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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« », une petite histoire imaginée par sabine

1 le garçon fleur 2 Sabine tvq@femmes.net 27-10-2004, 15:59 par Sabine



Chapitre 2
Mes premiers pas (de doute)
Oh, que j'étais gêné … Elle me regardait de bas en haut, la prof, en souriant certes, mais avec un intérêt de garagiste achetant une voiture à un pigeon. Naturellement mal à l'aise avec les femmes, je me demandais où j'avais été me fourrer.

- Il lui faudra un certificat médical, récitait-elle, m'ignorant royalement en temps qu'individu.

Ma mère l'a suivie dans son bureau, et moi j'ai suivi ma mère. Elles se sont assises sur les deux seuls sièges disponibles. Debout comme un con, me dandinant bêtement, j'ai regardé un peu partout. Derrière moi, il y avait une photo, grande, format poster. La photo d'un ballet, je suppose. Avec, en gros plan, la danseuse et le danseur. Comme pris en faute, j'ai vite détourné mon regard de la photo. Un autre trouble venait de me sauter dessus, qui décidément restait dans le domaine des tenues : celle du danseur.

Il était moulé dans un collant blanc, ce qui est souvent le cas des danseurs de ballet. J'en avais déjà vu, sur des magasines, à l'occasion, mais jamais d'aussi près. Prude plus qu'il n'était permit, incapable de parler de sexe, paniqué dès qu'un tel sujet était évoqué devant moi, j'ai pris en pleine figure l'anatomie du danseur. La danseuse, honnêtement, je ne m'en souviens plus ! Le danseur, si.

Je me demandais comment on pouvait se montrer dans un tel accoutrement sans avoir honte ! Je ne savais pas qu'il était possible que dans un bureau occupé par une femme, il puisse y avoir une photo avec dessus un homme vêtu d'un collant si moulant qu'on avait l'impression que son sexe sortait de la photo ! Je me suis vite détourné, plus que gêné, ne comprenant pas ma mère d'accepter ça …

Et voilà le moment choisi par la prof pour s'occuper de moi sous la forme d'une question :

- Alors, tu veux faire de la danse rythmique, Bruno ?

Danse (rythmique on non), danseur comme sur la photo , la réaction des copains … Ainsi défilent les associations dans la petite tête d'un môme paniqué. J'ai pensé très fort aux tuniques mauves, puis aux justaucorps des garçons qui finalement n'étaient pas si mal dans leur discrétion relative.

- Oui, enfin … oui, que j'ai murmuré.

- Je m'appelle Monique, précisa la prof, comme si de cette information dépendait mon sort. Si j'étais sensé me reprendre et répondre oui Madame Monique, elle pouvait attendre ! J'avais trop de mal à avoir pu dire oui ! Elle aurait posé sa question autrement, par exemple tu veux venir avec nous ? que ça serait mieux passé. Mais de savoir que j'allais faire de la danse me plongeait dans le doute d'avoir fait un bon choix. Mais j'étais allé trop loin, j'avais déjà accepté, en somme, puisque j'étais là avec ma mère, et que j'avais donné plusieurs fois mon accord en famille.

J'en avais oublié le danseur derrière moi. La parole donnée, à cette époque, signifiait pour moi beaucoup plus qu'à présent. En fait, quoi qu'il se fut passé, je ne pouvais plus reculer. Je me suis accroché aux images des tuniques mauves, à mes souvenirs de salle de bains, et ça a été mieux.

- C'est bien, déclara Monique. Tu verras, il y a d'autre garçons. Tu seras dans mon cours, pas avec ta sœur. Elle, elle n'est plus débutante, tu comprends ?

- Oui, je comprends, affirmais-je, troublé de me rendre compte que j'allais me retrouver avec des inconnus. Car en fait, comme elle le devinait, je comptais bêtement être avec ma sœur, qui n'avait pas précisé une telle évidence.

- Vous ne serez pas beaucoup, cette année. Quinze filles et quatre garçons. Cinq avec toi, Bruno. Si tu veux, tu commenceras la semaine prochaine, le temps que ta mère te fasse ta tenue.

Voilà ce qu'il fallait dire ! A l'idée de ma tenue si proche de celle de ma sœur, officielle, familiale, le plaisir m'est revenu, le sourire aussi. Puis elle parlèrent de sous pour payer les cours, et d'autres trucs concernant les assurances. J'ai opéré un mouvement tournant et discret, le visage tourné vers la fenêtre, mais les yeux vers la photo. J'ai retrouvé le danseur, son collant et son sexe qui à présent me semblait incongru. Je n'avais qu'une très vague idée de l'évolution du sexe chez les garçons, et absolument aucune chez les filles. La forme entre les jambes du mec me laissait perplexe, et je détournais le regard.

Particulièrement coincé de ce point de vue, alors que les copains, taraudés par la puberté, abordaient de plus en plus souvent le sujet, moi je me défilais, paniqué, affolé. Mon ignorance confinait à l'imbécillité ! Ils parlaient parfois de filles et de garçons qui baisent, et j'en étais toujours à me demander si il s'agissait de s'embrasser ou de tout autre chose, en rapport avec ce que j'avais entre les jambes.

Ca te fait rire, hein, ô lecteur averti ? Pas moi, à cette époque !


O=O
- Tourne-toi, me demanda ma mère.

Debout sur mon tabouret, j'étrennais ma tenue de danse. J'avais grand mal à maîtriser mon tremblement. Il était pas mal, mon justaucorps mauve, avec ses élastiques pour le serrer sur mes cuisses. A mon grand plaisir, il était plus moulant que je ne supposais. Ma sœur assistait au spectacle, curieuse et rieuse, en tout cas ravie de me voir ainsi vêtu. Finalement, je m'étais imaginé des trucs, pour ne pas changer. Elle semblait trouver normal que je fasse de la danse avec elle.

