sont orientés vers l'homosexualité. Quant à moi, j'ai eu plusieurs expériences heureuses avec des filles. J'aimais tout des filles, leur monde, leur sensualité, leurs vêtements, leur façon d'être... Je les enviais.

Au début de la vingtaine, je suis déménagé à Montréal et mes amis s'épanouissaient maintenant dans un milieu gai... J'ai donc pu laisser libre cours à mes fantasmes féminins en leur compagnie, même si je suis toujours apparu un peu comme bizarre à leurs yeux.

Mes premières expériences de sortie furent très téméraires. Je portais les cheveux longs. Je m'affublais d'une jupe, de bas golfs et de sandales Scholl's et je sortais ainsi sur la rue Ste-Catherine. J'étais un mélange d'hermaphrodite. Nous allions souvent au PJ's, un club de travesti sur la rue Peel dont le maître de cérémonie était Armand Munroe, une grande folle excentrique.

Je me souciais peu de l'opinion des gens ou même de mes voisins. Je me souviens d'une voisine, une dame d'un certain âge, qui me regardait sortir de chez moi moitié-homme, moitié-femme et qui n'osait pas m'adresser la parole. Comme je savais qu'elle était couturière, un jour je m'étais acheté un pantalon corsaire qui avait besoin d'ajustement. Je suis allé la voir et lui ai demandé si elle pouvait me l'ajuster. Elle fut surprise mais enchantée.

Mon goût de me travestir a sombré par la suite pendant environ 12 ans, le temps d'une relation qui a duré 14 ans avec une femme et la naissance de ma fille qui a aujourd'hui 15 ans.

Présentement, depuis quelques mois, je me travestis à nouveau et je me suis fais de nouveaux amis. Je ne sais pas où cela va me mener mais une chose est sûre: sur mon lit de mort, je n'aurai aucun regrets... La vie est si courte... Il faut la vivre à plein.

Ava