barcarena9@gmail.com
inforbart@gmail.com
malucao2017@outlook.com.br
isacczim@ig.com.br



Je me connecte  Hop !
J'ai perdu le mot de passe  Hop !
S'inscrire comme membre du site  Hop !

HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« », une petite histoire imaginée par marietherese2

1 LES GOUVERNANTES jeanne jeanne.claude@femme.net 14-10-2004, 6:49 "MADELEINE" partie 3 de 12

"LES GOUVERNANTES"

Mon histoire commence mal. Elle commence à une époque de ma vie ou j'avais pas mal de difficultés à survivre. Les problèmes s'accumulaient, les solutions étaient rares. Je n'avais pas besoin d'argent, mais mon propriétaire, la compagnie d'électricité, celle du téléphone et les magasins du quartier, eux en avaient ! Tous ces gens, sous prétexte que je ne pouvais pas les payer, refusaient de me faire plaisir en me fournissant des services qui m'étaient pourtant bien nécessaires. Quel monde ! Je cherchais du travail. J'avais fait quelques études, j'avais un peu d'expérience, je cherchais un travail correspondant à mes qualifications, mais personne ne voulait de moi. Mon copain Marcel, qui avait étudié le marketing, a voulu m'aider.
" Voyons, réponds-moi sans réfléchir : Que fais-tu vraiment bien ? Qu'est ce que tu aimes vraiment de faire ? " " J'aime nettoyer ma cuisine. "
" Et bien propose-toi comme homme de ménage, spécialiste en nettoyage de cuisines. "

J'ai donc fait le tour du quartier en lisant les petites annonces, dans le genre ''CHERCHE FEMME DE MENAGE'', affichées chez les commerçants. Je me présentais à l'adresse indiquée. On me regardait, l'air étonné, on faisait la moue. On me claquait la porte à la figure. Parfois on voulait bien me dire que je ne convenais pas.
J'en ai parlé à Marcel. Il m'a dit :
" Persévère, on n'obtient rien sans effort ! "
J'ai persévéré. Deux jours de suite j'ai cherché des annonces, je me suis présenté et j'ai vu claquer les portes. J'ai revu Marcel. Il m'a conseillé de changer de quartier. Il pensait que les habitants d'un quartier plus aéré auraient l'esprit plus ouvert.

A la fin du troisième jour, j'ai commencé à sentir le découragement. Je me fixai comme objectif de sonner encore à trois portes et puis de chercher du travail dans un autre secteur. Deux portes claquées plus loin, je fus placé devant ma dernière chance. Courageusement je sonnai. Une femme vint ouvrir. C'était une femme dans la quarantaine, bien habillée, bon chic bon genre, elle avait l'air sûre d'elle et un regard souriant. Je lui expliquai que je venais pour l'annonce placée chez le boulanger. Elle me regarda attentivement et me dit d'entrer. Là, je fus surpris, c'était la première fois. Je marquai un temps d'arrêt. Puis, saisissant ma chance, comme aurait dit Marcel, j'entrai. A en juger par le hall d'entrée, c'était un très bel appartement, meublé à l'ancienne, avec beaucoup de goût. La dame me fit entrer dans une pièce meublée principalement de fauteuils et de deux canapés.
" Je vais vous recevoir dans le petit salon, le grand salon est pris pour l'instant, j'y prépare la réception qu'y donnera madame demain. Je vous en prie, asseyez-vous. "

Elle m'expliqua qu'elle était la gouvernante de madame la comtesse d'Archambauld. Celle ci lui laissait le soin de régler les affaires courantes. Elle me posa quelques questions, je lui répondis. Son regard intense et attentif me scrutait, me jugeait, me jaugeait, me soupesait. Après un instant de réflexion, elle me sourit et me dit :
" Vous me plaisez, je vous prends à l'essai après demain. Vous nettoierez la cuisine à fond après la réception. " Comme elle me proposait d'emblée vingt pourcent de plus que le tarif habituel, j'acceptai.

C'était une belle cuisine. Elle était grande et très bien équipée. Elle me plaisait. Je me donnai à fond dans son nettoyage. J'avais l'impression que cette cuisine ne servait pas beaucoup. On y cuisinait très peu. La gouvernante passait de temps à autres pour juger du travail. Après quelques passages, elle me semblait apprécier celui-ci. Nous avons échangé quelques phrases. Je lui ai confié mon impression. Elle me complimenta sur mon professionnalisme. Elle m'expliqua qu'en effet, la cuisine servait peu. Un traiteur apportait chaque jour, et parfois plusieurs fois par jour, les plats destinés à madame la comtesse et à sa gouvernante. La cuisine ne servait qu'à entreposer ces plats. La gouvernante y préparait aussi le thé. Lors des réceptions, les zakouski y étaient réchauffés et le champagne mis au frais. Ceci expliquait cela.

