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« », une petite histoire imaginée par marietherese2

1 LA JAGUAR jeanne jeanne.claude@femme.net 14-10-2004, 6:54 "MADELEINE" partie 7 de 12

"LA JAGUAR"

Danièle et moi avons étés prendre le thé chez madame la comtesse d'Archambauld. Geneviève attendait les invités à l'entrée de l'appartement. Louise, la nouvelle femme de chambre, débarrassait les invités de leurs manteaux et accessoires. Louise était très mince. Son uniforme lui allait très bien, il la mettait bien en valeur. Discrètement je la complimentai. Cela lui fit plaisir. Elle ne disait mot, mais souriait largement. Ses yeux bougeaient beaucoup, trahissant un peu de nervosité. Elle était visiblement pleine de bonne volonté.

Le colonel est arrivé juste après nous. Il amenait avec lui un autre invité : Christophe de Blaes, substitut du procureur. Françoise m'avait enseigné il y a quelques temps l'art du baise main. Je pus comparer les styles légèrement différents des deux hommes. J'aimais celui du colonel, léger et délicat. J'appréciai celui de Christophe, plus rude mais plus chargé d'émotion.

Lorsque nous nous sommes retrouvés entre amies, dans le petit salon, nous avons échangé les dernières nouvelles et donné notre avis sur le nouvel invité. Plusieurs le trouvaient un peu falot, un peu insignifiant. C'est vrai qu'il ne disait pas grand chose et qu'il ne faisait pas une forte impression. Moi, me fiant à nouveau à mon intuition, je le trouvais intéressant. J'appréciais son calme, sa force tranquille, son regard doux et compréhensif. Je pensais que son extérieur un peu bourru annonçait un monde intérieur sensible et complexe. Je trouvais que ses silences exprimaient beaucoup de choses.

Grâce à Madeleine et Françoise nous avons pu assister à une soirée à l'opéra. Nous avions passé tout un après midi très agréable dans la boutique indiquée par Madeleine. Celle-ci nous avait accompagnés. Elle était passée seule la veille afin de préparer notre visite. La commerçante nous avait préparé plusieurs robes de soirée. Nous les avons essayées en alternance. Danièle et moi pouvions ainsi nous examiner à tour de rôle. Madeleine jugeait professionnellement de l'effet produit, tout en nous laissant le temps de former nos avis respectifs. Nous en avons rejeté plusieurs. Deux robes restaient en lice chez Danièle et chez moi. Nous les avons achetées toutes les quatre. Après tout nous irions plus d'une fois à l'opéra, décida Danièle.

Lors de notre première sortie à l'opéra, j'ai porté ma robe préférée. Elle s'appelait "Comète". Elle était mauve et noir, couverte de paillettes argentées. Le fond de la robe était mauve. Des lignées noires irrégulières la parcouraient en diagonale. Ces diagonales correspondaient au bas de la robe ainsi qu'au décolleté, qui étaient inclinés. Car il y avait un décolleté et celui-ci laissait entrevoir quelque chose d'encore un peu petit, mais qui me plaisait et qui était à moi. Grâce à Madeleine j'étais pourvu de tous les accessoires indispensables. Mes cheveux étaient recouverts d'une perruque rousse, asymétrique également. Un long châle très léger, flottant au moindre courant d'air, ou lorsque je me déplaçais, même légèrement, accentuait l'impression générale qui évoquait en effet une comète. Mon petit sac à main mauve et noir était lui aussi recouvert des mêmes motifs de paillettes. Danièle, qui aimait cette couleur portait un ensemble entièrement rose. Le bas de son pantalon, assez large, effleurait doucement le sol. En terminant nos préparatifs, en mettant nos bracelets, nous avons permuté par mégarde l'un d'entre eux. Nous nous sommes rendu compte de notre erreur, mais d'un regard, d'un commun accord, nous les avons laissés en place. Nous avons attendu Françoise qui venait nous chercher en taxi, en sirotant un porto que je nous avais préparé.

Françoise était superbe. Le trajet en taxi vers l'opéra fut joyeux. Françoise nous raconta quelques anecdotes. Danièle nous raconta quelques souvenirs. La représentation fut magnifique. Lors de l'entracte, nous avons bu du champagne. Françoise, qui connaissait bien les lieux et le public habituel, s'est amusée à détecter les regards observateurs qui nous examinaient, et à nous les commenter discrètement.

