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« », une petite histoire imaginée par sylvine1

1 The Reluctant Girlfriend Sylvine tvq@femmes.net 27-10-2004, 11:40 Il m’arrive parfois de traduire et d’adapter des fictions que je déniche sur les sites que je consulte. J’en ai actuellement quatre sous le coude. Voici une petite histoire que j’ai trouvée charmante bien que totalement irréaliste... mais bon.
Sylvine
Chrissy
D’après « The Reluctant Girlfriend »
de Mélanie Brown.
Chapitre 1

Jeudi, 16 heures 00.

- De toutes façons, Ed, ma réponse est non !
Ma voix est mêlée de colère.
Ed et moi sommes amis depuis la High School. Il a deux ans de plus que moi, et c’est le seul qui ne m’ignore pas.
- Ecoute au moins ce que je te propose !
Il tourne autour de mon bureau, puis ouvre le réfrigérateur pour prendre un coca.
- Eddie, c’est vrai, nous sommes de très bons amis. Pourquoi me proposes-tu de l’argent ? J’ai bien envie de repartir.
- Chris, tu es mon seul ami, le seul à qui je peux appeler au secours... C’est facile, et tu ramasses 50 billets...
Il jette la boite vide au travers de la pièce, ratant de peu la poubelle.
- Connais-tu quelque chose de plus facile pour ramasser 50 dollars ?

Ed roule sur sa chaise et sa voix prend le ton de la conspiration :
- C’est vrai, ce que je vais te demander peut paraître bizarre à première vue, mais écoutes-moi bien. Laisse-moi t’expliquer le plan :
J’acquiesce et Ed continue :
- C’est une party, demain soir chez Lisa. Je suis amoureux d’elle, raide dingue, mais elle me snobe.... J’en suis malade !
J’ai pensé qu’en arrivant à sa party avec une autre fille, ça la fera réagir.
- Mais tu sais qu’en fait, tu as besoin d’une petite garce ? Tu peux demander cela à beaucoup de filles que tu connais ! Pourquoi n’invites-tu pas Blanche Snoddgrass ou même ma soeur Kim ? lui dis-je.
- Non, Lisa les connaît trop bien... Il me faut une inconnue, une fille dont Lisa ne sache rien. Je suis désespéré, vraiment désespéré...
Je m’emporte :
- Allons au fait : Que dois-je faire pour mériter ces 50 dollars ?
Il se lèche les lèvres, prend quelques secondes de répit, puis lache :
- Je veux que ça soit toi qui soit mon invitée demain soir à la soirée de Lisa.
Je me suis assis, l’air certainement stupide.
- Mais où es-tu allé chercher cette foutue idée ?
Ed a soudain pris un air idiot :
- Mais, Chris, la situation n’est pas sans précédent...
- Qu’entends-tu avec cette remarque stupide ?
- Tu n’as pas pu oublier l'Halloween de Jammie l’an dernier... Tu étais habillé en Debbie Gibson. Tu peux passer pour une super fille, tu sais !
Je bafouille :
- Euh, c’était une idée de ma mère pour Debbie Gibson !
Il remarque :
- Et quand tu as emprunté une robe à ma soeur Gwen pour le concert des Metallica, tout ça pour avoir un billet gratuit ? Il me semble que tes parents n’ont jamais rien su...
Allons, et puis Gwen se fait déjà un plaisir de participer à l’opération...
Ed avait raison. Si Papa avait su ça, il aurait tellement grincé des dents qu’on se serait cru à Indianapolis...
Evidement, jamais Ed n’avouerait qu’il était l’instigateur de l’opération, et de toute façon, le blâme serait pour moi.
OK, Eddie, mais seulement pour une heure !
C’est une idée de merde, mais bon, ça me ferait toujours 50 dollars. Ed m’a atteint par le portefeuille, me poussant dans mes derniers retranchements, pour 50 dollars.... J'avais bien cherché, aucun job d’été ne propose un travail pour 50 dollars de l’heure.

Ed est un romantique mais il sait aussi manier parfaitement la vérité. Si tout le monde savait ça, ce serait pour moi une grande humiliation. Comme ma mère dit : « Les enfants sont si cruels... »

Vendredi, 13 heures 00.
J’ai le coeur dans la gorge lorsque je m’approche de la porte de chez Eddie.
Habituellement, en ces après-midi ensoleillés, je me déplace à vélo, passant par le parc et la piscine.
Mais aujourd’hui, ce vendredi, c’est différent, je suis allé à pied.
Le plan d'Eddie est assez simple et Gwen doit assurer la transformation.
Ed et moi ne vont faire qu’une brève apparition à la party de Lisa, cela devrait être suffisant pour rendre Lisa jalouse...
La mère et le père d'Ed sont partis travailler.
Gwen reste à la maison tout l’été. Elle et ma soeur Kim font leurs études dans le même collège.
Je presse le bouton de la sonnette.
Hi, Chrissy ! Dit Gwen.
Elle me prend par la main et me conduit dans sa chambre. En chemin, entre deux gloussements, elle dit :
- J’ai envoyer Ed loin jusqu’à 16 heures. Je me suis dis que nous serions bien plus tranquilles... Chrissy, nous allons follement nous amuser aujourd’hui !

Viens ici, assois-toi, voilà, de côté.
Elle m’observe longuement. Humm...
Elle passe ses doigts dans mes cheveux longs.
- Bien, tu as de beaux cheveux... Quitte ton jean, s’il te plait.
- Génial ! Tes bras et tes jambes sont totalement imberbes...
Elle passe sa main sur mon visage :
- Une peau lisse de bébé, ce sera facile ! Mais avant, on va arranger tes cheveux.
Elle pose sur la table le contenu de son vanity. Après quelques minutes, elle a étalé soigneusement tous les produits de maquillage.
Nous sommes allés dans la salle de bain.
Elle me lave les cheveux, puis remarque :
- Je vais les égaliser un peu, et te faire une chignon sympa et un petit coup de fer à friser sur tes anglaises...
Je proteste, mais elle m’assure que dans moins de 24 heures, les effets auront disparu.
Au lieu de me faire un maquillage, elle a la ferme intention, comme elle dit, de faire « naître une fille ».
Avant même que je puisse examiner le résultat, elle me fait passer dans sa chambre.
Elle me fait porter un de ses soutiens-gorge qu’elle rembourre avec des formes en caoutchouc.
J’enfile une petite culotte et un collant noir.
Dans la demi-heure qui suit, je passe quelques tenues, je me déplace dans la pièce afin qu’elle puisse juger.
Elle me choisit finalement une minirobe noire, de forme trapèze puis une paire d’escarpins noirs à brides avec des talons moyens.
Parfait, juge-t-elle en me faisant marcher dans la maison...
- Tu es vraiment sexy, Chrissy !
Sexy, moi ?
Elle me coiffe et assure les dernières retouches.
Ensuite, je suis allé devant le grand miroir du couloir.
Je ferme les yeux, attendant de constater l’étendue des dégâts.
Franchement, c’est un choc.

C’est simple, je ne me reconnais pas. Imaginez-vous devant un poster grandeur nature d’une jolie fille, et celle-ci bouge avec vous ! Je lève un bras, elle en fait autant, je souris, elle sourit... Troublant ! De plus, au lieu de mes quatorze ans en garçon, je parais bien dix-sept ou dix-huit ans en fille...
La robe noire me va super bien. Avec les collants, les escarpins, les créoles et le maquillage, j’ai beaucoup de difficultés à me souvenir qui je suis.
Après quelques allers et retours dans le couloir, je me suis presque habitué aux talons.
Toujours devant le miroir, je fais glisser mes mains le long de ma robe en me tournant pour juger de l’effet, quand Gwen me rejoint, et pose une main sur mon épaule :
- Tout se passera bien, tu verras. Maintenant, dit-elle, tout sourire, montre-moi une de ces poses sexy que tu faisais avant mon entrée !
Je tousse, puis commence à m’exécuter timidement quand Ed entre.
- Hé, Gwen, tu as bientôt terminé car... Il stoppe net en me découvrant:
Il reste muet quelques secondes avec une expression vide de sens, puis me détaille longuement, tendant son doigt dans ma direction :
- Holly shit ! Finalement, il s’approche de moi, me tournant autour.
- Gwen, je n’en crois pas mes yeux !
- Il a des traits très délicats, je les ai simplement mis en valeur.
- Tu es simplement parfait, me dit Ed. Je voudrais déjà voir la tête de Lisa !
Je suis incroyablement gêné, aussi, je passe à autre chose :
- A quelle heure est la party ?
- Autour de vingt et une heures.
- Seulement vingt et une heures ? il est seulement seize heures trente !
- Que peut-on faire en attendant ? dit Gwen à son frère. De toutes façons, il faut partir à moins que tu souhaite présenter ta nouvelle girl friend à Papa et Maman...

Gwen brise le silence : et si nous allions au cinéma ? Il y a une première et nous avons des invitations!
- OK, je dis, il faut bien faire quelque chose...
Gwen prend un sac à main et y fourre une poudre compacte, un rouge à lèvres, un eye linner, un jeu d’ombres à paupières et un petit vaporisateur.
- Eh, Chrissy, maintenant que tu sais t’en servir, il ne faut surtout pas s’en séparer ! Ah, j’oubliais, un collant de rechange... Elle jette un regard sur la pendule : Oh ! Maman est là dans quelques minutes. Nous nous dirigeons vers l’entrée quand Ed fait demi-tour.
- J’ai oublié d’appeler Fritz au sujet de demain, j’en ai juste pour une minute...
Ed a presque terminé quand la porte d’entrée s’ouvre :
Horreur, madame Sixton, la mère de Gwen et Ed...
Elle se tourne vers moi, et dit d’un ton enjoué :
- Hello, vous êtes sans doute une amie de Gwen ?
Ed repose le combiné... M’man... Il hésite, un instant.
- J’ai le plaisir de te présenter Chrissy, dit-il en me prenant par la taille.
Il continue : Nous allons manger une pizza et peut-être aller au cinéma avant la soirée de Lisa...
- Hi, dis-je...
- Le plaisir est pour moi. Elle rayonne. Gwen, tu lui a prêté ta robe noire ? C’est une très bonne idée, elle lui va très bien ! Elle continue, cette fois sur le ton de la confidence :
- Ed ne dit pas grand-chose sur la party de ce soir...
Ed force un gloussement et dit :
- Oh oui, je n’ai pas trop le moral en ce moment... Chrissy est une cousine de Christopher, tu sais, elle habite le Colorado. Elle est là pour l’été.
Puis, après un petit moment, c’est au tour de monsieur Sexton d’arriver.
Oh, mon Dieu, je voudrais être ailleurs !
- Hi, Papa, croasse Ed.
- Hello, tout le monde répond-t-il. Gwen, c’est une de tes amies ?
- Papa, voici Chrissy, l’invitée de Ed. Elle est une cousine de Christopher. Elle vient du Colorado.
- Le plaisir est pour moi. Il m’observe attentivement, comme un grizzli évaluant une biche. Son regard passe successivement de mes jambes à mon visage. Il me demande :
- Que devient ce bon vieux Chriss, cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas vu...
Que dire ? Ed vient à mon secours :
- Il est probablement en train de jouer avec sa collection de Magic Nose Goblin !
Gwen dit :
- Nous allons aller manger une pizza avant le cinéma.
Nous nous dirigeons vers la porte, quand madame Sexton intervient :
- Oh ! Chrissy, j’ai un collier ravissant qui irait merveilleusement bien avec votre robe... Vous permettez que je vous le prête? Cela me ferait plaisir...
- Bien, je... ma voix s’étrangle.
Gwen réagit :
- Oh ! Maman, c’est ton double-rang de perles ? C’est merveilleux !
Chrissy, tu va être super jolie ce soir !
- Je suis touchée, dis-je timidement.
Pendant que Gwen et sa mère partent le chercher, j’entend le père de Ed frapper dans sa main ;
- Hé, Tiger, tu as attrapé là un petit poussin bien chaud... C’est un beau petit lot, bien plus jolie que ta Lisa, ça je te le dit ! Que penser de la vie après cela ?

C’est la mère de Gwen qui attache le collier autour de mon cou. Son contact me fait une brève impression de froid sur ma poitrine. Elle doit relever les quelques boucles qui gênent la fermeture. Madame Sexton et Gwen m’accompagne devant le miroir. Incroyable... je passe une main hésitante sur les perles... Je m’exclame spontanément :
- Oh, il est merveilleux, merci de tout coeur, madame Sexton !
Elle semble touchée elle aussi. C’est aussi une drôle de responsabilité qu’elle me confie là...
- C’est fou, dit Gwen en sortant, elle a toujours refusé de me le prêter...
Quand à moi, je suis terrifié à l’idée de le perdre...
Et aussi troublé par mon comportement.
- J’ai un problème, annonce Ed. Il faut que je passe aujourd’hui chez Fritz, il faut que je le vois pour demain... Alors, je vais vous rejoindre au cinéma.
Je proteste :
- Mais tu ne devais pas me lâcher !
- Je te confie à Gwen, je fais toute confiance à ma grande soeur, tu sais !

Vendredi, 17 heures 30.

Nous roulons en direction du Pizza Hut en suivant la Suzuki de Ed. Bientôt, il bifurque en direction du sud de la ville. La capote est baissée et le vent fait du désordre dans mes cheveux. Je suis un peu ennuyé, moins à cause de mes cheveux, que par crainte d’être reconnu... Gwen le remarque :
- Ne t’inquiète pas, absolument personne ne peut te reconnaître !
Elle me détaille sérieusement : Même moi, alors...
Je me suis aussi aperçu combien il peut être malaisé de monter en voiture quand on porte une jupe courte !
À peine arrêtés sur le parking, nous sommes entourés par un groupe de l’âge de Gwen, une dizaine de garçons et filles.
On m’ouvre la porte.
- Hi ! Gwen, dit le garçon serviable, c’est une amie à toi ?
- Hi ! Stew. Hi ! tout le monde, voici Chrissy. Elle est en visite chez un cousin pour tout l’été. Elle s’ennuie un peu, alors elle s’est décidée à sortir avec Ed ce soir.
- Bien, si vous vous ennuyé encore, faites-moi signe, je suis là, dit Stew avec un grand sourire.
- Chrissy, dit Gwen tout sourire, je ne te présente pas ta cousine Kim...
Dammed ! Quel piège ! Je force un sourire pendant que ma soeur me détaille avec des yeux ronds...
Nous entrons dans le restaurant.
Sur le point de nous asseoir, Gwen murmure à mon oreille :
- Désolée, mais ce soir tu est la « propriété de Ed », attend que je te place...

Je suis coincé entre Gwen et Kim, loin d’un Stew assez déçu. L’heure que nous passons à table se déroule assez calmement. (Merci au Paradis !) Discrètement, j’observe Gwen et les autres filles afin de prendre exemple sur leur façons de manger, de se comporter. Aussi, je fais bien attention de picorer ma pizza avec les plus grandes précautions. Je n’omet pas de serrer mes genoux, il peux y avoir tant de regards indiscrets...
Kim m’observe avec amusement et me dit :
- Tu as vraiment de la chance d’aller à la soirée de Lisa. Tu ne vas pas rentrer trop tard ? Il ne faudrait pas inquiéter Maman. Je vais laisser la porte d’entrée ouverte, et surtout, ne fais pas de bruit ! Elle ajoute :
- Chrissy ?
- Oui, Kim ?
- Tu es très belle...
Vendredi 19 heures 00.
Gwen donne le signal du départ.
Au cours de la marche vers la voiture, j’interroge Gwen :
- Tu as mis Kim au courant depuis longtemps ?
- Non, je lui ai simplement dit qu’elle allait avoir une surprise !
- J’imagine... Pourvu qu’elle n’en parle pas aux parents !
- Ne t’inquiète pas, elle me l’a promis.
- Tu sais, Stew me pose des tas de questions et me regarde tout le temps. Que faut-il lui répondre ?
- Oh, tu sais, il veux simplement t’inviter pour tout savoir sur toi !
Le fait de penser à Stew me donne la nausée.
- Tu crois qu’il se doute pour moi ? lui murmurai-je dans la Suzuki.
- Ne t’inquiète pas, il doit sans doute raconter qu’il t’a connue depuis la petite école! C’est un vantard. Allons, on va au cinéma.
Le reste du parcours se fait en silence. Je prends conscience de ma situation en observant le regard des garçons dans les voitures qui nous dépassent.
- Ne les regarde pas, dit Gwen.
D’autres choses aussi me troublent : Le vent dans mes cheveux, la danse de mes boucles d’oreille dans le cou, le vent qui glisse le long de mes jambes, qui m’oblige à plaquer ma robe...
Gwen sourit.
Nous sommes arrivés seulement une minute après Ed. Sur l’insistance de Gwen, il m’offre un softdrink. Durant la séance, Ed reste à mon côté. Je suis rassuré.

Vendredi, 21 heures 00.
Quand nous sommes arrivés devant chez Lisa, je suis réellement malade. Ed gare sa Suzuki devant la maison.
- OK, Chrissy, nous voici devant la scène...
Tu sais, je ne crois pas que cela soit une si bonne idée, après tout...

- Eddie, je me suis préparé longuement pour cette party mais si tu ne veux plus y aller, on ne va pas se disputer pour cela, on rentre à la maison, c’est tout, mais...
- Désolé Dude... Heu, Dudette. Nous allons y aller.
Ed était déjà à 15 mètres de la voiture quand il s’aperçoit que je ne suis pas sorti.
- Alors, tu ne viens pas ?
- Veux-tu ouvrir la porte pour moi ?
Pendant ce temps, je tire ma poudre compact de mon sac afin de rectifier mon maquillage dans le miroir. Je prends mon temps. Exaspéré, Ed lève les bras vers le ciel et murmure : femme !
En marchant sur le trottoir, je prend soudain conscience à quel point je me sent bien dans mes vêtements : Ma robe danse à chaque pas, les sensations du collant sur mes jambes, mes boucles d’oreille, le collier, tout, quoi...

Cela m’ennuie réellement. Je ne sais quoi penser. Et le claquement de mes talons sur le trottoir... Je ne suis pas un garçon efféminé, mais dans cette tenue, dans cette situation, il semble que j’adopte spontanément un comportement ultra féminin. Je ne me reconnais pas, ou plutôt, je découvre mon autre, peut-être ma vraie personnalité, allons savoir ! Ed m’observe marcher, puis place son bras autour de ma taille. Nous restons un instant devant la porte, puis Ed presse la sonnette.
Je claque mes talons sur le perron et murmure :
- Ce n’est pas ma place ici...
Quand la porte s'ouvre, une avalanche de décibels au moins comparable à un 747 nous assaille. En fait, c’est de la musique des tous derniers charts. La silhouette d’une fille aux longs cheveux blonds, vêtue d’une minirobe se détache.
Après un bref instant, elle avance d’un pas :
- Eddie ? Quelle surprise !
- Hi Lisa. je ne voulais pas rater une de tes party.
Il s’efface et ajoute :
- Lisa, je te présente Chrissy.
Lisa me détaille longuement et dit :
- Eddie, pourquoi avoir demandé à une amie de Gwen de t’accompagner ?
Et Ed raconte mon histoire pour la vingtième fois.
Silence.
J’observe Lisa. Ce n’est pas le genre de Ed. Je vais avoir du mal à me résoudre à le lui laisser.
Ed, finalement :
- Bien, Lisa. Nous pouvons entrer ?
- Lisa fronce les sourcils et répond, avec un sourire un peu forcé :
- Bien sur, entrez donc !
Je crois que si les regards pouvaient tuer, je serais morte sur ce perron !

En vrai gentlemen, Ed me laisse le passage. Je suis resté dans le hall, effrayé un bref instant. Ed m’invite à le suivre, jamais je n’ai été ainsi confronté à autant de sentiments mélangés. Nous sommes entrés dans la grande salle. Je suis terriblement embarrassé mais aussi ravie de constater que la plupart des garçons se retournent vers moi et me font un sourire. Je ne sais que faire, frissonner ou hurler. D’un air un peu trop poli, Lisa m’indique où laisser mon sac à main et me propose un soda. Ma gorge est terriblement sèche... Un simple soda ne me suffit pas ! J’ai, un bref instant, l’intention de réclamer un drink. Je regarde autour de moi, puis je me dit que prendre un alcool ne serait pas un si bonne idée que cela.
Ed s’excuse auprès de moi et s’éloigne avec Lisa.
- Chrissy ! Une voix se détache du brouhaha. Je jette un regard dans la direction du hurlement et reconnais Stew.
Je suis malade.
Il me prend la main et dit :
- Hé, Chrissy, je vais te présenter une foule de garçons qui meurent de ne pas te connaître !

Je cherche Ed autour de moi afin qu’il vienne à mon secours mais il est toujours occupé à parler à Lisa. Pour me débarrasser de Stew, Je décide de me mêler aux petits groupes. Je raconte mon histoire avec la plus grande conviction. Réellement, je commence à m’amuser ! Je me déplace de groupe en groupe, les filles m’acceptent bien, mais je trouve les garçons plutôt rustres et imbus d’eux-mêmes.

Une partie de mon cerveau désapprouve mon comportement, mais je me sens malgré tout très à l’aise. Ed parle toujours avec Lisa. Je ne faisais pas trop attention à lui, mais un type m’observe depuis un moment, il surveille également Ed et Lisa. Ce type qui dépasse tout le monde d’une tête, se dirige enfin vers moi et se présente lui-même. A l’exception du fait que je n’étais pas supposé le connaître, il est Tank, l’Astre, le joueur de football et nouveau petit ami de Lisa.
- Une danse ?
Je suis vraiment minuscule auprès de lui.
- Bien s...sur...
Déjà, il me tire vers la piste en déblayant son espace vital autour de nous.
Nous avons dansé plusieurs morceaux, heureusement pas des slows, puis, il veut s’asseoir en bas pour discuter. Nous nous asseyons sur le canapé et le Tank s’approche de moi et enroule son gros bras autour de mes épaules.
- Qu’est-ce qu’une mignonne petite baby comme toi fout avec un nain comme Ed ?
Assurément, le Tank n’a pas la classe de Fred Astaire.
- Bien, j’ai juste rencontré ce nain, je veux dire Eddy... J’avale sec et continue :
- Il semble très gentil avec moi...
Regarde un peu : il pointe son doigt vers Ed parlant toujours à Lisa.
- Il passe toute sa soirée à parler avec Lisa, il t’ignore complètement !
Il pointe son doigt vers ma poitrine, et dit sentencieusement :
- Maintenant, si j’étais avec une baby comme toi, je ne t’ignorerais pas !
Jusqu’à présent, je n’avais pas finalement eu le temps de penser à Ed, je m’amusais trop ! Je jette un coup d’oeil vers ma délicate montre de dame, je suis surpris de constater qu’il est bientôt vingt-trois heures ! Et Ed parle toujours avec Lisa... Là, il exagère !

Le Tank me coince et fourre son nez contre mon visage :
C’est horrible, mais, excédé par le comportement de Ed, je me jette à l’eau :
- Je veux une danse, dis-je....

Tank, stupéfait, me conduit rapidement sur la piste. Nous dansons le reste du morceau. Puis, nous commençons un slow. Tank me tire contre lui et enserre ses bras autour de ma taille, puis au bas de mon dos... Nous commençons à tanguer de plus en plus langoureusement. Il pose comiquement sa tête sur mon épaule, je tente de me dégager mais Tank est un garçon costaud. Alors, doucement, je déplace ses mains demes épaules...
Je murmure :
- Tank, arrête !
Il me serre encore plus fort.
- Tank, s’il te plaît, je ne veux pas...
Soudainement, il lâche prise brutalement. C’est Ed qui vient de lui donner un coup de poing. Tank se retrouve à terre.
- C’est ma femme, imbécile ! lance Ed
- Petite merde ! glapit Tank en se relevant.
J'ai crié : Ed !
Tank a tenté un grand coup par derrière que Ed parvient à esquiver. Il lui donne un bon coup de poing qui envoie finalement Tank au tapis. Tous restent immobiles, incrédules. Personne, n’avait jusqu’à ce soir mis le Tank au tapis. Ed me prend par la taille.
- Viens, Chrissy, cette soirée est une corvée.
Pendant que nous dirigeons vers la sortie, la tête haute, le passage s’ouvre devant nous. Lisa nous observe, le visage fermé.
Je ne suis pas peu fière.
Vendredi, 23h 30.
- Merci, Eddie, dis-je doucement.
- Ferme là. Je ne t’ai pas fait venir pour ça. Et ton flirt avec Tank, alors là !
- Mais je n’ai pas...
- Juste quand je pensais avoir une seconde chance avec Lisa, tu commences ton cirque avec Tank !
- Mais je n’étais pas...
- Est-ce que tu réalises ce qui s’est passé ? Il commençait à te caresser ! Ce porc ! avec toi !
- Je... je....
- Merde ! Maintenant Lisa pense que je suis un mec violent !
Avant de rejoindre la Suzuki, nous entendons des bruits de pas derrière nous : J’étais sure que Tank n’allait pas s’en tenir là... Ed tourne la tête.
- Eh, Ed, tu allais partir ? Ce n’est pas Tank, juste Teddy, un ami de Ed.
- Oui, je vais juste reconduire Chrissy chez elle, cette nuit a été un désastre...
- C’est vrai, cette party a ennuyé tout le monde. Il y a une petite fête chez Harvey. Vous me suivez ?
Harvey est un rad avec une petite piste de danse, musique et jeux vidéo. Ed a toujours refusé d’aller dans ce bar. Je me figurais qu’il allait aussi refuser :
- La musique est bonne, on y va !
Je lui chuchote :
- Eddie ! Es-tu fou ?
- Peut-être, dit-il en démarrant la Suzuki. Et puis, il y a peut être des beaux garçons à regarder sur la route ?
Il dit cela en me souriant.
Je suis gêné, mais je me reprend et secoue la tête avec détermination :
- Après ce que tu as fait, les mecs ont intérêt à me regarder avec respect !

J’attend impatiemment que Ed ferme ma porte. Je gémis :
- Eddie... Je ne veux pas aller chez Harvey, je voudrais mon argent et rentrer à la maison. J’ai si mal aux pieds...
Ed saute sur le siège conducteur...
- Désolé, baby. Mais j’ai besoin de savourer ma gloire ! Tu crois que Tank sera meilleur chez Harvey ?
- Eddie, fais attention. La prochaine fois, Tank ne sera pas bourré...
- On y va.
Je ne connais pas d’endroit avec autant de garçons bagarreurs. Comme si une party tournant au désastre ne suffisait pas. Je sors ma trousse de mon sac et refais mon maquillage, puis me recoiffe.
Nous roulons en silence jusqu’à chez Harvey.
Samedi, 0 heure 00.
Nous sommes entrés dans la salle comme dans la fosse aux lions.
- On danse ? me propose Ed en me poussant vers la piste.

Pendant que nous progressons dans la foule, nous aprenons que la nouvelle de la bagarre de chez Lisa est arrivée jusqu’ici. Des filles me demandent comment c’est arrivé, considérant que j’ai beaucoup de chance que des garçons comme Ed et Tank se battent ainsi pour moi. Quand à Ed, il est vraiment désolé pour Tank. Une telle modestie ne peut que le rendre encore plus populaire. Je suis fière de lui. Nous avons ainsi dansé plusieurs slows. Je commence à sombrer dans le rêve... La main de Ed malaxe mon dos au niveau de mon soutien-gorge et s’égare parfois au bas de ma robe. Il me sert très fort.
Ma tête repose sur son épaule, je ferme les yeux...
Au bout d’un temps indéterminé, Ed regarde sa montre.
- Devine la meilleure, il est une heure trente, je devais rentrer pour minuit !
Je gémis.
- Déjà ? Je suis trop bien ...
Ed sourit.
- Et tu étais la première à vouloir rentrer... Même les meilleures choses ont une fin.

Samedi, 1 heure 30.

Ed arrête le moteur de la voiture devant la maison. La nuit est très belle, très calme. Une vraie nuit d’été. Juste un peu de vent joue avec les boucles de mes cheveux. Ed allume la radio, on y joue les Bee Gees. Nous sommes ainsi restés un bon moment, ma main dans la sienne, puis soudain Ed :
- Non, c’est trop ! Je n’en peux plus...
Il se tourne vers moi, m’enserre dans ses bras, attire mon visage vers le sien et m’embrasse sur la bouche.
Horreur !
Il me presse contre lui m’enlevant ainsi toutes chances de me dégager. Il cesse juste le temps de laisser passer une voiture dans la rue, et remet ça. Et encore une fois... Je ferme les yeux.

Je suis la proie de sentiments contradictoires et pourtant, j’en veux encore. Merveilleuse soirée... Puis Ed me libère. Nous sommes décontenancés. Une fois sorti, il commence une fascinante étude de l’une des roues de sa voiture. Il dit :
- OK, je vois, je vais rentrer.
J’observe Ed un long moment, ne sachant que dire. Finalement :
- Eddie, merci... C’était une merveilleuse soirée, une si merveilleuse soirée...
- Oui, pour moi aussi...
Mes yeux sont embués.
Je m’éloigne vers la porte d’entrée.
Je ne suis pas sure, mais il me semble apercevoir de la lumière à travers la fenêtre de la salle de bain. Puis dans le hall. Je ne peux reculer, la voiture de Ed disparaît au coin de la rue. Je pousse la porte en fermant les yeux. Je les rouvre :
Je découvre Papa balbutiant des choses incompréhensibles et Maman me regardant les yeux écarquillés.
Je crois que je vais passer un sale moment.


Chrissy (Chapitre 2)

Samedi, 01 heure 30
Nous sommes restés sur place en silence, Papa, Maman et moi. Non, pas un silence complet, car le ventre de Papa émet de curieux gargouillis... Finalement, Maman dit:
- Christopher, quelles explications donnes-tu ?
- Quelles explications ? Dis-je innocemment.
Papa, finalement prend la parole.
- Je veux savoir pourquoi mon fils se met à ressembler à une couverture de Vogue !
- Bien, je vais tenter d’expliquer, heu...
Eddie et moi, nous avons voulu faire un petit jeu...
Je ne sais pas, mais je commence à ressentir un petit malaise...
J’entend une petite voix ensommeillée derrière moi, je me retourne, elle vient de ma soeur, elle a l’air terriblement ennuyé. Je lui fais discrètement signe de partir, il ne faut pas la mêler à ça.
- Et d’où vient cette robe ? demande Maman, toujours très pratique.
- Quoi, cette chose ? C’est juste quelque chose...
- Arrête tes conneries, Christopher ! Mes cheveux bougent sous le souffle de Papa.
- OK, OK ! Eddie m’a demandé de l’accompagner à la party de Lisa...
J’écarte ma frange devant mes yeux.
Papa balbutie :
- Tu es allé... à cette soirée en public... habillé comme ça ?
- Tu sais, papa, il y avait beaucoup de monde et de bruit... J’étais en fille pour rendre Lisa jalouse, mais ça n’a pas servi à grand-chose, car Ed a mis Tank KO...
Là, j’en ai peut-être trop dit...
- Comment ? Ed a boxé Tank ? demande Maman.
- Oui, Tank m’avait embêté.
Papa reste stoïque, balançant simplement sa tête de gauche à droite...
Et explose :
- Je veux tout savoir sur cette nuit, je vais appeler le père de Ed. Et toi, enlève cette robe !
- Papa ! N’en parle pas à son père, sinon il va en mourir ! C’était une blague, simplement une blague !
- OK, nous en parlerons ce matin. Et sur ce, Papa tourne les talons en se dirigeant vers sa chambre. Je lui ai fait de la peine...
Maman me jette un regard amusé en refermant la porte. Elle passe sa main dans mes cheveux, essuyant un peu mes yeux, puis me fait tourner la tête. Elle dit sérieusement :
- Christopher, comment t’es-tu procuré ce rouge à lèvres ?
- Maman...
Puis, plus doucement :
- Il te va bien.
Je regarde mes pieds un bon moment.
- Va te laver et met toi au lit, nous verrons ça demain.
J’acquiesce et va vers ma chambre. Le bruit de mes talons m’accompagne. Je ferme les yeux : Mon Dieu, quel désastre ! Ils ont du entendre le bruit de la voiture, et aussi mes talons ...
J’ôte mes escarpins, ma robe, mon collant. Machinalement.

Je garde ma petite culotte et mon soutien-gorge et va vers la salle de bain. Je fixe mon image dans le miroir. Toujours ce choc. J’observe mon visage en faisant jouer les miroirs. Avec quelle facilité je peux ressembler à une fille ! J’enlève le peigne de mes cheveux qui se libèrent sur mes épaules. Puis j’ôte les boucles d’oreille, met un bandeau puis entame mon démaquillage avec les produits de Maman. Je ferais mes ongles demain matin.
Je cherche mon collier dans le reflet du miroir.
Pas de collier ! Le collier de la mère de Ed a disparu !
Les désastres ne s’arrêteront-ils donc jamais ?
Je me calme. Je fouille dans la salle de bain, ma chambre, le hall ou Papa m’avait un peu secoué. Je sort même en petite culotte et soutien-gorge devant la maison. Rien ! J’ai du fait un peu de bruit en ouvrant la porte. Papa s’est relevé.
- Mon Dieu, Chriss ! Et si les voisins te voyaient ?
- J’ai juste égaré mes boucles d’oreille !
Je rentre et me précipite vers la salle de bain.
- Oh ! Elles sont là, quelle petite tête je fais !
- Tu as dix minutes pour te mettre au lit, tu ne crois pas que ces horreurs ont assez duré ?
Vont-ils oublier cela un jour ? Et le collier de la mère de Ed ? Et Ed qui m’avait promis cinquante dollars...

Je me jette dans mon lit. Dès que je ferme les yeux, très vite, les images sont revenues. Je souris en pensant à ces baisers de la nuit. Impression merveilleuse mêlée de confusion. Je m’endors doucement...

Samedi, 09 heures 00.

Un bruit strident me fait sursauter : Mon réveil matin. Samedi matin. La lumière m’aveugle un peu. Un samedi matin d’été tout à fait ordinaire : Dieu merci, ce n’était qu’un rêve ! Ma main glisse sous le drap et je touche le tissu doux d’une petite culotte. Puis, je remarque mes ongles vernis. Je gémis. Hier ? Il me semblait que c’était à un million d’années... Non... Mon regard est attiré du côté de mon lit. Et là, je vois une robe sur la chaise, un soutien-gorge sur le dossier, un collant tombé sur le sol. Confirmation.

Je me dirige alors vers la salle de bain et prend une douche. A la sortie, ma colère est montée contre Ed. À cause de lui, maintenant, je vais avoir des problèmes avec mes parents... Mais si Ed n’était pas intervenu, comment se serait-il passé avec Tank ? Il m’aurait pulvérisé !

Ma vie à l’école aurait été impossible... Mais ce que je ne peux lui pardonner, c’est de m’avoir embrassé! Un baiser sur la bouche! Il me le paiera !
Ma toilette terminée, je me sent mieux. Je me rends compte une fois séché, que mes cheveux conservent toujours les effets du fer à friser... Gwen ne m’avait pas tout à fait dit la vérité à ce sujet...

Samedi, 9 heures 30.

Je me brosse les dents quand j’entend une voiture s’arrêter devant la maison, des bruits de portes qui se ferment. Il est seulement neuf heures et je ne crois pas que cela puisse être Ed. J’ouvre doucement la fenêtre de la salle de bain et reconnais des filles qui étaient hier soir à la party de Lisa.

L’une d’entre elles se dirige vers la maison. Que faire ? Comment dois-je les recevoir ? Ma réflexion est stoppée quand la sonnette de la porte d’entrée retentit. Maman répond. Je n’entend pas grand-chose, puis elle s’exclame avec une gaieté exagérée:
- Oh, Chrissy, des amies à toi veulent te voir !
Je passe ma tête par la porte et murmure :
- Maman, tu es devenue folle !
- C’est toi qui t’es mis dans cette situation, que ça te serve de leçon!
- Entrez donc dans le salon, je crois qu’elle est dans la salle de bain.
Je grogne en me frappant la tête. J’imagine Maman et Kim dans le salon ne sachant que faire... Il faut faire quelque chose. J’enroule une grande serviette de bain au dessus de la poitrine, comme le fait Maman et Kim. Je sort précipitamment devant ma soeur, l’air éberlué.

- Hi Chrissy ! s’exclama une des filles. Souviens-toi, je suis Gina, de la party de Lisa!
- Hi Gina ! Je répond... c’est gentil de venir me voir, tout vas bien ?
- Bien, de toutes façons, nous pensions te rapporter ton collier...
Le collier ? Le collier !
Elle sort le précieux bijou de son sac.
- Woh, je suis rassurée, m’exclamais-je. Ou l’avez-vous trouvé ?
- Chez Lisa, sur le canapé où toi et Tank étiez assis. Nous vous avons cherché Ed et toi, chez Harvey, mais vous étiez déjà partis.
- En fait, c’est un collier de la mère de Gwen, dis-je. Je vous remercie de tout coeur!
- Nous avons su où tu habitais, car, en rentrant, nous sommes passées dans cette rue, la voiture de Ed était garée devant la maison... Mais vous paraissiez si occupés que nous n’avons pas voulu vous déranger, glousse-t-elle...
Mais comment la faire taire ?
J’entend Papa tousser dans le salon, Maman lui murmurer quelque chose... Kim se refrène pour ne pas rire. Cette fille est en train de détruire ma vie !
- Nous nous sommes dits, persiste Gina, que nous pourrions passer la journée ensemble, entre filles. Toute la bande attend dans la voiture ! Je bredouille:
- Et bien... je ne sais pas...
Maman parait désemparée un bref instant, puis s’exclame souriante:
- C’est une grande idée, Chrissy, tu n’allais pas passer la journée à t’ennuyer ici !
Kim va t’ accompagner, n’est-ce pas Gina ?
De l’autre pièce, j’entend Papa:
- Honey, je peux te dire quelque chose ?
- Un instant, chéri... les filles, vous pouvez regarder la télévision en attendant que Chrissy soit prête, excusez-là.... Dépêche-toi, ma chérie, tes amies t’attendent !
Que faire ? Je n’ai pas le choix. Kim me fait signe de la suivre dans sa chambre.
- Dans quel pétrin s’est donc fourrée ma « petite soeur » ? dit-elle en m’embrassant sur le front.
Je vais te trouver quelque chose... En attendant, va chercher ton soutien-gorge et ta petite culotte dans le séchoir. Maman les a lavés tout à l’heure, ils doivent être secs.

En fait, j’ai le temps, car jamais personne n’imaginerait qu’une jeune fille soit prête en deux minutes ! Kim me choisit un petit haut blanc et noir et une minijupe noire en jean, chaussettes roses et tennis. J’enfile tout cela devant Kim. M’habiller en fille me semble déjà d’une si grande facilité ! Kim s’est fait percé les oreilles, je ne peux donc pas utilisé ses boucles, aussi, je vais porter mes clips de la veille. Je me fais un maquillage minimal, fourrant le strict nécessaire dans un sac à main en jean.
- On dirait que tu as fait cela toute ta vie, remarque Kim.

Je relève mes cheveux, les fixe par un peigne, en laissant mes anglaises sur les côtés. Je passe aussi une paire de bracelets en plastique. Je me regarde dans le miroir pour voir les dégâts. Je suis nerveuse mais je me trouve pas mal, et suis surprise de constater combien il est facile pour moi de se transformer en jolie étudiante ! En passant, je transfère le contenu de mon sac de la veille dans celui d’aujourd’hui. J’entend papa tondre la pelouse dans le jardin.
- Bonne journée, les filles ! lance Maman...
- Toi aussi, Mam... euh, tante...
- Honey, peux-tu me dire ce qui se passe ?

Samedi, 10 heure trente.

Je suis dans la voiture de Gina entouré par des minettes. J’ai l’impression d’être un espion. Comme un intrus dans un sanctuaire. Ce trajet, mine de rien, complète mon apprentissage du monde des filles: On y discute de fringues, de maquillage mais aussi et surtout de potins sur les filles et garçons. Six filles dans une voiture : Gina, Megan, Tammi, Kim et Amy... Et moi. Mégan est la seule que je connais bien : elle est dans ma classe. Apparemment, elle ne me reconnaît pas ! Kim est assise à ma gauche, Tammi à ma droite. Un alignement de trois belles paires de cuisses bronzées...
- Eh, Chrissy, depuis combien de temps sors-tu avec Ed, questionne Megan du siège passager.
- Seulement depuis hier...
- Eh bien, il ne perd pas son temps... Dit Gina en souriant dans le rétroviseur.
- Est-ce que tu l’aimes ? me demande Tammi, à ma droite.
Je voulais dire que je le haïssais, que je voulais voir ses boyaux à l’air, et que si j’avais un AK 47, et bien... Au lieu de cela, je dit :
- Oui, je l’aime, il est très gentil avec moi.
Les autres filles gloussent et échangent un regard de connaisseuses. Bien sur, Gina avait vu Ed m’embrasser. Le baiser de la mort...
Mégan poursuit :
- Lisa raconte partout que Ed est un stupide petit morveux.
- Et aussi qu’il ne sait pas se contrôler, ajoute Gina, perfide.
J’aimerais bien que Ed entende ça. Je dis :
- Pourquoi se préoccuper de ce que Lisa pense ? Puis-ce qu’il m’aime maintenant.
Mais qu’est-ce que je raconte ! Je dois regarder les choses froidement. Encore que, je me rend compte à quel point Ed a bouleversé ma vie. A présent, tout le monde me regarde.
- Oui, commence Tammi, avant la nuit dernière, je n’avais jamais remarqué qu’il était aussi mignon...
Je pense que c’est la première fois que j’ai envie de rire depuis une éternité...

Gina gare la voiture dans le parking du mail et me dit :
- Il faudrait que Ed fasse attention, le Tank doit le chercher...
Je lâche avec une étincelle dans le regard :
- C’est Tank qui a intérêt à l’éviter, si il avait un peu de bon sens, il partirait au Canada.
En entrant dans le mail, Megan passe un coup de téléphone. Nous l’attendons toutes autour de la cabine.

Samedi, 11 heures 00.
- Regardez qui vient ? lance Tammi.
C’est Shanne Daniels, le capitaine de l’équipe de foot.
- Hello Gina ! dit Shane. Il jette un regard de cougard sur notre groupe comme si nous étions un troupeau d’agneaux... Et son regard s’arrête sur moi.
Il concentre toujours son regard vers moi.
C’est merveilleux...
- Qui est votre amie ? Je ne crois pas l’avoir déjà rencontrée, demande-t-il.
Gina semble visiblement embarrassée par la question, et dit :
- Oh ! Shane, voici Chrissy, elle, c’est la petite amie de Ed.
Elle ajoute hâtivement :
- Elle est juste là pour l’été.
Un air incrédule envahit Shane...
- La petite amie de Ed ?
Si j’avais eu un grain de jugeote, j’aurais du dire « oui », tout simplement, mais au lieu de cela, je dis stupidement :
- Oh, juste depuis hier !
Je n’étais plus moi-même, baignée dans la lumière de son sourire...
En prenant la direction des arcades, j’entend un des amis de Shane lui glisser :
- Elle te plaît ou quoi, parce que sinon, moi...
Shanne regarde vers son ami, fronce les sourcils et cesse de marcher. Il se tourne alors vers moi, me saisit par la taille et m’attire vers lui. C’est comme une bombe à neutrons... Il me dit, les yeux dans les yeux :
- Chrissy, tu es une des plus jolies filles que je n'ai jamais vue...
Il fit une pause, et satisfait de son effet, me fait un grand sourire. Son commentaire déclenche une émeute d’émotions en moi. Je me sens violemment rougir, et je regarde en direction de mes chaussures... comme toujours quand je suis gênée. C’est donc aussi merveilleux ?
Shane continue :
- Es-tu intéressée pour le concert des Aerosmith, samedi prochain ?
Je suis horrifiée, choquée, sonnée, flattée, stupéfaite...
La plupart des filles de l’école considèrent Shane comme le top des top des garçons de la ville, elles sont prêtes à mourir pour ça...
Et c’est moi qu’il invite !
C’est moi qui est la plus jolie ! Il faut lui procurer des lunettes, à ce garçon !

Je croise la regard des autres filles et je sais ce que la réponse que je vais donner à Shane implique pour elles. Malgré tout, je savoure cette situation. Je fixe mes mains, puis, comme j’allais répondre, je regarde alors ses yeux. Ils sont bleus, trop bleus. Je prends ma respiration et lache :
- Merci pour ton invitation, Shane, mais je veux donner une chance à Ed pour m’inviter.
Une ombre est passée sur son visage, il ne doit pas être habitué à cela, puis très rapidement, il arbore son sourire des grands jours :
- Bien, mais j’ai l’espoir que tu changes d'avis, car j’aimerais beaucoup aller au concert avec une belle fille comme toi... Fais moi signe, au cas où...
Et il s’éloigne avec sa troupe en direction des arcades.
- Tu es folle ? lâche précipitamment Amy en me secouant les épaules. Tu refuses une invitation de Shane Daniels ? Comment peux-tu faire une chose pareille ? Cela ne s’est jamais vu !
L’air indigné, je dis :
- Et bien, Ed est mon petit ami et je suis sûre qu’il m’invitera au concert.
Qu’est-ce que j’ai dit là, encore !
Il est évident que Gina est déçue. Je sais qu’elle tente depuis un certain temps déjà d’attirer l’attention de Shane, et moi, j’ai obtenu ce résultat en 5 manosecondes...

Samedi, 12 heures 00.
Nous sommes finalement allées vers le Mail, avec une première halte au disquaire. Je déambule dans les rayons. C’est drôle, toutes les minettes m’observent. Je suis désormais « celle qui a décliné une invitation de Shane Daniels »... Déjà leader, je lance :
- Hé, les filles, vous n’avez qu’a rester ici, nous allons à le boutique de mode à coté, dis-je.
En sortant, en compagnie de Kim, je vois Gina parlant à Tank. Il regarde dans ma direction. Nous entrons rapidement dans la boutique. Je découvre avec horreur que la patronne n’est autre que madame Bently, qui joue tous les mardi au bridge avec Maman...
- Oh désolée, ai-je dit, je me suis trompée, en regagnant la direction de la sortie. Kim me suit.
- Non, arrêtez, jeunes filles, je pense...
Elle s’arrête, fait une pause, ferme les yeux, et lance en me désignant du doigt...
- Christopher ! Je te reconnais ! Mon Dieu, que fais-tu dans cette tenue ? elle saisit mon bras...
Merde ! comment m’avait-elle reconnu ?
- Ta mère est au courant de ce que tu fais, jeune homme ? demande-t-elle.
- Oui, elle le sait, bien sur, dis-je avec un grand sourire un peu forcé, tout de même.
- Ne me ment pas, Christopher, je vais en parler à ta mère ! C’est une honte, d’une immoralité absolue de s’habiller de la sorte ! Et toi, Kim, tu participes à ses simagrées !
Tank entre dans la boutique.
Je saisis le bras de la femme :
- Madame Bently, je vous en pris...
- Je vais en parler à ta mère, et je suis sure qu’elle sera choquée !
Je grimace et pointe mon doigt derrière mon épaule et dit bruyamment à cette pauvre madame Bently ;
- J’aurais voulu ce soutien-gorge que vous aviez hier en vitrine, mais je vois que vous n’en avez plus, c’est dommage !
Surprise, et peut être comprenant la situation, elle s’adresse à Tank :
- Monsieur désirerait peut-être une pièce de lingerie ?
- Heu...
Il n’en faut pas plus pour faire détalé Tank piteusement.
- Maintenant, Christopher, explique-moi !
- Désolé, mais il faut que je parte...
Malgré mon stress épouvantable, j’ai eu le temps de voir des robes qui me plaisent... Oh mon Dieu !

Tank m’attend sur le trottoir. Il me prends la main et me sert très fort.
- Je me fout de toi, ce que je veux, c’est ce morveux de Ed.
Il me fait mal, je pleure, je pense à mon Rimmel qui va couler... Kim est terrorisée.
- Je veux savoir où il est, tu comprends ?
Je pleurniche :
- Je ne sais pas où il est ! Et même si je le savais, je ne le dirais pas, je ne veux pas que tu lui fasses du mal !
- Si tu le vois, tu peux lui dire qu’il peut numéroter ses abattis...
Visiblement secouées, nous nous dirigeons vers la boutique de disques.
- Ca va ? me demande Megan, nous t’avons vue discuter avec Tank.
- Je suis inquiète, il cherche Ed, si il le trouve, il le démolit !
- Peut-être devrais-tu l’appeler ? suggère Gina.
- Oui, bonne idée, Gina !
Au premier téléphone, je compose le numéro de Ed. Son répondeur joue le thème de Monsieur Ed... Je suis désespérée.
Amy dit :
- Peut-être est-il ici, au mail ?
Je me rappelle soudainement : Ed devait rencontrer son ami Fritz ici, ce matin! Nous allons attendre et tenter d’éviter la confrontation. Nous n’avons pas eu à attendre longtemps : Kim me désigne l’allée centrale. Ed n’est pas avec Fritz.
Il flâne la main dans la main avec Lisa. Mais, que fait-il avec elle ?
Puis, je comprends. Je ne sais si les sentiments se sont lus sur mon visage, mais... Jamais, je ne me suis senti trompée ainsi, manipulée... Kim me prend dans ses bras, je me mets à pleurer, de dépit ou d’autre chose, je ne sais...
Je crie :
- Eddie !
Je surprends le regard interloqué de Ed, il me dévisage, semblant ne pas me reconnaître, puis ces yeux s’arrondissent : Chriss ?
Il s’approche de moi, laissant Lisa toutes griffes dehors.
- Attend un instant, chérie, lui dit-il.
Il saisis alors mon bras et me tire vers le côté.
- Mais qu’est-ce que tu fais avec cette tenue ? Désignant mes amies : Et avec ces garces ?
- N’insulte pas mes amies ! Et, si tu veux parler de garces, que fais-tu avec ça ? en désignant Lisa.
Ed secoue la tête avec stupéfaction et m’éloigne d’avantage.
- Tu es fou, ou quoi ? - Veux-tu que je lui raconte notre nuit ? les danses et les... les... Ma voix s’éteignait à la pensée des baisers. Ed regardait ses pieds en rougissant...
- Je ne sais pas, ce qui m’arrivait, j’ai perdu le sens des réalités, mais ce n’est pas une raison... Tu es mon copain !
- Eddie ! La voix aiguë de Lisa l’appelle déjà.
- Tu ne vas passer la journée avec ça ?
Elle vient contre lui, il lui passe le bras autour de la taille. Il dit :
- Allons, je dois y aller.
Je murmure :
- Et l’argent ?
- Nous parlerons de cela plus tard.
- Je ne veux plus te voir parler avec elle ! Chuinte Lisa, jamais, tu entends ?
Je pleure.
Kim passe son bras autour de mon cou et me dit :
- Tu es extraordinaire, Chrissy, en moins de 24 heures, tu es parvenue à avoir autant d’aventures amoureuses que moi dans toute ma vie ! Elle me regarde dans les yeux : j’en suis jalouse, tu sais ? Elle ajoute, en souriant :
- Et en plus, tu n’es même pas une fille !
Puis, se reprenant :
Ou plutôt si, justement, l’es-tu probablement plus que nous toutes...

Samedi, 14 heures 30.

Gina et les autres nous ont rejointes et se sont assises autour de moi en m’encourageant. Je suis accablée par la surcharge émotionnelle, c’est trop, il faut évacuer. Pourtant, mon subconscient sait que je suis ridicule. Finalement, je me suis calmée. Je tire le miroir de mon sac pour me refaire mon maquillage. J’en ai réellement besoin !
- Laisse moi, dit Kim, je vais arranger ça.
- Après le ravalement, allons faire du shopping, rien de tel pour se remonter le moral ! propose Tammi.
Nous avons fait deux magasins de mode et essayé de nombreuses tenues. J’ai éprouvé un drôle de sentiment pendant mes essayages : Toutes ces robes, ces jupes, elles sont décidément faites pour moi, ou moi pour elles, je ne sais pas.
Kim est tout à fait de mon avis.

Samedi, 17 heures 15.
Nous nous sommes arrêtées dans une bijouterie, car Amy voulait une nouvelle bague. Pendant que nous regardons les présentoirs, j’entend une petite toux derrière moi. Je me retourne. C’est Shane.
- He, Chrissy ! Nous sommes donc faits pour nous rencontrer ! Je te cherche justement pour avoir des nouvelles de ton petit ami...
- Il n’est plus mon petit ami...
Il lève un sourcil et dit :
- Bon alors, ton ex-petit-ami est-il toujours aussi brillant pour ouvrir l’arcade de Tank ?... Ou c’est autre chose ?
- C’est bien, laisse-moi deviner... Donc, tu sais.
Il me regarde dans les yeux. Très longuement... Il extrait un écrin du présentoir. Il en tire des boucles d’oreille... Ecartant mes cheveux, il les présente contre le lobe de mes oreilles.
- Humm.... Elles te vont vraiment bien, qu’en pensez-vous les filles ?
Assentiment général, la bijoutière est aux anges...
Je fais un petit sourire contrit :
- Mes oreilles ne sont pas percées...
- Oh, ce n’est pas trop grave, non ? N’est-ce pas, madame Clayton ? Et il s’éloigne...
- Shane ?
- Oui, Chrissy ?
- Ton invitation au concert tient-elle toujours ?
Il sourit.
Les filles n’ont pas applaudi, mais c’était tout juste.

Samedi, 19 heures 45.

Je trouve la situation étrange... je suis avec Kim et les autres filles dans la voiture de Gina et nous nous dirigeons vers la maison. C’est une sacré après-midi ! Nous avons passé presque un jour entier dans le centre commercial, je suis épuisée, réellement très épuisée. C’est pourquoi Kim et moi avons décidé de rester à la maison au lieu d’aller chez Harvey avec les autres filles; c'est bien assez d’émotions pour aujourd’hui.

Samedi, 19 heures 50.
Nous poussons la porte et pénétrons dans le hall.
- C’est vous, les filles ? interpelle Maman de la cuisine.
- Oui, c’est nous, répond Kim, après une seconde d’hésitation. Elle me retient.
Maman continue, toujours sur le même ton :
- Vous êtes de bonne heure... Avez-vous passé une bonne journée ?
- Oui, une très bonne journée, merci, m’man...
- À propos, Chriss, j'ai eu un appel... intéressant de madame Bently aujourd’hui...
- Heu, oui... Nous regardions des robes...
- Et puis, je suis allée rapporter le collier à la Maman de Ed. Je l’ai remerciée pour sa confiance.
Je tousse. Elle continue :
- Ils ont trouvé que tu es une très jolie jeune fille, très bien élevée. Entre nous, tu as du taper dans l’oeil de monsieur Sexton... J’ai aussi 50 dollars pour toi de la part de Ed et Gwen te fait la bise. Ah, oui, j’oubliais, je leur ai annoncé que Christopher était parti dans le Colorado jusqu’à la fin des vacances. Un échange, quoi... Deux mois de grand air, ça va lui faire tellement de bien à ton pauvre cousin ! Et aussi j’ai pensé que les 50 dollars de Ed vont t’aider un peu pour ta garde-robe, nous verrons cela lundi, si tu veux bien.
Nous avançons vers la cuisine, maman fait frire quelque chose et papa se lave les mains dans la salle de bain. Une scène quotidienne, quoi. Papa entre dans la cuisine. Il se retourne vers moi, me regarde longuement de la tête aux pieds. Il dit :
- Christopher, retire cette robe et change-toi pour quelque chose de... normal, pour le souper.
- C’est une jupe, papa, pas une robe.
- Ce n’est pas un ton bien gentil pour son père, jeune fille... Heu... Oh ! Jésus...
Maman, avec un air de reproche :
- Jack ?
Papa se retourne vers maman :
- Honey ? Ah oui. Il se frappe la tête.
Hum... Chrissy... Tu es très jolie comme cela... ne change rien, surtout pas ! Je quitte la cuisine, quand papa me saisit par le bras :
- Juste un instant, ma jolie !
Il me fait tourner rapidement vers lui, puis me stoppe. Le mouvement écarte mes cheveux découvrant ainsi mes boucles d’oreille.
- Honey !
- Oui, chéri ?
- Notre jolie nièce a les oreilles percées. D’après toi, c’est normal ?...

Chapitre 3
Samedi, 20 heures 00.
Nous sommes dans la chambre de Kim. Je suis sur un petit nuage.
- Mais que se passe t-il, je rêve ou quoi ?
- Je ne sais pas, répond Kim. Peut-être que maman cherche à te faire un beau cadeau ?
- En tous cas, c’est incroyable !
J’ai de la peine à imaginer les implications de ces coups de théâtre.
Deux mois ! Que va t-il m’arriver ?
- En tous cas, nous allons bien nous amuser toutes les deux ! Tu sais, je te préfère en petite soeur... Un sourire illumine son visage. Quand je pense à Shane et Lisa, glousse t-elle, si ils savaient !
- Ne parle pas de malheur, je t’en prie...
- Tu les a tous grugés, Gina, Lisa et les autres !
- Non, je ne les pas trompés, je te l’assure, j’étais sincère...
- Tu sais, je t’ai observée toute la journée, tu as l’apparence d’une fille, le comportement d’une fille... Tu ne te poses pas de questions ?
- A ton avis ?
Nous rejoignons le salon, je m’assied dans un fauteuil en lissant ma jupe. Je constate que mes gestes semblent féminins depuis toujours.
- Hé, les filles, on passe à table !

J’ai du mal à croire que je suis là, en fille avec toute ma famille. Rien ne semble avoir changé. Toutefois, maman et Kim ont rarement cessé de me regarder, papa a lui, préféré terminer son dîner et passer au salon. Spontanément, je me suis levée pour débarrasser la table et charger le lave-vaisselle. C’est une des choses que je ne faisais jamais. Papa regarde du sport. Ce soir, je préfère aller dormir tôt.
J’ôte mes boucles d’oreilles. Ce n’est pas si facile quand on n’est pas habituée. Je me démaquille devant le miroir de la salle de bain puis je commence à me déshabiller.
- Chrissy, tu peux ouvrir la porte ? C’est maman.
J’ouvre.
- Voici une chemise de nuit à Kim...
- Merci, m’man.

Sous la douche, je perd un instant le fil de la magie. Je ne pas de seins, et mon sexe est toujours là... Mais dès la sortie, en retirant le bonnet de douche, mes cheveux retombent sur mes épaules. C’est reparti. J’applique une crème de nuit sur mon visage, puis une crème hydratante sur mon corps. C’est si bon ! J’enfile la fraîche chemise de nuit, elle est longue, en coton blanc; Des dentelles roses soulignes le bas, le décolleté et les manches ballon. Je me sens bien, libre. En sortant, je surprend la fin d’une conversation entre maman et Kim. Il y est question de Shane. Elles rient.
- Alors Chrissy, comment te sens-tu ? demande Kim en lissant ma chemise de nuit.
- Bien, très bien... Je ne pouvais pas dire autre chose. Bonsoir p’pa, bonsoir m’man, je vais aller dormir...
Je devine la voix de papa dans le fauteuil.
- On n’embrasse pas son père ?
Je m’assied à ses pieds, et dépose ma tête sur ses genoux. Il relève mes cheveux et dépose un baiser sonore sur mon front. Ce sont des relations nouvelles pour nous, je suis émue. lui aussi.
- Aller, va dormir, ma fille !
Maman m’embrasse tendrement et murmure :
- Je vais venir te voir tout à l’heure...

Même ma chambre a changé. Les maquettes d’avions sont toujours là, mais des fleurs ont pris place sur la commode à côté d’une culotte et d’un soutien-gorge soigneusement pliés. Je me glisse entre les draps. Comme c’est bon ! J’entend le téléphone sonner dans le salon, puis maman qui répond. Qui cela peut-être ? Mon attente ne dure guère : Maman frappe et entre dans ma chambre.
- C’était madame Sexton, ils nous invitent demain dimanche pour prendre le thé. Tu vas venir ?
Je lance :
- Ed sera là ?
- Je ne sais pas, mais il y aura Gwen...
- OK, je serais avec vous.
Un silence. Puis :
- Maman, pourquoi ?
- Pourquoi ? Ah oui, et bien disons que c’est en quelque sorte un test. Un test pour voir ! Et puis, je veux te faire plaisir... Elle dépose un baiser sur ma joue et me caresse le visage... - Tu sais, tu as de la chance... il m’a fallu attendre vingt-deux ans pour qu’un garçon m’offre des bijoux... Fais de beaux rêves, ma chérie...

Dimanche, 9 heures.
On frappe à la porte. C’est Kim.
- Il est temps de se lever, je voudrais t’attendre pour le petit déjeuner...
J’émerge avec difficultés. J’ai eu un sommeil agité, ma chemise de nuit est remontée jusqu’à la taille. Je l’ôte et pénètre dans la douche comme un zombie. Le contact de l’eau achève de me réveiller. Je m’essuie et renfile ma chemise de nuit et attend Kim pour descendre.
- Bonjour les filles ! Il fait super beau aujourd’hui ! Maman est toute occupée à l’élaboration de son gâteau dominical. Papa est dans le jardin, comme à son habitude. Rien n’est changé. Sauf moi.
- Je fais confiance à Kim pour t’indiquer ce que tu vas porter aujourd’hui... en tous cas, sois plus sage que hier... de toute façon, le beau Shane ne sera pas chez les Sexton, glousse maman.
Je crois qu’il va falloir m’habituer à ramasser ce genre de vannes. Mais, après tout, si je suis dans ce rôle de fille, pourquoi sera t-il mal d’être sensible à un garçon ? En tous cas, personne n’est choqué autour de moi.

Dimanche, 10 heures 15.
De retour à ma chambre, je passe ma culotte et soutien-gorge et vais rejoindre Kim dans sa chambre.
- Wahhooo, tu en jette un max !
Je rosis en silence.
- Il faut te trouver quelque chose, dit-elle en inventoriant sa penderie. Tiens, que penses-tu de cette robe rouge ? Elle me l’applique contre moi, oui, génial ! Allons pour cette robe.
Je passe un collant puis la robe. Elle est très évasée, le tissus a un joli tombé. Conséquence : elle bouge tout le temps ! Kim me passe des escarpins assortis.
- Tu te souviens, maman m’avait acheté cette robe et ces chaussures pour le mariage de tante Julia. Si j’avais deviné qu’un jour je la prêterais à mon petit frère... Elle choisit un pantalon pour elle. Un défi ?

Samedi, 11 heures.
Nous sommes descendues ensemble. Comme par hasard, maman nous attend au bas de l’escalier.
- Hum... vous êtes craquantes... Viens par ici, Chrissy.
Elle me fait tourner et passe le plat de la main au bas de ma robe.
- Ce n’était qu’un pli, j’avais peur à une tâche. Au fait, vous avez le temps de faire une course au mail ? Il me manque du cumin...
- OK... dit Kim.
Nous sortons la voiture du garage, p’pa nous guide. En sortant de l’épicerie, j’aperçois Stew entrant au vidéoclub.
- Vite, partons avant qu’il nous ai vues !
- Mais pourquoi, je l’aime bien moi, Stew, dit Kim en s’approchant de la boutique...
- Bon, passe moi les clés, je vais t’attendre dans la voiture.
- Bon, si tu veux... Mademoiselle ne veux pas être abordée par n’importe qui ! Rien que par les héros et les gravures de mode...
Mais que fabriquent-ils dans cette boutique ? Ah ! Ils sortent. Le regard de Stew se dirige vers la voiture. Au risque de froisser ma robe, je m’accroupis de mon mieux afin d’échapper aux regards. C’est gagné pour Stew, mais perdu pour mon collant ! Kim est intraitable.
- Ecoute, ma belle, je ne vais pas te fournir en collants indéfiniment, tu vas aller à la boutique pour t’en acheter...
- ...
- Non, tu y vas seule !
Dammed, mais quelle est ma taille ? Je dois demander à la caissière qui parait très étonnée... J’ai l’impression de naviguer à vue dans une mer inconnue encombrée de récifs !

De retour à la maison, voilà que p’pa a besoin de mes talents d’électricien pour le taille-haies.
- Chrissy, fais attention à ta robe, interpelle m’man.

Dimanche, 15 heures.
- Il est temps de partir, ronchonne papa. Trois femmes à la maison, c’est l’enfer quand on attend...
Papa au volant, maman à ses côtés, Kim et moi derrière. Une situation mille fois connue et pourtant...
Je respire : la Suzuki de Ed n’est pas devant la maison. Les Sexton nous attendent à la porte. J’ai quelques appréhensions envers monsieur Sexton. Elles sont justifiées.
- Ah, voici notre jolie Chrissy ! Jack, tu permets que j’embrasse ta nièce ?
Décontenancé, p’pa n’ose s’y opposer...
- Oh, Jack, il faut l’excuser dit madame Sexton, ce doit être le retour d’âge !
- Tu es magnifique, Chrissy, n’est-ce pas Gwen, qu’elle est de plus en plus jolie ?
- Oh, oui, papa...
Elle m’embrasse et murmure à mon oreille.
- Si je me doutais... et elle se met à rire de bon coeur.
Monsieur Sexton prend p’pa à part.
- Tu te rends compte, Ed est devenu un homme grâce à cette petite !
- Com... ment ça, grimace papa...
- Et bien oui, c’est bien grâce à elle que mon fils a trouvé le courage de mettre le Tank KO... tu te rends compte, le Tank !
- Ah oui, se rassure p’pa.
- Comment, tu n’allais pas penser que... quoique, pourquoi pas ? Ils feraient un beau couple, non ?... Hein, Jack, tu ne trouve pas ?... Pourquoi tu tousses ?
- Dites-donc les filles, vous n’aller pas rester à comploter toute l’après-midi comme cela, montez-donc dans la chambre de Gwen, dit madame Sexton.
Nous n’attendions que cela. Je suis installée devant la coiffeuse. Assises sur le lit, Kim et Gwen me font face. Elles m’observent pendant que j’arrange ma coiffure.
- C’est incroyable, dit Gwen. Tu es si féminine ! Et en trois jours, comment tu vas être dans deux mois ? Tu sais, Kim, on ne pourra pas lutter...
Elle se tourne vers Kim :
- C’est une robe à toi ?
- Oui, je lui prête tout jusqu’à demain, nous allons faire du shopping !
Gwen, reprenant son sérieux :
- Chrissy, je voudrais te demander... Avec Ed, c’est sérieux ? Tu peux parler, nous sommes entre filles...
Je l’attendais, cette question, évidement... je me lance.
- Oui, certainement depuis longtemps...
Mais je ne le savais pas ! Vous me croyez ?
Je sanglote. Gwen se lève et viens tout contre moi. Je pose ma tête contre son sein. Elle passe sa main dans mes cheveux.
- Oui, je te crois, nous te croyons... tu sais, nous avons toutes connues cela, n’est-ce pas Kim ?
Je la regarde.
- Ca m’étonnerait.
- Non, je veux dire un chagrin d’amour, un gros chagrin d’amour... Tu vois, j’adore mon frère, mais je ne lui pardonne pas son comportement avec toi. Mais je suis sure qu’il t’aime, j’ai beaucoup réfléchi.
- Tu crois ?...
- Oui, je le connais comme si je l’avais fait ! Tu dois sortir avec Shane samedi ? Et bien, fait le, on verra la réaction de mon petit frère chéri !
Elle fait tinter mes boucles d’oreille.
- Tu sais, Shane est un type merveilleux mais particulièrement pingre, alors ce cadeau... c’est fou, non ? En attendant, tu ne vas pas rester comme ça. Les yeux rouges, c’est pour les lapins, pas pour les filles !
Elle me refait mon maquillage, puis ma coiffure. Classe ! Non seulement j’ai meilleure mine, mais je me sens revigorée !
- Oh, les filles, vous pouvez descendre, le thé est prêt !
Les jambes jointes, ma robe en corolle sur le fauteuil, je me sens bien, accomplie.
- Au fait, interroge madame Sexton, votre Christopher va bien ?
- Ah oui, ce brave Christopher... renchérit son mari.
- Bien, dit maman, je suis sure que l’on ne va pas le reconnaître à la rentrée !
Un bruit de voiture, reconnaissable entre tous, mon coeur s’emballe.
- Tiens, voilà Ed, il a du oublier quelque chose, dit monsieur Sexton.
Je me force à rester stoïque. La porte d’entrée, puis celle du salon. Ed reste pétrifié en me voyant.
- ... Bonjour, heu, tout le monde... je repart tout de suite, j’ai juste oublier un ... numéro de téléphone... au revoir tout le monde !
Et il disparaît.
- Incroyable ! je ne vois vraiment pas ce qu’il lui trouve à cette Lisa, déclare monsieur Sexton en observant la voiture s’éloigner.

Le tremblement de ma tasse sur la soucoupe fait retourner tout le monde.
Plus tard, en prenant congé, j’entend monsieur Sexton :
- Elle a un sacré tempérament, la petite, et je m’y connais ! Il fait un grand clin d’oeil à un p’pa totalement démonté.

Chapitre 4
Lundi, 9 heures.
- Hou hou, les filles ! Nous avons des choses à faire aujourd’hui...
Aujourd’hui lundi, quatrième jour en fille... Il pleut. J’enfile un collant et une jupe longue.
- J’ai promis à madame Bently que nous t’habillerons à sa boutique, dit maman.
Il faut voir ma mine déconfite.
- Je sais, mais le meilleur moyen d’obtenir le silence de quelqu’un, c’est encore de l’acheter...
Lundi, 10 heures 30.
Maman a raison une fois de plus. Madame Bently se montre accueillante et prévenante, bref, commerçante. C’est comme si l’incident de samedi n’était jamais arrivé ! Elle ne cesse de me complimenter, je finis par trouver cela un peu excessif.
- Tu veux qu’on choisisse pour toi ? demande m’man.
- Heu... non, je vais me débrouiller toute seule...
Je commence par mettre de côté ce qui m’intéresse, puis passe en cabine. Pas facile. Je passe de déceptions en bonnes surprises... les premières impressions sont souvent trompeuses ! Enfin, je demande leur avis aux femmes :
Silence.
- Alors, qu’en pensez-vous ?
Madame Bently :
- Oh, Chrissy, vous êtes adorable...
- Il te faut une jupe un peu plus longue, intervient maman.
- Pourquoi? Les mini lui vont tellement bien ! lui rétorque Kim.

Nous lui avons laissé près de 250 dollars, mon « salaire » de vendredi n’a évidemment pas suffit ! Deux robes, trois jupes, trois soutien-gorge, des petites culottes, quelques hauts, un pull et une veste, voilà ma garde-robe à moi. Je compte bien l’élargir dès que possible.

Lundi, 12 heures 30.

De retour à la maison, je suis toute excitée : il me faut essayer mes achats. Je choisis de garder sur moi une de mes robes. Elle est blanche, droite, tout près du corps et assez courte... Je m’observe dans le miroir. Je me tourne. Mes hanches et mon fessier ressortent agréablement. J’avais toujours eu des complexes sur mes fesses que je trouvais bien trop charnues. Maintenant, j’en tire des avantages. C’est drôle, non ?
- Wahhoow, s’écrie Kim.
Dis-donc, Chrissie, tu peux me prêter la jaune ?
- Bien sur, Kim, tu m’as bien dépannée...
Nous descendons à table.
- Au fait, Gina a téléphoné, elle va passé tout à l’heure avec ses amies, dit m’man.

Lundi, 15 heures.
Nous sommes allées au cinéma. Dorénavant, l’impression d’être un intrus tend à disparaître complètement...

Après, nous nous sommes retrouvées chez Jack pour prendre une glace. Nous devons certainement donner l’image de filles écervelées gloussant à tous propos. En réalité, le sujet prédominant est le plus sérieux de tous : les garçons. En cours de conversations, je glisse innocemment :
- Et mon cousin Christopher, vous le trouvez comment ?
Il s’établit alors un silence que je juge interminable.
- Je sais qu’il existe, c’est tout, dit Gina; c’est surtout le petit frère de Kim.
- Tu m’excuseras, Chrissy, mais ton cousin est profondément ennuyeux, dit Timmy. Vous avez un air de famille, c’est vrai, mais c’est tout ! Tu es bien plus intéressante !
Et toi, Amy ?
- Christopher ? je ne dois pas le connaître...
- Moi, je le trouve assez mignon, dit Megan. Il est timide, c’est tout...

Je suis perplexe. Christopher ne semble pas manifestement emballer les filles. A l’exception (un peu) de Megan. Megan, je la connais un peu, elle est dans ma classe, mais je n’avais jamais rien remarqué de particulier chez elle...

Lundi, 20h 35
Maman me tend le combiné : c’est Shane pour toi, ma chérie...
Shane ! Je n’en reviens pas... que me veux t-il ?
- Oui... Shane ?...
- Bonsoir, ma belle, tu vas bien ?
- Oui... pour samedi, ce n’est pas... annulé ?
- Non, rassures-toi ! Je voudrais seulement de demander quelque chose...
Mon coeur s’emballe....
- Oui ?
- J’ai appris que tu es la capitaine des cheerleaders dans ton école... Alors, j’ai pensé que tu pouvais nous assister jeudi soir pour le match.
- ...
- Hé, Chrissy, tu es toujours là ?
- Heu... Comment as-tu appris cela ?
Je suis anéantie.
- Ah, ah... tu sais, je ne cite jamais mes sources !
C’est une catastrophe. Comment faire ? C’est de la folie, mais d’un autre côté, si je refuse, Shane sera vexé...
- Heu... oui, mais je manque un peu d’entraînement...
-Oh, ne me dis pas ça, faire tourner un bâton et agiter des peluches, ça ne s’oublie pas !... un silence. Remarques bien, tu peux refuser.
- Non, Shane, tu peux compter sur moi !
- Bien, Chrissy, ça me fait plaisir, tu sais. Bien sur, on compte aussi sur Kim !
J’ai hâte de te tenir dans mes bras...
Je frémis.
- Moi aussi, Shane...
- Je t’embrasse partout, ma chérie... au revoir...
Je raccroche et je m’assied, totalement démontée. Mes sentiments sont confus... Ce que viens de me dire Shane, et... mon Dieu!

Que se passe t-il, ma chérie, s’inquiète m’man.
- Quelqu’un a dit à Shane que je suis une cheerleader...
- C’est plutôt drôle, dit maman.
- Non, pas vraiment : Il veut que je sois au match jeudi soir !
- Ca, c’est plus embêtant. Tu as refusé, j’espère ?
- J’ai dit oui ! Je me jette en larmes dans ses bras.
Maman prend son ton des grands jours.
- Il ne sert à rien de pleurer... nous sommes demain mardi, nous avons presque trois jours pour te former. Ta soeur va nous rendre service. Mais où est-elle ? Eh, Kim, ou es-tu ? C’est étonnant qu’elle ne soit pas là...
- Oui, m’man ?
- Kim, tu n’y serais pas pour quelque chose dans tout ça ?
Elle baisse ses yeux. Je réagis.
- Kim, qu’as-tu raconté ?
Elle pleurniche.
- Je voulais te valoriser, j’ai raconter ça à Timmy... je ne savais pas que Shane serait au courant !
- Bon, Kim, tu vas pouvoir te racheter, dit m’man, mais tu vas avoir du boulot !
Rien ne me sera donc épargné !

Mardi, 9 heures.
- Première leçon : On ne peut pas jouer à la cheerleader sans uniforme.
Tu n’en as pas et j’ai besoin du mien... dit Kim.
- Mon dieu, comment faire ? J’ai le moral à zéro.
- Et bien, nous allons en acheter !
- Mais où ?
- Là où j’ai acheter le mien : à Fresno, chez Valley Decorating Company...
- Oui, mais avec quel argent ?
- Ne t’inquiète pas, petite soeur, je vais te l’avancer.
Elle a décidément réponse à tout.
- Mais Fresno est à près de cinquante kilomètres...
- Maman nous passe sa voiture, hein, m’man ?
C’est la première fois que je vais quitter la ville en fille.

Mardi, 11 heures

Je dois dire que je suis assez intimidée en pénétrant dans le magasin. Etre cheerleader, c’est incontestablement une expression ultime de la féminité, j’en suis consciente, et Kim aussi. Le choix est un des plus importants du pays. La plupart des achats se font par les écoles à leurs couleurs. N’ayant pas cet impératif (mon école du Colorado ?!), je choisis les couleurs qui me paraissent les plus sympa. Quand à l’essayage... Kim insiste pour être seule avec moi dans la cabine, on ne sait jamais !

Je choisis une jupe plissée blanche à parements rouges, une veste cintrée à brandebourgs, une robe sans manches de mêmes couleurs. Avec la casquette, les bottes et quelques paires de collants, la note s’est élevée à plus de 150 $... Merci, Kim !

À aucun moment, même pendant que la vendeuse ajustait mes tenues, le moindre doute est apparu... Nous avons pris le déjeuner au Pizza Hut local. Ils se ressemble tous, mais je suis en terre inconnue... Nous nous sommes installées au fond. Je portais ma mini robe blanche sans manche. Des garçons m’observent. Je le sais, sans même faire le moindre regard dans leur direction. Un sixième sens, sans doute ! Je ne sais pourquoi, mais je laisse remonter ma robe assez haut sur mes cuisses. Kim me le fait discrètement remarqué, je n’en tiens pas compte... Je met le paquet pour sortir : roulement des fesses, main dans les cheveux, tout, quoi ! Parvenue à la porte, je jette un regard langoureux sur une bonne dizaine de gars assez costauds...

Je jette un coup d’oeil dans le rétroviseur : ils sont dehors et observent notre voiture s’éloigner. Kim a l’air renfrogné.
- Si tu continue comme ça, je ne veux plus sortir avec toi. Tu as vu comment tu t’es comportée ? Pour qui vont-ils nous prendre ?
- Ca ne fait rien, dans une demi-heure, nous serons loin ! Et puis, tu sais, c’est une expérience nouvelle pour moi...
- Et bien ce genre de choses, je ne l’ai jamais fait !
- Tu devrais, c’est terriblement excitant !

Chapitre 5
Jeudi, 15 heures

Je n’aurais jamais cru que devenir une cheerleader était aussi épuisant... Après trente heures d’entraînement intensif, je ne suis qu’une bien pâle imitation des filles dont Kim m’a montrée les exploits sur ses cassettes ! Mais, bon, elle pense que cela devrait aller... Finalement, le plus dur est d’apprendre les chansons ! Cet entraînement a aussi pour effet de me conforter dans ma féminité à un point difficilement imaginable...
Jeudi, 17 heures
Nous sommes prêtes. Papa et Maman vont assister au match.
- Au fait, p’pa, contre qui notre équipe joue ce soir ?
- C’est la seconde équipe de Fresno, des gars pas commodes !
Jeudi, 17 heures 30
Nous retrouvons Gina au vestiaire. Kim et moi sommes déjà habillées.
J’ai donc tout loisir d’observer les autres filles. Même si c’est une nouveauté pour moi, je me sens pas étrangère...
- Tu es très jolie, Chrissy, mais tu devrais renforcer ton maquillage, c’est une scène, ici ! me confie Gina.
J’ai un trac fou... Shane me fait un signe. je lui répond par un baiser de la main. Kim m’a vue, je rougis.
Jeudi, 18 heures
Le Match commence.
Jeudi, 19 heures 30
Je crois m’en être bien tirée. En tous cas, Kim le pense. Pourtant, j’ai cru défaillir quand j’ai aperçu Ed juste derrière moi. Quand au match, nous avons gagné...
- Je te disais bien que c’est elle !
Je me retourne. Ce sont des joueurs de Fresno.
- Alors, on se retrouve ?
Je reconnais deux des garçons du Pizza Hut...
AIE ! Je ne sais où me mettre...
Je cherche Kim du regard, elle s’est esquivée.
- Bonjour... On se connaît ?
- Et comment ! Je savais que l’on se retrouverait, une fille comme toi, on ne l’oublie pas, dit le plus grand.
- Ah oui... A Fresno, peut-être ?
- Bien, tu vois, avec un effort !
Je me sens rougir à vitesse grand V. Intrigué, Shane s’approche. Il me prend dans ses bras.
- Que lui voulez-vous, les gars ?
- Oh, rien que du bien ! C’est ta Girlfriend, OK, mais à l’avenir, il faudrait qu’elle évite d’allumer les mecs dans la rue... Remarque bien que l’on cherche pas à foutre la pagaille !
Shane m’entraîne à l’écart.
- Tu allumes les mecs dans la rue ?
Je me sens défaillir.
- Non... Ou plutôt oui, un peu... Mais ce n’était pas dans la rue !
Je pleure.
Kim intervient :
- Ce n’est rien, Shane, on cherchait à s’amuser, c’est tout ! Et puis on ne s’attendait pas à les trouver là... On s’est fait avoir !
Silence.
- Ah ah ! Les jeux des filles m’étonneront toujours !
Kim s’esclaffe à son tour, je me force à sourire.
- Mais, attention, babe, il ne sera pas dit que ma Girlfriend s’amuse encore à ce petit jeu... OK ?
- Oui, Shane. J’ai compris.
- OK. Tu m’accompagnes ? On va fêter la victoire...
Il me prend dans ses bras, je m’y blottie, rassurée. Puis, je m’inquiète:
- Mais, je ne me suis pas changée !
- Reste comme cela, tu es la plus belle !
En allant vers la sortie, derrière le grillage, je devine la silhouette de Ed dans la pénombre... Et il est seul.
Shane démarre son Harley et s’y installe...
- Alors, babe, je t’attend.
Un (très) bref instant décontenancée, je me précipite vers l’engin que j’enfourche.
- Accroches-toi bien fort, crie t-il pour couvrir le bruit du twin.
Je m’agrippe à ses larges épaules et j’y dépose ma tête. Je ferme les yeux.

Je ne sais si c’est le vent dans ma minijupe qui flotte, ou le contact direct de ma culotte sur la selle, mais... A moins qu’il s’agisse de la proximité des mon sexe contre Shane... Je ne me suis jamais sentie aussi femme. Pas fille, non. Femme.

C’est à cet instant que je comprends que j’ai franchi un point de non-retour. Le gentil mais terne Christopher est bien mort, totalement dévoré et digéré par la belle et fantasque Chrissy.

Notre arrivée chez Harvey ne passe pas inaperçue, c’est le moins que l’on puisse dire. Avertie par le bruit de la moto, la moitié de la salle est dehors. Shane fait même deux tours du parking avant d’immobiliser la machine tout près de la porte. Une image me vient à l’esprit : Celle du Preux Chevalier emportant sa conquête sur son fier destrier... Je rêve ou quoi ?

Gina et les autres sont déjà là. Je les devine mortes de jalousie. La fidèle Kim m’attend avec mon sac. J’ai juste le temps de le saisir, Shane enserre ma taille et m’entraîne vers l’intérieur. Je me retourne:
- Merci, Kim !
Quand Shane m’entraîne vers la piste, malgré mon émotion, je ne peux m’empêcher de penser à Ed... Pourtant, je suis inondée de bonheur quand Shane me tire par la main vers la piste...

Jeudi, 23 heures.

J’ai demandé à Shane de me ramener. J’ai peur. Peur de moi, de mes instincts, de mes pulsions. Papa et Maman sont devant la télé, Kim est rentrée depuis une heure. J’embrasse tout le monde et entre dans ma chambre. J’ai besoin d’être seule. Je me déshabille puis me démaquille. Ce sont désormais des gestes quasi quotidiens. J’observe mon costume sur la chaise, ma chemise de nuit sur le lit, ma culotte et mon soutien-gorge pour demain sur la commode...

C’est terminé. je ne peux imaginer une autre vie pour moi.
Dans mon lit, l’obscurité faite, je remémore la soirée, en particulier le sentiment d’abandon qui m’a prise lorsque j’ai posé ma tête contre le torse de Shane... Et pourtant, c’est le visage de Ed qui revient...

Vendredi, 9 heures.
On frappe à la porte, c’est maman, je la reconnais.
- Tu veux me voir, j’imagine ?
Comment a-t-elle deviné ? Elle s’assied sur mon lit, je pleure.
- M’man, je ne pourrais plus...
- Quoi donc, ma chérie ?
- Redevenir Christopher !
Elle me sert fortement dans ses bras.
- Je le sais, je l’ai toujours su. Tu crois qu’une mère ne devine pas ces choses là ?
Je bredouille.
- Mais, comment faire ?
- Je crois que j’ai une petite idée.
Au fait, ma chérie, Ed a appelé hier soir, j’ai oublié de te le dire !

Vendredi, 10 heures.
- Maman !! Je n’ai rien à me mettre !
Quelle est la fille qui n’a pas poussé ce cri d’angoisse ? Je n’échappe pas à la règle. Après avoir fait le tour de ma penderie, il faut se rendre à l’évidence: Rien, vraiment rien ne va convenir pour ce soir ! Voici les données du problème :
- Il faut quelque chose de sexy et qui en jette, mais qui ne soit pas vulgaire.
- Il ne faut pas quelque chose de trop « habillé », on ne va pas à l’opéra !
Donc, je n’ai rien à me mettre ! Kim est de mon avis. Evidement je la soupçonne de n’être pas désintéressée : elle ne pourrait que bénéficier de la garde-robe de sa soeur... Mais, on ne va se passer d’une alliée !

Maman essaie bien de me rassurer, elle sort une à une toutes mes tenues, et même celles de Kim...
- Mais alors, que te faut-il donc ?

Vendredi, 12 heures 30

Je déballe le sac sur mon lit. Cette robe, j’ai tenu à la choisir seule. Kim est restée dans la voiture. Je vérouille la porte de ma chambre : je ne veux pas être dérangée. Je l’enfile, l’ajuste. Madame Bently avait froncé les sourcils en me voyant la choisir : c’est de loin la plus sexy de sa boutique ! Dire qu’elle est courte est un euphémisme. Elle est en denim bleu extensible, autrement dit, elle suit les formes de mon corps ou plutôt, c’est elle qui impose les siennes ! La poitrine est préformée, la taille est très cintrée, seules les hanches peuvent s’épanouir librement... Le col est haut mais les enmanchures sont très dégagées : en levant les bras, on aperçoit la dentelle noire de mon soutien-gorge. Je l’avais répérée l’autre jour, mais jamais maman n’aurait accepté !

Je m’observe devant le grand miroir, je me retourne, mes fesses sont super féminines, c’est prodigieux ! Je m’assied, me lève, fais différents mouvements, il faut simplement veiller à ce que la jupe ne remonte pas trop haut.

J’ouvre la porte pour faire venir Kim. Inutile, elle est déjà derrière le trou de la serrure...
- Kim, je t’en prie... Comment me trouves-tu, frangine ?
Je tourne sur moi mème avant de me poser délicatement sur la chaise en croisant les jambes. Elle équarquille les yeux.
- Wahow !!! Ce que tu es belle ! Retournes-toi pour voir, et baisses-toi... Tu veux mon avis ? Elle te va comme un gant, mais maman ne marchera jamais, et je ne parles même pas de papa !

Vendredi, 18 heures
J’entend le bruit attendu d’une Harley : Shane est à l’heure. Je me précipite vers la fenêtre de ma chambre. Je m’exclame de surprise : il est tout en cuir, perfecto et pantalon moulant... Kim me rejoint.
- Wahoww ! Elle me sert dans ses bras. Ce soir, tu vas être la reine !
Bien ton idée de faire croire à maman que tu as acheté un body ce matin!
- Chrissy ma chérie, c’est Shane !
Parvenue au bas de l’escalier, Shane m’embrasse sagement sur la joue. Mes cheveux sont relevés, découvrant ainsi mon cou mis en valeur par le col Mao de ce que maman persiste à prendre pour un body. En bas, sur ma robe, donc, je porte une jupe noire bien sage...

Je prend un grand sac, embrasse maman et Kim. Shane passe son bras autour de ma taille en m’accompagant vers la machine. Shane roule doucement, comme à la parade...
- Shane, peux-tu t’arrêter à la station ?
Je me dirige vers les toilettes, m’y enferme, retire ma jupe et la fourre dans mon sac. J’échange aussi mes chaussures sages pour des sandales à talons de 3’’. Je suis prête !

La gérante, madame Stevens et son fils Mark n’en croient pas leurs yeux. Je ne sais si cela vient de moi ou d’un enchantement magique, mais ma robe impose mes mouvements, mon comportement... Jamais depuis le début, je n’ai ressenti cela ! Ma démarche est mesurée, mes hanches roulent, je me sens hyper féminine, je suis ivre de confiance, je SUIS une fille, la plus belle des filles... En m’apercevant au loin, Shane passe sa main dans ses cheveux.

Je soigne mon parcours, repérant la grille d’évacuation d’eaux pluviales, je la contourne gentiment pour égard à mes talons. En un pathétique et inutile geste, je tire ma robe vers mes genoux : mais le chemin pour y parvenir est si long...

Enfin parvenue à lui, Shane me prend à la taille, me fait chanceler et m’embrasse gouluement sur la bouche. Je suis encore toute chose quand nous démarrons devant le pauvre Mark qui n’en peut plus. Ce brave Mark, si il savait !

Notre arrivée au pizza Hut ne passe pas inaperçue. Nous sommes entrés, je suis penchée vers Shane, il malaxe ma fesse droite à pleine main. Je tressaille : Ed est au bar. Il est accompagné de Gwen. Il se lève, entraîne sa soeur vers la sortie. Elle se retourne en me faisant un clin d’oeil...

Shane ne cesse de m’embrasser, j’aime mais je le trouve un peu collant tout de même ! Shane collant... Si Gina savait ce que je pense de son rêve en cuir noir!

Vendredi, 20 heures

Sans fausse modestie - d’ailleurs, en existe t-il de vraie ? -, je fais incontestablement partie des Top Babe de la soirée... Shane est manifestement fier de moi, le beau Shane ! Il est vrai que j’attire le regard des garçons, et cela semble lui plaire. Ainsi à l’entrée, un type de la sécurité, beau comme un dieu avec son catogan et son blazer, nous fixe avec insistance. Une fois placés, Shane me fait des bisous dans le cou, jouant dans mes boucles avec sa langue. Je suis heureuse et pourquoi ne pas le dire, orgueuilleuse. Je cherche même Gina du regard pour savourer la situation. Et je trouve Ed, seul.

Je suis troublée. Je me retourne vers Shane, cette fois-ci, c’est moi qui l’embrasse sur la bouche. J'aperçois le mec de la sécurité au bout de notre allée, il nous regarde toujours... Je suis vaguement inquiète, il devrait avoir remarquer que je suis accompagnée !
- Shane, le mec au bout, il n’arrête pas de me regarder, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un peu peur...
- Reste calme, je vais régler cela. Il se lève et se dirige vers le gars. La discussion semble vive, Shane est ferme. Le vigile parait s’incliner, et s’éloigne. Mon compagnon me rejoint.

Surprise par les premières mesures, je tourne vivement la tête, et... Cela n’a pas duré longtemps, mais j’ai surpris le manège. Le vigile vient de faire un clin d’oeil suivi d’un sourire dans notre direction... Cela ne pouvait pas être pour moi, alors... Je me tourne vers Shane, il sourit en direction du mec.

Très rapidement, je comprend tout. Je ne suis qu’une couverture, jolie certes, mais une couverture quand même. Pour maintenir un certain prestige, Shane a besoin d’aligner les plus belles filles à son bras. Je me rend compte également que son empressement à mon égard ne s’exprimait qu’en public... Tout s’éclaire sous un jour nouveau !

J’ai attendu la pause pour me lever, j’entraîne Shane dehors avec moi.
- Shane, tu n’as pas besoin de moi, je le sais, j’ai tout compris...
Il me regarde, l’air faussement effaré. Je continue.
- Je ne t’en veux pas de préférer les garçons, tu sais...
Il baisse les yeux.
- Tu sais tenir un secret ?
- Mieux que ça, je suis une spécialiste !

Vendredi, 22 heures
Le concert est terminé. Les derniers spectateurs quittent la salle. Shane a pleuré, il me serre dans ses bras.
- Tu comprends, je suis le capitaine de l’équipe, si on venait à le savoir, je serais fichu !!
- Mais, Shane, il ne faut pas confondre. Ton autorité sur le terrain, elle est naturelle : tu es le meilleur. Les tablettes olympiques regorgent de champions gay, et je ne parle pas des championnes !
Il aquiesse doucement. Je continue.
- Tu devrais cesser de passer pour ce que tu n’es pas, tu devrais t’exprimer tel que tu es au lieu de passer à côté de toi !
Il prend sa tête dans ses mains.
- Je sais que tu as raison ! Mais comment faire ? Il lève ses poings au ciel.
- C’est vrai, tu t’es donné une image de tombeur, mais il n’est pas nécessaire de tout bouleverser ! Je crois que la première chose à faire, c’est de te débarasser de ta bande, ta cour de vauriens... Tu me crois ?
- Oui, je sais... Je te raccompagne ?
- C’est très gentil, Shane, tu es adorable, mais il y a là quelqu’un qui m’attend depuis un bon moment...
- Hi, Shane, dit une ombre.
- Hi, Ed.

Vendredi, 23 heures.
La Suzuki est garée devant ma maison. De bons souvenirs...
- Mais, Ed, tu n’étais pas jaloux de me voir avec Shane ?
- Non, pas vraiment... je savais que tu ne risquais pas grand chose avec lui...
- Comment.. Tu sais ? Et comment ?
- Cela, je ne te le dirais pas, je n’en dirais pas d’avantage à quiconque. C’est sa vie, j’espère qu’il sera heureux.
- C’est exactement ce que je pense, et... Ed m’intérompt de la manière la plus agréable qui soit.
Soudain, je me dégage de son étreinte.
- Et avec Lisa, tu n’as pas penser que je serais jalouse, moi ?
Il joue l’étonné.
- C’est pas vrai ! Tu as marché comme un seul ho... heu, comme, enfin, tu t’es laissée prendre. Et bien, tu vois, j’ai fais jouer à Lisa le rôle que tu occupais le fameux soir de ta... naissance. Je suis arrivé à te rendre folle de jalousie !
Je réagis vivement.
- Je n’en crois rien. Le lendemain, tu te souviens, je t’ai vu au mail avec Lisa.
- C’est vrai, mais c’était juste avant notre dispute, tu en étais la cause, d’ailleurs.
Je tend nerveusement mon index vers son nez.
- Ah oui, et le dimanche chez toi, Lisa t’attendait dans la voiture !!
- Ah, ça, c’est une idée de mon père de te faire croire que je n’étais pas seul. Ingénieux, mon papa, pas vrai ?
Il brandit à son tour son index sur mon nez.
- Honnêtement, je ne vois pas ce qu’il te trouve, mais il t’aime bien.
Je fais la mutine.
- Plus que toi ?
- Heu, non... Enfin, nous ne jouons pas dans la même catégorie !
Cette fois-ci, c’est moi qui s’est jetée sur lui...
Notre étreinte a duré, duré...
- Ed, depuis quand m’aimes-tu ?
- Je crois depuis toujours... Et cela n’a pas été facile pour moi, d’aimer un autre garçon. C’est pourquoi, je t’imaginais toujours en fille, je faisais tout pour cela...
Il m’embrasse tendrement. Je lui mordille l’oreille et dit sérieusement.
- Mais, je suis différente, tu en es conscient ?
- Evidement, mais ce n’est pas le plus important, non ?

Samedi, 0 heure
La voiture de Ed disparait au coin de la rue ma laissant seule. Cela me rappelle quelque chose, mais quoi ? Il y a si longtemps... Je pousse la porte, maman est là.
- Alors, Chrissie, tu as passé une...
Elle s’intérompt net.
- Non, ce n’est pas vrai, tu es sortie dans cette robe ??
-Oui, maman, et j’en suis heu-reuse !
- Shane ?
- Non, je l’ai perdu. Mais j’ai retrouvé Ed ! Je fais le geste d’escamoter et retrouver quelque chose dans mon dos.
- Chrissie, ma chérie, demain il faut qu’on parle !


Chrissy, épilogue.

A notre retour du Colorado, les voisins n’ont cessé de défiler. Maman, en grand deuil, reçoit dignement les marques de sympathie. Très sobre dans une petite robe noire, je sert le café avec l’aide d’une Kim effondrée. Madame Benton, notre voisine tente de me consoler.
- Cette petite, perdre ses parents à son âge, c’est une horreur... Et le petit Chriss, il était si mignon, si gentil, si poli... dit-elle en se tournant vers maman.
Cette vieille peau me fait sourire. Je le cache comme un tic nerveux bien compréhensible.
Monsieur Sexton pose sa main sur l’épaule de papa.
- Mon vieux, c’est terrible... perdre son fiston et son frère comme cela... La voiture est tombée de combien de mètres dans le ravin ? Quarante ? Oh...
Il continue.
- Alors, les enterrements ont eu lieu là-bas... Et la petite Chrissie, elle est désormais orpheline, que va t-elle devenir ?
C’est maman qui lui répond.
- Oh, monsieur Sexton, Chrissy va rester chez nous aussi longtemps qu’elle le désire... Nous sommes sa plus proche famille, vous savez... A propos, elle semble très attachée à votre Eddy.
- Oui, j’avais remarqué, je suis sûr que Ed va faire son possible pour aider la petite.
Entourée de Ed et de Gwen, madame Sexton fait son apparition. En pleurs, elle embrasse maman.
- Je ne connaissais pas votre soeur et votre beau-frère, mais j’aimais beaucoup Christopher... Ed a perdu son copain, c’est épouvantable !
Feignant de rechercher un peu d’air, je sort bientôt suivie de Ed et de Gwen. Nous montons dans la Suzuki garée plus loin et éclatons de rire.
- Tu diras ce que tu veux, mais ce n’est pas de très bon goût, balbutie Gwen.
Je réponds.
- Tu connais une meilleure méthode ?
Ed redevient sérieux.
- C’est vrai, c’est bien l’enterrement de Christopher que l’on célèbre aujourd’hui.
J’ouvre mon sac.
- Et c’est aussi une naissance ! Je vais commencer ma HRT demain, et je suis inscrite à l’école, et tenez-vous bien, avec mes vieux copains ! Vous imaginez ?
Si quelqu’un nous avait vus ainsi, il en aura été choqué, mais bon...
- Tiens justement, voilà madame Bently ! s’exclame Gwen.
Elle nous fait un clin d’oeil au passage avant de pénétrer dans la maison des pleurs.


Responsable du site : Lucie Sobek


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