A la fin de la journée, la gouvernante me demanda de quitter la cuisine afin que madame la comtesse puisse l'inspecter.
" Elle a des principes, voyez-vous. Elle estime que l'on juge une bonne femme de ménage à sa façon de nettoyer la cuisine. Attendez-moi dans le petit salon. "
Lorsqu'elle me rejoignit, elle n'avait pas la mine réjouie que mon travail acharné de la journée me faisait espérer.
" Nous avons un petit problème. Madame la comtesse est enchantée de votre travail ; elle me charge de vous féliciter. L'ennui est qu'elle a des principes et que son grand âge ne l'incite pas à assouplir ceux-ci. Elle désire vraiment engager une femme de ménage. Vous ne convenez donc pas. Je suis navrée. "
Je l'étais aussi, bien sûr. L'argent gagné aujourd'hui était le bienvenu et allait m'aider quelque peu, pendant deux ou trois jours. Mais après qu'allais-je faire ?
" C'est d'autant plus dommage que madame la comtesse tient à ce que sa cuisine soit nettoyée à fond chaque jour. Je ne parviens pas à trouver quelqu'un de compétent, que je suis d'ailleurs disposée à rémunérer très convenablement, comme vous le savez. "

Elle me disait cela doucement, s'arrêtant après chaque phrase, me regardant toujours avec attention, et me semblait-il un brin de sourire teinté de bienveillance dans les yeux. Elle restait maintenant tranquillement assise dans son fauteuil, ne mettant pas fin à notre conversation. Moi, je restais aussi assis, consterné, avec mes questions et mes problèmes dans la tête.
Après un moment, elle se redressa dans son fauteuil, se rapprochant ainsi de moi et reprit, d'une voix un peu plus basse, un peu plus chaude :
" Au fond, ce qui arrangerait tout le monde, c'est que vous me trouviez une sœur, une cousine, une copine, que sais-je, qui nettoierait aussi bien que vous et qui serait disponible. Je serais même disposée à vous rétribuer pour, disons, vos frais de recherche. "

Elle continuait à me regarder attentivement. Elle eut un geste élégant de la main qu'elle plaça ainsi à quelques centimètres de mes genoux, comme pour accentuer ses paroles. Lentement les idées se mettaient en place et s'organisaient dans ma tête. Je mis ma main à mon menton, en un geste de profonde réflexion. Je commençai à dodeliner de la tête. Je regardai à nouveau la gouvernante. Elle avait à présent les yeux et la bouche souriants.
" Ah! Je vois avec plaisir que vous entrevoyez une solution à notre problème. Contactez donc cette personne et demandez-lui de m'appeler à ce numéro. "

Elle me tendit un papier qu'elle tenait à la main. Elle me régla la somme convenue pour ma prestation de la journée et y ajouta un petit dédommagement moral. Elle me raccompagna à la porte d'entrée, me redit combien elle était navrée, et me souhaitant chaleureusement bonne chance dans ma recherche de travail, m'accompagna à l'ascenseur et prit congé de moi.

Deux jours plus tard, je m'étais procuré au marché aux puces quelques accessoires qui allaient me permettre de donner vie à ma cousine Suzanne. L'entreprise était à la fois facile et difficile. Mon apparence générale et la modestie du but recherché : ressembler à une femme de ménage et non point à un mannequin de haute couture, rendaient la chose possible. Le côté difficile de la chose venait du fait que je ne voulais pas sortir de chez moi et me promener en rue déguisé de la sorte. Il me fallait donc quelques accessoires qui me permettraient de changer d'apparence rapidement. Le trajet en ascenseur durait une minute. Mon idée était de me présenter à l'entrée de l'immeuble, de prendre l'ascenseur seul et de me changer en soixante secondes afin que ma cousine Suzanne arrive à l'entrée de l'appartement, prête à nettoyer la cuisine.

Je m'entraînai quelques heures et arrivai à mes fins. Je portais des jeans, un grand T shirt et des chaussures de sport qui étaient d'apparence mixte. Sous le jeans, je portais un slip serrant qui me camouflait assez bien. Sous le T shirt je portais un soutien gorge qui, vide avait un petit air malheureux, mais qui restait peu visible sous ma veste.. Une fois rempli grâce à un peu de rembourrage, il prenait un air joyeux et même un peu polisson. Me voir dans mon miroir mettre ce sous-vêtement, le rembourrer, l'ajuster, bouger quelque peu me procura une sensation nouvelle, inconnue jusqu'alors. Les mouvements des boucles de la perruque attiraient mon regard et ajoutaient à mon trouble. Une chaleur, une tension interne, des frémissements envahissaient mon organe sexuel. Le fait qu'il soit serré par le slip et empêché de s'épanouir amplifiait cette sensation nouvelle, ce plaisir nouveau. J'ai voulu m'exercer à effectuer les gestes courants que j'aurais à faire en nettoyant la cuisine. Moi qui étais toujours concentré et appliqué, je me surpris à plusieurs reprises en pleine rêverie, après avoir frôlé de la main ou de l'intérieur du bras l'un des bonnets.