- Ca te serre pas trop ?

- Oh non, ça va ! me précipitais-je, la voyant déjà agrandir le vêtement.

- Il est drôlement bien ! jugea ma sœur, et je me demandais si elle parlait de moi ou du justaucorps.

- Tu veux le garder un peu sur toi ? Tu me dira si ça va ou pas.

J'ai voulu. J'ai même voulu tout l'après-midi, ravi, ne pensant plus aux copains mais juste à mon plaisir. Dans la chambre, avec ma sœur, je lui ai demandé des détails sur les cours, comment ça se passait, su c'était difficile, et si Monique était sévère. Bref, tout ce que peut demander un garçon inquiet de l'inconnu. Elle me rassura, m'expliquant que ça n'était pas l'école, et que la première année serait facile.

- Tu les connais, les autres garçons ? me renseignais-je.

- J'en connais un. Toi aussi d'ailleurs. C'est Michel, ton copain de classe.

- Michel Fortier ?

- Oui. Il est venu s'inscrire avec son père. Il sera dans le même cours que toi.

Ca me fit plaisir. Michel était un très bon copain. A deux, j'aurai moins peur d'affronter les autres !


O=O

Mon premier cours se passa bien. Moulée de noir, Monique régnait sur ses ouailles et nous mit rapidement à l'aise. Une prise de contact plus qu'autre chose. Michel était là, cinq garçons en tout, comme prévu, et quinze filles. Le plaisir de ma tenue, à ma grande surprise, s'est trouvé décuplé d'être simplement portée en présence des autres, surtout des filles. Cette évidence fut immédiate. J'avais plaisir à être en garçon par simple plaisir de le montrer à des filles … A mesure que l'année avançait, je prenais un autre plaisir : celui de l'exercice physique. Mon sens du rythme aidant, je n'ai guère eu de difficulté à bouger en cadence, et je suis vite devenu le meilleur garçon du cours.

Le nom officiel était Gymnastique Rythmique et Sportive. Nous ne faisions donc pas de danse, mais de la gym. Etre le meilleur du cours n'avait guère de signification à une échelle simplement locale ! N'empêche, j'étais fier que Monique me donne en exemple aux autres, filles comprises. Les exercices étaient les mêmes pour tous, tant que nous restions à ce stade primaire.

Par besoin d'être le meilleur, j'apprenais vite. Deux des garçons disparurent en cours d'année, ainsi que cinq filles. Michel était heureusement resté, parce que je n'avais pu éviter les moqueries des copains. Unis par la danse autant que par l'adversité, nous étions devenus des amis. Lui aussi était bon, lui aussi luttait à sa manière contre les ha les filles, ils dansent comme des filles, ils sont habillés comme des filles … La nette préférence du prof de gym de l'école pour Michel et moi nous procura de petites satisfactions vengeresses, et de fait, physiquement, nous étions nettement meilleurs.

Même à ce petit niveau, nous y mettions tout notre cœur. Monique, sympa finalement, nous avait à la bonne. Elle trouvait sincèrement que nous étions doués, et nous le disait volontiers ainsi qu'à nos parents. Et avec ça, en prime, le plaisir jamais diminué de cette tenue mauve qu'à présent j'adorais.


O=O

Le temps passa vite. Vînt le spectacle de fin d'année, auquel cette fois je participais. Rien à dire sur les chorégraphies simpliste, non-plus que sur l'excitation normale d'être en vedette. Alors que j'évoluais sur la piste du gymnase, je ne pouvais m'empêcher de penser que peut-être, dans le public, était un garçon qui me regardait avec envie. J'étais heureux de montrer comme j'avais bien appris, et plus heureux encore d'exhiber ma tenue aux copains moqueurs, dont certains se trouvaient là.

Ma mère était contente de sa progéniture. A la fin du spectacle, elle vînt nous retrouver ma sœur et moi, devant les vestiaires, et retarda exprès le moment de se changer à seule fin de montrer aux autres, fièrement, ses enfants si doués et si beaux. Ses yeux disaient vous avez vu ? Ils sont à moi, ils étaient sur scène, tous les deux.

J'ai quant à moi adoré ce moment, ravi de me montrer dans mon justaucorps mauve ailleurs que sur la scène, en un lieu non prévu. Puis deux copains d'un coup sont apparus soudain, avec leurs parents, deux des plus moqueurs, des plus constants dans leurs railleries. J'ai cherché Michel des yeux, par réflexe, par besoin de le sentir avec moi. Et par trouille aussi, je l'avoue. Mais Michel était déjà en train de se changer. J'ai dû affronter seul les regards des copains. Si l'un n'a pas insisté, l'autre est carrément venu à moi.

- Tiens, salut. Alors, ça va, la fille ? m'a-t-il demandé, me fixant dans les yeux. - T'es drôlement belle, dis donc, en fille !

J'ai haussé les épaules, j'ai détourné mon regard, étonné de n'être pas vexé. Le copain m'avait dit que j'étais belle, et moquerie ou pas, j'en ai éprouvé du plaisir. Puis il est parti, me laissant essayer de comprendre d'où pouvait bien venir le plaisir d'être belle … Ce qui m'a finalement le plus surpris, à cet instant fut de ne jamais avoir ressenti cela, alors que les moqueries fusaient à longueur d'année.


O=O

La deuxième année de cours nous vit commencer des mouvements d'ensemble, avec pour les filles des accessoires du genre cerceaux et bâtons avec un long ruban. Les garçons ne participaient à des exercices d'ensemble qu'avec les ballons, forme hautement prémonitoire, comme tu le verras plus tard, ô lecteur fidèle. Nous avons donc commencé à apprendre à manipuler le ballon, et l'exercice purement physique se doubla d'une notion d'élégance, de grâce dans les mouvements.