Danièle et moi tenions beaucoup à ses photos en robe de mariée. Je m'en suis occupé. J'ai invité Madeleine à un petit thé informel de préparation. Je lui ai expliqué la situation. Danièle avait rassemblé tous ses souvenirs concernant cette robe. Madeleine a pris des notes et posé toute une série de questions. J'ai précisé à Madeleine que Danièle et moi allions effectuer bientôt un séjour de quelques semaines à La B… A son avis, il était possible de faire confectionner une robe identique à celle qui avait disparu. Elle connaissait une couturière spécialisée à qui elle a immédiatement téléphoné. Madeleine s'occuperait des accessoires et contacterait Jean pour les photos. Je lui demandai de parler de tout ceci à Nathalie qui aimerait probablement participer à une séance professionnelle de prises de vues.

Danièle et moi avions convenus il y a quelques soirées, en examinant les anciens albums de photos, d'avancer mon séjour à La B… Danièle préférait me voir bientôt tel que je serais, et elle en profiterait pour suivre une cure dans la belle ville d'eau, ce qui lui était recommandé par son médecin.

Danièle m'avait déjà parlé de l'ancienne voiture de son mari. Celle ci était rangée dans les anciennes écuries depuis le décès de celui-ci. Danièle avait bien son permis de conduire, mais elle ne l'avait plus employé depuis plusieurs dizaines d'années. En bonne gestionnaire, elle avait demandé au concessionnaire de la marque de faire le nécessaire afin de garder le véhicule en état, l'avait fait ranger dans les écuries et demandé à Gérard de le recouvrir d'une bâche de protection pour le préserver de la poussière.

J'ai demandé à Gérard d'enlever la bâche et nous sommes allés voir l'automobile. Il s'agissait d'une magnifique JAGUAR de la fin des années soixante. Je me glissai à l'intérieur. J'aimais le contact du volant, du cuir des fauteuils, et la vue des boiseries en loupe de noyer. Danièle vit ma mine ravie et, toute réjouie, me fit signe de la main de téléphoner au concessionnaire dont les coordonnées étaient fixées au volant.
Nous avons rejoint La B… en train. Nous avons installé Danièle dans sa chambre. Geneviève avait réservé deux chambres contiguës et communicantes dans un bel hôtel tout proche de la clinique du docteur F. Elle avait convenu d'un rendez-vous pour le lendemain.

Nous sommes allés à pied jusque là. Il faisait beau et j'avais besoin d'un peu d'air frais. Le docteur F. était un homme charmant, dans l'âge de la maturité, visiblement très compétent. C'est lui-même qui avait traité Françoise et Alcina. Geneviève l'avait contacté personnellement et lui avait expliqué que je désirais le même genre de traitement. Il observa soigneusement les photos que nous avions apportées. Il me demanda de me déshabiller et de me placer debout devant le grand miroir de son local d'examen. Il se plaça à mon côté et m'examina. Je pouvais suivre tous ses gestes. Il me posa quelques questions sur mon traitement hormonal, et sur le résultat que je voulais obtenir. Je lui fis une réponse détaillée. J'avais parlé de tout ceci longuement avec Françoise, Geneviève et Alcina. Désignant mon entre-jambes, il me demanda si je voulais rectifier celui-ci aussi, comme l'avait demandé Françoise. Je lui répondis que le moment n'était pas encore venu. Au début de notre conversation son ton était neutre et professionnel. Peu à peu il changea et devint plus chaleureux. Il nous dit qu'il aimait ce genre de travail difficile. Mon cas particulier l'intéressait. Au début il m'appelait mademoiselle et ensuite ce fut Suzanne. Il me proposa une première série de seize manipulations qu'il pourrait effectuer dès le lendemain, suivie d'une série de quatorze la semaine suivante, si tout se passait bien, ce qui était probable, vu mon âge, ma condition physique et le haut niveau de qualité de sa clinique. Jetant un dernier coup d'œil à l'une des photos de l'album, il nous dit que son pronostic était excellent.
Nous avons réglé quelques détails administratifs et j'ai raccompagné Danièle à son hôtel. Après un bon repas nous avons visité la ville. En fin d'après midi j'ai regagné la clinique.

Lorsque je me suis réveillé, Danièle était là. Elle me regardait en souriant. J'ai essayé de sourire mais il y avait trop de pansements tout autour de ma tête. Je lui souris des yeux. J'étais aussi très enserré dans la région de l'abdomen. Ma nouvelle poitrine m'impressionnait et était très belle à regarder. Je n'avais pas mal. Danièle me dit tout doucement, en parlant lentement, qu'elle avait vu le docteur F. Tout s'était très bien passé. Elle appela l'infirmière. Celle ci me regarda attentivement en hochant approbativement la tête. Elle examina le moniteur placé à côté de moi et me prodigua quelques paroles encourageantes. Elle me demanda si j'avais mal. Je fis signe que non. Ma main droite étant bandée, elle plaça à portée de ma main gauche le bouton d'appel ainsi que le bouton de commande de la pompe à analgésique. Elle m'en expliqua le fonctionnement : lorsque la douleur deviendrait trop forte, j'aurais à appuyer sur l'interrupteur pour commander une petite pompe qui m'injecterait le produit adéquat. Le fait de commander moi-même le moment de l'injection ainsi que sa durée augmenterait mon confort. Je dormis beaucoup ce jour là. Danièle me transmit de nombreux messages d'encouragement provenant de nos amies.

Le lendemain je pus m'asseoir dans mon lit et je pus parler un peu avec Danièle. Elle avait apporté quelques magazines que j'ai pu feuilleter. Je m'arrêtais longuement sur certaines photos. J'avais parfois un peu mal et j'employais alors la pompe. Bientôt j'ai pu me déplacer et je me suis promené dans la clinique avec Danièle. Le parc était très agréable. Les jours passaient, mes pansements diminuaient. Peu à peu mon visage apparaissait et mes nouveaux traits devenaient visibles. Ce que nous pouvions voir était encourageant. Le docteur F. était très content du résultat. Danièle avait placé à mon chevet une photo encadrée de sa nièce, reproduction effectuée par Jean. Chaque jour elle me comparait à la reproduction et me commentait ses observations.

L'intervention complémentaire de la semaine suivante fut moins perturbante. Trois jours plus tard je pus à nouveau me promener à ma guise. Je me sentais bizarrement plus léger. Pourtant le docteur n'avait fait que déplacer mes graisses naturelles. Leur nouvel emplacement m'allait bien mieux qu'avant. J'aimais enfin me regarder nu. Ce plaisir là était nouveau, je ne l'avais jamais connu auparavant. Le docteur n'avait pas transformé mon corps, il ne l'avait pas mutilé, il l'avait tout simplement mis dans son état original, tel qu'il aurait toujours du être, tel qu'il existait depuis toujours dans ma tête. Lors de ma sortie de clinique, je me suis rendu avec Danièle à notre hôtel ou nous avons passé une semaine de repos. J'aimais, le matin, profiter des premiers rayons de soleil qui pénétraient dans la salle de bains pour que ceux-ci caressent mon corps. Je prenais plaisir à étudier les jeux d'ombre et de lumière provoqués par cette forte lumière rasante. Je brossais longuement mes cheveux pour les rendre soyeux. Je bougeais, j'esquissais des gestes; je me déhanchais, je prenais des poses. J'aimais sentir mes longs cheveux caresser mon corps nu, surtout là où il avait été amélioré. C'est dans cette salle de bains que j'ai eu envie pour la première fois de danser. Enfin rassasié, je m'habillais d'une petite culotte et d'un déshabillé soyeux. Je passais dans la chambre de Danièle, attendant son réveil en rêvant ou en feuilletant des magazines. Dès qu'elle s'éveillait, nous bavardions, échangeant les nombreuses idées plaisantes qui nous étaient passées par la tête pendant la nuit. Elle aimait à me regarder et s'arrêtait parfois de parler afin de me contempler à son aise. Elle était très contente du résultat obtenu par le chirurgien.

Nous avons eu la visite de Françoise et d'Alcina. Ce fut très joyeux. J'avais encore trois petits pansements. Des cicatrices étaient encore visibles et certaines zones mortifiées étaient encore légèrement boursouflées. Mes mains étaient encore fort raides. Pourtant, elles furent très satisfaites de voir le progrès déjà accompli. Je ressemblais déjà fortement aux photographies de l'album. Etant passées par-là avant moi, elles me rassurèrent et me réconfortèrent. Françoise en avait envie, je ne résistai pas à passer dans la salle de bain avec elle et à lui montrer ma nouvelle poitrine. Pour comparer, elle ôta son corsage et son soutien gorge. Nous nous plaçâmes côte à côte devant le grand miroir. Nous restâmes un long moment en silence à nous regarder. C'est Françoise qui commença à sautiller sur place la première. Je suivis le mouvement. Nous souriions largement, pensant à la pharmacie de Georges, chargée de doux et tendres souvenirs d'émois nouveaux. Alcina, par pudeur, ne se joignit pas à nous. Mais son sourire chaleureux, saluant notre retour, nous montra qu'elle participait à notre joie. J'appréciais de plus en plus Alcina. C'était une personne douce et tranquille qui avait le don de répandre autour d'elle, avec le sourire, du calme, de la compréhension, du bien être et de la chaleur humaine. C'était quelqu'un qui apportait du bonheur, du moins pour ceux qui savaient apprécier ce genre de bonheur.

Elles m'avaient apporté des cadeaux joliment emballés. Alcina m'a offert un très mignon petit ours en peluche. Françoise m'avait apporté un pyjama en soie dont le motif était le même petit ours. Les deux cadeaux venaient du magasin d'Edwige. Geneviève n'avait pu les accompagner. Elle ne pouvait laisser seule madame la comtesse. Elle avait chargé Françoise de me faire parvenir un paquet. C'était un catalogue de lingerie qui venait du magasin près de chez Jean. Elle y avait joint un petit mot d'encouragement. Elle me proposait de jeter un coup d'œil sur la nouvelle collection et voulait que j'y choisisse un cadeau de sa part. Elle me demandait mon avis sur le modèle de la page trente sept. C'était tout à fait le genre de modèle dont la vue auparavant me plongeait dans une rêverie sans fin, et qui maintenant que je pourrais enfin le porter convenablement sur moi, me dynamisait et m'enthousiasmait. Je souriais de plaisir à l'idée d'aller bientôt l'essayer en compagnie de Geneviève. Après un déjeuner très amusant nous avons été nous promener dans la vieille ville d'eau. En fin d'après midi, nous avons pris le thé à notre hôtel. C'était amusant d'observer discrètement et de détailler la serveuse, ainsi que d'observer Françoise et Alcina observant et détaillant celle-ci. Un fou rire nous gagna bientôt tous les trois. Avant de quitter La B…, le dernier matin, Danièle m'offrit un petit souvenir de notre séjour. Elle avait vu dans la vitrine d'un bijoutier une bague qu'elle trouvait jolie, et me l'avait achetée.

En rentrant chez nous, nous avons trouvé la Jaguar dans le parc, rangée devant les écuries. Gérard nous apprit que le concessionnaire l'avait apportée la veille et me tendit les clefs. Elle était splendide et tentante. Je m'assis au volant, plaçai la clef dans le contacteur et m'immobilisai. Je venais de voir quelque chose d'étrange. Comme je le faisais d'habitude en pareil cas, j'avais machinalement jeté un regard vers le rétroviseur intérieur avant de lancer le moteur et j'avais aperçu une partie de mon visage. J'avais accompli exactement le même geste il y avait trois semaines, la première fois que j'étais monté à bord de la Jaguar et je m'étais vu exactement sous le même angle. Comme j'avais changé! Bien sûr mes sourcils avaient été arrondis et amincis. Bien sûr mon nez était plus court et plus fin. Bien sûr j'avais maintenant des pommettes bien rondes. Tout cela je le savais et je l'avais déjà vu et revu. Non, ce qui m'avait frappé lors de mon rapide coup d'œil dans le rétroviseur, c'était le beau grand sourire que j'y avais vu. Bien sûr le chirurgien avait agrandit ma bouche, mais cela n'expliquait pas tout. Ce sourire la venait du plus profond de moi, qui pouvait enfin s'exprimer librement.
Danièle est montée à côté de moi, j'ai mis le moteur en route. La musique du moteur et des échappements était un régal. J'ai fait un petit tour dans le parc et rangé la voiture devant l'escalier d'honneur. Je sentais que cette voiture allait nous procurer beaucoup de plaisir.

La confection de la réplique de la robe de mariée de Danièle avançait bien. J'avais communiqué par téléphone, depuis La B…, à Madeleine, mes mesures actuelles. J'ai pu aller essayer la robe. Danièle et moi sommes allés chercher Madeleine avec la Jaguar. Nous sommes allés ensuite ensembles à l'atelier. Ce premier essayage fut pour moi très agréable. C'était la première robe ajustée que je portais sans avoir à mettre de corset, et elle m'allait très bien. Cette robe réunissait tous ces nouveaux plaisirs que j'avais découverts récemment. En plus je voyais la joie évidente de Danièle de revoir cette robe et de me voir la porter. La couturière avait fait un travail remarquable. Il n'y avait que quelques légères retouches à exécuter. Les détails de ceux-ci furent réglés par Madeleine avec la couturière. C'est à regret que je me laissai déshabiller. Je voulus le faire devant le miroir, car cela me plaisait de me voir lors de cette opération. La vue de mon corps entravé par toutes ces étoffes et autour duquel Madeleine et la couturière s'affairaient, me plaisait. La robe serait prête dans une semaine. Madeleine m'assura qu'elle aurait réuni tous les accessoires indispensables dans ce court laps de temps, surtout ajouta-t-elle en souriant, si je voulais bien la véhiculer quelquefois avec la Jaguar.

J'ai téléphoné à Jean qui se libérerait pour le samedi suivant. Il avait besoin de quelques figurants en costume d'époque. Il se chargeait de les trouver. Une fois les photos prises, il pourrait y incruster des visages de personnages d'époque dont les photos existaient encore. Je pouvais lui faire confiance, c'était un professionnel. Madeleine me dit que Nathalie viendrait aussi et qu'elle prendrait ses appareils photographiques.

C'est Nathalie qui organisa notre première sortie en boite. Elle accepta de nous piloter, Danièle et moi, dans ce milieu que nous ne connaissions pas. Elle nous conseilla pour nos tenues. Elle examina nos garde robes et me proposa de porter quelque chose d'assez serrant et surtout de très court. Pour Danièle elle suggéra un beau pantalon assez large avec un grand chemisier coloré. Je nous conduisis en Jaguar vers une première boite de nuit où Nathalie avait ses habitudes. C'était un établissement plutôt calme. Nous y avons bu quelques verres en bavardant tranquillement, assis dans de grands fauteuils. Puis nous avons changé d'endroit. Le deuxième était nettement plus agité. Une effervescence y régnait. Le bruit y était assourdissant. Nous avons trouvé difficilement trois sièges libres. Il y avait une piste de danse occupée par une foule compacte de clients dansant sur un rythme endiablé. Nathalie me fit signe d'aller danser, j'en avais fort envie. Danièle voulait regarder. Bouger sur cette piste de danse, me mouvoir librement au rythme de cette musique entraînante, ne plus penser à rien d'autre qu'à cette harmonie élégante, me plaisait. Danser tout près de Nathalie, entourés de jeunes gens qui nous lançaient des regards admiratifs, accroissait mon plaisir. Danièle, voyant notre plaisir, vint se joindre à nous pour une autre danse. La danse suivante fut un slow. Je voulus rejoindre mon siège, mais un des jeunes gens qui nous entouraient m'invita. Je lui souris et me laissai faire. Il posa ses mains sur mes hanches et m'entraîna lentement dans un balancement léger et régulier. Je le regardais me regarder. J'ai trouvé cette danse un peu courte.

Danièle était un peu fatiguée. Nous avons dansé une dernière fois, Nathalie et moi, et nous sommes rentrés chez nous. J'avais fait préparer la chambre d'amis pour Nathalie, ce qui était plus pratique pour elle.

Le lendemain fut une journée peu ordinaire. Je suis allé chercher Madeleine qui m'attendait, entourée de nombreux paquets. Françoise est venue avec Alcina. Jean avait apporté un matériel impressionnant. Le colonel est venu lui aussi, en compagnie de Christophe. Le colonel avait apporté son ancien uniforme. Françoise avait préparé à l'intention de Christophe l'uniforme que son père avait porté le jour de son mariage et que nous avions admirés il y a quelques temps. Daniel est venu lui aussi. Il avait fait des progrès. Il avait moins besoin de Françoise pour s'habiller et il mit aujourd'hui une robe à la taille plus fine que la précédente. Le colonel fut enchanté de revoir Amélie. Geneviève put se libérer et me fit la surprise d'amener une charmante jeune fille, également en tenue d'époque. Je mis du temps à reconnaître Louise. Jacqueline n'avait pu venir. Madame la vicomtesse Sidonie de Vrakliere étant souffrante. Edwige nous étonna. Elle avait voulu partager le fantasme de son mari, mais à l'envers. Elle s'était fait couper les cheveux très courts, à la garçonne. Son maquillage durcissait et épaississait ses traits. Une fine moustache postiche était la touche finale. Elle avait revêtu un habit de cérémonie d'époque. Nathalie était radieuse, elle avait trouvé une tenue d'époque qui lui allait vraiment très bien. Exceptionnellement elle portait un corset. Elle allait d'un groupe à l'autre, photographiant tout ce qui lui semblait intéressant. Jean, plus professionnel, préférait attendre que tout le monde soit costumé et prenne les poses qu'il indiquerait. Françoise et Alcina, sous la direction de Madeleine, m'ont aidé à m'habiller. La robe, légèrement modifiée, m'allait encore mieux que lors de l'essayage. Le voile que je n'avais pas essayé la première fois, fixé dans mes cheveux tressés en couronne me donnait un air angélique. Madeleine hochait la tête et levait un sourcil en signe d'approbation. Mes deux aides étaient admiratives. Danièle avait préparé soigneusement tous les bijoux que je devais porter et me les mit elle-même, un par un. Le dernier paquet contenait la touche finale, le bouquet de la mariée, entouré de nombreux rubans comme cela se pratiquait à l'époque.

Je suivis les indications de Jean. Il prit une série de clichés de moi, variant les positions et les arrières plans. Puis il fit intervenir les figurants. Danièle se tenait près de lui et ne perdait rien de ce spectacle. Christophe, en uniforme, avait fière allure. Il incarnait le jeune marié. Edwige et Daniel prirent place à nos côtés et figurèrent les témoins du mariage. Jean avait prévenu tous les figurants, en riant, qu'il allait soit modifier patiemment leurs traits, soit carrément leur couper la tête pour la remplacer par celle d'une authentique photo d'époque. Il fit une série de photos des jeunes mariés dans différentes poses classiques. A la fin de celle-ci, Nathalie me surprit. Nous étions en haut de l'escalier d'honneur. Elle fit un clin d'œil à Christophe accompagné d'un vaste geste des deux bras. Celui ci, amusé, se pencha à mon côté, se glissa sous mon bras droit, plaça sa main gauche sous mon épaule gauche, glissa son bras droit sous mes genoux et me souleva. J'étais surpris de me trouver subitement dans une position pareille et d'y trouver tant de plaisir. Les participants, amusés, applaudissaient. Nathalie tournait lentement autour de nous et nous mitraillait. Revenu sur terre, je rajustai ma tenue. Alcina vint discrètement m'aider. Lorsqu'Edwige voulut se faire photographier en compagnie de Daniel, cela se passa bien. Mais lorsqu'elle voulut faire de même avec Louise, elle provoqua une crise de fou rire chez celle-ci, qui se propagea dans toute l'assistance. Il faut dire qu'elle avait sorti un gros cigare de sa poche et tentait vainement de l'allumer avec un vieux briquet fonctionnant à l'essence.

A la fin de la séance de photos, je fis signe à Danièle de venir à côté de moi, en haut de l'escalier d'honneur et demandai à Nathalie de nous photographier. Danièle vint lentement se mettre à ma droite. Emue, elle ne disait rien. Nathalie prit quelques photos. Je jetai un coup d'œil vers Danièle, je vis qu'elle avait besoin de moi et lui tendis la main. Nathalie, instinctivement, se pencha et photographia en gros plan nos deux mains serrées et enlacées.

Jean, aidé par Edwige, avait rangé son matériel dans sa voiture. Ils s'étaient éclipsés ensuite dans le château, une valise à la main. J'avais prévu des rafraîchissements que je fis servir dans le parc, à l'ombre d'un des grands chênes. Edwige et Jean nous rejoignirent. Jean, en tenue d'époque, était resplendissante.
J'ai voulu garder la robe le plus longtemps possible. Je ne l'ai quittée qu'à regret, et voulus le faire très lentement, devant mon grand miroir.

Nous avions bien besoin d'un peu de repos, surtout Danièle. Nous sommes partis quelques jours plus tard vers Tenerife. Nathalie m'avait fourni une documentation très complète sur l'île. J'avais choisi un bel hôtel bien calme. L'excellent climat fit du bien à Danièle. Après une semaine de repos complet nous avons pu visiter cette belle île. Nous avons vu le Teide de près, Nathalie nous l'avait recommandé. Nous avions emporté de gros pulls, elle nous avait signalé qu'il faisait froid là haut.

Danièle avait tenu un soir à boire du champagne. Elle voulait fêter la fin des six mois. C'était l'évaluation de son médecin. Elle me dit que c'était grâce à moi qu'elle avait vécu les six mois les plus agréables de son existence et, jetant un coup d'œil à sa montre, qu'elle m'était redevable du surplus. Je ne sus que répondre. Elle attendit un peu, secoua légèrement sa tête et ses épaules, et fit tinter son verre contre le mien.

Je passais de temps en temps à la banque. Danièle ne m'accompagnait plus qu'occasionnellement. Je parlais des affaires de Danièle avec Geneviève. Celle ci estimait que je m'en sortais très bien et que j'avais une excellente intuition, en finance aussi. Lorsque j'allais à la banque, je soignais particulièrement mon apparence. Je veillais à ne pas paraître trop jeune. Je portais alors l'un de mes tailleurs classiques et me coiffais de l'une de mes perruques grises. Je modifiais mon maquillage ainsi que la couleur de mes ongles vernis. J'empruntais à Danièle quelques bijoux qui lui allaient d'habitude mieux qu'à moi.
Les actions "BELCUISININOX" ne montaient pas encore, j'en ai encore acheté quelques centaines. Geneviève, Françoise, Jacqueline et Alcina firent de même.

Danièle voulut retourner à l'opéra. Nous avions chacun encore une robe à mettre, spécialement achetée pour l'occasion. Pour nous compliquer la tâche, c'était d'ailleurs très amusant, nous avions décidé de ne rien porter que nous avions déjà porté lors de la représentation précédente. Bien à temps, nous sommes partis en Jaguar chercher Françoise, Alcina et Madeleine que nous avions invitées pour les remercier de leur aide efficace lors de la séance de photographie. Geneviève n'avait pu se joindre à nous. La représentation fut excellente. Lors de l'entracte, en buvant du champagne, Françoise nous raconta les mésaventures désopilantes arrivées à deux de ses amis dans ce même opéra. Elle racontait cela très bien, nous avons beaucoup ri. Danièle était un peu gênée de s'amuser ainsi en riant des malheurs de ces deux messieurs. Françoise mit sa main sur son bras et lui dit gentiment qu'elle pouvait rire sans crainte, cela n'était pas vraiment arrivé, ce n'était qu'un récit imaginaire, destiné à amuser.

Le retour en Jaguar fut très agréable. Nous emportions avec nous dans la voiture, comme dans une bulle, un peu de la ravissante poésie de cette représentation. J'appréciais ces instants, ou je conduisais cette splendide voiture, dans la nuit noire, vêtu comme je l'étais d'une tenue sophistiquée, en compagnie de mes amies.

Après avoir raccompagné toutes nos amies, nous roulions seuls, Danièle et moi. D'un commun accord, nous avions remonté le bas de nos belles robes. J'avais réglé la ventilation vers le bas et mis le réglage du ventilateur au maximum. Je lui avais fait découvrir récemment ce plaisir nouveau. Elle aussi aimait cela. Nous étions souriants, comme deux gamines, goûtant à un plaisir un peu incongru, un peu polisson, peu convenable, mais combien agréable.

Danièle devait maintenant beaucoup se reposer. Nous passions de longues journées tranquilles, sans activités trop fatigantes. Lorsque Jean et Nathalie me contactèrent pour m'annoncer que leurs albums de photos étaient prêts, je les invitai à passer la prochaine soirée avec nous. J'avais fait préparer un petit dîner tout simple agrémenté d'excellent vins. Jean et Nathalie avaient apporté chacun plusieurs albums. Nous avons commencé par la réplique de l'album de mariage, qui était le but recherché. Il était splendide. Jean avait trouvé chez un collègue bouquiniste un vieil album gainé de cuir, en excellent état. Il y était inscrit en lettres d'or : "ALBUM DE MARIAGE". Les bords des photos étaient délicatement dentelés. Les teintes étaient sépia. L'effet d'ensemble était saisissant. On croyait vraiment avoir en main un vieil album contenant des photos prises lors d'une cérémonie il y a plus de soixante ans. Danièle était subjuguée. Elle feuilletait l'album, détaillant chaque photo, examinant chaque détail et revenait souvent à la première photo qui la montrait seule, revêtue de sa belle robe, debout au haut de l'escalier d'honneur, attendant son futur mari. Elle ne parlait que très peu, signe d'émotion chez elle. L'autre album de Jean montrait bien le travail complexe accompli par celui ci. Cet album contenait les photos en couleurs et sans aucune retouche, prises il y a un mois à peine. Jean avait simplement mis au rebut quelques clichés inutilisables. Jean ayant posé les deux albums côte à côte sur la table basse du salon, passant d'une photo à l'autre nous expliqua son délicat travail de reconstitution. C'était du grand art. Danièle, qui se remettait lentement de son émotion trouva quelques mots chaleureux pour le remercier et lui dire combien elle était contente. Jean fut sensible à ses paroles. Il ne répondit rien mais posa avec affection sa main sur la sienne.

L'album de Nathalie était d'un style tout différent. Son but d'ailleurs n'était pas le même que celui de Jean. Elle avait pu laisser libre cours à son côté artistique. Il y avait beaucoup de clichés splendides dans son album. J'ai particulièrement aimé celle des deux mains serrées et enlacées, enfouies en partie dans notre robe de mariée. Le contraste entre la tension des mains serrées et la douceur du tissu était contrebalancé par le jeu des lumières et des ombres dus aux rayons de soleil traversant les dentelles et glissant sur les soieries de ce même tissu. Et puis il y avait aussi cette photo ou Christophe, riant aux éclats, montrait sa joie de me tenir dans ses bras, et où moi, j'étais partagé entre la surprise d'être ainsi brusquement soulevé du sol et mon plaisir de me sentir très fortement serré contre lui.

Notre dernière sortie fut pour aller au cinéma. Danièle m'avait laissé le choix du film. Je n'avais pas choisi un film à grand spectacle, au succès facile, presque assuré. J'avais préféré une petite production. J'ai expliqué à Danièle que je croyais que le cinéma c'était comme la vie, qu'il fallait prendre des risques. Le film racontait une histoire assez banale, que l'on pouvait résumer en quelques lignes. Tout l'art du cinéaste se mesurait à la qualité photographique des prises de vues, au choix d'acteurs inconnus mais talentueux, et aux dialogues ne disant que l'essentiel, laissant le reste à la sensibilité et à l'imagination du spectateur. Avec très peu d'éléments concrets, le cinéaste réussissait à construire un monde complexe où se jouait un drame humain. Ce film ressemblait à une chanson de Jacques Brel.
En rentrant chez nous, je roulais doucement, pour faire profiter une fois encore Danièle du ronronnement feutré du moteur dans le calme de la nuit noire, et des flots d'air qui remontaient le long de ses jambes.

Nous avons passé les derniers soirs chez nous. Danièle m'a demandé de porter les tenues qu'elle aimait. Elle a voulu me revoir en femme de chambre, tel qu'elle m'avait vu pour la première fois. J'ai aussi porté les robes que je portais à l'opéra. Il y a eu enfin notre préférée : la robe de mariée. Pour être proche de Danièle, j'avais fait placer un lit d'appoint dans sa chambre. Nous passions des heures à regarder les albums, les anciens et les nouveaux.

Le dernier soir, elle m'a dit qu'elle avait un petit peu peur. Je me suis glissé dans son lit. Elle avait froid. Je l'ai entourée, je l'ai câlinée, je l'ai réchauffée. Cette femme qui m'avait déjà tant donné et me donnerait bientôt encore bien plus, me regardait avec tendresse. Ce soir là, je lui ai beaucoup donné. Ce soir là, je lui ai donné tout. Et surtout, je lui ai donné tout ce qu'elle ne demandait même pas.
Le réveil fut un moment pénible pour moi. Me retrouver à côté de Danièle allongée tout contre moi fut un choc, bientôt amorti par les souvenirs tendres et doux de notre dernière soirée. Je me penchai vers elle et lui donnai un tout dernier baiser.

J'ai eu la force de téléphoner à Geneviève. Elle me dit quelques mots très gentils, comme elle savait si bien le faire. Elle prévint nos amis et amies et se hâta d'arriver. Le colonel me baisa la main, m'appelant chère baronne et me dit quelques paroles de condoléances. Il constata le décès de Quentin M. et me dit qu'il ferait viser son certificat par le substitut du procureur. Geneviève et nos amies m'appelaient aussi baronne. Cela me faisait tout drôle, mais comme le disait Alcina, il fallait que je m'habitue le plus vite possible.
Je suis passée chez mon coiffeur. J'ai sacrifié mes beaux cheveux longs. Je les ai fait raccourcir afin d'obtenir une coiffure nettement plus classique. Je les ai aussi fait teindre en une belle nuance de gris.
Je me suis acheté un petit chapeau noir muni d'une voilette. J'ai adapté mon maquillage. J'étais méconnaissable, ou plutôt j'étais très reconnaissable, ce qui était le but recherché.

Pour l'enterrement de Quentin, j'avais choisi un de mes tailleurs classiques. Je n'ai pas pris le noir, qui était trop triste, mais le gris souris. J'avais un chemisier avec de belles couleurs de printemps, avec de nombreuses touches de rose. Je portais les bijoux que Danièle aimait à porter.
Christophe a tenu à être présent lors de l'enterrement. Sa présence calme, discrète et rassurante m'a réconfortée. C'est avec plaisir que je glissais ma main gantée sous son bras offert. Il a du s'en rendre compte car de temps en temps il plaçait sa main sur la mienne.
Je penserai à l'inviter à mon prochain thé, au prochain thé donné par madame la baronne Danièle de Hauterue.

* marie therese le 12/01/2005


Responsable du site : Lucie Sobek


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