Lorsque je me sentis prêt, je téléphonai à la gouvernante. D'une voix que je voulais douce, je lui expliquai que j'étais la cousine de Quentin, le jeune homme qu'elle avait rencontré il y a quelques jours, que j'étais experte en nettoyage de cuisine et que je cherchais du travail. Sa réaction fut positive et chaleureuse. Elle m'invita à venir la voir le lendemain matin. Elle me donna l'adresse.

Arrivé dans le hall de l'immeuble, j'étais un peu tendu. Heureusement, il n'y avait personne. J'appelai l'ascenseur. J'entrai dans celui-ci, toujours seul. Dès que la porte se ferma, je plaçai mon sac au sol. J'enlevai ma veste en jean. Je saisis le premier rembourrage et le mis en place en glissant ma main par l'encolure de mon T shirt. Le deuxième suivit. Mon petit collier de fantaisie vola autour de mon cou. Je me saisis de ma perruque et la mis en place d'une main experte qui tremblait à peine. J'eus un peu de mal à attacher la petite montre de dame à mon poignet gauche, il faudra que j'améliore ma technique. Je mis encore deux bagues à ma main droite et puis deux bracelets métalliques à mon poignet droit, et je me sentis prêt à affronter l'épreuve. Je pliai ma veste en jean sous mon bras gauche, je ramassai mon sac et j'ouvris la porte de l'ascenseur. La gouvernante était là à m'attendre.
" Bonjour, je vois que vous nous avez bien trouvés. Je me suis aperçue trop tard que j'avais omis de vous indiquer l'étage. Veuillez m'excuser pour cet oubli. Mais comme vous ressemblez à votre cousin Quentin ! Vous avez un fort air de famille. Entrez donc. "
La scène de l'autre jour recommença, mais cette fois-ci avec Suzanne. Elle m'expliqua toutes les choses qu'elle avait expliquées à Quentin l'autre jour. Parfois j'allais un peu trop vite et en savais un peu trop. Elle marquait un temps d'arrêt, se frappait le front et disait :
" Bien sûr, votre cousin a du déjà vous l'expliquer. "
Elle me guida vers mon domaine de travail : la cuisine, et me laissa à mon travail.

En cette première journée de travail en tant que Suzanne, je voulus faire bonne impression. Je m'appliquai, utilisant les ressources de mon expérience, qui était grande dans ce domaine. L'arrivée du garçon livreur du traiteur me surprit. Ma montre en effet était arrêtée. Vous comprenez, pour le prix que je l'avais payée au marché aux puces, ce n'était pas étonnant. La gouvernante vint me retrouver à la cuisine et présenta le repas de madame la comtesse sur un plateau. Elle alla le porter à la salle à manger, puis elle revint.
" Je vous ai commandé un repas. Nous allons manger ensemble ici, à la cuisine. "

Je ne peux pas dire que le repas fut très agréable, j'étais tendu et embarrassé. Pourtant la gouvernante, tout en continuant à m'observer attentivement, faisait des efforts pour détendre l'atmosphère. Elle me complimenta pour mon travail, me parla de Quentin qui lui avait laissé le meilleur souvenir. Elle me parla aussi de son travail de gouvernante. L'après midi je continuai à astiquer la cuisine. J'avais eu un peu peur, lors de mes essais, d'éprouver des difficultés à porter ce soutien gorge pendant de longues heures. J'avais pensé que les tensions qu'il provoquait occasionneraient à la longue une gêne. Et bien non, malgré le fait qu'il ait été choisi au hasard, il m'allait comme un gant et je m'étais bien habitué en fin d'après midi à le porter.
La gouvernante revint me voir à la cuisine. En buvant son thé, elle en fit l'inspection. Visiblement elle connaissait le métier et inspectait les bons endroits.
" Je suis satisfaite de votre travail. Il est digne de celui de Quentin. Je vous engage. Je vous attends demain matin. Au revoir. "

Très content de moi, je me dirigeai vers l'ascenseur. Dans celui ci, je fis le voyage et le déguisement à l'envers.

Au fil des jours, j'appris à mieux connaître la cuisine et ses petites particularités. J'améliorai mes techniques et parfois, j'innovais. La gouvernante appréciait mon travail, mes innovations et venait parler souvent avec moi en buvant du thé. Elle continuait à m'observer attentivement, mais indéniablement un courant de sympathie s'établissait entre nous. J'avais aussi été présenté à madame la comtesse. C'était une dame fort âgée, fort agréable, mais vivant dans un monde fort éloigné de la réalité quotidienne. En me voyant, elle s'exclama :
" Bonjour Gisèle, mais qu'as-tu donc fait à tes cheveux ? "
La gouvernante m'expliqua par après que Gisèle était une amie d'enfance de madame et qu'elle était malheureusement décédée il y a un peu plus de cinq ans.

Un matin, en arrivant, la gouvernante m'apprit que madame la comtesse était souffrante. Le médecin était passé. Il fallait aller chercher des médicaments à la pharmacie. Elle me chargea de cette besogne. Elle m'indiqua l'adresse de la pharmacie d'un certain M. Georges. C'était à deux pas, de l'autre côté de la Cathédrale. Le pharmacien était prévenu. Vous verrez, me dit-elle, c'est un excellent pharmacien. Il est parfois un peu triste. Votre passage lui fera plaisir.

A moi aussi, cela me ferait plaisir de sortir au grand air, de marcher dans les rues et d'affronter les regards des passants. Je pensais qu'il allait me falloir du courage pour cette première sortie au grand air de Suzanne. Mais en même temps l'idée de cette sortie m'attirait irrésistiblement. Cela se passa d'ailleurs fort bien. Je n'avais pas eu le temps, vu l'urgence de la situation, de trop y réfléchir et de stresser.

Le pharmacien fut très aimable. Le paquet était prêt. En me le remettant, il m'observait, un petit sourire amusé au coin de la bouche. Il n'était pas si triste que cela, ce pharmacien !

Le retour fut très agréable. Le soleil était là, je me voyais dans les reflets des vitrines. Suzanne se plaisait bien dehors. Je choisis de rentrer par le parc. Je m'amusai à secouer légèrement mon poignet droit à chaque pas afin de faire tinter mes bracelets, petit plaisir nouveau que je ne me permettais pas dans ma cuisine.

La gouvernante était souriante en me voyant rentrer. Je lui remis le paquet et elle me dit qu'elle viendrait régler quelques détails en fin de matinée, en prenant son thé à la cuisine, avec moi.
" Je vois que cette petite course s'est bien passée. Cela vous a visiblement fait du bien. M. Georges m'a téléphoné, votre passage lui a fait plaisir. Aimeriez vous recommencer ?… Le docteur a recommandé à madame la comtesse, dès qu'elle sera rétablie, de sortir un peu l'après midi pour prendre l'air. Vous pourriez l'accompagner. Qu'en pensez-vous ? "

Amusé et avouons le un peu troublé par l'expérience, j'acquiesçai en souriant.
" Très bien. Il faudra changer de tenue. Comme me le faisait remarquer M. Georges, votre tenue n'est pas adaptée au rang social de madame la comtesse. Il ne conviendrait pas que vous alliez vous promener au parc avec elle ainsi vêtue. Je vais arranger cela. Madame Madeleine, une vieille connaissance de madame la comtesse, viendra la visiter cet après midi. Je lui demanderai de s'occuper de vous. "
Voyant ma mine surprise, elle éclata de rire. C'était la première fois que je la voyais rire. Son rire était chaleureux, pas du tout moqueur. Visiblement la situation l'amusait beaucoup.
" Ne vous en faites pas, Quen, je veux dire Suzanne, je contrôle la situation. " Dit-elle en posant doucement sa main sur mon avant bras.
Elle souriait. Son regard n'était plus froid et observateur, mais chaud et amical.
" Je vous verrai tantôt et vous expliquerai. Maintenant je vais m'occuper de madame. "
Je n'étais pas tout à fait à mon aise. Heureusement il y avait la cuisine à nettoyer. J'y mis toute mon énergie et cela me fit du bien.

Madame Madeleine arriva dans l'après midi. Elle eut une longue conversation avec madame la comtesse. La gouvernante l'emmena alors à la cuisine. Elle fit les présentations.
" Voici donc votre petite protégée. " Me dit-elle aimablement.

Tout en elle était aimable, agréable et serein. Son aspect extérieur, ses paroles et ses silences étaient souriants. Elle était aussi efficace. Je croyais devoir subir une longue séance de mesurages. Pas du tout. Elle s'assit sur un tabouret dans un coin de la cuisine et me demanda de marcher d'un bout à l'autre de la cuisine, puis de me tenir bien droite, en face d'elle, à quelques mètres de distance. Puis elle me fit tourner sur moi-même, en m'arrêtant tous les quarts de tour. Chaque fois elle me regardait rapidement mais très attentivement, de haut en bas. A la fin, elle me demanda de mettre mes deux bras en l'air le plus haut possible et de les faire descendre lentement. Ce fut tout. Elle se tourna vers la gouvernante :
" Si je vous ai bien comprise, elle s'est débrouillée toute seule jusqu'à présent ? "
" En effet ! " Puis, se tournant vers moi, elle me dit :
" Et bien, mademoiselle, vous vous êtes bien débrouillée ! "
Après quelques instants de réflexion, elle ajouta d'un air satisfait :
" Je peux certainement vous aider. Ce sera même facile, vous avez presque les mêmes mensurations que ma nièce Nathalie. "
" Ceci pourra s'avérer bien pratique. " Ajouta la gouvernante. Elle lui glissa une enveloppe dans les mains et lui dit :