Les filles apprenaient cela plus vite que nous, je le reconnais. Nous avons dû, les garçons, faire beaucoup d'efforts pour acquérir cette grâce naturellement féminine. Je pense que l'autre garçon, Dominique, peu motivé, placé là par des parents stupides, ne résista pas à cette épreuve. Lui, malgré son apparence fragile et un peu efféminée, il aurait préféré faire partie du club de foot … Parfois, il nous en parlait tristement, mais il manquait trop de personnalité pour imposer ses vues à ses parents.

Le spectacle de fin d'année approchant, Monique nous fit répéter, outre les ensembles habituels, une sorte de petit ballet, entre filles et garçons, où les mouvements de gym pure se mêlaient avec d'autres demandant des qualités d'élégance et de rythme plus poussés. Elle tenta de sélectionner les meilleurs, puis abandonna devant le peu de résultat, nous disant que ce serait pour l'année prochaine.


O=O

A quize ans, Michel et moi nous retrouvions seuls garçons du cours, Dominique ayant fini par faire valoir ses vues, je pense. Les relations avec les copains d'école s'étaient assainies, les railleries se faisaient plus rares, mais aussi plus féroces, nous isolant un peu du reste de la classe. Seul, je n'aurais pas tenu. Michel et moi ne nous quittions plus. On se racontait nos secrets, nos plaisirs, nos envies, sans jamais aborder les sujets du sexe, par réflexe, pour ne pas faire comme les autres. Tant qu'à être isolés, on se fabriquait notre univers à nous !

Au vestiaire des garçons, on se changeait sans commentaire, côté à côte, évitant de regarder trop franchement l'autre nu. Ca n'était pas une gêne, mais bien une retenue pudique. Nul plaisir, ni déplaisir, à nous regarder nus. Chacun s'efforçait au naturel … Nous portions toujours nos justaucorps mauves, bien que pour Michel et moi c'étaient les troisièmes, croissance oblige. Et ça n'était qu'une fois en tenue que les hésitations à nous regarder disparaissaient, laissant place au plaisir de nous contempler l'un l'autre. Et de bien nous aimer comme ça !

La troisième année de cours vit arriver Sylvie, notre nouveau prof. Son premier soin fut de nous réunir et de nous demander qui voulait suivre, en plus des cours de gym, de vrais cours de danse. Réponse à donner deux jours après, au cours suivant.

J'en ai parlé à ma mère. Elle n'a rien dit qui puisse décider pour moi, au contraire. Elle m'a demandé si ça me plairait, si je me sentais capable de suivre.

- Tu en as vraiment envie, Bruno ?

- Oui, je crois. Michel aussi, alors …

Elle me regarda, me sourit, me demanda :

- Tu l'aimes bien, hein, Michel ?

Allons bon. Quel rapport ? Pourquoi une question aussi directe, avec un regard aussi attentif ?

- Ben oui ! C'est mon ami !

- Je sais, je sais. Tu n'as que lui, comme ami ? Tu as des copines, aussi ?

Elle aurait sans doute voulu rester naturelle, mais c'était impossible. Jamais encore elle ne m'avait parlé d'éventuelles copines. Ni d'ailleurs de quoi que ce soit concernant les filles. J'ai baissé la tête, comme toujours, ne sachant pas trop quoi répondre.

- Oui, les copines de cours.

- Tu les aimes bien ? Il y en a une que tu préfères ?

- Ben non, pas spécialement … Pourquoi tu me demandes ça ? Elles sont toutes gentilles, quoi. On travaille bien, on s'entend bien.

- Bien sûr, je sais. Mais en dehors des cours, tu les vois ? Vous discutez ensemble, les filles et toi ?

- Non, pas trop, tu sais bien que je rentre tout de suite !

- Oui, je sais. Avec Michel.

- Ben oui, il habite à cent mètres !

- Nicole aussi. Et Nathalie, elle est dans le même bâtiment !

- Oui, elles partent ensemble, justement.

- Pourquoi vous ne les accompagnez pas, alors ?

Ca commençait à me foutre la trouille. Je me sentais nerveux, gêné, certain de ne pas donner les réponses qui font plaisir. Ma mère s'inquiétant de mes éventuelles amitiés féminines, voilà une grande première. Je n'avais nul besoin d'amitié féminine, moi. Celle de Michel me suffisait. Elle ne le comprenait pas un truc aussi simple ?

- Non. On … n'en a pas envie.

- Tu devrais faire mieux connaissance avec elles, Bruno.

A mon soulagement, elle n'insista pas. Elle me fit un sourire.

- Alors, les cours de danse ? Tu veux ?

- Ben ouais !

Elle m'ébouriffa les cheveux.

- D'accord. Je verrai avec Sylvie comment ça se passe.

Et avec ce qui me restait d'insouciance enfantine, j'oubliais vite la conversation et le trouble qu'elle avait provoqué.


O=O
A la fin du cours suivant, Sylvie nous a réunis afin d'avoir nos réponses pour les cours de danse.
- Alors ? Vous en avez parlé à vos parents ? Qui est intéressé ?

- Moi ! avons nous répondu exactement ensemble, Michel et moi. Plus discrètes, quatre des filles levèrent la main. Dont Nathalie et Nicole.

- D'accord, a sourit Sylvie. Quatre filles pour deux garçons, c'est mieux que la proportion habituelle ! Vous serez en tout … voyons … douze filles et quatre garçons. Vous direz à vos parents qu'ils viennent me voir avant samedi. D'accord ? Allez, fin du cours ! Vous pouvez aller vous changer.

Elle nous laissa sur un dernier sourire. Michel et moi nous sommes retrouvés avec Nathalie et Nicole, les autres ayant filé au vestiaire. Avec elles, on a discuté un moment, supputant ce que seraient ces cours. On se connaissait bien, depuis le temps, et j'ai eu soudain envie que ma mère me voie deviser avec elles, histoire de la rassurer. Elle semblait tellement y tenir !

Car si Michel et moi ne trouvions pas indispensable de les raccompagner, on s'entendait quand-même très bien ! Et même, j'avoue que j'avais une certaine … sympathie pour Nathalie. Floue, imprécise, mais nette. J'avais mes bases très personnelles pour juger de ce genre de chose. Concernant Nathalie, c'était la seule qui, quand elle enveloppait mon corps d'un regard de haut en bas, ma laissait plutôt du plaisir que de la gêne. Son visage me semblait exprimer une sorte de contentement à me regarder, bien que je me sois souvent posé la question de savoir ce qui, de ma tenue ou de mon corps, l'intéressait le plus. Peut-être qu'elle en faisait un tout, un ensemble, contrairement à moi pour qui mon justaucorps gardait ce côté magique de la salle de bains.


O=O
Le vendredi, on a juste regardé. Sylvie nous a emmené assister aux cours de danse. Huit filles et deux garçons attendaient sagement l'arrivés de leur prof, dans une salle plus petite, à l'opposé de la nôtre.
- Asseyez-vous là, et regardez. Faites vous une idée, on verra après si ça vous plaît toujours.

On s'est assis sagement, en silence, sous les regards des anciens d'une année. Plus de tenue mauve et brillante. Plus de justaucorps ni de tunique. Ils étaient tous en collant, comme Sylvie et comme Monique. Cette tenue, sur les filles, me semblait naturelle. Toutes les profs la portaient, et j'avais souvent vu ma sœur avec. D'où j'étais, j'ai eu d'abord du mal à distinguer les deux garçons. Hors mises quelques différences de couleur, les tenues étaient exactement les mêmes. Puis ils se sont séparés, et j'ai pu mieux voir.

Assis côte à côte Michel et moi, on s'est regardé, la même chose en tête. Plus dégourdi que moi, plus instinctif et moins penseur, il m'a tout de suite soufflé :

- Si ils nous voient en collant, on va pas s'en remettre …

Notre première pensée fut pour notre réputation à l'école, donc. Déjà que ça ne s'arrangeait pas, notre forte amitié avec Michel nous ayant fait récemment donner le surnom de pédés. Ils employaient ce qualificatif sans le comprendre plus que nous. On savait tous qu'il avait quelque rapport avec notre amitié, et qu'il la tournait en dérision. Mais ça voulait surtout stigmatiser nos tenues et notre pratique d'une chose plus féminine que masculine.

Dans nos esprits, nous traiter de filles ou de pédés revenait quasiment au même. Lorsqu'un prof, un jour, s'est fâché contre un copain qui employait ce mot, allant jusqu'à le punir sévèrement, on a eu des doutes, Michel et moi. On s'est dit que probablement quelque chose nous échappait, mais on n'a pas poussé plus loin. Et puis bon, il n'y avait que deux imbéciles, dans notre classe. Deux copains finalement aussi inséparables que nous, liés par leur remarquable aptitude à ne rien foutre et à stagner aux dernières places. Le problème, c'est qu'ils étaient drôlement costauds, d'où notre passivité aux injures, notre prudence à ne pas répondre.

Avec le recul, je me rends compte que notre justaucorps de garçonnet était beaucoup plus apte qu'un collant à attirer les railleries. Nous faire porter ça jusqu'à quinze ans me semble à présent d'une stupidité totale. Nous n'avions pas cette notion du ridicule, à l'époque. Nos justaucorps étaient nos uniformes, en quelque sorte, notre acceptation de faire partie d'un groupe, et nous n'avions nullement à le critiquer.

- T'as raison …

Rien d'autre à dire. On verrait bien. Quant à moi, la photo du danseur me revenait en tête. Les collants noirs des garçons étouffaient la lumière et adoucissait leurs formes, ce qui m'a rassuré. Il n'y avait guère que de profil que leur sexe devenait bien visible. La confusion de mes pensées n'en était pas moins grande, à voir garçons et filles en collant. Malgré moi, j'ai jeté un œil vers Nathalie, histoire de voir ce qu'elle regardait, mais il m'a fallu attendre un moment où les garçons se sont approchés à quelques mètres de nous pour avoir une certitude : Nathalie et sa copine fixaient souvent l'entrejambe des garçons, de même que Michel.

J'ai eu grand mal à oublier les tenues. Mais j'ai fini par y parvenir, me consacrant à observer quels seraient les efforts physiques à venir. Une chose sautait aux yeux : la souplesse semblait beaucoup plus présente, ainsi que la grâce des mouvements. Et quand Sylvie les a alignés à la barre, quand tous ont exécuté les mêmes mouvement d'assouplissements des jambes, et surtout des bras, qui seraient bientôt notre lot, j'ai compris ce qui différenciait la gym de la danse.

L'application que tous mettaient à bien travailler me donna envie de devenir aussi bon. Un regard vers Michel m'apprit qu'il pensait de même. Leur façon des garçons de bouger les bras me fit frémir. Ces gestes amples et gracieux, coulés, et surtout nettement féminins, me donna une certitude, une de plus. J'avais envie de leur ressembler, parce qu'au fond de moi j'avais envie de me sentir femelle.





Chapitre 3
Ça se précise
La ville paya une partie de notre équipement. Ma mère, qui lisait la liste que je lui avais remise, le remarqua.

- Ca va quand-même faire plus cher que ton justaucorps ! Et je suis obligée d'acheter, cette fois !

- Je le mettrai plus, de toute façon.
- Quoi donc ? Ton justaucorps ?
- Oui. Enfin, plus celui là.
Ma sœur nous écoutait, ce qui me gêna bizarrement.
- Plus du tout ? Et vous serez comment, alors ?
- En collant. Et aussi en justaucorps, mais pas le même.
Elle me regarda en souriant.

- Comme les vrais danseurs, alors … Ca te plaît ?
- Ben … De toute façon, on n'a pas le choix !
Elle redevînt sérieuse.
- Si ça ne te plaît pas, il faut le dire, Bruno. Si tu ne veux plus, il faut le dire maintenant.

Elle posa sa main sur la mienne, me la caressa un moment sans cesser de m'observer. J'ai fini par baisser les yeux, comme toujours.

- Si, ça me plaît … Je veux toujours faire de la danse. C'est juste la tenue, quoi.
- La tenue ... Le collant, surtout. Ca te fait peur ?
- Oui. On voit … trop de choses, quoi.
- Et tu ne veux pas montrer trop de choses ?
- Il y a les filles …
Elle soupira.
- Ecoute, Bruno, tu as bientôt seize ans. Tu ne nous parles jamais de rien, tu n'as pas de copines, tu n'es jamais avec les filles, tu finis par avoir peur d'elles. A ton âge, normalement, tu devrais … Ton seul vrai ami, c'est Michel. Je ne te le reproche pas, mais tu devrais chercher à mieux connaître … quelqu'un d'autre, non ?

- Une fille, tu veux dire ? demanda ma sœur, à ma grande surprise.
- Oui, une fille, reconnu ma mère, se tournant vers elle.
- Il n'est pas attiré par les filles, maman. On le sait tous, maintenant.
Je n'étais pas au bout de mes surprises. Ma sœur , ma grande sœur Michou se leva et vînt s'asseoir près de moi. Je ne voulais plus qu'elle se barre. Elle m'apportait spontanément une aide salvatrice. Je commençais à perdre pied, moi, avec des questions aussi précises.

- Dis-le, Bruno, que les filles ne t'attirent pas. N'ai pas peur. Faudra bien que tu l'admettes clairement un jour, non ? Tu peux pas continuer à ne rien dire, elle a raison, maman. Tu as juste à confirmer ce qu'on sait déjà, elle et moi.

Les larmes aux yeux, je me suis décidé.
- Je ne suis pas attiré par les filles … Voilà, je vous l'ai dit.
Et Michou me fit une grosse bise, m'entourant par le cou, me serrant sur elle.
- Ca va mieux, hein ? me souffla-t-elle.

J'ai regardé ma mère avec au ventre une énorme trouille d'y lire la déception, voire le rejet. Je n'ai rien lu de tel. Juste son sourire, à elle aussi. Son sourire franc, sincère, un poil moqueur. Si elle était déçue de son fils, elle le cachait bien.

- Je te jure que ça n'était pas préparé ! Finalement, c'est mieux que tu nous l'ai dit. Et surtout, arrête de pleurer.

- Je pleure pas, assurais-je d'une voix rauque, juste avant d'éclater en sanglots. Réprimant mon envie de fuir, je me suis laissé aller. Combien d'années que je n'avais pas pleuré ainsi ? Ô, lecteur anonyme, à quand remontent tes derniers vrais sanglots ?

Je me suis vite repris. Ma gorge me faisait un mal de chien alors qu'à l'opposé, l'impression qu'un étau venait de s'ouvrir, me plongeait dans un bonheur rarement vécu. J'ai bien reniflé, bien essuyé mes larmes, puis j'ai pu affronter les regards. Un sourire me vînt spontanément, sûrement un des plus sincères que j'ai jamais eu.

- Vous m'en voulez pas ? Je … n'y peux rien, vous savez …
- Personne ne t'en veux, Bruno. On t'aime comme tu es, tu comprends ?

- Oui. Et … merci.

Cette fois, j'ai craqué. Une autre vague m'a pris en traître, et je me suis barré dans ma chambre pleurer tout mon saoul. Un bon quart d'heure, quand-même ! Je ne suis revenu que lorsque mes nerfs ont repris leur tension habituelle. J'étais bien, heureux, j'avais envie de parler, parler encore, bien m'expliquer, bien me justifier. Je voulais mériter l'amour de ma mère et de ma sœur, tout simplement.

Je les ai retrouvées penchées sur un catalogue venant de chez Repetto, appartenant à ma sœur. Repetto, un fabricant connu de vêtements de danse. Il était ouvert à la page collants hommes.

Je repris ma place, à côté de Michou. Elle passa un bras à mon cou, me fit un sourire, puis regarda la doc.
- T'as le choix, dit-elle. Je ne savais même pas qu'il y avait autant de collants pour les garçons !
Elle feuilletait le catalogue, revenait en arrière, semblait vouloir l'apprendre par cœur. Ma mère suivait, attentive. Elle me déclara :
- Bruno, franchement, est-ce que ça te gênera vraiment ?
- Oui, je crois. Le temps de m'y habituer, je suppose.
- Vous serez tous habillés pareils, tu t'y feras vite !
- Oui, sûrement, maman. Je m'y ferai vite. Je veux faire de la danse, donc je serai en collant.

- Ca aurait été dommage … murmura Michou avec un sourire canaille. Même si t'aimes pas les filles, ça les empêche pas d'aimer les garçons, elles !

Ma sœur, ma grande sœur, elle avait dix huit ans. Elle était normalement attirée par les garçons, elle. Je n'acceptais cette évidence que là, à cet instant. Elle comprenait son petit frère. Elle acceptait mon manque, mon raté, ma tare. Elle et ma mère savaient que leur Bruno était homosexuel. Pas lui. Pas moi. Pour l'heure, ce que j'avais enfin accepté n'était rien d'autre que le manque d'attirance pour les filles, pas plus. Je n'avais pas encore fait le rapprochement (le mot est très exact) entre ce manque et mon amitié poussée pour Michel.

Michel mon ami, Michelle ma sœur. Même prénom. Un signe, peut-être ? Elle regardait la photo d'un collant gris clair qui moulait le corps d'un beau mec. Même position que le danseur de la photo, quasiment. Même entrejambe bien ballonné. Et de plus près, encore ! Je distinguais sous le collant la marque d'un slip au niveau de la taille.

Collant homme épais, coupé cousu, disait le texte, précisant aussi la matière, dont je ne me souvient plus. Se reporter à la dernière page pour les tailles.

- Il te plaît, celui-là ? me demandé Michou.
- C'est des noirs, qu'on doit avoir, bafouillais-je bêtement.
- Bon, ben le même en noir, alors. Tu seras canon, en collant , mon Bruno !
- N'en rajoute pas trop, intervînt ma mère, un peu inquiète.
Et c'est moi qui ai eu besoin de défendre Michou.
- Elle a raison, maman. C'est moi qui suis con ! Il va falloir que j'accepte d'avoir un … petit ballon entre les jambes, hein Michou ?
Bon Dieu, que ça fait du bien ! Que ça soulage ! Que c'est bon, finalement !
- T'as pas trop le choix ! C'est fait comme ça, un garçon !
- Oui … Je me demande comment je vais réagir.
- Je parie que tu seras le plus beau de tous, Bruno. Tu sais quoi ? Essaie d'être fier de ton corps. Puisque tu ne pourras pas le cacher, alors montre-le à son avantage.
- Il est comme il est, mon corps. Je ne peux rien faire de spécial.

- Habille-le bien, ce sera déjà ça. Choisi un collant le plus moulant possible. Tends-le bien, qu'il ne fasse pas de pli. Que ça soit joli à regarder. Tu comprends ? T'es beau, petit frère, alors montre-le. Un jour, je te raconterai ce que nous, les filles, on se raconte de vous …

- On verra ça demain, décida ma mère.

Il valait mieux. Je n'étais pas prêt à comprendre ce que me disait ma sœur. Trop rapide pour moi, trop tôt surtout. Mais la secousse éprouvée me fût bénéfique. De ce jour, je me sentis bien plus à l'aise devant les filles, parce que je ne cherchais plus à cacher quoi que ce soit. Je dormis bien, la nuit qui suivit. Je me sentais protégé, compris. Ma grande sœur Michou grimpa dans mon estime à un niveau tel que j'en eus les yeux humides. Ma mère, elle, à ce niveau, elle y était depuis longtemps.

Ma dernière pensée avant le sommeil fut la résolution de raconter à ma sœur mes émois à revêtir sa tunique mauve et brillante. Elle méritait bien ça ! Seul, Michel savait en partie mes délires de la salle de bains. Ca n'est pas le genre de truc qu'on avoue à n'importe qui.





Chapitre 4
Ca s'organise

Quasiment, ma vie affective commence ici. A cette date où ma mère a invité Michel et son père chez nous, n'y tenant plus de mieux connaître mon ami. Mes souvenirs sont plus précis, comme si mon aveu de ne pas aimer les filles avait déclenché ma vie d'adulte, voire ma vie tout court. J'ai pris conscience des autres, des filles surtout, et sans les comprendre, je les acceptais enfin. J'ai pris conscience de Michel, aussi …

A l'inverse de moi, il n'a plus de mère. Son père, très sympa, a accepté sans discuter les envies de son fils pour la gym d'abord, puis pour la danse ensuite. De la part d'un homme, ça n'était pas forcément gagné. Quand il fut certain que Michel en avait vraiment envie, il donna son accord, exigeant en retour tout le sérieux possible dans cette entreprise.

Nous sommes dans ma chambre, laissant les adultes parler entre eux. Je raconte à Michel ce qui s'est passé avec ma sœur et ma mère. Sans entrer dans les détails, j'en viens aux efforts de ma mère pour savoir comment je vis les filles.

- C'est vrai que je ne dis jamais rien, alors forcément, elle se pose des questions. Il te demande, toi, ton père ?

- Oui, souvent. Il sait que je suis comme toi

- C'est vrai. On n'en a jamais vraiment parlé, toi et moi, mais c'est vrai … Les filles, t'aime pas trop non-plus, hein ?

- Comme tu dis ! me répond-il avec un grand sourire. Et si on n'en a jamais parlé, c'est peut-être qu'on en était pas très sûrs ? Ou qu'on osait pas ?

- Alors on ose ! J'aime pas les filles, Michel. Et j'en suis sûr.

- D'accord, on ose ! J'aime pas les filles, Bruno. Et j'en suis sûr aussi. Et mon père aussi.

- Tu lui as dit ça … facilement ?

- Très facilement ! Je n'ai eu qu'à répondre aux questions ! Tu sais, mon père, c'est comme mon copain. J'ai que lui, alors quand vraiment j'ai besoin de parler, ben …

Je reste rêveur. Un père m'a toujours manqué, malgré les efforts de ma mère et ma sœur pour combler ce vide. Un père-copain m'aurait comblé.

- Il a jamais cherché à te … déclencher ? A te faire connaître des filles ?

- Si. Oh si ! A sa manière. Sans me forcer. Il a vite abandonné.

- Il a dit quoi ? Il a été déçu, hein ? Moi, ma mère, je sais qu'elle est déçue, mais j'y peux rien.

Michel me lance un regard prolongé, et je réalise qu'il a des yeux gris métal, très beaux. Je le connais depuis des années, et je n'avais jamais fait attention à la couleur de ses yeux. Son long regard me gêne, alors que je me demande si il y a une raison précise pour que la couleur des yeux de mon copain m'importent soudain aujourd'hui. Je me demande aussi si il a remarqué que les miens sont bleus délavés, et virent au bleu-gris sous le coup d'une émotion.

- Tu veux vraiment parler de ça maintenant ?

- Pas si ça te dérange, en tout cas, reculé-je, un peu vexé. - Je me disais que tu pouvais me parler à moi aussi, parce qu'on se connaît bien, et qu'on est amis.

Il a du sentir ma petite vexation, car il a tout de suite cédé.

- Ca me dérange pas. Ca me surprend, mais ça me dérange pas. Après tout, t'es mon seul vrai copain, hein. On va se voir de plus en plus, avec la danse et le lycée, c'est pas le moment de se faire des secrets ! Alors bon, mon père, oui, il a été déçu. Et il l'est toujours.

Il laisse un blanc, puis ajoute:

- Et ta mère aussi, Bruno, elle est déçue, et bien plus que tu le crois. Bien plus.

Comme je le regarde, surpris, il ajoute en baissant les yeux :

- C'est jamais drôle de s'apercevoir qu'on a des fils homos, tu sais.

Je reste comme un con à regarder ses cheveux blonds. Il semble réfléchir. Regretter, peut-être ? En tout cas, il y est allé carrément. Dans ma poitrine, quelque chose se rétracte. Michel vient de me dire qu'on est homos. Lui et moi, on est homos … Je ne veux pas le savoir, moi ! Pas encore, en tout cas ! J'ai toujours pensé à cette possibilité, mais de là à … Lui, bon, mais moi ?

- Pourquoi tu dis ça ?

C'est moi qui ai parlé. C'est ma question que déjà je la regrette, tant elle est stupide et hypocrite. Je suis con, ou quoi ? Mon copain relève la tête.

- Si tu veux qu'on parle, faut pas avoir peur des mots. J'ai déjà essayé d'en parler avec toi, mais tu ne t'en es même pas aperçu ! Tu te fermes tout de suite. Alors si tu veux vraiment parler, joue pas les hypocrites. Je suis homo, Bruno. On le sais tous les deux. T'es pas homo, toi ? Tu te sens pas homo, vraiment ?

Il en rajoute. Il prononce le mot comme à plaisir, il me l'assène, me l'impose. Sacré Michel … Il me faudra du temps pour l'admettre vraiment, mais mon ami m'a fait franchir en quelques secondes ce qui m'aurait pris des années, peut-être. Je viens de devenir adulte, même si je ne le sais pas encore. Il me faut une grande sœur qui m'oblige à admettre que les filles m'indiffèrent, puis un ami pour m'ouvrir les yeux plus grand encore. Tous deux ont raison. Tous deux sont bien plus mature que moi. Je me sens soudain ridicule. Je tente de m'accrocher à quelque chose. Quand-même, quoi, à seize ans, on peut déjà être sûr … ?

- Je sais pas, moi. J'aime pas les filles, c'est sûr, mais … je sais pas !

Etre homo, pour moi, c'est surtout donner raison aux copains qui nous traitent de fille. Il me faut un effort intellectuel pour chasser les images infantiles évoquées par les copains et penser qu'être homo ne veut rien dire d'autre qu'aimer son propre genre. Je me réfugie souvent dans les mots …

- D'accord, tu sais pas, ou tu veux pas savoir, plutôt. C'est pas grave. On aura le temps d'en reparler, t'inquiète !

Il vient de prendre sur moi un ascendant qui ira croissant. Je ne le connaissais pas ainsi, moi, Michel. Il a raison, j'ai peur des mots, du moins de la signification que les autres leur donnent … J'ai peur des homo, surtout.

- Ecoute, Michel, je dis pas que …

- J'écoute rien du tout, animal ! Plus tard, si tu veux. Bon, tu me le montres, ton collant ?

Il sourit de nouveau. Ravi de changer de conversation, je joue les hypocrites une fois encore.

- Maintenant ?

- Ben oui, t'en meures d'envie ! Tu préfères parler de ça que d'autre chose, non ?

J'accepte d'un sourire. Michel marque un point, mais me donne l'occasion de céder facilement. Merci mon copain … J'exhibe alors un collant noir et un petit slip comme un string, qui n'attendaient que ça dans leur tiroir. La secousse qu'il m'a filée s'estompe déjà. Je me dis en lui tendant le collant que je n'ai pas à cet instant les préoccupations des garçons de mon âge … Ni lui … Puis je pense que merde, hein, c'est comme ça, je me suis assez pris la tête. Il prend le vêtement, l'examine.

- C'est d'une seule pièce ? Je croyais qu'on aurait autre chose pour le haut, comme les autres ?

- Tu fais comme tu veux. Michou a demandé à Sylvie, elle a dit qu'on pouvait prendre des académiques si on voulait, au lieu d'un collant et d'un justaucorps séparés.

- C'est ça, un académique ?

- Ouais. D'une seule pièce. Ca te plaît pas ?

- Oh si ! C'est marrant. Je demanderai à mon père si je peux prendre le même. T'es sûr que tu vas rentrer là dedans ? se marre-t-il en élevant le collant, qui est loin de faire ma hauteur. En effet si on oublie sa facilité à s'étirer, ça semble bien juste.

- Je me suis dit pareil. Je croyais qu'il serait pas à ma taille, mais si.

- Ben fait voir !

- Attend. Avant, il fait mettre la gaine.

La tenue complète, en effet, comporte une gaine, sorte de string très élastique à taille large, qui ne se voit presque pas sous le collant. La partie arrière passe entre les fesses, comme un string. Je me mets nu, Michel m'observe, me tends la gaine.

- Un académique, une gaine … T'as étudié la question, on dirait.

- C'est dans le catalogue de ma sœur. Je te le passerai, tu verras.

J'enfile la gaine sous le regard attentif de Michel.

- Une gaine, ça fait penser aux gaines des filles. Ca, c'est plutôt un slip ! Ca a l'air de drôlement te serrer, non ? demande-t-il en observant mon bassin. - Ca te gêne pas, le tissu entre les fesses ?

- Un peu au début, puis on le sent plus. On est vachement bien avec.

- Tu peux pas bander, hein, avec un truc aussi serré ?

Il me revient à l'esprit qu'il y a quelques mois, Michel m'avait confié sa première érection. A son réveil, il bandait vraiment fort, et son slip gluant de sperme lui apprit qu'il était devenu un mâle en état de marche. Toujours aussi con, je n'avais pas trop commenté, me contentant de répondre à son et toi, tu bandes ? que oui, tous les matins, moi aussi.

Peur des mots, il avait raison. Peur du sexe, peur du corps. Mon slip, aussi gluant que le sien, j'avais été il y a presque un an le laver de mon mieux avant de le mettre avec le linge sale, terrorisé à l'idée que ma mère s'aperçoive que j'avais joui dedans. Il ne m'était pas venu à l'esprit que c'était là chose normale, encore moins que ma mère, finalement, puisse tirer de la fierté d'avoir un fils en excellent état physique.

- Je crois pas … que j'ai juste répondu en regardant ailleurs.

Je résiste à la tentation de me tourner, j'ajuste pénis et testicules dans la gaine. Sur le tissu noir, le sperme, ça doit drôlement se voir, pensé-je alors curieusement. Ma mère l'a-t-elle remarqué, le sperme sur mes slips blancs ? Je pense que oui. Je lui en ai taché trois de suite, en trois nuits. Puis ça s'est arrêté, à mon grand soulagement. Je bande toujours très fort le matin, mais je ne jouis plus la nuit. Ouf … Et merde, je n'arrive pas à placer correctement mon service trois pièces dans cette gaine trop neuve et trop tendue ! C'est pas le moment !

- Faudra la rôder, ta gaine … Tu veux un coup de main ?

Je me marre malgré moi, tant sa proposition m'amuse et me surprend. Il a su voir le côté marrant où je n'ai vu que gêne stupide. On se connaît bien assez pour qu'une plaisanterie de cet ordre puisse exister ! On s'est vus nus des dizaines de fois, au vestiaire du gymnase. On s'est tant observé enfilant nos justaucorps, puis les retirant, et je ne me souviens pas en avoir eu quelque gêne. Pourquoi maintenant, dans ces conditions ? Parce qu'on devient grand et qu'on bande ? Michel pourrait-il réellement venir me … donner un coup de main ?

- Non, ça ira, merci, assuré-je avec un sourire un peu forcé.

- Comme tu veux, dit-il en se calant le dos sur le mur et en se marrant. Je finis par ranger tout ça correctement, imaginant les mains de Michel à la place des miennes, frémissant soudain à cette idée. Puis la gaine se place enfin, plaque pénis et testicules entre mes cuisses. Me voilà à l'abri !

J'enfile ensuite l'académique, retrouvant avec plaisir le contact du tissu moulant et chaud sur le corps. Après quelques dandinements pour le placer lui aussi, je tente d'attraper la fermeture à glissière qui se trouve à la base des fesses. Pas facile de la remonter seul. Je le sais, j'ai essayé la veille, et c'est ma mère qui l'a fait pour moi.

- T'es sûr que tu veux pas un coup de main ?

- Là, je veux bien !

Je me présente de dos à mon copain, qui saisit la languette de métal et la remonte lentement, faisant ainsi se plaquer le vêtement sur mon torse. L'académique est un ras-du-cou, comme dit le catalogue. Je fais quelques mouvements d'épaule, le collant prend sa place. Je devrais m'éloigner de Michel, à présent. Il a fini, il m'a aidé, mon collant est bien mit. Pourtant, je vis mes premières secondes d'homo. Et je le sais. Et je n'en ai même pas honte. Elle seront simplistes, mes premières secondes : juste que je suis resté en collant noir devant Michel avec en tête une invraisemblable envie que ses mains me touchent.

Il ne m'a pas touché. Il ne s'est pas reculé non-plus. Je ne serai pas assez fort pour affronter son regard, et je préfère me dégonfler et me dandiner encore un coup pour justifier mon attente. Mes premières secondes d'homo sont écoulées. Elle resteront gravées.

Je m'éloigne de lui, je me fais un visage normal, puis je me retourne. Il me regarde, simplement, sans marquer quelque surprise, ou quelque regret. Et moi, le comble, à cet instant, ô lecteur fasciné, je lui en veux de ne pas avoir osé …

- Alors ? Qu'est-ce que t'en penses ? Je suis un beau danseur ?

Ca a été dur à sortir avec naturel, mais je ne m'en tire pas trop mal. Il me détaille de haut en bas, puis se déplace de côté pour me voir de profil. Il revient devant moi, me sourit, et baisse les yeux sur mon entrejambe, comme parfois au vestiaire sur mon justaucorps mauve.

- T'es surtout un beau mec, souffle-t-il.

Son regard remonte lentement, s'attarde sur ma poitrine. Puis il me fixe, et ajoute :

- Mais je le savais déjà !


Responsable du site : Lucie Sobek


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