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« », une petite histoire imaginée par marietherese2

1 LE MAGASIN DE SOPHIE jeanne jeanne.claude@femme.net 14-10-2004, 6:47 "MADELEINE" partie 2 de 12

"LE MAGASIN DE SOPHIE"

A l'époque, Georges et moi étions étudiants. Nous habitions dans le même immeuble. Nos deux chambres d'étudiant étaient voisines. Comme nous n'avions pas beaucoup d'argent et que nous aimions à en dépenser pour nos sorties, nous étions à la recherche de petits travaux. Nous offrions nos services de bricoleurs adroits et débrouillards autour de nous. Nous nous complétions bien. Georges était grand et fort, il s'occupait des travaux lourds. Moi, plus frêle, je prenais en charge les travaux délicats, demandant de la patience.

Sophie, la tante de Georges avait un magasin dans une petite rue de la ville de S…... De temps à autre elle nous appelait pour de petits travaux. Elle était contente de nos services. Elle avait le goût des choses bien faites, nous aussi. Un jour, elle nous confia un travail plus important : elle voulait renouveler entièrement sa vitrine. Ce n'était pas facile. Le quartier étant situé dans le cœur historique de la ville, il n'était pas question d'une vitrine d'allure trop moderne. Nous en avons longuement parlés à nous trois. Nous avons joué sur les tons des peintures, sur les aspects des matériaux employés. Nous avons obtenu une belle vitrine dont l'aspect général attirait les regards et qui allait bien avec celui de la vieille petite rue. Le nouvel éclairage, qui m'avait demandé beaucoup de travail, mettait bien en valeur les marchandises exposées. Deux nouveaux mannequins avaient remplacé les anciens et mettaient plus de vie dans la vitrine. Au-dessus de la porte d'entrée, nous avons placé une enseigne. Georges s'est occupé du support et du placement. Moi j'ai peint une belle enseigne au nom de " Chez Tante Sophie ", en belle calligraphie à l'ancienne. Tante Sophie était enchantée du résultat obtenu. Pour désencombrer le magasin, nous avons placé les deux vieux mannequins et l'ancienne décoration de vitrine dans la réserve, à l'arrière du magasin. C'est là que Tante Sophie entreposait son stock de marchandises.

"Georges et Jean, revenez donc samedi prochain, il faut mettre de l'ordre dans ce stock. Il y a des années que cela n'a plus été fait. Il y a des tas de choses invendables. Je jetterai un coup d'œil cette semaine et vous indiquerai ce dont il faudra me débarrasser. " , nous dit-elle.
Nous étions bien fatigués, Georges et moi en rentrant dans nos chambres d'étudiant. Pourtant je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit là. Je n'allais tout de même pas laisser passer une occasion pareille.
Dans la semaine, j'ai essayé de parler à Georges.
" Tu sais, c'est un peu dommage de jeter toutes ces choses, chez ta tante. " lui dis-je.
" Ah! tu penses que nous pourrions en faire un peu d'argent ? " demanda-t-il.
" Non, pas exactement " et j'attendis. Je repris par après " J'aimerais en profiter….. " et j'attendis encore.
Deux minutes plus tard, je jetai un coup d'œil timide vers Georges. Son visage était tout rouge. Ses yeux étaient plissés. Il était secoué par les soubresauts d'un rire silencieux. Lorsqu'il fut calmé, il avait un éclat joyeux dans les yeux et il me dit gentiment:
"OK Jean, on apportera tout dans ta chambre, tu pourras tout garder. Mais tu auras un gage, ma vieille. "

Le samedi, nous sommes allés chez tante Sophie. Elle nous avait préparé le travail en apposant une étiquette de couleur sur chaque boite ou objet qui devait partir. Nous avons chargé sa voiture. Les mannequins que j'avais débarrassés de leurs perruques, et les objets de la vitrine sont partis chez un copain étudiant, spécialisé en brocante. Nous aurons notre pourcentage. Tous les vêtements, tous les sous-vêtements, tous les accessoires, bref tout ce qui pouvait me faire plaisir, comme disait Georges, arriva dans ma chambre, ainsi qu'il l'avait promis. Georges m'avait expliqué le gage. Il voulait être dans ma chambre lorsque j'essayerais ces vêtements. Il voulait voir. Il voulait me voir. En fait, lui aussi aimait à se travestir. Plus jeune, il avait eu quelques expériences en ce domaine. Malheureusement, sa stature athlétique, ses traits assez durs et sa pilosité abondante plaçaient ses rares occasions de se travestir plus près du ridicule que de l'émoi recherché. Petit à petit, il abandonna la pratique. Il se contentait de catalogues de vente par correspondance, dont certaines pages, certaines photos l'entraînaient dans des rêveries charmantes dont lui seul croyait ressentir les émotions.

