barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« », une petite histoire imaginée par sabine

1 le garçon fleur 10 sabine tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:06 par Sabine



Chapitre 21
Les filles

A deux, c'est tellement mieux. Michel à ma droite et Evelyne à ma gauche, on déambule dans l'avenue animée. Je tiens ma copine par la main, nos mecs nous tiennent pas le cou. On risque pas de se perdre ! On s'amuse des regards des garçons, on est fières de notre apparence. Evelyne me souffle :

- Tiens, regarde le blond avec un polo rouge : c'est moi qu'il va regarder en premier !

Je surveille le garçon en polo rouge, me marrant d'avance. Il nous aperçoit, baisse le regard sur les jambes de ma nouvelle copine.

- T'as vu ? Je suis bien plus belle que toi.

- C'est de la triche. C'est tes bas qu'il a regardé, pas tes jambes. Des bas bleus, ça attire plus l'œil que des noirs.

Le garçon change alors de paire de jambes et, longeant les miennes, il remonte jusqu'à mon visage. Il y reste fixé, ce qui me ravit.

- Et toc ! Sans les fringues, c'est moi, la plus jolie !

Le garçon nous croise et m'adresse un sourire rapide, auquel je ne réponds pas. Au delà du plaisir à être admirée en fille, ces regards me disent l'envie des mâles pour nos corps, non pour nos vêtements. Je ressens une honte instinctive à tromper ainsi ces garçons qui, de bonne foi, nous admirent en tant que filles. Dans ma petite tête de puceau/pucelle, le sexe remonte à la surface, à chaque fois. Je ne parviens pas à retrouver la joie simple d'être en fille avec ma copine telle que je la vis quand nous ne sommes que nous quatre.

- T'aurais pu lui faire un sourire, quand-même, me reproche Evelyne.

Comment lui expliquer avec des mots ? Sa main a serré la mienne quand le garçon nous a croisé. Michel et Pascal, nez en l'air, semblent se laisser vivre, heureux de simplement nous tenir par le cou. Je me tourne vers mon mec, qui le sentant, fait de même. Lui aussi me fait un sourire, et à celui-ci je réponds.

- De quoi t'as peur ? insiste ma copine.

- Des garçons, m'entends-je avouer.

- Si tu veux la confesser, t'as pas fini ! lui dit alors Michel. - Elle a de ces réflexions, des fois … Elle sort en fille et elle a peur des garçons ! Et Bruno, lui, ben il a peur des filles !

Il me donne une bise pour faire passer, mais il est clair qu'il n'a pas tout compris.

- T'es pas sympa, Michel, de me dire ça. Si je sors en fille, c'est d'abord pour toi. Je m'en fous, moi, des autres garçons …

Il me connaît, mon mec. Il sait qu'il vient de me vexer. Oh, juste un peu !

- Qu'est-ce que t'as encore été comprendre, Sabine ? se rattrape-t-il.

- Rien, rien … Juste que c'est toi que j'aime. En fille ou en garçon, c'est toi que j'aime.

- Et moi je t'adore. Faudra que tu m'expliques, quand-même, mon cœur.

Evelyne me presse la main. Je distingue Pascal qui se penche, accroche mon regard et me fait un clin d'œil. Une onde de bonheur m'envahit, chassant mes questions. J'émerge dans la réalité. On est quatre garçons qui nous sommes trouvés, compris, admis. On s'aime, il fait beau, on a la vie devant nous, quoi, merde …

- J'essaierai, promis. Dès que je me serai comprise moi-même …

- Ca promet ! rigole Pascal. J'ai hâte de t'entendre, Sabine. On va se prendre un pot ?

Le bras autour du cou de Pascal, la tête sur son épaule, Evelyne me sourit. Qu'elle est jolie, quand elle sourit ! Sans me quitter des yeux, elle murmure quelques chose à son garçon, qui se met à m'observer rêveusement. Un jeune mec, que je prends d'abord pour un client, s'approche de notre table.

- Qu'est-ce que ce sera, les amoureux ? demande-t-il gentiment.

Je le regarde. Un beau brun, les cheveux mi longs, de petites lunettes à monture d'acier, tout à fait la tête d'un étudiant qui se fait un peu de fric en bossant comme serveur. Son sourire engageant n'est pas que professionnel.

- Mesdemoiselles … ? fait-il, s'adressant à Evelyne et moi.

Je retrouve aussitôt la joie d'être fille. D'un regard à ma copine, je dis mon plaisir.

- Un demi panaché, s'il vous plaît, réponds-je d'une voix très réussie.

Alors que les autres passent commande, j'observe discrètement le garçon. Une veste et un pantalon noirs, un nœud papillon, une chemise blanche … L'uniforme habituel des garçons de café. Je devine la minceur de sa taille et ses épaules larges. Le pantalon est bien trop flottant pour se faire une idée sur ses jambes. J'ai un sourire interne en constatant que je procède comme les garçons qui nous découvrent : je passe très vite aux jambes !

Il s'éloigne avec sa commande, je le suis des yeux, regrettant confusément qu'il ne porte pas un jean bien moulant. Il croise un couple qui sort de la salle, et mon regard quitte le serveur. La fille est assez petite, bien en chair sans exagération, un peu comme ma sœur. Sa jupe blanche sur son collant noir me fait frémir, et je cherche instinctivement un défaut. Je n'en vois pas …

Le garçon porte un jean comme celui dans lequel j'imaginais le serveur une seconde plus tôt. Je regarde l'agréable renflement de son entrejambe, qui devient plus visible encore quand il passe à côté de nous, de profil. Il a de belles fesses, aussi, bien rebondies, sûrement très fermes, et des cuisses puissantes. Je remonte à leurs visages, mais ils sont déjà trop avancés pour que je les voie bien. Je redescends aux fesses, comparant rêveusement les deux formes si proches et pourtant si différentes.

Les hanches de la fille sont normalement larges, ses fesses semblent pourtant plus grosses qu'elles ne le sont à cause de sa jupe qui les moulent. Je préfère les miennes … Ou celles du garçon, qui tendent le tissu bleu et roulent sous lui. J'essaie de les imaginer dans la jupe de sa copine, mais je n'y parviens pas. Je le vois en tant que garçon, uniquement : mon regard d'homo refuse de faire plus.

Ils s'éloignent, traversent, une voiture les cache à ma vue. Je me rends compte que durant le temps de ma rêverie, ma main caressait la lisière de ma robe, sentait les bas dessous, comme pour confirmer ma tenue de fille. La main de mon mec se pose sur la mienne, me faisant sursauter.

- Tu les connais ?

Je sors de mes pensées, je fais non de la tête, puis confirme de la voix.

- Non …

Il me serre contre lui et m'embrasse sur la joue.

- J'aime pas quand t'es comme ça, petite Sabine.

- Quand je suis comment ?

- Rêveuse, silencieuse. A te faire des idées sur tout et à y trouver tout plein de bonnes raisons d'être triste.

- Je ne suis pas triste …

- N'empêche que tu réfléchis trop. C'est pas bon. T'es tellement plus jolie quand tu souris !

Je regarde ma copine. Elle me fait oui de la tête, plusieurs fois, confirmant ainsi les paroles de mon mec. Puis elle m'envoie un baiser avec sa main droite. Suis-je aussi jolie qu'elle, quand je souris ?

- Je t'aime, mon cœur, souffle alors Michel à mon oreille.

Ma copine a une mimique qui veut dire 'tu vois bien, que t'as pas à t'inquiéter ! Sois heureuse !' .

Alors je me sens heureuse, puisqu'il le veulent tous. Heureuse qu'ils s'occupent de moi, qu'il réagissent à mon comportement, qu'ils m'aiment comme je suis.

- Je t'aime aussi, réponds-je à mi-voix, lui donnant son sourire.

Je n'ai pas quitté Evelyne des yeux durant tout ce temps. Je me sens bien, noyé dans ce regard complice. Elle m'adresse un clin d'œil, puis va chercher la bouche de son mec et l'embrasse. Une petite pelle amoureuse et sympa, qui ne dure que quelques secondes. Je sens mon pénis durcir instantanément. J'entraîne la main de Michel sous ma robe et la met en contact direct avec mon entrejambe, puis je le regarde. Il palpe rapidement la raideur de mon pénis, puis le serre par accoups plusieurs fois, accusant ainsi réception du message.

Mon regard devient celui d'une chienne en chaleur, enfin presque. Le sien se fait amoureux, compréhensif, s'emplit de promesses tendres et excitantes. A cet instant, j'ai besoin de mon mâle et de ses caresses. Si ils me veulent heureuse en fille, il me faut mon garçon, mon homo. Je presse sur la main frémissante, l'emprisonne dans la mienne, me dis que si quelqu'un nous voit, eh bien je m'en balance.

O=O

Le beau brun dépose les quatre demis, nous enveloppe d'un regard gentil et vaguement envieux, puis file vers d'autres clients.

- Tu t'excites à une vitesse, toi ! s'étonne Pascal.

- Moi ? Et pourquoi tu dis ça ?

- Parce que c'est vrai ! il se marre. - Il suffit que ma nana m'embrasse devant toi, et tu te mets à délirer et à frémir d'envie comme une chatte !

- Tu m'espionnes ?

- Tu parles ! Pas besoin de t'espionner. T'es transparente, ma pauvre … Et comme ton mec sais pas te calmer …

- Pourquoi je la calmerais ? demande le mec concerné. - Je ne demande que ça, moi, qu'elle s'excite ! Elle me fait toucher des trucs, je te dis pas !

-Pas besoin que tu me le dises, j'ai les mêmes à ma disposition. Mais nous, on est plus discret. N'empêche qu'elle est … chaude, ta Sabine !

On se marre, conscient de construire une complicité sans tabou. On sait tous qu'elle nous est nécessaire pour lutter contre les autres. Notre isolement nous impose de rester soudés. Chez moi, ça semble même anormalement puissant. Je ne me sens vraiment bien en fille qu'avec ceux qui savent. Mon seul savoir ne me suffit pas, pas encore du moins, et il ne me viendrait pas à l'idée de sortir en fille en solitaire.

- T'as pas envie de caresses, toi ? me justifié-je à Pascal. - Et ton Evelyne, elle en a pas envie ?

- Autant que toi, je te rassure ! Mais c'est … ta façon de le montrer qui me fais marrer. J'adore ! Vous allez tellement bien ensemble, tous les deux !

- Normal, c'est parce qu'on s'aime.

- Ca, je n'en doute pas. Je me demande simplement quelle place occupe ton apparence de fille dans votre couple, petite Sabine … Tu sembles à l'aise, tu es heureuse de sortir en fille, mais tu ne te comporte pas comme une fille. Evelyne, quand elle excite un garçon, je vois bien qu'elle est ravie. Et moi aussi, je suis ravi. Toi, ça à l'air de te gêner !

Toujours aussi intuitif, le Pascal. Aussi pointu dans ses observations. Il devine tout ce qui est important. Comment a-t-il fait pour voir si vite ce que Michel n'a toujours pas compris ?

- Parce que ça me gêne vraiment, Pascal. J'ai l'impression de tricher, de les tromper, de …

- Tu mélanges tout ! Quand les garçons te regardent, tu crois qu'ils savent que tu en es un aussi ?

- Bien sûr que non, mais je …

- Ben alors, où est la tromperie ?

J'hésite, ne sachant pas quoi répondre. Je pense que la tromperie, elle est que le désir du garçon pour moi est basé sur mon apparence de fille mais que je suis un garçon. Pascal reprend :

- C'est plus un jeu qu'autre chose, Sabine. Nous quatre, on joue. Il y aurait tromperie si tu embarquais le garçon dans ton lit, ou lui dans le sien, sans lui dire que tu es un mec. Là, oui, il y aurait tromperie ! Et tu te retrouverais probablement avec une tronche au cube !

- Je sais, Pascal, t'as raison … Comment te dire ? Moi, j'aimerais bien aller plus loin, enfin je veux dire discuter avec le garçon comme l'autre soir au restaurant avec JM. Mais comment rester sincère et se sentir vraiment fille dans ces conditions ?

- Quel JM ? se renseigne Evelyne.

Je lui explique Jean-Marie, la rencontre au restaurant, et ma terreur à le voir débarquer.

- J'aurais voulue être là, rigole-t-elle. - T'as vraiment eue la trouille ?

- Ma pauvre … Je te raconte pas ! Mais bon, après, super ! J'étais même contente comme tout de pouvoir être fille à ce point.

- Ben alors … Où est-ce que ça coince ?

- C'est … dans la tête. Une retenue permanente, quoi. Je n'ai pas pu aller au bout.

- Attend … ôte-moi d'un doute : qu'est-ce que tu appelles aller au bout ?

- Fais pas semblant de pas comprendre.

- Eh ben, tu parles d'une garce, dis-donc, ta Sabine ! Un mec qu'elle voit tous les jours, un copain à toi, et la première fois qu'elle le voit en tant que fille, elle regrette de pas pouvoir se le faire !

Elle rigole, bien entendu. Michel me serre contre lui.

- Toutes des salopes, qu'est-ce que tu veux, lui assure-t-il. Dès que ça porte une jupe ou une robe, c'est pute et compagnie !

- Bon, vous arrêtez ? Déjà que j'ai du mal à m'expliquer, alors si vous déconnez … Je voulais dire jusqu'au bout dans … la sincérité de la situation. Même sans avoir l'intention de me le faire, comme vous dites, je pensais tout le temps qu'il me voyait comme une vraie fille et que j'en suis pas une. C'est sûrement idiot, mais ça me retient, ça me gâche mon plaisir. Lui, JM, il est tout sympa, bien dans son rôle de garçon, gentil et prévenant avec les filles, et moi …

- Et toi quoi, Sabine ? demande Pascal après quelques secondes de silence.

- Et moi je fausse tout, quoi.

- Je vois … Tu sais quoi ? Tu fais un complexe, ma belle. Tu te sens coupable de tes fantasmes et de tes envies devant les gens normaux. Tu as l'impression de les trahir, eux qui ne demandent rien d'autre que de vivre normalement leur envies de mâles bien constitués. C'est ça ?

- Je … Oui.

- T'as raison, c'est dans ta tête, Sabine. Rien que dans ta tête. En ce moment, JM, si il pense à votre rencontre, tu crois qu'il se dit quoi ?

- Je sais pas …

- Tu le sais parfaitement. Il se dit qu'il a eu plaisir à rencontrer une fille jolie et sympa, agréable, gentille, qui n'hésite pas à discuter avec les garçons et à se comporter comme toutes les filles qu'il connaît, c'est à dire, finalement, tout à fait normalement ! Si ça se trouve, il pense à toi, a envie de te revoir, et même pourquoi pas à tenter sa chance avec toi.

- J'espère que non, insère mon mec, c'est un vrai tombeur !

- Michel, merde, tu vois pas que c'est important, non ?

Vexé, mon copain baisse les yeux.

- N'empêche, reprend Pascal, si il pense à toi, Sabine, c'est comme à une fille normale, et c'est exactement ce que tu es. Et même si il tombait amoureux de toi, tu n'aurais rien à te reprocher. Au lieu de ne penser qu'à toi, essaie te me mettre à sa place. Tu es Sabine, une fille comme une autre, sans plus. Et Sabine, comme les autres filles, n'est pas obligée de tomber amoureuse à son tour. C'est la vie normale, ça, les garçons qui aiment les filles, les filles qui aiment les garçons, et chacun qui cherche son idéal. Pour lui, crois-moi, tu deviendras un beau souvenir, un moment agréable, et il ne t'en voudra absolument pas de l'avoir repoussé.

On reste silencieux. Ca le démangeait depuis un moment, le Pascal. Il tend la main à Michel, qui la saisit sans hésiter. Les garçons se regardent, se sourient. Mon mec a les yeux humides.

- Tu nous aimes tant que ça ? demande-t-il.

- Je vous adore, espèce de ceci cela !

- On vous adore, précise Evelyne.

Michel me roule la petite gamelle qui s'imposait. J'ai du mal à me séparer de lui, je l'avoue. Sa main file sous ma robe, son regard dans le mien.

- Ca va mieux ?

- Beaucoup mieux. Je suis heureuse. On finit nos verres et on va se balader ? J'ai hâte d'exciter quelques beaux garçons, moi !

Et là vois-tu, ô lecteur pensif, je suis presque sincère !



Chapitre 22
Week-end décidément mémorable

C'est bon, le sang, je trouve. Je récupère tout ce que je peux à l'aide de morceaux de pain. J'aime la viande rouge, je ne renie pas ma nature carnivore.

- Surveille ta ligne, me dit Evelyne, autrement, tu vas devenir comme elle !

Elle, c'est la mémère à côté de nous. Une caricature. Un cas. La cinquantaine, quatre vingt kilos au moins, peinte en guerre comme une pute. Avec ce qu'elle s'est collé sur le visage, Evelyne et moi on aurait pu se maquiller pendant une semaine. Elle aura alimenté une bonne partie de la conversation, Mémère !

Le restaurant est sympa, la bouffe aussi. On a décidé d'y aller ensemble, pour finir la soirée. Mémère et son mec sont arrivés peu après nous, se sont installés juste à côté. Elle, je l'ai instantanément détestée … Elle nous a regardé Evelyne et moi en commençant par les jambes, puis est remontée à la poitrine, puis à nos visages. Où de ce même regard des garçons cherchent l'agréable, elle cherchait la faille, reprochait, dédaignait par principe. Toute son attitude criait son mépris. Bref, une personne aussi agréable qu'un lumbago.

- Je ne les comprend vraiment pas, les vieilles connes comme elle, a déclaré Evelyne. - On dirait qu'elles nous reprochent d'être jeunes.

Exprès, elle s'est légèrement décalée et a croisé les jambes, découvrant ses cuisses plus qu'à moitié, et a planté son regard dans le sien. Mémère a jeté un œil aux cuisses, et d'où elle était je pense qu'elle a dû voir nettement les jarretelles de ma copine. Elle est revenue à nos visages, a haussé les épaules, souverainement méprisante, pâlissant peut-être de jalousie sous son plâtrage multicolore, va savoir …

On s'est tous regardé, et on a rigolé discrètement. J'ai dit à ma copine :

- Et encore, elle nous prends pour des filles. Imagine qu'elle sache qu'on est des garçons, alors là elle explose !

- Ou bien elle en crève sur place … supposa Michel.


N'empêche, Mémère, elle nous a été utile, finalement. Dans le but d'exciter sa rage, on n'a pas hésité à se faire quelques câlins bien sentis que nous n'aurions pas faits autrement. Elle nous matait du coin de l'œil que c'en était un plaisir de la voir se raidir malgré elle ! Par la suite, mémère ou pas, hein, on était lancés, qu'est-ce que tu veux …

Surveiller ma ligne … Ca me fait penser à ma sœur, qui se trouve trop grosse. Si ça se trouve, un jour, j'aurai les mêmes préoccupations ? Mémère et son mec, un grand maigrichon insignifiant, se lèvent de table. Ils passent devant la nôtre, Elle ne peut retenir un dernier regard vengeur.

- Bonsoir, Messieurs Dames, fais-je poliment en souriant de toutes mes dents. La caricature me jette un œil méprisant et pince la bouche au risque de fissurer son ravalement.

- Bonne soirée, jeunes gens, répond aimablement le bonhomme.

Lui, il n'a pas tout suivi. Il est resté sur son nuage. Je le suppose usé par trente années de vie commune avec son dragon, abruti par l'habitude, renonçant à comprendre, doucement anéanti, se réfugiant peut-être dans des recueils de poèmes ou une collection de quelque chose. Sa mégère, il vit avec sans la voir, transparente malgré son volume. Légitime défense, réflexe de survie. Je l'admire d'avoir su garder l'envie de répondre si gentiment à mon bonsoir.

Je me sens triste, soudain. Les cons m'ont toujours rendu triste. Et aussi les vaincus. Je reste un moment silencieux, je regarde s'éloigner le popotin de Mémère qui ondule sous sa robe aussi noire que son caractère. Pourquoi est-elle devenue méchante ? Il y a trente années, elle devait être aussi jolie qu'Evelyne ou moi. Elle devait elle aussi mettre des porte-jarretelles affriolants et des petites culottes de dentelle. C'est de se voir vieillir, qui l'a rendue ainsi, Mémère ? Son mec, lui, est resté agréable, alors pourquoi elle ?

Ils sortent, s'éloignent, encore visibles mais déjà souvenir. Et moi, je me dis qu'être femelle, c'est devoir être belle pour séduire, et le rester pour garder. Sous son crépis, il y a peut-être une cicatrice, ou un autre truc pas regardable, qui a détruit la femme et créé la mégère ? Moi, je suis femelle par goût, pas elle.

Je regarde rêveusement la porte, attendant presque que la caricature revienne alimenter mes pensées. Je reviens sur terre quand la main de mon ami se pose sur ma cuisse, me rappelant que je suis encore jolie et capable de provoquer l'amour d'un Michel. Je lui en veux, à Mémère, de m'avoir rendu triste.

- Où t'es partie, Sabine ? demande mon ami.

- Je pensais à la grosse conne.

- Et tu en pensais quoi, dis-nous ?

- Qu'on ne sait pas ce qui nous attend …

- T'as peur de devenir comme elle ? s'étonne sincèrement Evelyne. Je hausse les épaules.

- Va savoir … Je pensais qu'elle aussi a été belle, qu'elle a aimé les mecs, et que comme nous elle allait au restaurant et se moquait des vielles connes trop maquillées.

- Mmhhh … Nostalgique, à ton âge ?

- Un peu triste, disons.

O=O

On est tous là, ce dimanche après-midi. La tribu au grand complet, moins toutefois Yves. On est chez André, parce que c'est plus grand, et que Michel nous l'a proposé. C'est animé, pour le moins. Je me suis faite belle, j'étrenne ma perruque blonde. Pascal et Evelyne ont été adopté immédiatement, et participent largement à la conversation.

La tête sur l'épaule de mon mec, je laisse aller mes yeux sur les membres de la tribu. Ma mère parle beaucoup. Elle m'enveloppe parfois d'un regard protecteur et semble fière de sa Sabine. Entre elle et André, ma sœur est vaguement triste, et je sais qu'elle préférerais avoir Yves à ses côtés. André préside, en quelque sorte, très à l'aise. Pour lui, son fils est stabilisé.

Michel rayonne. Fier de moi, de son père, de cette réunion. Je caresse du bout des doigts sa main posée sur mon épaule. Il ne me regarde même pas. Il est sûr de lui, sûr de notre couple. Je regarde notre reflet dans la porte vitrée du meuble qui nous fait face. Un reflet de couple normal …

Je dois faire un effort pour me dire que je suis en fille devant tous, que les garçons entrent dans la tribu, qu'Evelyne est belle, que Michel m'adore. Bref, que j'ai tout pour être heureuse. J'observe mon collant résille noir qui disparaît sous ma mini, à mi cuisses. Je l'ai mis pour faire plaisir à maman, qui tenait absolument à me voir avec. Ca m'a coûté un rasage soigné des jambes, mais je reconnais que ça valait le coup.

Evelyne revient des toilettes, et s'arrête à la porte du salon. Elle s'appuie contre le chambranle, et me regarde. Je lui fais un sourire. Elle est si jolie ! Elle m'observe quelques secondes, me fait un clin d'œil, puis va retrouver son garçon, me laissant seule avec mes questions.

Je suis au seuil de ma vie de fille. J'ai fait ce qu'il fallait pour m'y retrouver, je ne regrette rien. Je sais déjà que je ne pourrai plus m'en passer, parce que c'est trop agréable, d'être une fille quand un Michel est là pour l'aimer. Tout à l'heure, en me rasant les jambes, je pensais à l'effort que je faisais, à mon corps que je transformais à seule fin d'être une jolie fille. Ce matin en m'éveillant, j'ai regardé la chaise à côté de mon lit. Dessus, il y avait une robe et non un jean, des bas et un porte jarretelle et non des socquettes. La voix de ma mère me parvenait, confirmant que j'étais chez moi, dans ma chambre. Mon soutien gorge tombé à terre, juste à côté de mes talons hauts, me firent sourire.

J'éprouve à tout ça un immense plaisir, bien sûr, mais le plaisir des autres à me voir fille me fait peur, parce que celui-ci, je ne le maîtrise pas. Je sais que tous attendent de moi … quelque chose, à des niveaux différents. Michel, il ne mérite pas que je le déçoive. C'est à lui qu'ont été mes pensées, au réveil, alors que mon pénis déformait à la faire craquer ma petite culotte blanche que j'avais mise à même la peau pour dormir avec.

Une nuit, je le sais, Michel me pénétrera, et alors je deviendrai vraiment fille. Cette nuit, peut-être, va savoir ? Le brouhaha des conversations me berce, m'endors à moitié. Je me sens dériver, je ferme les yeux. J'essaie d'imaginer le pénis tendu de mon mec pénétrer entre mes fesses, et ça me fout une trouille monumentale.

Maman et Michou, si excitées quand elle jouent avec leur poupée, elles savent ce qui l'attend ? Elle savent que ce sera pour moi une étape qui marquera le point de non-retour ? Est-ce que je suis prête à franchir le pas ? En ai-je seulement envie ?

Guili-guili, font les doigts de mon mec dans mon cou. Il se tourne vers moi et me donne un de ces regards qui me donnent envie de pleurer de bonheur.

- T'es de son avis ? me demande-t-il.

Je prends conscience à la fois de la question, du silence ambiant et des regards braqués sur moi.

- Pardon, je … je n'écoutais pas. De l'avis de qui ?

- De mon père. Il pense que les garçons et nous, on s'aime plus que des couples normaux justement parce qu'on ne l'est pas.

- Il y a des chances, oui … Par besoin de se défendre contre les autres.

- Et aussi parce que vous êtes du même sexe et que vous savez exactement ce que ressens l'autre, ajoute André.

- C'est vrai aussi, et c'est pour ça que nos caresses sont si bonnes !

- Je me doute … sourit-il.

Oui, il se doute. De même qu'il se doute que son fils me prendra et que je me laisserai prendre. Je le lis dans le regard qu'il laisse sur moi , tendre et compréhensif. Je me tourne vers maman, et son regard est le même. Pour eux, il est normal que ça se passe ainsi. Il n'y a que moi pour en avoir peur.

Michel ne comprendra sûrement jamais pourquoi je l'enlace soudain et l'embrasse comme une folle. Je viens de décider de me conditionner pour l'avenir, et je commence tout de suite. Je me prouve que je l'aime, déjà, et la suite en sera facilitée.

Et puis dès mardi, à la danse, je demanderai discrètement à Dominique comment Evelyne a vécu sa première fois. A eux deux, ils finiront bien par me rassurer.

Rassure-moi aussi, s'il te plaît, ô lecteur complice …


Responsable du site : Lucie Sobek


Avis de lecteurs - note moyenne : 0
Merci de donner une petite note sur ce texte :
j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre