barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !
Aubeline

Aubeline

(publié: 02-11-2004, 10:37 )

Un si long chemin
Je souris en imaginant raconter "ma petite histoire".

En guise de petite histoire c'est en fait un long cheminement de bon nombres d'années car à 53 ans, je peux enfin dire que je suis tout près de réussir ma transformation.

Certes, bien plus jeune, il y a 25 ans, j'étais allée aux portes même de la transformation définitive et j'avais reculé...par amour pour mon épouse...pour mes enfants...pour ma foi...par peur !!! Je voulais alors être une jolie femme, belle, sensuelle et hormonée; je l'étais, bien maquillée, bien habillée = Je l'étais !

Je me souviens de cette joie farouche que je ressentais en déambulant au grand jour, en un lieu loin de chez moi, faisant mon marché comme "toute une chacune" mais aussi de mon déchirement quand je devais réintégrer ma peau masculine.

C'est vrai, j'aurais bien des histoires à raconter, parfois douces, quelquefois grivoises, de temps en temps franchement hard, souvent pathétiques avec des petits matins qui pleurent mais toujours enveloppées de cette formidable tendresse féminine qui nous habite. Je veux, aujourd'hui, être une femme de corps puisque mon esprit l'est depuis toujours.

Au cours des années qui ont passé, j'ai un peu laissé filer mes rêves de beauté au profit d'espoirs de crédibilité mais mon âme de "petite fille" est toujours là ! Encore quelques années, le temps que la petite dernière ait fait sa vie, et la transformation reprise, cette fois sera achevée.

Croyez moi, amies, vivez si vous le pouvez vos plus belles années car les temps ont bien changé, ont bani la solitude pour celles qui veulent s'en éloigner et donné bien d'autres possibilités que de "traverser la Méditerranée" pour enfin devenir.

Même si votre histoire est encore toute petite vivez la bien avec tous les moyens nouveaux dont on dispose aujourd'hui, le net en est un exemple, car la vie est un si long chemin!

Je reste à disposition de qui le veut pour parler tendresse, frous-frous, bisous.


Plurielle !

Depuis mon premier écrit dans cette rubrique, j'ai vu arriver nombre de courriers sur ma messagerie, dont je dois dire que, dans l'ensemble, ils ont été fort sympathiques, pratiquement tous interrogateurs, quelques uns directement issus de la confidence personnelle.

Il y en a même deux ou trois qui se sont souvenues de l'époque mémorable et héroïque au cours de laquelle je rédigeais la revue " Club Trans " aux éditions Défi, il y a une bonne vingtaine d'années.

Il faut dire que les temps ont bien changé depuis cette époque, la communication est plus aisée, le formidable site de notre hôtesse est bien là pour le prouver. Néanmoins, comme le dit Isabelle, la vigilance reste de mise car la libération des tabous ne reste que superficielle et l'inconnu, pas conforme, effraye toujours un grand nombre de bien-pensants !

Dans l'ensemble, il me semble percevoir une certaine incompréhension sur la transsexualité, du moins dans son accomplissement, car beaucoup pensent que l'on ne devient Transsexuelle qu'après l'opération dite de conversion sexuelle. Je n'aime pas trop les raisonnements compliqués de quelques dits spécialistes qui se complaisent en mots savants, souvent à l'attention du législateur, en espérant faire bouger les choses, pour expliquer un état humain, somme toute assez simple !

C'est bien, on ne peut pas dire le contraire, mais ajoute souvent aux difficultés de compréhension, du moins pour les profanes qui nous gouvernent ! On est Trans du départ à l'arrivée, depuis la naissance du raisonnement qui conduit à se considérer comme femme jusqu'à la mise en conformité de son corps avec son esprit. Je pense que ce qui est important, c'est la façon dont on vit les étapes de cette conversion, de son fait ou selon les circonstances de la vie.

Pour ma part, afin de répondre à quelques questions, je m'achemine calmement mais avec détermination vers cette échéance qui est une certitude pour moi dans un laps de temps que je me suis fixé en fonction d'un certain nombre d'impératifs de ma vie. Calmement, certainement parce que j'ai déjà vécu une fois une large partie du cheminement, j'en connais les étapes et leur impact sur moi ; calmement aussi, car avec l'âge, l'expérience et la raison, j'ai compris qu'il ne servait à rien de brusquer les choses, ce qui n'enlève rien à la volonté et à la détermination.