Il avait toujours gardé cette tendance pour lui seul. Il n'en avait jamais parlé à personne. Lorsqu'il comprit mon intérêt pour les vêtements du magasin de sa tante, en un éclair il sut ce qu'il voulait : m'aider et me voir faire. Je serais une fille de catalogue. Je serais sa fille de catalogue. Je serais sa fille de catalogue vivante.

Georges s'était installé confortablement dans le fauteuil. Il avait un grand sourire. Il m'a regardé avec ses grands yeux, un peu brillants. Il était prêt, il attendait, je pouvais commencer.

J'avais déjà fait cela assez souvent, mais jamais avec tant de vêtements à la fois et jamais non plus devant un spectateur. Je commençai à trier les affaires. Près de la porte, je jetais ce qui ne m'irait certainement pas ou ce qui ne me plaisait pas du tout Sur le lit, par terre, à droite et à gauche je triais par sorte de vêtement. Puis je fis de petits tas pour les choses qui allaient bien ensemble. Je retirai mes vêtements et enfilai un ensemble de sous-vêtements. Je choisis pour commencer quelque chose d'assez classique. Mettre des vêtements féminins neufs ne m'était encore jamais arrivé. Auparavant, je mettais ce qui me tombait sous la main. Et tant pis si cela serrait un peu fort ou si c'était trop grand. Ici, c'était différent. J'avais l'impression d'être dans un magasin. D'ailleurs c'était un peu le cas. Il y avait des pièces qui existaient en différents coloris et en différentes tailles. Il y avait aussi parfois des variantes d'un même modèle, par exemple avec ou sans une échancrure garnie de dentelle. Je trouvai ainsi un premier ensemble de sous-vêtements qui me convenait. Je me regardais dans la glace et cela me plaisait. Je bougeais un peu, j'esquissais des gestes, ça bougeait bien. Je choisis une des deux perruques des mannequins et me tournai vers Georges. Il n'avait pas bougé du fauteuil. Il avait l'air ravi. Je mis alors une tenue complète, et puis une autre et puis encore…

Chaque fois je regardais Georges. Comme il restait silencieux, j'essayais de connaître son avis en l'observant. Son corps, à part une solide érection, était sans aucune expression, complètement affalé dans le fauteuil. Seul son visage était expressif. Ce n'était pas facile au début, mais bientôt je remarquais à quelque détail de son visage, au plissement encore plus marqué de ses yeux, aux étincelles sortant de ceux ci, à son sourire encore plus étendu ou à la couleur rouge de son visage qui prenait une teinte encore plus foncée que certaines tenues ou certaines de mes attitudes, certains de mes gestes lui plaisaient plus que d'autres. Je commençais à trouver le gage de Georges bien agréable.

Lorsque nous travaillions ensemble, que ce soit en révisant nos cours ou en effectuant de petits travaux, il nous arrivait de nous toucher. C'était un geste de camaraderie par-ci, c'était une nécessité de travail par-là, par exemple en tenant la perceuse à percussion à quatre mains ou en assemblant un meuble. Ceci n'avait jamais occasionné de trouble quelconque chez l'un d'entre nous. Ici, lors de ce premier essayage, et cela se vérifiera lors des essayages suivants, nous restions à distance l'un de l'autre, prenant garde de nous toucher. Nous étions comme deux joueurs de ping-pong, quelque peu lassés de jouer en solitaire contre une table redressée, enchantés de trouver un partenaire adéquat, aimant à jouer avec lui, à prendre un plaisir semblable et complémentaire, sans se toucher. Nos sourires étaient nos raquettes. Nous étions comme deux jeunes enfants, visitant la maison d'un parent éloigné, observant un grand vase précieux en cristal, le dévorant des yeux, éperdus d'admiration, n'osant s'en approcher pour le toucher de peur de provoquer sa chute et sa perte.

Nous avons recommencé souvent ces séances d'essayage, ces ''gages'' comme nous les avons appelés. J'y ai pris de plus en plus de plaisir. Avec l'argent gagné lors de quelques travaux, Georges avait acheté de splendides nouvelles perruques, des souliers et surtout des tenues un peu plus à la mode. Tante Sophie avait raison : les vieilles étaient tout à fait démodées. J'aimais de plus en plus me mettre à nu et devenir quelqu'un d'autre devant un spectateur, connaisseur en la matière. J'éprouvais un plaisir empreint de sérénité et de plénitude. Lorsque je me plaisais dans la glace et que je me tournais vers Georges en tournant lentement sur moi-même, je réalisais en voyant son visage attentif et complice que nos plaisirs étaient réciproques et complémentaires. J'ai connu à cette époque des moments de bonheur parfait.

Et les filles dans tout ça ? Et bien Georges et moi, nous étions sans ambiguïté hétérosexuels, amateurs de jeunes et jolies étudiantes. Nous avions un jardin secret partagé ou, à part moi, aucune fille n'avait sa place. Nous n'avions ni l'envie ni le besoin d'inviter une fille dans notre espace de jeux. Il n'y eut qu'une exception, et encore : ma rencontre avec Edwige. C'était le dernier mois des vacances. Georges et moi avions déjà rejoints l'université afin de profiter de l'ambiance estudiantine sans avoir encore à travailler beaucoup. Il y avait moyen de s'amuser un peu partout. Nous draguions. Ca réussissait pas mal à Georges. Moi j'intéressais peu les filles. C'était le style : une danse pour faire plaisir et puis c'est tout. Un de ces soirs là, lors d'une soirée chez des copains de copains, nous avons rencontré deux jeunes filles qui sortaient ensemble. La belle blonde craquante craqua vite pour Georges. Il me restait sa copine, une petite jeune fille aux cheveux foncés, aux yeux noisette et à l'air timide. Elle s'appelait Edwige. Elle a bien voulu danser avec moi, gentiment, sans plus, comme une petite corvée que l'on accepte par politesse. En dansant, à un moment donné, sa main glissa sur mon derrière. Elle parut surprise et me regarda fixement, subitement attentive. Lentement elle tendit la main et recommença son geste. Elle me fixait toujours et ses yeux s'agrandissaient. Sa bouche s'ouvrit un peu. Elle fit " Oh ! ". C'est là que je compris. J'étais subitement figé. J'avais oublié ma culotte. Je veux dire que j'avais oublié de l'enlever. C'est vrai que lors de la séance d'essayage de l'après midi, je me sentais si bien dans cette belle petite culotte affriolante, à la dentelle fine et ajourée. Je restai figé là un long moment. Edwige disparut. Elle me plaisait, elle me manquait. J'ai tenté de la retrouver le soir même et aussi par après, mais sans succès.

Vers la fin de l'année, tante Sophie téléphona à Georges. Elle avait des ennuis de santé. Ce n'était pas trop grave, mais elle devait passer quelques jours à la clinique, en observation. C'était ennuyeux pour le magasin, la saison battant son plein. Elle demandait à Georges s'il ne connaissait pas une jeune fille, étudiante par exemple, pour assurer l'intérim. Il regarda dans ma direction. Son immense sourire silencieux, que je connaissais bien, envahissait son visage.
" Ne t'inquiètes de rien, je m'occupe de tout. Il y aura une bonne vendeuse dans ton magasin lundi " lui dit-il.

J'étais en train de comprendre lentement ce qu'il attendait de moi. Les peurs et les émotions m'envahissaient. Il le vit et argumenta :
" Fais ça pour ma tante, Jean, elle est chouette. Après tout ce qu'elle a fait pour nous, on peut bien lui donner un coup de main. Je t'aiderai, je connais tous les articles du stock, je m'occupe de sa comptabilité et de ses inventaires depuis plusieurs années. Je ne pourrai pas être dans le magasin pour servir les clientes, bien sûr, mais je serai en coulisse, dans la réserve. "

Comme je n'avais pas encore l'habitude d'évoluer en jeune fille en public, nous avions pris soin avec Georges de m'entraîner quelque peu pendant le week-end. Quelques promenades, d'abord presque seul et puis dans la foule du centre ville le samedi, m'avaient enhardi. Je savais que Georges me suivait à quelque distance, prêt à intervenir. Par après, j'ai plusieurs fois fais semblant d'avoir perdu mon chemin et j'ai demandé celui-ci à des passants. Tout allait bien, je passais bien.

Le lundi je n'étais pas stressé, juste un peu tendu. J'avais pris l'aspect d'une jeune étudiante de bonne famille, habillée avec soin et bon goût, de façon pratique. Ma première cliente était une cliente régulière du magasin. Elle fut étonnée de ne pas voir tante Sophie. Je lui expliquai la situation. Nous avons bavardé gentiment pendant quelques minutes. Elle m'interrogea avec bienveillance sur mes études. Elle savait ce qu'elle voulait acheter. Georges, qui nous écoutait attentivement, prépara l'article demandé. J'allai le chercher, fis un bel emballage et encaissai le payement. Ma première cliente me complimenta. Cela m'encouragea. J'attendis les suivantes. Il y en eut beaucoup. Notre système fonctionnait très bien. Dans la vie courante j'étais plutôt timide. Au magasin, comme vendeuse, cette timidité avait disparu. J'osais donner mon avis, bien sûr avec réserve et tact. Les clientes appréciaient. Georges m'inspectait chaque fois que je venais à la réserve. Si tout allait bien, il me faisait un grand signe de pouce levé. Après lui avoir fait un sourire, je repartais aussitôt. Parfois, il trouvait quelque chose à redire. Il me faisait alors comprendre par signes ce qui n'allait pas. Georges avait ses plis autour des yeux, ses étincelles dans ceux ci, son immense sourire et sa couleur rouge foncé. Georges allait bien. Ces trois jours passèrent très vite. Tante Sophie fut enchantée de voir le chiffre d'affaire que nous avions obtenu. Elle remercia Georges de lui avoir trouvé une si bonne intérimaire. Elle aurait voulu la rencontrer. Georges lui expliqua qu'il s'agissait d'une étudiante d'une autre ville, copine d'une camarade de cours. Par après, plusieurs clientes lui dirent du bien de la jeune étudiante qui les avait si bien servies. Tante Sophie en parla devant moi à Georges. Cela me fit plaisir.

Les années passèrent. Nous avions obtenu nos diplômes. Georges était devenu pharmacien. Il travaillait dans le quartier du magasin de sa tante. Je m'amusais encore toujours à faire des essayages, à avoir des ''gages''. Le plaisir qui en découlait avait évolué. Il était devenu plus fondamental. Je me rendais compte qu'il faisait partie de ma personnalité, de mon moi profond. Je continuais à chercher l'âme sœur. Je me rendais bien compte de la difficulté de cette recherche. Existait-il une jeune fille qui pourrait m'accepter tel que j'étais ? Visiblement il y en avait très peu.

Georges prenait moins de plaisir à nos ''gages'' et il y venait d'ailleurs moins souvent. C'était dommage car nos moyens actuels nous permettaient de faire bien mieux que du temps ou nous étions étudiants. Etait-ce l'âge, la maturité, une angoisse, une honte inavouée, le désir de se sentir ''normal'', je ne savais pas, mais le fait était que Georges s'assagissait, tandis que je m'enhardissais.

Un jour, il m'annonça qu'il allait se marier. J'avais déjà vu Adèle à deux ou trois reprises. C'était certainement une jeune fille très convenable, très comme il faut, venant d'une bonne famille, d'un bon milieu. Je l'avais observée, comme je le faisais pour toutes les femmes qui passaient à ma portée. C'était facile pour moi d'observer les femmes, car elles ne m'accordaient que peu d'attention. J'observais surtout les yeux, leur éclat, leurs étincelles, leurs mouvements, leurs langueurs. J'observais les raisons et les tonalités de leurs rires. Je cherchais les signes de leur vie intérieure. Adèle était probablement une excellente femme d'intérieur, mais elle n'avait que peu de vie intérieure. Ses rires étaient rares et semblaient quelque peu forcés, de convenance, de bon ton. Je ne pourrais pas vivre avec Adèle.

Après son mariage, Georges m'a invité quelquefois chez eux. Tout leur intérieur était de bon goût. Les tons étaient harmonieux, les objets formaient des ensembles agréables à regarder, portant la marque du bon faiseur. Tout était un petit peu trop bien rangé. Ceci engendrait un manque de chaleur, de vie, un peu comme dans ces chambres d'hôtel standardisées et impersonnelles, ou comme sur les photos glacées des magazines d'aménagement d'intérieur. Le luxe et le calme y étaient. La volupté manquait.

Je me demandais si Georges était heureux. Un soir, lors d'une de ces visites, la conversation à trois pendant le repas n'avait pas été fort intéressante, comme d'habitude. Adèle nous laissa pour ranger sa cuisine. Georges m'a regardé silencieusement en souriant légèrement. La table était couverte d'une belle nappe ancienne en tissus bordeaux. Elle était agrémentée par de petits motifs réalisés en broderie. Par jeu, machinalement, je carressais du bout des doigts l'un de ces motifs. La sensation, curieuse et attrayante, évoquait pour moi les plaisirs anciens du temps des ''gages''. Au sourire de Georges, à l'éclat de ses yeux, j'ai vu qu'il y pensait aussi. Je sus que Georges s'ennuyait.

Je n'aimais pas laisser mon ami dans un état pareil. Je résolus de l'aider et d'égayer quelque peu certains après-midi. Un jour, je me fis toute belle, on pourrait même dire un peu sexy. J'attendis qu'il n'y ait pas de client dans la pharmacie et j'entrai timidement. En me penchant vers Georges, je lui demandai d'une voix douce et un peu hésitante s'il avait des préservatifs. Il me montra une partie de son comptoir ou étaient rangées différentes boites. Je rougis un peu plus et me penchai encore. " Il me faudrait des grandes tailles. " Il prit une boite. " Cela fera 3 EUROS ". Je réussis à rougir encore plus. " Je voudrais les essayer, avez vous une cabine d'essayage, mademoiselle ? " A ses yeux, leurs plis et son rire silencieux, je reconnaissais le Georges du temps des ''gages ''. Georges allait déjà un peu mieux.

Un autre jour, je fis la dame repoussoir. Je m'étais très mal habillé, mettant n'importe quoi, sans prêter attention aux choix des couleurs et des motifs. J'avais décoiffé ma perruque. J'avais ajouté une grande tache de gras sur mon chemisier, auquel il manquait un bouton. " Je voudrais un produit pour attirer les hommes. " dis-je à Georges interloqué. " C'est bizarre, je n'attire pas les hommes, pourtant je mets des dessous affriolants. " Je déboutonnai mon chemisier et laissai entrevoir à Georges un échantillon de dessous aguichant, dans la gamme de ceux qu'il préférait.

Un autre jour, je fis la dame bon chic bon genre. Je rentrai dans la pharmacie et demandai d'une voix agrémentée d'un petit accent anglais : " Dites-moi mademoiselle, j'ai vu en vitrine un charmant soutien gorge en dentelle rouge, l'auriez-vous en bleu ? ". Chaque fois Georges rajeunissait de quelques années. Georges allait mieux.

Lorsque Adèle mit au monde son premier enfant, je voulus leur faire un cadeau. J'avais noté lors de mes promenades que le magasin de tante Sophie avait changé de genre. On y vendait maintenant des articles pour enfants. Dès que j'aperçus la vendeuse, je reconnus Edwige. Elle me reconnut aussi. Elle fit " Oh ! " et esquissa vers moi un geste de paix. Je surmontai ma timidité et tentai ma chance. Je lui proposai d'aller boire un verre, de bavarder et…

Edwige était très belle lorsqu'elle souriait. Nous avons longtemps bavardé. Elle m'a raconté son émotion lors de notre danse, sa peur, sa fuite et ses regrets ensuite. Je lui ai dit ma passion, mes plaisirs, mes envies. Les trois petits points furent pour nous deux une découverte charmante, et pleine d'émotions, de moments très doux.

Du temps de notre première danse, Edwige très timide, cherchait l'âme sœur comme elle l'avait appris en regardant faire ses copines plus entreprenantes. Elle cherchait des mâles forts et virils, donc beaux. Elle ne trouva que des machos brutaux. Elle cherchait un guide, un compagnon qui l'aiderait, la soutiendrait. Elle n'avait trouvé que des hommes superficiels et égoïstes, qui la laissèrent tomber à la première difficulté.

Le mâle doux et tendre que j'étais lui a révélé sa propre tendresse et lui a appris la tendresse complice. Grâce à ma féminité, j'ai mis Edwige en valeur. Elle découvrit ces frôlements, ces arrêts, ces retournements de main caressante pour alterner le contact de sa peau avec mes ongles, le bout des doigts ou le dos de la main. Ensemble nous découvrions le plaisir et le plaisir de l'attente du plaisir. Ce que j'avais longtemps considéré comme ma faiblesse devenait notre force. Nous jouions de nos corps comme un duo de violonistes complices.

Nous n'oubliions pas Georges. Notre gentil pharmacien reçut une visite inattendue. Nous étions en sœurs jumelles, vêtues à l'identique. Nous lui avons indiqué, l'une commençant la phrase, l'autre la terminant, que nous étions toutes deux affligées d'un méchant furoncle, situé au même endroit. Cet endroit était délicat à décrire. Nous cherchions une médication adéquate. C'est pourquoi nous nous adressions au meilleur pharmacien de la ville. Nos gestes étaient expressifs, synchrones et complémentaires. Georges nous regardait alternativement avec attention. Visiblement il savait que j'étais là, mais il ne distinguait pas qui était Edwige et qui était Jean. Cela ajoutait à mon plaisir. Entrant dans le jeu, il déclara d'un air docte, d'une voix altérée, qu'il devait voir la chose avant d'émettre un avis. Nous nous regardâmes d'un air étonné et interrogatif. Mettant une main gauche et une main droite devant nos bouches, nous fîmes : " Oh ! ". Puis nous avons dodeliné de la tête, en un signe d'assentiment. Avec un bel ensemble, nous avions répété, nous avons fait demi-tour et relevé quelque peu nos jupes qui étaient fort courtes. Georges montrait tous ses signes habituels de contentement, mais en plus, cette fois ci, il joignait les mains, les doigts vers le haut, en un signe de ravissement presque enfantin.

Edwige, prenant goût à ces gentilles petites visites, régla l'organisation de la suivante. Nous étions habillées de façon stricte. Nous avions réussi à avoir l'air sévère. Nous nous sommes approchées du comptoir. Edwige a exhibé un ancien papier administratif bardé de cachets. " Ministère de l'hygiène. Contrôle ! " a-t-elle déclaré. Après avoir enfilé des gants blancs, j'ai ouvert différents tiroirs. De temps à autre j'y laissais tomber subrepticement des sous-vêtements, qui n'avait rien de masculin, que j'avais dissimulés auparavant dans ma manche. D'un air dégoûté, je les retirais du tiroir à l'aide de pincettes et je venais les agiter devant le nez de Georges qui était radieux. Il avait du s'adosser à son comptoir. Ses deux mains étaient cramponnées au rebord. Ses doigts étaient blanchis par l'effort. Edwige prenait des notes. " Nous reviendrons ! " Dîmes nous en menaçant Georges d'un doigt levé, comme le font les maîtresses des petites classes d'école avec les élèves difficiles, avant de repartir. Gentiment nous avons laissé à Georges les sous vêtements. Edwige lui a aussi laissé le bloc notes. C'était une simple page blanche qui avait été agrafée sur la couverture d'un splendide catalogue en papier glacé, agrémenté de nombreuses photos. Edwige l'avait obtenu auprès d'un magasin de lingerie fine situé dans notre rue. Edwige y était devenue depuis peu une excellente cliente. L'organisation par Edwige de cette visite à Georges m'ayant bien plu, je l'ai remerciée à ma façon.

Le magasin situé à coté de celui d'Edwige s'étant libéré, j'en ai profité pour réaliser un vieux rêve : tenir un commerce de vieux papiers, de vieux livres, comme il y en a déjà plusieurs dans le quartier. Les deux magasins communiquaient par l'arrière, ce qui était bien pratique. J'ai aménagé le débarras afin d'y ranger en toute discrétion des livres rares, un peu spéciaux, des récits imaginaires dans le genre de ceux que vous aimez lire. J'ai quelques clients, amateurs éclairés, qui passent de temps à autre voir les nouveautés.

Si vous passez par S… , passez donc nous voir. Nos magasins sont dans une petite rue près de la cathédrale. Pour nous porter chance, nous avons gardé la vielle enseigne " Chez Tante Sophie ". C'est dans cette même rue que Madeleine a tenu son magasin de vêtements. Sa nièce Nathalie passe souvent dans mon magasin. C'est une habituée du débarras.
Nos deux magasins sont très souvent ouverts, à moins que …

Si, pour notre bonheur, et pour votre malchance, vous passez juste en période de trois petits points, passez donc chez Georges. Sa pharmacie est dans la rue suivante. Racontez-lui quelque chose qui le fasse sourire, montrez-lui donc quelque chose qui lui mette des étincelles dans les yeux. Il en a parfois bien besoin. Vous serez récompensés de vos efforts par le spectacle de Georges heureux. Cela en vaut la peine, croyez-moi.

* marie therese le 10/01/2005


Responsable du site : Lucie Sobek


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