" Faites pour un mieux. Vous connaissez nos moyens et le souhait de madame la comtesse. "
" Je pense revenir demain avec vos achats " Au moment de nous séparer, elle me prit la main et me demanda en souriant de l'appeler ''Madeleine''. Quelle femme charmante !
La gouvernante revint s'asseoir à la cuisine.
" Je crois qu'il est temps que je te parle. Tutoyons-nous, veux-tu ? Et appelle-moi Geneviève, ce sera plus agréable, n'est ce pas, Suzanne ? " Dit-elle en souriant avec sympathie et détachant bien les syllabes de mon prénom.
"Vois-tu nos cheminements ont beaucoup de points communs. J'ai été faite comme toi et j'ai pris le même genre d'apparence que toi. J'ai un peu par hasard et surtout par nécessité travaillé ici même à nettoyer la cuisine. Je suis devenue femme de chambre. Madame, à l'époque, bien qu'âgée, était en possession de tous ses moyens. Petit à petit ceux-ci se sont altérés et elle a eu besoin de moi comme gouvernante. Au fil du temps, j'ai pris l'entière responsabilité de la conduite de la maison. Je m'occupe maintenant de tous ses papiers. Ceci me demande beaucoup de travail. Aucun membre de sa famille ne s'est posé de question. C'est l'indifférence générale. " Après avoir bu son thé elle reprit :
" Je crois qu'à l'époque de mes débuts chez madame, elle s'est doutée de mon état transgenre. Elle ne m'a jamais questionnée à ce sujet. Elle m'acceptait, elle me respectait. Elle m'a beaucoup aidée, sans trop le montrer. C'est vraiment quelqu'un de bien. Alors vois-tu, quoiqu'il arrive, il faudra respecter madame et la traiter comme elle le mérite, d'accord ? "
C'était un message et une question qui venaient du cœur. J'acquiessai gravement en souriant.
" J'ai déjà engagé trois femmes de ménage que j'ai formées ensuite comme gouvernantes. Tu es la quatrième. Si tu suis la même filière, ton avenir est assuré… Je te laisse achever le nettoyage de la cuisine. Demain nous aurons beaucoup de choses à faire. Voici les clefs de notre chambre de bonne qui se trouve au haut de l'immeuble. Je pense que ce sera plus pratique que l'ascenseur pour te changer. "

Le lendemain fut en effet une journée chargée. Les vêtements envoyés par Madeleine furent livrés tôt dans la matinée. Madeleine arriva peu après. Elle salua madame et puis m'accompagna au petit salon. Elle déplia un papier. Elle y avait indiqué schématiquement le détail des cinq tenues qu'elle venait de m'acheter. Je pouvais mettre les tenues de base, mais aussi les combiner entre elles en suivant certaines règles qu'elle m'indiqua. C'était curieux, moi qui n'avais jamais fait attention au choix de mes vêtements, qui mettait n'importe quoi n'importe comment, soudain tout cela m'intéressait. Je posais des questions. Madeleine y répondait avec compétence, précision et clarté. Au fil de notre conversation, son sourire devenait encore plus amical et complice. Elle était visiblement contente de moi.
" Nous allons maintenant passer à la pratique. Monte à ta chambre de bonne, et habille-toi avec tes nouveaux vêtements. Oublie toutes les règles que je t'ai apprises et suis ton instinct. Choisis-toi une tenue qui te plais ! " Me dit-elle.

Lorsque je la rejoignis plus tard au petit salon, j'avais revêtu une tenue qui n'était pas une tenue de base. Ce n'était pas non plus une des variantes qu'elle avait évoquées. J'avais suivi mon instinct. Je trouvais que cela m'allait bien. Je me trouvais bien dans ma peau, enveloppé dans ces belles étoffes aux couleurs harmonieuses. Un tissu un petit peu serré ici, un peu plus lâche là, provoquant un effet de drapé, modifiait et embellissait ma silhouette. J'avais aimé me voir bouger devant le grand miroir du studio et je venais maintenant me montrer à Madeleine. Elle me regardait en mordant quelque peu sa lèvre inférieure. Elle souriait et ne disait rien. Elle semblait rêvasser. Geneviève se pencha vers elle et lui demanda doucement si tout allait bien. Elle sembla se réveiller et nous dit :
" Suzanne, je suis très contente de toi. Tu as trouvé une variante à laquelle je n'avais pas pensé. Cela te va très bien. Ton instinct est excellent. " Se tournant alors vers Geneviève, elle continua :
" C'est fou ce qu'elle ressemble à Nathalie à ses débuts. On dirait sa jeune sœur. Ces deux la risquent de très bien s'entendre. "

L'on sonna. Ce devait être le garçon livreur du traiteur qui venait apporter nos repas chaque jour à la même heure. J'allai ouvrir, comme je le faisais quotidiennement. C'était bien le jeune homme habituel. Il était un peu timide, un peu bourru. D'habitude, il entrait dans l'appartement en disant :''Bonjour ! '', se dirigeait vers la cuisine et y déposait ses paquets. Aujourd'hui, en m'apercevant, il prit le temps de me regarder de haut en bas, et puis, plus lentement, de bas en haut. Il me dit bien ''Bonjour ! '', mais d'une voix un peu plus rauque, un peu plus sèche. A la cuisine, il se trompa dans le décompte des boites, ce qui ne lui était jamais arrivé. Cet examen, cette perturbation, cette confusion me plurent beaucoup. Je sentais que j'avais agrémenté sa journée d'une agréable vision, d'un beau souvenir.

Geneviève et moi sommes alors allées faire quelques achats dans un magasin de lingerie qui lui avait été recommandé par Edwige, la jeune épouse de Jean. Nous sommes d'ailleurs passées par leurs deux magasins. Geneviève voulait me les présenter. Malheureusement leurs magasins étaient fermés pour cause de trois petits points.
" Nous n'allons pas attendre. Nous risquons d'attendre longtemps. Je viens ici, chez Jean, de temps à autre. Je viens voir s'il a des nouveautés dans son débarras. Dorénavant lorsque tu seras dans le coin, tu entreras jeter un coup d'œil. Tu verras, Jean est très compétent, et de plus il est adorable. Il aimera beaucoup t'avoir comme cliente. "
Avant de rentrer dans la pharmacie de Georges, Geneviève m'avait prévenu :
" Georges est un très bon pharmacien. C'est un pharmacien un peu spécial. Il nous aime bien. En fait, il aime bien de nous voir. Il est un peu curieux, mais il n'est pas méchant. Il a même un côté un peu émouvant. Surtout, laisse-moi faire. "
" Bonjour Georges, je suis venue avec Suzanne, que tu connais déjà. Il lui faudrait des prothèses. Je veux, comme pour moi, celles que tu fabriques toi-même. " Georges avait les yeux fixés sur ma poitrine. Il se frotta le menton.
" Je vois. " Il dodelinait mais restait immobile.
" Comment va Adèle ? " Demanda Geneviève.
" Très bien, merci. " Dit-il en se déplaçant vers l'arrière de son officine. Il revint avec une boite.
" Il vaudrait mieux les essayer maintenant. " Dit-il en me souriant. Il fixait à nouveau ma poitrine, en se mordillant la lèvre inférieure. Geneviève vint vers moi, prit la boite et me prenant la main se dirigea vers l'arrière magasin. Georges émit un petit soupir en nous laissant passer. Quelle sensation ! C'était vraiment beaucoup mieux que mon rembourrage bricolé. Geneviève avait raison. Ce poids, cette souplesse, ce naturel étaient très agréables. Je souriais en revenant vers Georges, qui me dit :
" Il faudrait sautiller sur place pour bien les mettre en place.". Geneviève avec un sourire amusé, me fit signe de sautiller. Georges fixait avidement ma poitrine. Ses mains se cramponnaient au comptoir. Ses articulations blanchissaient. Il avait un sourire ravi. Ses yeux se plissaient et sa figure rougissait. Lorsque je m'arrêtai, il resta encore tout un temps ainsi et puis proposa :
" Et si on essayait une taille au-dessus ? " Geneviève lui lança un " Georges, voyons ! " plein de tendresse et d'affection, comme le ferait une gentille grande sœur à son petit frère préféré qui viendrait de tenter de soulever sa jupe. Georges avait l'air d'un petit garçon surpris en flagrant délit de chapardage de confiture.

Nos achats dans le magasin de lingerie furent un moment très agréable. C'était une première fois pour moi. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres. J'aimais le contraste entre la liberté et la contrainte. J'aimais la liberté des formes, des couleurs, des matières et des coupes. J'aimais que toute ces adorables petites choses contraignent mon corps, le tirent, le serrent ou le bossellent afin qu'il soit plus beau. Mes deux nouvelles prothèses complétaient à merveille ce travail discret et efficace. Je découvris que j'aimais les rubans et les dentelles, surtout lorsque bouclés et pendants, ils effleuraient ma peau. Je découvris que l'on pouvait frissonner de joie.

Je n'avais jamais connu de sœur ou de grand-mère. En allant me promener avec madame la comtesse, j'ai connu les deux. Elle était charmante, gentille, directe et imprévisible.

Parfois j'étais sa grande sœur et je l'aidais à s'habiller, se déplacer ou retrouver son chemin. Elle cherchait ma main, la prenait et rassurée, me faisait confiance. Parfois elle était ma grande sœur. Un jour, au parc, nous avons découvert un carrousel, un ''galopant'' des années 1900. Les chevaux de bois, le carrosse de cendrillon, peints de jolies couleurs, tournaient en se reflétant dans les innombrables miroirs. Et en plus il y avait une musique d'orgue de barbarie qui était fantastique. Il était merveilleux. Voyant ma mine ravie, elle prit ma main et me fit monter. Nous nous sommes installés dans le carrosse. J'ai ri aux éclats comme une petite fille. Parfois elle était ma charmante grand-mère qui m'expliquais ce qu'elle savait de la vie. Un jour, elle m'a expliqué tout ce qu'une jeune fille de mon âge devait savoir des garçons. Elle m'a étonné et beaucoup appris. Un autre jour elle me parla de Geneviève. Elle m'en parlait comme si elle était sa fille, un peu handicapée, un peu différente des autres, qu'il fallait protéger tout en garantissant sa liberté. Elle m'a demandé :
" L'ai-je assez aimée ? " Un autre jour, parlant de Geneviève et de moi, elle se demandait ce que nous allions devenir quand elle ne serait plus là.
" J'espère que Geneviève a bien compris tout ce que je lui ai expliqué. "

En partie grâce à nos promenades, en partie grâce aux médicaments de Georges, madame allait mieux. Geneviève invita les amies de madame à prendre le thé. J'étais chargé d'accueillir les invitées, les aider à se débarrasser de leurs manteaux et accessoires, et surtout de servir le thé. Pour ce faire, je devais porter l'uniforme. Afin que je puisse m'exercer, Geneviève alla rechercher dans sa réserve trois anciens uniformes. Je les examinai rapidement et sans hésiter choisit celui dont le chemisier avait le plus de dentelles et dont la jupe était la plus étroite. J'aimais déjà beaucoup ces jupes qui entravaient mes mouvements.
" Avec des talons hauts, ce sera parfait. Ce sera pratique pour t'exercer. Je décrirai ton choix à Madeleine et la prierai de t'en procurer un neuf pour mercredi prochain. " Me dit Geneviève.

J'aimais cet uniforme. J'aimais le porter et me voir le porter. J'aimais la difficulté qu'il m'imposait pour me mouvoir, porter le plateau et surtout, m'abaisser délicatement, sans effort apparent, pour verser le thé dans les minuscules tasses posées sur la table basse, sans renverser une seule goutte sur le napperon de dentelle, tenant ma main gauche dans le dos. J'aimais observer la montée du bord de ma jupe lorsque j'abaissais mon buste. J'aimais sentir s'arrondir le haut de mes fesses lors de cet exercice. J'aimais les musiques de frottement de mon bras sur le chemisier, de la garniture de la jupe sur mes bas et des bas entre eux.

Geneviève voulait que je lui fasse honneur. Elle arrangea pour moi un rendez-vous chez le coiffeur de madame, qui était aussi le sien. Mes mains qui avaient tant frotté la cuisine, devinrent jolies à regarder. Mes cheveux, sagement tirés en arrière, étaient complétés par un postiche dont les mèches bouclées, accompagnées d'un ruban assorti à celui de mon tablier, me caressaient le cou et le haut du dos qui seraient dénudés. Je me réjouissais à l'avance de ces caresses. Je connus aussi ce jour là la douceur de mon premier maquillage.

Le nouvel uniforme, mon uniforme à moi, était encore un peu plus serré, plus musical et plus arrondissant que l'ancien qui avait servi à m'entraîner. Il me semblait même qu'il montait un peu plus vite, en tout cas plus fort, que l'ancien. Madeleine avait spécialement fait rajouter un peu de dentelle au bout des cordons du tablier afin que ceux-ci, tombants juste en dessous de la jupe, effleurent l'arrière de mes jambes à chaque pas. Elle avait raison, une fois de plus, c'était exquis.

Le garçon livreur aimait, lui aussi, mon uniforme. Il ne réussit pas à dire : ''Bonjour !'' ''. Je dus lui indiquer le chemin de la cuisine qu'il semblait avoir oublié. A la cuisine, je dus lui enlever des mains les paquets, un par un. Le mercredi, dans l'après-midi, les amies de Madame arrivèrent. Madame la marquise Alcina de la Marolle, était une petite femme rigolote. Elle était accompagnée de sa gouvernante Simone. Madame la vicomtesse Sidonie de Vrakliere était bien plus grande. Elle était accompagnée de sa gouvernante Jacqueline. Comme j'aidais ces dames à se débarrasser de leurs manteaux, je remarquai que les gouvernantes avaient à peu de choses près la même taille que leurs patronnes. Madame la comtesse Françoise de Verklied arriva seule. Geneviève m'avait informé que sa gouvernante était récemment morte d'un malencontreux accident cardiaque. Fort chagrinée par le décès de sa gouvernante, elle était partie aussitôt les funérailles réglées faire une cure de plusieurs mois à La B…. A en juger par son allure, sa vivacité et son entrain, cette cure avait été une belle réussite. Geneviève avait ajouté que la comtesse, qui ne s'occupait plus de ses affaires financières et immobilières il y a encore quelques mois, laissant toute cette charge à sa gouvernante, s'occupait à présent à nouveau de ses affaires, aussi bien que sa défunte gouvernante. En la débarrassant à son tour de son manteau, je découvris son tailleur. Il avait beaucoup d'allure et n'était pas tout à fait du style que l'on aurait pu s'attendre à voir porter par une dame de son âge. Geneviève m'avait prévenue :
" Elle ne fait pas son âge. Pourtant j'ai vu ses papiers, lorsque j'ai réglé pour elle les funérailles de sa gouvernante. Elle est plus âgée que Alcina et à peine plus jeune que Sidonie. J'ai aidé à installer tout le monde dans le grand salon. Geneviève avait prévu les places de chacune. Elle avait réservé les fauteuils les plus confortables aux dames âgées. Quand tout le monde fut bien en place, elle demanda à madame la comtesse si elle pouvait faire servir le thé. Celle-ci fit tinter joyeusement la clochette disposée à cet effet. Je fis alors mon entrée avec le plateau. Je versai avec élégance le thé dans les tasses. Je me déplaçais silencieusement autour de la table, comme Geneviève me l'avait appris. Je sentais les regards posés sur moi. Le remplissage terminé, j'étais très content. Je n'avais pas renversé une seule goutte. Je me redressai et vit dans le regard de Geneviève sa satisfaction et son approbation.

Elles recommencèrent à parler entre elles. Au fil du temps, deux conversations distinctes prirent place. Madame parlait avec ses amies de leur passé. Geneviève parlait avec les autres gouvernantes du présent et de l'avenir. Françoise de Verklied, placée au centre suivait les deux conversations et intervenait calmement d'un côté et joyeusement de l'autre. Geneviève quitta l'assemblée en amenant Simone. Quelques minutes plus tard, Jacqueline nous quitta aussi. Je restais debout, non loin de madame, attentif à remplir les tasses et à assurer le service. Geneviève entrouvrit la porte du petit salon et me fit signe d'approcher. Je posai la théière et la rejoignit. Françoise de Verklied me suivit, ferma la porte derrière nous et s'assit avec les trois gouvernantes. Geneviève, souriante, me fit signe de m'asseoir dans un fauteuil qui était resté libre. Sur la table il y avait des verres à champagne. Jacqueline fit sauter le bouchon de la bouteille et remplit les verres. Simone leva son verre et se tournant vers moi en souriant dit : " A ma remplaçante, à notre nouvelle femme de chambre. Suzanne, sois la bienvenue ". J'étais éberlué. Je bus mon verre avec les autres. Elles me tendirent chacune un paquet. Je reçus ainsi mes premiers bijoux de jeune fille. Ils étaient jolis et élégants, tout en restants simples et sobres. Ils étaient bien plus beaux que mes bijoux bon marché achetés d'occasion. Geneviève m'avait offert des boucles d'oreilles, deux perles montées en pendentif. C'étaient mes premières vraies boucles d'oreille. Leur balancement dans leur écrin, tenu par ma main qui tremblait un peu, la pensée de les voir bientôt accrochées à mes oreilles, me ravissaient. Cela faisait un peu trop d'émotions pour moi. Je me tassai dans mon fauteuil et laissai couler quelques larmes. Geneviève et Françoise vinrent gentiment se tenir tout près de moi en m'entourant de leur chaleur, de leurs caresses, me disant des mots gentils à l'oreille. Jacqueline se leva, caressa mes cheveux, et passa au grand salon pour resservir du thé à ces dames.
Etait-ce l'effet du champagne ou du cumul des émotions, je ne sais plus, mais il me semble avoir vu Françoise lever son verre et dire :
" A Geneviève, à notre guide, à notre inspiratrice, aux gouvernantes ! "

* marie therese le 11/01/2005


Responsable du site : Lucie Sobek


Avis de lecteurs - note moyenne : 0
Merci de donner une petite note sur ce texte :
j'ai aimé...

1 Pas du tout
2 Un peu
3 Beaucoup
4 Passionnément
5 A la folie
Accès via la version smartphone - Contacter le webmestre