Ce que je vis moi, n'est pas forcément applicable à une autre, tout ou partiellement et je redis que chacune doit s'adapter elle-même à ses objectifs. En attendant l'accomplissement définitif de mon moi vers le féminin j'essaye d': Etre " plurielle "

J'ai tenu à employer cette expression à la mode en politique, car elle me semble bien refléter la diversité des sentiments qui peuvent agiter les gens à part que nous sommes. Si, souvent, c'est lourd à porter, il y a dans notre bivalence une formidable richesse faite de nos composantes masculines et féminines.

Quoiqu'on puisse en penser, il y a et il y aura toujours cette évidence :

Richesse d'accord, mais aussi un drame personnel, car quoique l'on fasse et quelles que puissent être nos convictions, on n'est jamais totalement une femme même si comme en mathématique, on peut dire " on tend vers… ", la maternité n'est hélas pas au bout du chemin et on n'est plus un homme car notre sensibilité exacerbée va à l'encontre des protections naturelles de la gent masculine.

Très longtemps, j'ai galéré dans l'expression de ma féminité en affirmant de façon très abrupte et sans concessions : Je suis une femme ! J'ai même pu affirmer cette féminité en la vivant quasi totalement pour des laps de temps plus ou moins longs, au quotidien, avec les avantages et inconvénients que cela comporte. Il n'empêche que les aléas de la vie étaient là pour me rappeler, souvent douloureusement qu'il me fallait réintégrer la peau d'Adam et assumer le rôle social qui était le mien : Marié et père de famille.

Il y a bien entendu un long chemin de la coupe aux lèvres.

En ce qui me concerne directement, je pense qu'on pourrait épiloguer longuement sur les choix de vie de mes 20 dernières années ; pour les une, cela peut-être du gâchis, pour d'autres un héroïque dépassement de soi même. Que puis-je en dire, moi, sinon que c'était librement consenti, certes dans le cadre d'une morale judéo-chrétienne restrictive et condamnatoire, mais surtout, simplement, à partir d'un amour responsable.

Ces années ont été riches de partages pour nous, femme, enfants et moi ! Probable que ma singularité plurielle m'aura permis d'aborder les situations courantes avec des réponses plus subtiles que par un raisonnement simplement machiste, en les teintant de sensibilité féminine avec toute ou partie de l'intuition qui est un des apanages du beau sexe.

J'ai tenu longtemps et je ne peux même pas dire " en faisant contre mauvaise fortune bon cœur " car comme beaucoup d'entre nous, l'amour porté à ma compagne de vie, mon épouse, était et reste très fort. Et puis, à nouveau, épuisée d'un combat inégal entre mes deux personnalités, de guerre lasse, j'ai encore cédé à Aubeline. En fait, je n'ai pu le vivre qu'à partir de raisonnements aussi simples que de dire : Je ne suis plus un homme à part entière, du moins moralement puisque physiquement j'avais fait le nécessaire pour en réintégrer l'apparence !

Je ne suis pas encore une femme, si tant est que je puisses l'être pleinement un jour, si ce n'est moralement, du moins physiquement et avec des restrictions biologiques !

Je suis transsexuelle ! C'est cette acceptation qui a rendu ma vie possible.

Il y a pas mal de définitions qui tournent, qui vont du syndrome à la perversion, pour la majorité écrites par des gens qui n'ont jamais vécu notre dualité et qui ne s'arrêtent qu'aux apparences. Peu importent les moteurs divers, qu'ils procèdent de l'acquis ou de l'inné, le seul constat réel que l'on puisse faire c'est que l'on est Trans…d'abord dans sa tête. C'est une force incommensurable qui entraîne tout son être pensant vers un féminin indélébile et, à des degrés divers, on essaye d'harmoniser l'être et le paraître : l'enveloppe avec le contenu.

Il y a beaucoup, hélas, de Trans qui s'ignorent encore car ils n'ont pas identifié leur mal de vivre, il y a des Trans ( femmes ou hommes) en devenir si on tient compte de la réciproque dans le sens masculin/féminin ou féminin/masculin et puis celle et ceux qui sont arrivé(e)s au bout de leur périple.

Je suis transsexuelle !
Je ne dis cela ni par défi ni par fierté.
Je ne prononce pas un credo et ne tiens pas non plus à en faire l'apologie au regard de toutes les difficultés que cela m'a apporté.
C'est un constat !
Je le dis simplement devant vous, mes amies, en un lieu de compréhension, avec il faut bien le dire, tout l'anonymat qui s'y rattache.

Pour trouver le calme et la sérénité d'aujourd'hui, il m'aura fallu commettre des erreurs aussi, certaines non des moindres surtout sur le plan sexuel ! S'il est permis de s'exprimer sans tabous, je disserterai un jour sur ce thème, en réponse principalement à quelques propositions qui ont fleuri sur ma messagerie. Si j'ai décliné ces offres, elles ne m'ont pas offusquée pour autant, sinon que je ne veux pas être ( je ne veux plus être) " une femme comme ça ! " Avec la bivalence que l'on connaît avant une opération.

Un jour, bientôt, plus tard, enfin, j'arriverai au bout de mon chemin !

Caresses à toutes


Suis-je un garçon ou une fille manquée ?

Des tas et des tas de fois, je me suis posé cette question fondamentale : Fille ou garçon ? Et je n'ai jamais trouvé de réponse satisfaisante, pour moi, en tous cas.

C'est très jeune, en effet que j'ai découvert qu'il y avait un grain de sable dans les rouages de ma vie et je ne comprenais pas pourquoi et comment, déjà tout petit garçon, j'avais de goûts de fille. Rien de précis, dans mon environnement immédiat, parents et amis, qui eut pu justifier une pensée féminine, dont je compris très vite qu'il me valait mieux la taire.

Ainsi, comme la majorité d'entre nous, je profitais des absences maternelles, pour enfiler tout ce qui pouvait avoir trait à l'habillement féminin, le tout bien entendue trop grand puisque venant d'une adulte. Mais je me trouvais belle, dans une culotte trop large qui me tombait sur les pieds, des bas trop longs et une robe qui aurait pu en contenir deux comme moi !

C'était devenu l'un de mes passe-temps favoris et j'attendais toujours avec impatience ces moments de solitude partagés avec la petite fille dont le miroir me renvoyait l'image.
C'était tellement bon !

Il n'empêche que dans le même temps, je menais une prometteuse carrière de jeune garçon, sportif accompli, très éclectique dans les disciplines pratiquées, depuis le ski jusqu'à la voile en passant par le tennis.

Je fus un adolescent mince, finement musclé, le plus souvent bien bronzé, vivant mes passions sportives au soleil et au grand air. Je ne cherchais pas les filles mais elles savaient me trouver et j'acquit ainsi le titre de noblesse tant envié par certain : celui de séducteur ! Les pauvres ! Elles ne savaient pas, fort heureusement, que presque toujours c'est à leur place que j'aurais aimé être, et pourquoi pas entre les bras du beau garçon que j'étais alors.

Plus tard, en grandissant, la très machiste possession de quelques beaux corps souples et déliés ne me fit jamais oublier qu'au cœur d'une poitrine masculine vivait une volonté féminine que j'exprimai, en achetant de temps à autres quelques sous-vêtements féminins, enfin à ma taille. J'y prenais un immense plaisir, en réalisant néanmoins que c'était une position guère enviable car j'étais conscient de ne pas vivre comme tout le monde.

Jeune homme, je mis donc tout en œuvre pour barrer la route à mes penchants depuis le port de la moustache et de la barbe jusqu'à la pratique de sports dangereux, certains réservés à une certaine élite masculine. Je pratiquai donc la haute montagne avec les débuts de " l'artificielle ", signai avec quelques amis une ou deux premières qui portent notre nom et fus, presque avec les mêmes un des pionniers du free-ride que l'on nommait alors ski extrême.

" Pas très féminine, la garce ", me disais-je, de temps en temps, en dévalant un couloir vertigineux de profonde, vierge et immaculée…ceci dit comme un homme !

C'est vrai, c'était avant. Je correspond aujourd'hui avec une jeune et fort jolie canadienne, professionnelle du circuit " Ride ". Même les filles s'y sont mises et n'ont rien à envier aux hommes. Pourtant le patinage artistique, que je découvris vers mes quinze ans me permit d'exprimer partiellement ma féminité en laissant filtrer un peu de cette grâce naturelle propre au beau sexe.

Il faut croire que cette symbiose masculin féminin fut superbement accomplie puisque j'atteins rapidement le haut niveau, que seules des circonstances de vie me firent prématurément abandonner.

A l'armée, je rencontrai un travesti qui me fit découvrir le plaisir, tous les plaisirs d'une transformation totale, des escarpins à la perruque ainsi que le maquillage, cela s'entend... Je fus donc un jeune travesti très convaincant et surtout très convaincu, d'avoir trouvé sa raison d'être, entre strass et lingeries fines, hauts talons et robes moulantes, l'allure aguicheuse et provocatrice. Le tout, encore et toujours, entrecoupé de descentes vertigineuses dans des couloirs alpestres qui me faisaient dire de moi :
" Je suis un garçon manqué ! "

Dans nos vies, il y a toujours une première fois.

J'avais atteint alors un large savoir-faire de ma transformation physique et vestimentaire et je sortais souvent avec quelques ami(es) dans des boites bordelaise puisque j'habitais cette région. Un soir, contre moi-même, contre tous mes principes, je cédai pourtant à une impulsion irréfléchie qui me fit terminer ma nuit avec un séduisant jeune homme.

Il était jeune, beau et gentil ! Je ne fus simplement qu'une femme, enfin une femme et seulement une femme entre ses bras ! Pour la première fois, je me dis avec une conviction certaine :
" Je suis une fille manquée ! "

Je ne suis pas homosexuel et je ne le serai jamais. Je m'empresse de dire que je n'ai rien contre eux, mais dans ma vie d'homme je ne ressens aucune attirance pour un autre homme. Il n'y en a eu, durant pas mal d'années que quelques-uns uns, à compter tout au plus sur les doigts des deux mains, néanmoins ils ont contribué à établir ma logique de vie... paradoxalement surtout au travers des erreurs que j'ai pu commettre avec eux.
J'ai essayé de ne plus être " une femme comme ça " !

Je ne suis pas non plus travesti.

Pardonnez-moi amies T V. Il n'y a aucun rejet dans mon affirmation. Je ne néglige jamais un ami travesti, par sensibilité et par affection, nos vies sont si proches ; mais mon raisonnement est allé au-delà, plus loin vers cette frontière ténue entre l'homme et la femme, quand un homme n'en est plus un et se coule délicieusement dans la personnalité et le corps de celle qu'il a toujours voulu être !
Totalement, inconditionnellement : Transsexuelle.

Alors, grâce à l'aide d'une amie, j'ai vu pousser mes seins, se creuser ma taille et s'arrondir mes fesses. Cette transformation fut un délice mais aussi une horreur ! C'est beau, deux seins parés de dentelle dans un beau soutien gorge…surtout quand ce sont les siens, qu'ils sont vrais, vivants, épanouis... Mais ça fait terriblement mal pour pousser deux jeunes seins !…Et pas facile à porter quand on garde l'apparence d'un garçon.

Les transformations dans le corps sont déroutantes, tous les muscles sont douloureux et l'humeur du temps s'en ressent. Mais quel bonheur de pouvoir être !

Puis mon amie s'en est allée m'attendre au cœur de nuages de dentelle et de satin, une âme tendre encapuchonnée de féminité, planant, enfin apaisée, de ses grandes ailes diaphanes toujours et à jamais. Une autre amie, une jeune femme biologiquement vraie, m'a tendu la main et offert une grande et belle amitié, pour penser ma blessure, en faisant revivre le garçon tendre que j'avais abandonné. Elle s'est envolée à son tour, fragile colombe brisée, que jamais je ne pourrai oublier.
Et 20 années ont passé !

Je ne porte plus les culottes et les robes trop grandes de mon enfance tout en étant encore plus femme que je ne l'ai jamais été !

Bien que je vive encore en homme, généralement, je suis devenu une " nana " super sport, d'ailleurs c'est mon métier. Très rare quand je m'entoure de mille frous-frous je suis surtout jean tee-shirt, lingerie simple, coton et confortable, mode unisexe en tous cas et je vous le dis en confidence la reine du cocooning !

La cinquantaine bien sonnée, je n'ai toujours pas pu me débarrasser de mes étiquettes qui me collent encore à la peau.
Quand je suis fille, on me qualifie de garçon manqué !
Quand je suis garçon, on me dit fille manquée.

C'est un peu de ma faute car je suis presque à l'identique dans les deux cas hormis qu'en fille, je mets souvent une perruque. En effet, je coupe mes cheveux très courts, rasés même quelquefois pour les aider à se fortifier, épaissir…avec un petit traitement ça marche.

J'œuvre lentement, calmement pour mon avenir.

Ma vie ces derniers temps ?

Beaucoup de travail ! J'aime mon métier, le plus souvent entouré de jeunes qui me poussent à rester jeune de corps et d'esprit. Des amis, sincères, avec qui je partage mes passions sportives et avec quelques uns, discrètement, un peu de la femme vivante et naturelle que je suis. Et mon épouse, que j'adore, qui m'accepte en tremblant souvent, secrètement, sur les incertitudes de notre avenir.

Dimanche dernier, je descendais, hors piste, un couloir pyrénéen avec quelques amis. Il n'y a plus les sauts de barres rocheuses et les pentes vertigineuses de ma jeunesse se sont faites beaucoup moins " raides" mais encore impressionnantes pour certains.

Là, je suis encore un garçon manqué !

Le soir même, très simplement vêtue d'un petit ensemble de nuit douillet que j'adore, alors que j'essayais de dialoguer sur notre chat, j'ai du quitter le net sous l'insistance de l'un de mes meilleurs amis, resté juste pour la soirée. Cela faisait une éternité que je ne m'étais plus abandonnée à un homme.
20 ans pour tout dire !

Mais ce n'était pas n'importe quel homme ! Lui, je l'aime, un peu… assez pour " ça " ! Pour lui, je ne suis pas une femme comme ça : je suis une fille manquée !

Petit à petit je construis mon nouveau nid. Je progresse dans ma vie de femme mure, épanouie. Chaque jour est un nouveau jour et me rapproche d'un avenir espéré :
Celui ou je serai enfin, une femme réussie !

Caresses à toutes

En toute sincérité, c’est un condensé de plusieurs conversations, réunies en un seul dialogue mais chacune de ces paroles a été dite.

REVELATION !

C'était une de ces soirées un peu magiques, comme je les aime tant, au coin d'un bon feu de bois qui crépite dans la cheminée, après une superbe journée de ski, quand les membres las des efforts de la journée s'engourdissent tandis que l'esprit emporté par l'enchantement du moment s'envole vers milles rêves.

Je vous laisse imaginer les miens !

Je n'avais alors que la moitié de l'âge d'aujourd'hui : à peine 23 à 25 ans. Je n'en étais encore qu'aux débuts, comment dire ?: " pratiques, effectifs ", de mon travestisme, " sur le terrain " et, encore, je n'avais pas mis un pied au dehors…au grand jour !

Ma foi en mon féminin était déjà bien affirmée, plutôt inébranlable mais néanmoins cet état de fait restait confidentiel, et je vivais, c'est vrai ma vie de garçon sans vraiment trop de complexes.

Le ski extrême ou de couloirs ne s'appelait pas encore Free-Ride. Avec quelques amis, nous faisions figure de casse-cou pour le commun des mortels ; des hommes, des vrais…presque des surhommes !!!

Et pourtant ! Aubeline, mon alter ego avait déjà fait apparition dans ma vie depuis fort longtemps, mais c'était un sujet que je ne maîtrisais pas encore très bien, sollicitée violemment par mes deux personnalités imbriquées l'une dans l'autre, au point de ne pas pouvoir les dissocier dans mon cœur. Par contre, je contrôlais parfaitement mes apparences et attitudes masculines, vraisemblablement parce que je n'avais pas encore plongé assez profondément dans mon côté féminin.

Comme le dit la chanson, j'étais un garçon... même si je n'en étais pas tout à fait convaincue.

Comme tous les hivers, nous étions un petit groupe d'une dizaine de Pyrénéens à faire le déplacement dans les Alpes Françaises, près de Chamonix, à la recherche de plus d'espace et de sensations. Ce mois de mars de cette année, nous n'étions que trois à avoir fait le voyage, aussi le chalet était plus calme qu'à l'accoutumé et l'ambiance du soir assez feutrée, propice à des dialogues plus intimes.

Un sujet venait de passer à la télévision qui évoquait le travestisme, le plus superficiellement possible, comme à l'époque, quand les tabous encore bien ancrés, nous désignaient comme des bêtes rares, pour ne pas dire des erreurs de laboratoires.

" J'ai beaucoup de peine à comprendre ces mecs qui se fringuent en femme ! C'est indécent ! " laissa échapper Serge, à la fin de la projection.
" Pourquoi, ils ne te gênent pas ! " Répondis-je, du tac au tac.
" Tant qu'ils… !"
" Elles.. "
" Pourquoi, elles ? Ce ne sont pas des femmes, seulement des mecs déguisés en femmes ! "
" Elles ne se déguisent pas ! Ce n'est pas le carnaval…Beaucoup ont le sentiment réel d'être vraiment des femmes ! "
" Il n'empêche que… ! Mais au fait, pourquoi te fais tu leur avocat ? Tu me sembles bien au courant ! "
" Parce que j'en suis moi-même ! "
" Tu es quoi ? "
" Transsexuelle ! "
" C'est quoi cette co…. ! "

En me mordant les lèvres, je réalisai que je venais de lâcher une vérité que je taisais depuis longtemps et que j'avais probablement fait une bêtise. C'était un de ces actes irraisonnés, directement issu de ma spontanéité naturelle, qui me conduisait une fois de plus hors des sentiers battus, à cause de la seule et simple affirmation de ce que j'étais transsexuelle. Je me traitai mentalement d'irresponsable.

Pourtant chaque fois que quelqu'un s'en prenait à notre transgenre, je ne pouvais rien faire d'autre que de prendre les armes et l'étendard de soie et de dentelle, pour plaider notre cause. Je m'étais quelquefois mise ainsi dans des situations délicates.

Serge s'était assit dans le fauteuil en face de moi et me regardait de ses grands yeux noirs, les sourcils un peu froncés, comme déstabilisé.
" Tu es quoi ? "
" Transsexuelle ! Je te le redis ! "
" Toi aussi, tu mets des culottes, des robes et du rouge à lèvres ?"
" Ca ne se résume pas seulement à ça, tu sais ! "
" Tu es un travelo ? Fringué en nana, avec une grosse biroute entre les cuisses… "
" Ne sois pas grossier ! … et puis je n'ai pas une grosse biroute comme tu dis, mais un sexe masculin de taille modeste, même…Il m'embête assez d'ailleurs. On ne dit pas des travelos ! C'est méchant ! On dit travestis et dans certains cas transsexuels."
" C'est ridicule ! "
" C'est toi qui est ridicule avec ton esprit de ségrégation! On accepte tous des gens qui font bien pire, dans d'autres domaines, seulement quand ça touche au machisme, la plupart des hommes deviennent mauvais ! Un homme habillé en fille ne fait de mal à personne ! Si ça lui fait plaisir, pourquoi pas ? "
" Ils vont se faire sauter par d'autres mecs, c'est dégoûtant ! "

A travers cette seule réponse, je mesurai combien les amalgames étaient évidents. L'image de " la grande folles pédoque " était entrée dans l'imagerie d'Epinal comme l'identification grand public de tout ce qui pouvait " changer de sexe ". A plus forte raison au niveau des apparences seulement, car les différences au sein de la famille trans était en encore plus de l'hébreu.

" Tu mélanges tout, homosexualité, travestisme et transsexualité. Ce sont des choses bien différentes, tu sais ! "
" Moi, au premier coup d'œil, je vois pas ! "
" Certains homos se servent du vêtement féminin pour affirmer leur passivité, et délivrer un message d'appel, nombre de travestis recherchent le bien être en s'habillant en fille, souvent seuls dans leur intimité et les transsexuels essayent de mettre leur physique en relation avec leur pensée féminine, et vivent mal leur vie, je peux te le dire ! "
" C'est plutôt simpliste, comme explication ! "
" Possible, certainement. Je résume les différentes nuances de ce qui peut sembler pareil et qui se décline à l'infini. Malheureusement, en plus d'être marginalisées, il existe aussi des querelles entre les différentes composantes de notre minorité et, crois-moi, ça n'arrange pas les choses, surtout dans le sens de la reconnaissance grand public. "
" Toi ?…Et puis… Comment tu sais que tu es transsexuelle plutôt que travesti ? Ca doit pas être facile de faire la différence. C'est la troisième formule ? "

Je pouffai, un instant : " J'aime bien ton expression formule ! Formule 1, oui ! Comme en automobile ! Les transsexuelles, on est la formule 1* de la transformation féminine ! "
" Très drôle ! "
" Tu me fais dire des bêtises ! Pour répondre à ta question, je te dirai sincèrement que je ne sais pas très bien. C'est vrai, je m'habille très souvent en fille et j'adore ça. Je met des robes ou des jupes, de la lingerie que je pique à ma mère de quand elle était jeune. Je me maquille aussi…mal, très mal, mais j'adore ça. C'est comme une libération comme si enfin j'étais moi-même, mais la plus part du temps, je n'aime pas bien l'image trop masculine dans une glace. Je crois que je n'ai pas besoin d'être habillé en fille pour me sentir fille ! C'est dans ma tête, un peu comme une chanson dont tu n'arrives pas à te débarrasser, j'y pense presque tout le temps! "
" Je n'en reviens pas ! " ne cessait de répéter mon camarade, franchement abasourdi ! " Toi, que j'ai vu sauter les plus belles filles, dans notre groupe de copains, tu penses que tu es une fille ? "
" D'abord, si tu as remarqué, je ne drague, jamais ! Ce sont les filles qui me cherchent ! "
" Maintenant que je sais, je fais attention à ce que je dis, mais il faut bien se rendre à l'évidence : tu es un beau mec ! Sûrement le mieux de nous ! Tu n'as rien à faire pour les avoir toutes à tes pieds. Tu as vu comment tu es foutu ?…Mince, sportif, musclé…Beau !

Tous les sports que tu touches, tu les transforme en réussite… En ski, tu passes où personne ne passe, en voile tu gagnes toutes les régates, en tennis, tu cadres tout, tout le temps, en escalade, c'est une merveille et tu t'es payé les places d'honneur de tous les cross régionaux…ça, et le reste ! Je ne devrais peut-être pas le dire mais on t'envie tous…Certains sont même un peu jaloux ! ...et tu te prends pour une fille ! "

Serge était outré au fond de lui-même. Il aimait les filles, c'était indéniable et revendiquait haut et fort une identité masculine sans failles ni compromis. L'amitié qui nous liait depuis plusieurs années avec le partage d'une passion sportive commune le rendait encore plus incrédule. De plus, à cette époque, il me manquait encore bien des informations pour tout expliquer, ne serait-ce que pour moi-même, mais pour défendre efficacement notre cause, j'avais déjà la véhémence de ma culture méditerranéenne, ce qui est toujours un atout indéniable.

Je sentais néanmoins que ma conviction et mon éloquence faisait lentement son chemin. Je renchéris donc :
" Possible et ça me gêne. La différence n'est pas fonctionnelle, j'ai un corps masculin normal, du moins je le crois et il s'exprime. Ensuite, dans le domaine sexuel, mes attributs fonctionnent normalement et me demandent quelquefois de... C'est dans ma tête que ça ne marche pas bien ! De toute façon ce sont elles qui me cherchent ! "
" Ouais ! Mais tu crache pas dessus ! "
" Souvent je suis mal, après… "
" Moi, non ! "
" Tu es idiot ! tu ne peux pas te comparer à moi… "
" Certainement, non. "

Je fus donc contrainte de lui relater par le menu les différentes étapes de ma découverte personnelle depuis une certaine première fois, si tant est que l'on puisse raisonner en terme de première fois, jusqu'à aujourd'hui, avec mes convictions bien ancrées. Je fus surprise de le voir m'écouter avec sérieux, gravité même, et au fil de mes propos se faire de moins en moins l'avocat du diable. Je suis certaine que pour la première fois de ma vie, avec un calme redoutable, j'avais enfin réussi à convaincre quelqu'un de ma différence, avec de simples mots et une foi inébranlable en l'avenir.

A la fin de mon interminable monologue, juste entrecoupé de quelques questions éloignées, le silence s'installa et seuls nos regards continuaient à parler.
" Tu vas où, en fille ? "
" Nulle part, je reste chez moi ! "
" C'est pas marrant ! "
" Non ! Mais je ne sais pas assez bien faire pour sortir et je ne sais pas où aller. "
" Un de ces jours, quand même il faudra que tu me montres. Excuse moi si c'est de la curiosité mal placée, mais c'est tellement gros que je dois voir pour y croire. "
" Pas encore ! Je ne me sens pas encore prêt ! Je sais que je ne fais pas les choses assez bien, pour être réellement crédible. "
" Je reconnais ton perfectionnisme. A la " grimpe " tu fais pareil : pourquoi passer au plus facile quand on peut faire le plus difficile ! "
" A vaincre sans combat, le plaisir est sans gloire ! "
" Tu dis ça tout le temps. "
" Seulement, dans le cas présent, je manque de la technique la plus élémentaire, nécessaire pour bien faire. "
" Je ne saisis pas. "
" Pour bien s'habiller, bien se maquiller, il y a des choses qu'il faut apprendre ! Il me faudrait une copine qui m'aide…Une fille…Et peut-être mieux, une autre transsexuelle ou travesti. "
" Là, je suis assez incompétent ! "
" Je m'en doute. "
" Encore que… "
" Oui… ! "
" Un soir, je suis allé avec Dominique boire un verre dans une boite où une hôtesse était comme ça ! Je te dirai que c'était une super nana, mais moi, rien que d'y penser, je ne voulais pas qu'elle s'approche. "
" Tu es sur ? "
" Comme un et un font deux…C'était au…, dans la petite rue derrière le pont Joffre. "

Ce n'était qu'une simple adresse, lancée comme ça, à la volée, mais la rencontre avec la " super nana " décrite par mon camarade devait bouleverser ma vie. Pascale fut ma meilleure amie, mon initiatrice et mon maître à penser, une longue histoire d'amour et d'amitié. Pascale n'est plus, " elle s'est envolée…. " comme je l'ai déjà écrit.

Reste le souvenir, tendre, profond et sincère, une résolution prise avec elle, pour toujours : celle de la crédibilité !

Et mes amis, Serge et les autres, atteints de plein fouet par ma révélation, me direz-vous ?

Pas de changements notables dans le comportement. Pour beaucoup, j'étais resté leur " pote ", d'un peu plus loin car quelques années après, je m'étais marié. Plus question d'escalades impossibles ou de prises de risques illimitées sur les skis… le couple et les enfants avant tout. Quelques années d'une grande sagesse ont passé. Et puis…

Quand ma folie féminine s'est à nouveau imposée à moi, et que je l'ai vécue intensément, Serge est toujours resté là, amicalement à mes côtés, fidèlement ami de toujours et d'aujourd'hui encore.

* Je rajoute ce petit commentaire de dernière minute par lequel j'exprime ma volonté de ne pas jeter de l'huile sur le feu entre les grandes tendances du transgenre. C'était une expression dont je me souviens très bien, venue spontanément dans mes propos, que j'écris 25 ans après, seulement pour son contenu humoristique !
Aubeline


Avis de lecteurs - note moyenne : 0 / 5
Merci de donner une petite note sur ce texte : j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre